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d'un couplet de chanson devant le péager. Un autre article porte que le marchand qui apporteroit un singe pour le vendre paieroit quatre deniers; que si le singe appartenoit à un homme qui l'eût acheté pour son plaisir, il ne donneroit rien, et que s'il étoit à un joueur, il joueroit devant le péager, et que par ce jeu il seroit quitte du péage, tant du singe que de tout ce qu'il auroit acheté pour son usage. C'est de là que vient cet ancien proverbe payer en monnoie de singe, en gambades. Tous prirent dans la suite le nom de jongleurs, comme le plus ancien ; et les femmes qui se mêloient de ce métier, celui de jongleresses. Ils se retiroient, à Paris, dans une seule rue qui en avoit pris le nom de rue des Jongleurs, et qui est aujourd'hui celle de Saint-Julien des Ménestriers. On y alloit louer ceux que l'on jugeoit à propos pour s'en servir dans les fêtes ou assemblées de plaisir. Par une ordonnance de Guillaume de Clermont, prévôt de Paris, du 14 septembre 1395, il fut défendu aux jongleurs de rien dire, représenter ou chanter, soit dans les places publiques, soit ailleurs, qui pût causer quelque scandale, à peine d'amende et de deux mois de prison au pain et à l'eau. Depuis ce temps, il n'en est plus parlé : c'est que, dans la suite, les acteurs s'étant donnés à faire des tours surprenans avec des épées ou autres armes, on les appela batalores, en français bateleurs, et qu'enfin ces jeux devinrent le partage des danseurs de corde et des sauteurs. (Voyez Troubadours.)

(ANONYME.)

JOUTR,

OUIR, c'est connoître, éprouver, sentir les avantages de posséder: on possède souvent sans jouir. A qui sont ces magnifiques palais? Qui est-ce qui a planté ces jardins immenses? C'est le souverain. Qui est-ce qui en jouit ? C'est moi.

Mais laissons ces palais magnifiques que le souverain a construits pour d'autres que lui, ces jardins enchanteurs où il ne se promène jamais; et arrêtons-nous à la volupté qui perpétue la chaîne des êtres vivans, et à laquelle on a consacré le mot de jouissance.

Entre les objets que la nature offre de toutes parts à nos desirs, vous qui avez une ame, dites-moi : y en a-t-il un plus digne de notre poursuite, dont la possession et la jouissance puissent nous rendre aussi heureux que celle de l'être qui pense et sent comme vous; qui a les mêmes idées; qui éprouve la même chaleur, les mêmes transports; qui porte ses bras tendres et délicats vers les vôtres; qui vous enlace, et dont les caresses seront suivies de l'existence d'un nouvel être qui sera semblable à l'un de vous; qui, dans ses premiers mouvemens, vous cherchera pour vous serrer; que vous éleverez à vos côtés; que vous aimerez ensemble; qui vous protégera dans votre vieillesse ; qui vous respectera en tout temps, et dont la naissance heureuse a déjà fortifié le lien qui vous unissoit ?

Les êtres brutes, insensibles, immobiles, privés de vie, qui nous environnent, peuvent servir à notre bonheur; mais c'est sans le savoir et sans le partager, et notre jouissance stérile et destructive qui les altère tous n'en reproduit aucun.

S'il y avoit quelqu'homme pervers qui pût s'offenser de l'éloge que je fais de la plus auguste et la plus générale des passions, j'évoquerois devant lui la nature, je la ferois parler, et elle lui diroit: Pourquoi rougis-tu d'entendre prononcer le nom d'une volupté dont tu ne rougis pas d'éprouver l'attrait dans l'ombre de la nuit? Ignores-tu quel est son but et ce que tu lui dois? Crois-tu que ta

mère eût exposé sa vie pour te la donner, si je n'avois pas attaché un charme inexprimable aux embrassemens de son époux? Tais-toi, malheureux, et songe que c'est le plaisir qui t'a tiré du néant.

La propagation des êtres est le plus grand objet de la nature. Elle y sollicite impérieusement les deux sexes, aussitôt qu'ils en ont reçu ce qu'elle leur destinoit de force et de beauté. Une inquiétude vague et mélancolique les averlit du moment; leur état est mêlé de peine et dé plaisir. C'est alors qu'ils écoutent leurs sens, et qu'ils portent une attention réfléchie sur eux-mêmes. Un individu se présente-t-il à un individu de la même espèce et d'un sexe différent, le sentiment de tout autre besoin est suspendu; le cœur palpite, les membres tressaillent, des images voluptueuses errent dans le cerveau, des torrens d'esprits coulent dans les nerfs, les irritent, et vont se rendre au siége d'un nouveau sens qui se déclare et qui tourmente. La vue se trouble, le délire naît, la raison, esclave de l'instinct, se borne à le servir, et la nature est satisfaite.

C'est ainsi que les choses se passèrent à la naissance du monde, et qu'elles se passent encore au fond de l'antre d'un sauvage adulte.

Mais, lorsque la femme commença à discerner, lorsqu'elle parut mettre de l'attention dans son choix, et qu'entre plusieurs hommes sur lesquels la passion promenoit ses regards, il y en eut un qui les arrêta, qui put se flatter d'être préféré, qui crut porter dans un cœur qu'il estimoit l'estime qu'il faisoit de lui-même, et qui regarda le plaisir comme la récompense de quelque mérite; lorsque les voiles que la pudeur jeta sur les charmes laissèrent à l'imagination enflammée le pouvoir d'en disposer à son gré, les illusions les plus délicates concoururent avec le sens le plus exquis pour exagérer le bonheur; l'ame fut saisie d'un enthousiasme presque divin: deux jeunes cœurs, éperdus d'amour, se vouèrent l'un à l'autre pour jamais, et le ciel entendit les premiers sermens indiscrets.

Combien le jour n'eut-il pas d'instans heureux avant celui où l'ame toute entière chercha à s'élancer et à se perdre dans l'ame de l'objet aimé ! On eut des jouissances du moment où l'on espéra,

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Cependant la confiance, le temps, la nature et la liberté des caresses, amenèrent l'oubli de soi-même; on jura, après avoir éprouvé la dernière ivresse, qu'il n'y en avoit aucune autre qu'on pût lui comparer, et cela se trouva vrai toutes les fois qu'on y apporta des organes sensibles et jeunes, un cœur tendre et une ame innocente, qui ne connût ni la méfiance ni le remords.

(ANONYME.)

LE

journaliste est un auteur qui s'occupe à publier des extraits et des jugemens des ouvrages de littérature, de sciences et d'arts, à mesure qu'ils paroissent; d'où l'on voit qu'un homme de cette espèce ne feroit jamais rien si les autres se reposoient. Il ne seroit pourtant pas sans mérite s'il avoit, les talens nécessaires pour la tâche qu'il s'est imposée. Il auroit à cœur les progrès de l'esprit humain, il aimeroit la vérité, et rapporteroit tout à ces deux objets.

Un journal embrasse une si grande variété de matières, qu'il est impossible qu'un seul homme fasse un médiocre journal. On n'est point à la fois grand géomètre, grand orateur, grand poète, grand historien, grand philosophe : on n'a point l'érudition universelle.

Un journal doit être l'ouvrage d'une société de savans, sans quoi on y remarquera en tout genre les bévues les plus grossières. Le journal de Trévoux, que je citerai ici entre une infinité d'autres dont nous sommes inondés, n'est pas exempt de ce défaut; et si jamais j'en avois le temps et le courage, je pourrois publier un catalogue, qui ne seroit pas court, des marques d'ignorance qu'on y rencontre en géométrie, en littérature, en chymie, etc. Les journalistes de Trévoux paroissent sur-tout n'avoir pas la

moindre teinture de cette dernière science.

Mais ce n'est pas assez qu'un journaliste ait des connoissances il faut encore qu'il soit équitable; sans cette qualité il élevera jusqu'aux nues des productions médiocres, et en rabaissera d'autres pour lesquelles il auroit dû réserver ses éloges. Plus la matière sera importante, plus il se montrera difficile; et, quelque amour qu'il ait pour la religion, par exemple, il sentira qu'il n'est pas permis à tout écrivain de se charger de la cause de Dieu; et il fera main basse sur

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