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OPÉRATION

JUGEMENT.

PÉRATION de l'ame raisonnable; c'est un acte de recherche par lequel, après avoir tâché de s'assurer de la vérité, elle se rend à son évidence. Pour y parvenir, elle combine, elle compare ce qu'elle veut connoître avec précision, elle pèse les motifs qui peuvent la décider à agir ou à ne pas agir, elle fixe ses desseins, elle choisit les moyens qu'elle doit préférer pour les exécuter.

On estime les choses sur lesquelles il s'agit d'établir son jugement, en appréciant leur degré de perfection ou d'imperfection, l'état des qualités, la valeur des actions, des, causes, des effets, l'étendue et l'exactitude des rapports. On les compte par les règles du calcul, on les mesure en les comparant à des valeurs, à des quantités, ou à des qualités connues et déterminées.

Cependant, comme la faculté intellectuelle, que nous appelons jugement, a été donnée à l'homme, non seulement pour la spéculation, mais aussi pour la conduite de sa vie, il seroit dans un triste état s'il devoit toujours se décider d'après l'évidence et la certitude d'une parfaite connoissance car cette évidence étant resserrée dans des bornes fort étroites, l'homme se trouveroit souvent indéterminé dans la plupart des actions de sa vie. Quiconque ne voudra manger qu'après avoir vu démonstrativement qu'un tel mets le nourrira sans lui causer d'incommodité, et quiconque ne voudra agir qu'après avoir vu certainement que ce qu'il doit entreprendre sera suivi d'un heureux succès, n'aura presque autre chose à faire qu'à se tenir en repos ou à périr d'inanition.

S'il y a des choses exposées à nos yeux dans une entière évidence, il y en a un beaucoup plus grand nombre sur lesquelles nous n'avons qu'une lumière obscure, et, si je puis m'exprimer ainsi, un crépuscule de probabilité.

Voilà pourquoi l'usage et l'excellence du jugement se bornent ordinairement à pouvoir observer la force ou le poids des probabilités, ensuite à en faire une juste estimation; enfin, après les avoir pour ainsi dire toutes pesées

exactement, à se déterminer pour le côté qui emporte la balance.

Les personnes qui ont le plus d'esprit et le plus de mémoire, n'ont pas toujours le jugement le plus solide et le plus profond j'entends par esprit l'art de joindre promptement les idées, de les varier, d'en faire des tableaux qui divertissent et frappent l'imagination. L'esprit, en ce sens, est satisfait de l'agrément de la peinture, sans s'embarrasser des règles sévères du raisonnement. Le jugement, au contraire, travaille à approfondir les choses, à distinguer soigneusement une idée d'avec une autre, et à éviter qu'aucune ne lui fasse prendre le change.

Il est vrai que souvent le jugement n'émane pas de si bons principes; les hommes, incapables du degré d'attention qui est requis dans une longue suite de gradations, ou de différer quelque temps à se déterminer, jettent les yeux dessus à vue de pays, et supposent, après un léger coup-d'œil, que les choses conviennent ou disconviennent entre elles.

Ce seroit la matière d'un grand ouvrage que d'examiner combien l'imperfection dans la faculté de distinguer les idées dépend d'une trop grande précipitation naturelle à certains tempéramens, de l'ignorance, du manque de pénétration, d'exercice, et d'attention du côté de l'entendement, de la grossiéreté, des vices ou du défaut d'organes, etc. Mais il suffit de remarquer ici que c'est à se représenter nettement les idées, et à pouvoir les distinguer exactement les unes des autres, lorsqu'il règne entre elles quelque différence, que consiste en grande partie la justesse du jugement. Si l'esprit unit ou sépare les idées, selon qu'elles le sont dans la réalité, c'est un jugement droit. Heureux ceux qui réussissent à le former! Plus heureux encore ceux que la nature a gratifiés de cette rare prérogative!

(M. de JAU COURT.)

CE mot, qu'on emploie également au propre et au

figuré, désigne en général l'exactitude, la régularité, la précision. Il se dit au figuré en matière de langage, de pensées, d'esprit, de goût et de sentiment.

La justesse du langage consiste à s'exprimer en termes propres, choisis et liés ensemble, qui ne disent ni trop ni trop peu. Cette justesse, extrême dans le choix, l'union et l'arrangement des paroles, est essentielle aux sciences exactes; mais dans celles de l'imagination, cette justesse, trop rigoureuse, affoiblit les pensées, amortit le feu de l'esprit et dessèche le discours. Il faut oser à propos, surtout en poésie; bannir cet esclavage scrupuleux, qui, par attachement à la justesse servile, ne laisse rien de libre, de naturel et de brillant. Je l'aimais inconstant, qu'eussé-je fait fidèle ! est une inexactitude de langage à laquelle Racine devoit se livrer dès que la justesse de la pensée s'y trouvoit énergiquement peinte.

La justesse de la pensée consiste dans la vérité et la parfaite convenance au sujet; et c'est ce qui fait la solide beauté du discours. Les pensées sont plus ou moins belles, selon qu'elles sont plus ou moins conformes à leur objet. La conformité entière fait la justesse de la pensée, de sorte qu'une pensée juste est, à proprement parler, une pensée vraie de tous les côtés et dans tous les jours qu'on la peut regarder. Le père Bouhours n'a pas eu tort de donner pour exemple de cette justesse l'épigramme d'Ausone sur Didon, et qui a été très-heureusement rendue dans notre langue :

Pauvre Didon, où t'a réduite
De tes maris le triste sort;
L'un en mourant cause ta fuite,
L'autre en fuyant cause ta mort.

Une pensée qui manque de justesse est fausse; mais quelquefois ce défaut de justesse vient plus de l'expression qui est vicieuse que de la fausseté de l'idée. On est exposé à ce défaut dans les vers, parce que la servitude de la rime

ôte souvent l'usage du terme propre pour en faire adopter un autre qui ne rend pas exactement l'idée. Tous les mots qui passent pour synonymes ne le sont pas dans toutes les occasions.

La justesse d'esprit fait démêler le juste rapport que les choses ont ensemble : la justesse de goût et de sentiment fait sentir tout ce qu'il y a de fin et d'exact dans le tour, dans le choix d'une pensée et dans celui de l'expression.

C'est un des plus heureux présens que la nature puisse faire à l'homme que la justesse d'esprit et de goût; c'est à elle seule qu'il en faut rendre graces. Cependant lorsque la nature ne nous a pas absolument refusé ce don, nous pouvons le faire germer et l'étendre beaucoup par l'entretien fréquent des personnes, et par la lecture assidue des auteurs en qui domine cet heureux talent.

(M. de JAU COURT.)

La justice est une des quatre vertus cardinales: on la

A

définit, en droit, une volonté ferme et constante de rendre à chacun ce qui lui appartient.

Le terme de justice se prend aussi pour la pratique de cette vertu ; quelquefois il signifie bon droit et raison; en d'autres occasions, il signifie le pouvoir de faire droit à chacun, ou l'administration de ce pouvoir.

Quelquefois encore justice signifie le tribunal où l'on juge les parties, et souvent la justice est prise pour les officiers qui la rendent.

Dans les siècles les moins éclairés et les plus corrompus, il y a toujours eu des hommes vertueux qui ont conservé dans le cœur l'amour de la justice et qui ont pratiqué cette vertu. Les sages et les philosophes en ont donné des préceptes et des exemples.

pas

Mais, soit que les lumières de la raison ne soient également étendues dans tous les hommes, soit que la pente naturelle qu'ils ont pour la plupart au vice étouffe en eux la voix de la raison, il a fallu employer l'autorité et la force pour les obliger de vivre honnêtement, de n'offenser personne et de rendre à chacun ce qui lui appartient.

Dans les premiers temps de la loi naturelle, la justice étoit exercée sans aucun appareil par chaque père de famille, sur ses femmes, enfans et petits enfans, et sur ses serviteurs. Lui seul avoit sur eux le droit de correction : sa puissance alloit jusqu'au droit de vie et de mort; chaque famille formoit comme un peuple séparé, dont le chef étoit tout à la fois le père, le roi et le juge.

Mais bientôt, chez plusieurs nations, on éleva une puissance souveraine au dessus de celle des pères; alors ceuxci cessèrent d'être juges absolus comme ils l'étoient auparavant à tous égards. Il leur resta néanmoins toujours une espèce de justice domestique, mais qui fut bornée au droit. de correction plus ou moins étendu, selon l'usage de chaque peuple.

Pour ce qui est de la justice publique, elle a toujours

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