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êtres réels? Sont-ils seulement des déterminations ou même des rapports des choses, mais des rapports de telle espèce qu'ils ne cesseraient pas de subsister entre les choses, même s'ils n'étaient pas intuitionnés? Ou bien sont-ils tels qu'ils ne tiennent qu'à la forme de l'intuition et par conséquent à la constitution subjective de notre esprit (Gemüth) sans laquelle ces prédicats ne pourraient être attribués à aucune chose. Pour nous instruire là-dessus, examinons d'abord l'espace1. [J'entends par exposition (expositio) la représentation claire, quoique non détaillée, de ce qui appartient à un concept; mais cette exposition est métaphysique lorsqu'elle contient ce qui représente le concept comme donné a priori]2.

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1) L'espace n'est pas un concept empirique qui ait été tiré d'expériences externes. En effet, pour que certaines sensations puissent être rapportées à quelque chose d'extérieur à moi (c'est-à-dire à quelque chose situé dans un autre lieu de l'espace que celui dans lequel je me trouve) et, de même, pour que je puisse me représenter les choses comme en dehors [et à côté] les unes des autres, par conséquent comme n'étant pas seulement distinctes, mais placées dans des lieux différents, - il faut que la représentation de l'espace soit posée déjà comme fondement. Par suite la représentation de l'espace ne peut pas être tirée par l'expérience des rapports des phénomènes extérieurs, mais l'expérience extérieure n'est elle-même possible avant tout qu'au moyen de cette représentation.

2) L'espace est une représentation nécessaire a priori qui sert de fondement à toutes les intuitions extérieures. On ne peut jamais se représenter qu'il n'y ait pas d'espace, quoique l'on puisse bien penser qu'il n'y ait pas d'objets dans l'espace. Il est considéré comme la condition de la possibilité des phénomènes, et non pas comme une détermination qui en dépende, et il est une représentation a priori qui sert de fondement, d'une manière nécessaire, aux phénomènes extérieurs. <3) Sur cette nécessité a priori se fondent la certitude apodictique de tous les principes géométriques et la possibi lité de leur construction a priori. En effet, si cette représentation de l'espace était un concept acquis a posteriori qui serait

1. 2 édition: examinons d'abord le concept de l'espace.

2. Ajouté dans la 2e édition.

3. Ajouté dans la 2e édition.

puisé dans la commune expérience externe, les premiers principes de la détermination mathématique ne seraient rien que des perceptions. Ils auraient donc toute la contingence de la perception; et il ne serait pas nécessaire qu'entre deux points il n'y ait qu'une seule ligne droite, mais l'expérience nous apprendrait qu'il en est toujours ainsi. Ce qui est dérivé de l'expérience n'a qu'une généralité relative, c'est-à-dire par induction. Il faudrait donc aussi se borner à dire, d'après les observations faites jusqu'ici, qu'on n'a pas trouvé d'espace qui eût plus de trois dimensions >1.

4) L'espace n'est pas un concept discursif, ou, comme on dit, un concept universel de rapport des choses en général, mais une pure intuition. En effet, on ne peut d'abord se représenter qu'un espace unique, et, quand on parle de plusieurs espaces, on n'entend par là que les parties d'un seul et même espace. Ces parties ne sauraient, non plus, être antérieures à cet espace unique qui comprend tout (allbefassenden), comme si elles en étaient les éléments (capables de le constituer par leur assemblage), mais elles ne peuvent, au contraire, être pensées qu'en lui. Il est essentiellement un ; ⚫ le divers qui est en lui et, par conséquent, aussi le concept universel d'espace en général, repose en dernière analyse sur des limitations. Il suit de là que, par rapport à l'espace, une intuition a priori (qui n'est pas empirique) est à la base de tous les concepts que nous en formons. C'est ainsi que tous les principes géométriques, par exemple, que dans un triangle, la somme de deux côtés est plus grande que le troisième, ne sont jamais déduits des concepts généraux de la ligne et du triangle, mais de l'intuition, et cela a priori et avec une certitude apodictique.

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5) L'espace est représenté donné comme une grandeur infinie. Un concept général (qui est commun au pied aussi bien qu'à l'aune) ne peut rien déterminer relativement à la grandeur. S'il n'y avait pas un infini sans limites dans le progrès de l'intuition, nul concept de rapports ne contiendrait en soi un principe de son infinité3.

1. Supprimé dans la 2o édition.

2. 2 édition, 3).

3. 2o édition, 4) à la place de 5): L'espace est représenté comme une grandeur infinie donnée. Or, il faut, sans doute, penser tout concept, comme une représentation contenue dans une multitude infinie de

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[§ 3. Exposition transcendantale du concept de l'espace.

J'entends par exposition transcendantale l'explication d'un concept considéré comme un principe capable d'expliquer la possibilité d'autres connaissances synthétiques a priori. Or, cela suppose deux choses: 1° Que des connaissances de cette nature découlent réellement du concept donné; 2° Que ces connaissances ne sont possibles que sous la supposition d'un mode d'explication donné de ce concept.

La géométrie est une science qui détermine synthétiquement, et cependant a priori, les propriétés de l'espace. Que doit donc être la représentation de l'espace pour qu'une telle connaissance en soit possible? Il faut que l'espace soit originairement une intuition; car, d'un simple concept on ne peut tirer aucune proposition qui dépasse le concept, ce qui a lieu cependant en géométrie. (Introduction V.). Mais cette intuition doit se trouver en nous a priori, c'est-à-dire avant toute perception d'un objet; par conséquent, elle doit être une intuition pure et non empirique. En effet, les propositions géométriques sont toutes apodictiques, c'est-à-dire qu'elles impliquent la conscience de leur nécessité : celle-ci, par exemple: l'espace n'a que trois dimensions; mais des propositions de cette nature ne peuvent pas être des propositions empiriques ou des jugements d'expérience, ni dériver de ces jugements. (Introduction II.)

Comment, maintenant, peut-il y avoir dans l'esprit (Gemüthe) une intuition extérieure qui précède les objets eux-mêmes et dans laquelle le concept de ces derniers peut être déterminé a priori? Cela ne peut évidemment arriver qu'autant qu'elle a simplement son siège dans le sujet, comme la propriété formelle qu'a le sujet d'être affecté par des objets (Objecten) et de recevoir par là une représentation immédiate des objets, c'est-à-dire une intuition, et par conséquent comme forme du sens externe en général.

représentations diverses possibles (en qualité de caractère qui leur est commun) et qui, par suite, les contient sous sa dépendance (unter sich); mais nul concept, comme tel, ne peut être pensé comme renfermant en soi (in sich) une multitude infinie de représentations. Et pourtant c'est ainsi que l'espace est pensé (car toutes les parties de l'espace existent simultanément dans l'infini). La représentation originaire de l'espace est donc une intuition a priori et non un concept.

Par conséquent, notre explication fait seule comprendre la possibilité de la géométrie comme connaissance synthétique a priori. Tout mode d'explication qui n'offre pas cet avantage, bien qu'il ait, en apparence, quelque ressemblance avec lui, peut, à ce signe, en être très sûrement distingué1.]

CONSÉQUENCES DES CONCEPTS PRÉCÉDENTS

a) L'espace ne représente ni une propriété des choses en soi, ni ces choses dans leurs rapports entre elles, c'està dire aucune détermination des choses qui soit inhérente aux objets mêmes et qui subsiste si on fait abstraction de toutes les conditions subjectives de l'intuition. En effet, il n'y a pas de déterminations, soit absolues, soit relatives, qui puissent être intuitionnées avant l'existence des choses auxquelles elles appartiennent et, par conséquent, a priori.

b) L'espace n'est rien autre chose que la forme de tous les phénomènes des sens extérieurs, c'est-à-dire la condition subjective de la sensibilité sous laquelle seule nous est possible une intuition extérieure. Or, comme la réceptivité en vertu de laquelle le sujet peut être affecté par des objets précède, d'une manière nécessaire, toutes les intuitions de ces objets (Objecte), on comprend facilement comment la forme de tous les phénomènes peut être donnée dans l'esprit (Gemüthe), antérieurement à toute perception réelle, - par conséquent a priori, et comment, avant toute expérience, elle peut, comme une intuition pure, dans laquelle tous les objets doivent être déterminés, contenir les principes de leurs relations.

Nous ne pouvons donc parler de l'espace, de l'être étendu, etc., qu'au point de vue de l'homme. Si nous sortons de la condition subjective sans laquelle nous ne saurions recevoir d'intuitions extérieures, c'est-à-dire être affectés par les objets, la représentation de l'espace ne signifie plus rien. Ce prédicat n'est joint aux choses qu'en tant qu'elles nous apparaissent, c'est-à-dire qu'elles sont des objets de la sensibilité. La forme constante de la réceptivité que nous appelons sensibilité, est une condition nécessaire de tous les rapports 1. Ajouté dans la 2e édition.

dans lesquels nous intuitionnons les objets comme extérieurs à nous, et, si l'on fait abstraction de ces objets, elle est une intuition pure qui porte le nom d'espace. Comme nous ne saurions faire des conditions particulières de la sensibilité les conditions de la possibilité des choses, mais celles seulement de leur manifestation phénoménale; nous pouvons bien. dire que l'espace contient toutes les choses qui peuvent nous apparaître extérieurement, mais non toutes les choses en ellesmêmes, qu'on puisse ou non les intuitionner et quel que soit le sujet qui le puisse. En effet, il nous est impossible de juger des intuitions que peuvent avoir d'autres êtres pensants et de savoir si elles sont liées aux mêmes conditions qui limitent nos intuitions et qui sont pour nous universellement valables. Quand nous ajoutons au concept du sujet la limitation d'un jugement, alors le jugement a une valeur absolu. Cette proposition: toutes les choses sont juxtaposées dans l'espace, <n'> a de valeur<qu'>1 avec cette limitation, que les choses soient prises comme objet de notre intuition sensible. Si donc j'ajoute ici la condition au concept et que je dise: Toutes les choses, en tant que phénomènes externes, sont juxtaposées dans l'espace, cette règle a alors une valeur universelle et sans restriction. Nos explications nous apprennent donc la réalité (c'est-à-dire la valeur objective) de l'espace, par rapport à tout ce qui peut nous être présenté extérieurement comme objet, et en même temps l'idéalité de l'espace par rapport aux choses, quand elles sont considérées en elles-mêmes par la raison sans tenir compte de la constitution de notre sensibilité. Nous affirmons donc la réalité empirique de l'espace (par rapport à toute expérience extérieure possible), quoique nous en affirmions. <en même temps> l'idéalité transcendantale, ce qui veut dire qu'il n'est rien, dès que nous laissons de coté la condition de la possibilité de toute expérience et que nous l'admettons comme un quelque chose qui sert de fondement aux choses en soi.

Or, en dehors de l'espace, il n'y a pas d'autre représentation subjective et se rapportant à quelque chose d'extérieur qui puisse être appelée objective a priori. < C'est pourquoi

1. Supprimé dans la 2. édition. 2. Supprimé dans la 2• édition.

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