صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

Tout ce qu'on nous raconte d'Iarcha est fabuleux. Les gymno-sophistes reconnoissoient un dieu fabricateur et administrateur du monde, mais corporel : il avoit ordonné tout ce qui est, et veilloit à tout.

Selon eux, l'origine de l'ame étoit céleste; elle étoit émanée de Dieu, et elle y retournoit. Dieu recevoit dans son sein les ames des bons, qui y séjournoient éternellement. Les ames des méchans en étoient rejetées et envoyées à différens supplices.

Outre un premier dieu, ils en adoroient encore de subalternes.

Leur morale consistoit à aimer les hommes, à se haïr eux-mêmes, à éviter le mal, à faire le bien, et à chanter des hymnes.

Ils faisoient peu de cas des sciences et de la philosophie naturelle. Iarcha répondit à Apollonius qui l'interrogeoit sur le monde, « qu'il étoit composé de cinq élémens, de » terre, d'eau, de feu, d'air et d'éther; que les dieux » en étoient émanés; que les êtres composés d'air étoient » mortels, périssables, et que les êtres composés d'éther » étoient immortels et divins; que les élémens avoient » tous existé en même temps; que le monde étoit un >> grand animal, engendrant le reste des animaux; qu'il étoit de nature mâle et femelle, etc. >>

Quant à leur philosophie morale, tout y étoit grand et élevé. Il n'y avoit, selon eux, « qu'un seul bien » c'est la sagesse. Pour faire le bien, il étoit inutile que la » loi l'ordonnât. La mort et la vie étoient également » méprisables. Cette vie n'étoit que le commencement » de notre existence. Tout ce qui arrive à l'homme n'est »> ni bon ni mauvais. Il étoit vil de supporter la maladie >> dont on pouvoit se guérir en un moment. Il ne falloit

pas passer un jour sans avoir fait quelque bonne action. » La vanité étoit la dernière chose que le sage déposoit » pour se présenter devant Dieu. L'homme portoit en » lui-même une multitude d'ennemis. C'est par la défaite » de ces ennemis qu'on se préparoit un accès favorable » auprès de Dieu. »

Quelle différence entre cette philosophie et celle qu'on professe aujourd'hui dans les Indes! Elles sont infectées

[ocr errors]

de la doctrine de Xekia, j'entends de sa doctrine ésotérique; car les principes de l'Exotérique sont assez conformes à la droite raison. Dans celle-ci, il admet la distinction du bien et du mal, l'immortalité de l'ame, les peines à venir, des dieux, un dieu suprême qu'il appelle Amida, etc. Quant à sa doctrine ésotérique, c'est une espèce de spinosisme, assez mal entendu. Le vuide est le principe et la fin de toute chose. La cause universelle n'a ni vertu ni entendement. Le repos est l'état parfait. C'est au repos que le philosophe doit tendre.

(ANONYME.)

INDIFFÉRENCE.

TAT tranquille dans lequel l'ame, placée vis-à-vis d'un objet, ne le desire, ni ne s'en éloigne, et n'est pas plus affectée par sa jouissance qu'elle ne le seroit par sa privation.

L'indifférence ne produit pas toujours l'inaction. Au défaut d'intérêt et de goût on suit des impressions étrangères, et l'on s'occupe de choses au succès desquelles on est de soi-même très-indifférent.

L'indifférence peut naître de trois sources, la nature, la raison et la foi, et l'on peut la diviser en indifférence naturelle, indifférence philosophique, et indifférence religieuse.

L'indifférence naturelle est l'effet d'un tempérament froid. Avec des organes grossiers, un sang épais, une imagination lourde, on ne veille pas, on sommeille au milieu des êtres de la nature, on n'en reçoit que des impressions languissantes, on reste indifférent et stupide. Cependant l'indifférence philosophique n'a peut-être pas d'autre base que l'indifférence naturelle.

Si l'homme examine attentivement sa nature et celle des objets, s'il revient sur le passé, et qu'il n'espère pas mieux de l'avenir, il voit que le bonheur est un fantôme. Il se refroidit dans la poursuite de ses desirs, et il se dit qu'il n'y a de vrai bien que le repos de l'indifférence.

L'indifference philosophique a trois objets principaux, la gloire, la fortune et la vie. Que celui qui prétend à cette indifférence s'examine, et qu'il se juge. Craint-il d'être ignoré, d'être indigent, de mourir? il se croit libre, mais il est esclave. Les grands fantômes le séduisent

encore.

L'indifférence philosophique ne diffère de l'indifférence religieuse que par le motif. Le philosophe est indifférent sur les objets de la vie, parce qu'il les méprise; l'homme religieux, parce qu'il attend du sacrifice qu'il en fait une récompense infinie.

Si l'indifférence naturelle, réfléchie, ou religieuse, est

excessive, elle relâche les liens les plus sacrés. On n'est plus ni père attentif, ni mère tendre, ni ami, ni amant, ni époux; on est indifférent à tout: on n'est rien, ou l'on est une pierre.

(ANONYME.)

HOMME

INDIGEN T.

OMME qui manque des choses nécessaires à la vie, au milieu de ses semblables, qui jouissent, avec un faste qui l'insulte et qui aggrave le sentiment de sa misère, de toutes les superfluités possibles. Une des choses les plus fâcheuses de la mauvaise administration dans un grand état où règnent l'opulence et le luxe, c'est de diviser la société en deux classes d'hommes, dont les uns sont riches, et les autres dans l'indigence. Mais si c'est un mal presqu'inévitable, il est de la sagesse et de l'humanité du gouvernement d'employer tous les moyens qui sont en son pouvoir pour soulager les indigens, en diminuer le nombre, et, par les lois d'une bonne administration, faire refluer sur les pauvres en général le superflu des riches.

L'indigence n'est pas un vice, mais c'est peut-être pis dans le monde; on y accueille le vicieux, et on y fuit l'indigent. Des gens qui vivent dans l'abondance et les plaisirs détournent les yeux du tableau de la misère, ils craindroient d'y être sensibles; et la chose à laquelle ils pensent le moins, et qui leur coûteroit si peu, c'est de consoler et de soulager les malheureux.

On dit qu'il n'y a point d'indigens parmi les sauvages, mais il n'y a pas non plus de riches, et cela doit être ainsi chez des nations qui n'ont ni arts ni commerce, qui mènent une vie errante, n'ont aucune idée de la société civile, et ne connoissent que les besoins de la

nature.

(ANONYME.)

SENTIMENT

ENTIMENT mêlé de mépris et de colère que certaines injustices inattendues excitent en nous. L'indignation approuve la vengeance, mais n'y conduit pas. La colère passe; l'indignation, plus réfléchie, dure: elle nous éloigne de l'indigne. L'indignation est muète ; c'est moins par le propos que par les mouvemens qu'elle se montre. Elle ne transporte pas, elle gonfle; il est rare qu'elle soit injuste: nous sommes souvent indignés d'un mauvais procédé dont nous ne sommes pas l'objet. Une ame délicate s'indigne quelquefois des obstacles qu'on lui oppose, des motifs qu'on lui suppose, des rivaux qu'on lui donne, des récompenses qu'on lui promet, des éloges qu'on lui adresse, des préférences même qu'on lui accorde, en un mot de tout ce qui marque qu'on n'a pas d'elle l'estime qu'elle croit mériter.

(ANONYME.)

« السابقةمتابعة »