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par les Romains, qui portaient dans l'imitation une persévérance originale. Mais dans la pensée des peuples italiques, cette magnificence extérieure avait quelque chose de symbolique et rapprochait les hommes des dieux : ainsi, ils revêtaient le général victorieux du costume de Jupiter optimus maximus; c'est dans le même esprit que le triomphateur se frottait le visage et le corps de minium; de cette façon, il ressemblait à l'image de Jupiter, qu'on adorait au Capitole (1). Il est sensible que l'aristocratie étrusque se liait intimement au sacerdoce; les magistrats durent avoir l'imperium que nous trouvons chez les Romains, et qui resta étranger à la plupart des magistratures grecques. Le sénat était composé de lucumons. Qu'il y eût un peuple libre, bien que soumis à cette aristocratie, mais sans servitude personnelle, nul doute; mais nous ignorons la nature et le nombre de ses droits. On peut conjecturer que les habitants de l'Étrurie se partageaient en plusieurs classes, comme cela se vit en Grèce et dans les établissements grecs de l'Italie; ainsi, à Rome, le peuple romain se divisait, comme l'a nettement établi M. Niebuhr, en patriciens, clients et plébéiens. A Rome encore, le client et le patron infidèles à leurs engagements réciproques étaient voués aux dieux infernaux ; cette idée religieuse et politique dut être empruntée de l'Étrurie. Denys raconte que, dans l'année 274 de Rome, l'aristocratie étrusque, pour soutenir la guerre de Veïes, rassembla les habitants, comme ses serfs, Revistas, et en forma une armée considérable. On peut se représenter les nobles comme de grands propriétaires fonciers qui armaient leurs paysans. A coup sûr il y eut contre cette aristocratie des émotions populaires, car les factions des villes grecques ne restèrent pas étrangères à l'Italie.

(1) Pline, cité par M. Otfried Müller : « Enumerat auctores Verrius << quibus credere sit necesse Jovis ipsius simulacri faciem diebus festis <«< minio illini solitum, triumphantumque corpora. Sic Camillum trium<< phasse, etc. >>

lei, M. Otfried Müller voudrait tirer de l'antique constitution romaine quelques inductions pour les institutions de l'Étrurie. Il ne doute pas qu'il n'y eût chez le peuple étrusque une division parallèle aux trois tribus primitives des Romains, Ramnenses, Titienses, Luceres, ou la même organisation de curies, et croit pouvoir établir que Rome dès son berceau l'avait empruntée à l'Étrurie. Les innovations successivement tentées dans la constitution romaine, notamment par Servius Tullius, paraissent aussi à M. Otfried Müller avoir dù se reproduire chez les Étrusques.

Nous ignorons entièrement quels étaient les rapports civils, le droit privé et l'administration de la justice de ce peuple (1). Ici encore, M. Otfried Müller pense que le droit romain peut fournir des analogies exactes. Seulement, il est constant que la femme jouissait dans la famille d'une considération véritable; le nom de la mère se trouve aussi souvent que celui du père dans les inscriptions sépulcrales: ajoutez que les femmes nobles étaient admises à la connaissance de la divination; on sait les prophéties de Tanaquil. L'aîné de la famille avait probablement des priviléges; il en était le prince, et la représentait dans le sénat on peut croire que le nom de lar ou lars lui était affecté, et que le mot aruns désignait au contraire les fils plus jeunes des familles patriciennes.

La religion domine la civilisation étrusque elle y était une science et un art, et se liait intimement à la pratique des affaires publiques et privées. Entre les mains d'une aristocratie sacerdotale, où se perpétuaient des traditions à la fois

(1) M Micali (chap. XXI, du Gouvernement et des Lois civiles des anciens l'aliens) reconnaît que, par la perte des livres d'Aristote et de Théophraste, il est impossible de savoir quelque chose de positif sur le gouvernement civil des Toscans. Il cite, comme M. Otfried Müller, ce passage d'Héraclide de Pout : ὅταν δέ τις ὀφείλων χρέος μὴ ἀποδιδῷ, παρακολουθοῦσιν οἱ παῖδες ἔχοντες κινὸν θυλάκιον εἷς δυσωπία». Quand un débiteur n'acquittait pas sa dette, il était suivi d'une foule d'enfants qui agitaient une bourse vide pour lui faire honte.

théologiques et scientifiques (1), la divination prit chez les Étrusques un empire et un essor qui ne se retrouvent dans l'histoire d'aucun peuple. Rome leur emprunta toute la discipline de sa religion, et il y eut entre elle et l'Étrurie un véritable commerce de pratiques et de recettes religieuses. Nous ne suivrons pas M. Otfried Müller dans son exposition de la divination et de la religion des Étrusques, qu'il est curieux de comparer avec M. Creuzer.

Nous signalerons seulement ce fait important pour le droit romain, c'est que la discipline augurale de Rome se distinguait en plusieurs points de celle de l'Étrurie. Romulus, qui le premier prit les auspices, avait été élevé à Gabie suivant la tradition; et, dans la pensée des Romains, les auspices, qui jouent un si grand rôle dans le droit public et privé, avaient une origine latine et non pas étrusque. Toutefois, M. Otfried Müller remarque que Gabie, où la tradition veut que Romulus ait passé sa jeunesse, n'était pas étranger à la civilisation étrusque; et, sans nier les intermédiaires et les différences, il considère toujours l'Étrurie comme l'école des superstitions savantes de Rome.

Résumons rapidement les traits principaux de la civilisation politique des Étrusques.

Une confédération de douze ou dix-sept villes indépendantes ayant sous leur domination des villes inférieures;

Une constitution aristocratique;

Un sénat;

Une aristocratie sacerdotale, que l'opinion des peuples croit en commerce avec les Dieux, dont elle les rapproche beaucoup;

Un amas de superstitions et de disciplines religieuses, qui se confond avec le droit public et presque toujours le constitue; Un peuple soumis, libre de sa personne, mais vivant dans les liens d'une sorte de hiérarchie féodale.

(1) Voyez M. Creuzer, tome II, première partie, page 404.

.

Nous ne savons rien de positif sur le droit civil, sur l'administration de la justice.

Quelle que soit l'origine des Étrusques, l'originalité de leur civilisation est incontestable; mais, comme ils n'avaient pas l'esprit exclusif de l'Égypte, ils reçurent de plusieurs peuples, notamment des Grecs, de sensibles influences. L'histoire de l'art le prouve suffisamment.

Eux-mêmes exercèrent sur les Romains un grand empire par leurs institutions. La religion et le patriciat de Rome sont inexplicables sans l'Étrurie.

Toutefois, nous ne pouvons nous empêcher de faire une remarque. M. Niebuhr, dans son chapitre sur les Étrusques, en réfutant une opinion de Denys d'Halicarnasse, demande si l'historien romain, qui suivait dans son récit l'écrivain grec, n'a pas reporté sur les institutions de l'Étrurie les idées que lui suggéraient la curie et la commune romaines. On pourrait demander aussi à M. Otfried Müller si parfois il n'est pas tombé dans le même inconvénient, et n'a pas conclu des Romains aux Étrusques. Lui-même avoue d'ailleurs que tel a été en plusieurs endroits son procédé. Mais n'y a-t-il pas une sorte de pétition de principes à chercher dans les institutions romaines le reflet et la preuve de celles de l'Étrurie, puisque précisément il s'agit de savoir jusqu'à quel point ces deux peuples se ressemblent, et de constater où est l'imitation, où est l'originalité? Au reste, c'était l'inévitable écueil du sujet; car la perte des histoires originales, l'ignorance où l'on est de la langue étrusque, condamnent l'historien et le philologue à ne connaître l'Étrurie qu'à travers la littérature grecque et romaine. Il n'est donc pas étonnant si la monographie de M. Otfried Müller sur les Étrusques est loin d'être aussi féconde en résultats que ses recherches sur les Doriens, dont l'étude est si utile pour la connaissance véritable de tout ce qui en Grèce n'est pas athénien, et particulièrement de la constitution de Lacédémone.

NIEBUHR.

I

Machiavel, à la fin du quinzième siècle, en commentant en politique et en homme d'État les Décades de Tite-Live, commença pour l'Europe l'étude sérieuse de l'antiquité romaine. Au seizième siècle, Paul Manuce et Sigonius la continuèrent en profonds érudits. Ce dernier surtout, par ses trois ouvrages, de antiquo Jure Italiæ, de antiquo Jure provinciarum, de Judiciis, fut d'un puissant secours aux historiens et aux jurisconsultes. Gravina, à la fin du dix-septième siècle et au commencement du dix-huitième, résuma les recherches de Paul Manuce et de Sigonius avec éclat. Puis vint Vico, qui se fit comme le prophète de l'histoire conjecturale. L'Italie continua pendant le dix-huitième siècle l'exploration de l'antiquité romaine; nous citerons entre autres Duni (Origine e progressi del cittadino e del governo civile di Roma, 17651764), qu'un Allemand, M. Eisendecher, vient tout récemment (1829) de remettre en lumière.

En France, où avaient brillé au seizième siècle Cujas et Brisson, Saint-Évremond fit du bel esprit sur les Romains; Bossuet et Montesquieu en parlèrent admirablement. Ce dernier surtout, au milieu de plusieurs erreurs que la critique peut signaler aujourd'hui, prodigua ces aperçus vifs et prompts qui lui sont familiers et jettent la lumière sur la face des choses. Cependant l'Académie des inscriptions, M. de Pouilly, Fréret, Salier, traitèrent des points spéciaux dans de savantes monographies. L'ingénieux Beaufort, après avoir satisfait son scepticisme sur les premiers siècles de Rome, fit, dans sa République romaine, ou Plan général de l'ancien gouvernement de Rome, un ouvrage qui sera toujours néces

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