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"INNOCENCE.

L n'y a que des ames pures qui puissent bien entendre la valeur de ce mot. Si l'homme méchant concevoit une fois les charmes qu'il exprime, dans le moment il deviendroit homme juste. L'innocence est l'assemblage de toutes les vertus, l'exclusion de tous les vices. Qui est-ce qui, parvenu à l'âge de quarante ans avec l'innocence qu'il apporte en naissant, n'aimeroit pas mieux mourir que de l'altérer par la faute la plus légère? Malheureux que nous sommes, il ne nous reste pas assez d'innocence pour en sentir le prix ! méchans, rassemblezvous, conjurez tous contre elle, et il est une douceur secrète que vous ne lui ravirez jamais. Vous en arracherez des larmes, mais vous ne ferez point entrer le désespoir dans son cœur. Vous la noircirez par des calomnies, vous la bannirez de la société des hommes; mais elle s'en ira avec le témoignage qu'elle se rendra à ellemême, et c'est vous qu'elle plaindra dans la solitude où vous l'aurez contrainte de se cacher. Le crime résiste à l'aspect du juge; il brave la terreur des tourmens : le charme de l'innocence le trouble, le désarme et le confond; c'est le moment de sa confrontation avec elle qu'il redoute; il ne peut supporter son regard; il ne peut entendre sa voix; plusieurs fois, il s'est perdu luimême pour la sauver. O innocence ! qu'êtes-vous devenue? Qu'on m'enseigne l'endroit de la terre que vous habitez, afin que j'aille vous y chercher : je n'attendrai point au dernier moment pour vous regretter.

(ANONYME.)

NOUVE

OUVEAUTÉ, Ou changement important qu'on fait dans le gouvernement politique d'un état, contre l'usage et les règles de sa constitution.

Ces sortes d'innovations sont toujours dangereuses dans l'ordre politique, et préparent souvent le renversement des empires. Des lois, des coutumes bien affermies et conformes au génie d'une nation, sont à leur place dans l'enchaînement des choses. Tout est si bien lié, qu'une nouveauté qui a des avantages et des désavantages, et qu'on substitue sans une mue considération aux abus courans, ne tiendra jamais à la tissure d'une partie usée, parce qu'elle n'est point assortie à la pièce.

Si le temps vouloit s'arrêter pour donner le loisir de remédier à ses ravages..... Mais c'est une roue qui tourne avec tant de rapidité! Le moyen de réparer un rayon qui manque, ou qui menace ruine!....

Les révolutions que le temps amène dans le cours de la nature, arrivent pas à pas ; il faut donc imiter cette lenteur pour les innovations utiles qu'on veut introduire dans un état; car il ne s'agit pas ici de la police d'une ville particulière.

Mais sur-tout quand on a besoin d'appuyer une innovation politique par des exemples, il faut les prendre dans les temps de lumières, de modération, de tranquillité, et non pas les chercher dans les jours de ténèbres, de troubles et de douleurs. Ces enfans du délire et de l'aveuglement sont ordinairement des monstres qui traînent après eux le désordre, les malheurs et la désolation.

(M. de JAUCOURT.)

C'EST une agitation de l'ame qui a plusieurs causes ;

l'inquiétude, quand elle est devenue habituelle, se trouve ordinairement dans les hommes, dont les devoirs, l'état, la fortune, contrarient l'instinct, les goûts, les talens. Ils sentent fréquemment le besoin de faire autre chose que ce qu'ils font. Dans l'amour, dans l'ambition, dans l'amitié, l'inquiétude est presque toujours l'effet du mécontentement, du doute de soi-même, et du prix extrême qu'on attache à la possession d'une place, de sa maîtresse, de son ami. Il y a un autre genre d'inquiétude, qui n'est qu'un effet de l'ennui, du besoin, des passions, du dégoût. Il y a l'inquiétude des remords. (Voyez remords.)

(ANONYME.)

JURIDICTION

URIDICTION ecclésiastique, érigée par le siége de Roine, en Italie, en Espagne, en Portugal, aux Indes même, pour extirper les juifs, les maures, les infidèles et les hérétiques.

1200,

Cette juridiction, après avoir pris naissance vers l'an fut adoptée par le comte de Toulouse en 1229, et confiée aux dominicains par le pape Grégoire IX en 1233. Innocent IV étendit son empire, en 1251, dans toute l'Italie, excepté à Naples. L'Espagne s'y vit entièrement soumise en 1448, sous le règne de Ferdinand et d'Isabelle. Le Portugal l'adopta, sous Jean III, l'an 1557, conformément au modèle reçu par les Espagnols. Douze ans auparavant, en 1545, Paul III avoit formé la congrégation de ce tribunal sous le nom du saint office; et Sixte V confirma cette congrégation en 1588: ainsi l'inquisition, relevant toujours immédiatement de la cour de Rome fut plantée, malgré plusieurs contradictions, dans un grand nombre d'états de la chrétienté.

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Parcourons tous ces faits avec M. de Voltaire, et dans un plus grand détail, mais qui certainement n'ennuiera personne. Le tableau qu'il en a tracé est de main de maître; on ne sauroit trop en multiplier les copies.

Ce fut dans les guerres contre les Albigeois que, vers l'an 1200, le pape Innocent III érigea ce terrible tribunal qui juge les pensées des hommes ; et, sans aucune considération pour les évêques, arbitres naturels dans les procès de la doctrine, la cour en commit la décision à des dominicains et à des cordeliers.

Ces premiers inquisiteurs avoient le droit de citer tout hérétique, de l'excommunier, d'accorder des indulgences à tout prince qui extermineroit les condamnés, de réconcilier à l'église, de taxer les pénitens, de recevoir d'eux, en argent, une caution de leur repentir.

La bizarrerie des événemens, qui met tant de contradiction dans la politique humaine, fit que le plus violent ennemi du pape fut le protecteur le plus sévère de ce tribunal.

L'empereur

L'empereur Frédéric II, ascusé par le pape tantôt d'être mahométan, tantôt d'être athée, crut se laver de ce reproche en prenant sous sa protection les inquisiteurs ; il donna même quatre édits à Pavie, en 1244, par lesquels il mandoit aux juges séculiers de Fivrer aux flammes ceux que les inquisiteurs condamneroient comme hérétiques obstinés, et de laisser dans une prison perpétuelle ceux que l'inquisition déclareroit repentans. Frédéric II, malgré cette politique, n'en fut pas moins persécuté; et les papes se servirent depuis, contre les droits de l'Empire, des armes qu'il leur avoit données.

En 1255, le pape Alexandre III établit l'inquisition en France, sous le roi saint Louis. Le gardien des cordeliers de Paris et le provincial des dominicains étoient les grands inquisiteurs. Ils devoient, par la bulle d'Alexandre III, consulter les évêques, mais ils n'en dépendoient pas. Cette étrange juridiction, donnée à des hommes qui font vœu de renoncer au monde, indigna le clergé et les laïcs, au point que bientôt le soulèvement de tous les esprits ne laissa à ces moines qu'un titre inutile.

En Italie, les papes avoient plus de crédit, parce que, tout désobéis qu'ils étoient dans Rome, tout éloignés qu'ils en furent long-temps, ils étoient toujours à la tête de la faction Guelphe contre celle des Gibelins. Ils se servirent de cette inquisition contre les partisans de l'Empire; car, en 1302, le pape Jean XXII fit procéder, par des moines inquisiteurs, contre Mathieu Viscomti, seigneur de Milan, dont le crime étoit d'être attaché à l'empereur Louis de Bavière. Le dévouement du vassal à son suzerain fut déclaré hérésie; la maison d'Est, celle de Malatesta, furent traitées de même, pour la même cause; et si le supplice ne suivit pas la sentence, c'est qu'il étoit plus aisé aux papes d'avoir des inquisiteurs que des armées.

Plus ce tribunal prenoit de l'autorité, plus les évêques, qui se voyoient enlever un droit qui sembloit leur appartenir, le réclamoient vivement; cependant ils n'obtinrent des papes que d'être les assesseurs des moines. Sur la fin du treizième siècle, en 1289, Venise avoit déjà recu l'inquisition, avec cette différence que, tandis Tome VI

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