صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

parmi nous leur extrême convoitise; nos croix «< cédent aux croix empreintes sur les tournois, et l'on échange la sainte croisade contre la guerre de Lombardie; j'aurai donc le courage de dire de nos légats qu'ils vendent Dieu, et qu'ils vendent les indulgences pour de coupables richesses.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

« O Français! Alexandrie vous a fait plus de mal « que la Lombardie; là, les Turcs vous ont ravi votre gloire, ils vous ont vaincus, chargés de fers, et vous << n'avez été rachetés qu'au prix de vos fortunes. »>

[ocr errors]

LE CHEVALIER DU TEMPLE, t. 4: Ira e dolor.

Je n'ai rien dit de ces débats littéraires, où ces poëtes soutenaient contradictoirement des questions délicates et subtiles, dont la décision était ordinairement soumise au jugement des dames; mais j'indiquerai bientôt ce genre de la littérature romane dans mes recherches sur les cours d'amour, institution remarquable, sur laquelle on n'a pas encore publié de notions satisfaisantes; l'histoire des cours d'amour se lie si essentiellement aux travaux et aux succès des troubadours, que je croirais n'avoir donné sur les talents et les mœurs de ces poëtes que des indications imparfaites, si je ne présentais ici tout ce que j'ai pu rassembler pour éclaircir l'un des points les plus intéressants de l'histoire des mœurs, des usages et de l'esprit du moyen âge.

DES COURS D'AMOUR.

PLUSIEURS auteurs ont parlé des cours d'amour, de ces tribunaux plus sévères que redoutables, où la beauté elle-même, exerçant un pouvoir reconnu par la courtoisie et par l'opinion, prononçait sur l'infidélité ou l'inconstance des amants, sur les rigueurs ou les caprices de leurs dames, et, par une influence aussi douce qu'irrésistible, épurait et ennoblissait, au profit de la civilisation, des mœurs, de l'enthousiasme chevaleresque, ce sentiment impétueux et tendre que la nature accorde à l'homme pour son bonheur, mais qui, presque toujours, fait le tourment de sa jeunesse, et trop souvent le malheur de sa vie entière.

[ocr errors]

Le président Rolland avait publié en 1787 une dissertation intitulée : RECHERCHES SUR LES COURS D'AMOUR, etc.; mais on n'y trouve rien de précis, rien de satisfaisant, ni sur l'antique existence et la composition de ces tribunaux, ni sur les formes qu'on y observait, ni sur les matières qu'on y traitait. M. de Sainte-Palaye' qui a fait tant de recherches heu

7

(1) M. Sismondi dans son Histoire de la littérature du midi de l'Europe, et M. Ginguené dans son Histoire littéraire d'Italie, ont

reuses sur les usages et sur les mœurs du moyen âge, qui a composé plusieurs MÉMOIRES SUR L'ANCIENNE, CHEVALERIE, n'a rien écrit sur les cours d'amour; aussi l'abbé Millot, dans son HISTOIRE littéraire des trouBADOURS, n'a-t-il pas respecté les traditions qui attestaient que long-temps les Français avaient été les justiciables des graces et de la beauté.

Comme les écrivains qui, avant moi, ont traité ce point intéressant de notre histoire, je serais réduit à ne présenter que des conjectures plus ou moins fondées, si dans l'ouvrage de maître André, chapelain de la cour royale de France, ouvrage négligé ou ignoré par ces écrivains, je n'avais trouvé les preuves les plus évidentes et les plus complètes de l'existence des cours d'amour durant le XIIe siècle, c'est-à-dire de l'an 1150 à l'an 1200.

Il est même très-vraisemblable que l'autorité et la jurisdiction de ces tribunaux n'avaient pas commencé à cette époque seulement. Croira-t-on qu'une pareille institution n'ait été fondée qu'au XIIe siècle, quand on verra qu'avant l'an 1200 elle existait à-lafois au midi et au nord de la France, et quand on pensera que cette institution n'a pas été l'ouvrage du législateur, mais l'effet de la civilisation, des mœurs, des usages, et des préjugés de la chevalerie?

rassemblé sur les cours d'amour les notions qu'on trouvait dans nos auteurs français; mais on verra bientôt que j'ai eu des ressources qui ont manqué à ces savants et ingénieux écrivains, et dont avait profité avant moi M. d'Arétin, bibliothécaire à Munich.

"

Je pourrais donc, sans crainte d'être contredit avec raison, assigner à l'institution des cours d'amour une date plus ancienne que le XII° siècle; mais, traitant cette matière en historien, je me borne à l'époque dont la certitude est garantie par des documents authentiques, et je croirai travailler utilement pour l'histoire du moyen âge, si je démontre l'existence des cours d'amour durant le douzième siècle.

J'ai annoncé que l'ouvrage qui fournit les renseignements précieux dont je me servirai, est d'un chapelain de la cour royale de France, nommé André.

Fabricius, dans sa Bibliothèque latine du moyen âge, pense que cet auteur vivait vers 1170.

Le titre de l'ouvrage est: LIVRE DE L'ART D'AIMER ET DE LA RÉPROBATION DE L'AMOUR'. L'auteur l'adresse à son ami Gautier.

Il est à remarquer qu'André le chapelain ne

(1) La bibliothèque du roi possède de l'ouvrage d'André le chapelain un manuscrit, coté 8758, qui jadis appartint à Baluze. Voici le premier titre : « Hic incipiunt capitula libri de arte amatoriâ et reprobatione amoris. »>

Ce titre est suivi de la table des chapitres.

Ensuite on lit ce second titre :

<< Incipit liber de arte amandi et de reprobatione amoris, editus « et compillatus a magistro Andreå Francorum aulæ regiæ capel« lano, ad Galterium amicum suum, cupientem in amoris exercitu militare in quo quidem libro, cujusque gradus et ordinis mulier <«< ab homine cujusque conditionis et status ad amorem sapientis

[ocr errors]

s'est pas proposé de faire un traité sur les cours d'amour; ce n'est que par occasion, et pour autori

« simè invitatur; et ultimo in fine ipsius libri de amoris reprobatione subjungitur.

[ocr errors]

Crescimbeni, VITE DE' POETI PROVENZALI, article PERCIVALLE DORIA, cite un manuscrit de la bibliothèque de Nicolò Bargiacchi à Florence, et en rapporte divers passages; ce manuscrit est une traduction du traité d'André le chapelain. L'académie de la Crusca l'a admise parmi les ouvrages qui ont fourni des exemples pour son dictionnaire.

[ocr errors]

y

a eu diverses éditions de l'original latin. Frid. Otto Menckenius, dans ses MISCELLANEA LIPSIENSIA NOVA, Lipsiæ, 1751, t. VIII, part. 1, p. 545 et suiv., indique une très-ancienne édition sans date et sans lieu d'impression, qu'il juge être du commencement de l'imprimerie : « Tractatus amoris et de amoris remedio Andreæ capellani papæ Innocentii quarti. »>

Une seconde édition de 1610 porte ce titre :

<< EROTICA SEU AMATORIA Andreæ capellani regii, vetustissimi scriptoris ad venerandum suum amicum Guualterum scripta, nun<< quam ante hac edita, sed sæpius a multis desiderata; nunc tandem

[ocr errors]

<< fide diversorum mss. codicum in publicum emissa a Dethmaro Mulhero, Dorpmundæ, typis Westhovianis, anno Vna Castè et « Verè amanda. »

[ocr errors]

Une troisième édition porte: « Tremoniæ, typis Westhovianis, « anno 1614. »

Dans les passages que je cite, j'ai conféré le texte du manuscrit de la bibliothèque du roi avec un exemplaire de l'édition de 1610 et les fragments qui sont rapportés dans l'ouvrage de M. d'Aretin. Le manuscrit de la bibliothèque du roi décide la difficulté que Menckenius s'est proposée, et qu'il n'a pu résoudre. Il a demandé comment Fabricius a su qu'André était chapelain de la cour royale de France; ce manuscrit dit expressément : « Magistro Andrea ~ FRANCORUM AULE Regiæ capellano. »

Dans une note précédente, j'ai averti que M. d'Aretin avait

« السابقةمتابعة »