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rendre service; il ne fait rien, mais il conseille ceux qui font mal. S'il a une petite place, il croit y faire de grandes choses; enfin il voudroit faire croire à tout le monde, et se persuader à lui-même, que ses discours, ses actions, son existence, influent sur la destinée de la société.

(ANONYME.)

L'IMPORTUN

IMPORTUN.

'IMPORTUN est celui qui embarrasse, incommode, ennuie, chagrine par sa présence, ses discours et ses actions hors de saison.

Un importun offre avec vivacité ses services à des gens qui ne veulent pas l'employer; il prend le moment que son ami est accablé d'affaires pour lui parler de sciences; il va souper chez sa maîtresse le soir même qu'elle a la fièvre; il entraîne à la promenade des gens à peine arrivés d'un long voyage, et qui ne cherchent qu'à se reposer de leurs fatigues; en un mot, il ne sait jamais discerner le temps et les occasions, et, loin d'obliger les autres, il leur déplaît et leur devient à charge. Ce rôle ridicule qu'il joue dans la société, est le vrai rôle d'un sot; un homme habile, dit la Bruyère, sent d'abord s'il convient ou s'il ennuie; il sait disparoître l'instant qui précède celui où il seroit de trop quelque part.

(M. de JaucoURT.)

C'EST

IMPOSANT.

'EST l'effet de tout ce qui imprime un sentiment de crainte, d'admiration, de respect, d'égard ou de considération. On en impose par des qualités réelles, ou par des qualités apparentes. Il se dit et des personnes et des choses. La dignité, le ton, le visage, le caractère, le regard, en imposent dans la personne. La grandeur, l'élévation, la masse, le faste, l'éclat, la dépense, l'espace, l'étendue, la durée, l'ancienneté, le travail, la perfection, en imposent dans les choses. Rien n'en impose au sage que ce qui excite en lui un sentiment réfléchi d'admiration, d'estime ou de respect; en imposer se prend encore dans un sens différent, pour tromper, mentir, séduire. On impose aussi une pénitence, une tâche, un nom, une taxe, les mains, un fardeau, etc.; acceptions du verbe imposer, assez éloignées des précédentes.

(ANONY ME.)

ON en impose aux hommes par des actions et par des

discours. Les deux crimes les plus communs dans le monde sont l'imposture et le vol. On en impose aux autres on s'en impose à soi-même. Toutes les manières possibles dont on abuse de la confiance ou de l'imbécillité des hommes, sont autant d'impostures; mais le vrai champ et sujet de l'imposture sont les choses inconnues. L'étran geté des choses leur donne crédit. Moins elles sont sujètes à nos discours ordinaires, moins on a les moyens de les combattre. Aussi Platon dit-il qu'il est bien plus aisé de satisfaire, parlant de la nature des dieux que de la nature des hommes, parce que l'ignorance des auditeurs prête une belle et large carrière. D'où il arrive que rien n'est si fermement cru que ce qu'on sait le moins, et qu'il n'y a gens si assurés que ceux qui nous content des fables, comme alchimistes, pronostiqueurs, indicateurs, chiromanciens, médecins, id genus omne, auxquels je joindrois volontiers si j'osois, dit Montaigne, un tas d'interprêtes et contrôleurs des desseins de Dieu, faisant état de trouver les causes de chaque accident, et de voir dans les secrets de la volonté divine les motifs incompréhensibles de ses œuvres; et quoique la variété et discordance continuelles des événemens les rejette de coin en coin et d'orient en occident, ils ne laissent pourtant de suivre leur éteuf, et de même crayon peindre le blanc et le noir. Les imposteurs qui entraînent les hommes par des merveilles en sont rarement examinés de près, et il leur est toujours facile de prendre d'un sac deux moutures.

Imposture, en fait de maladies, est une ruse ou artifice qu'on pratique pour paroître attaqué d'une maladie qu'on n'a pas. C'est une malice des mendians et des gueux qui feignent d'être sourds et muets, qui contrefont les ladres; des femmes qui paroissent avoir des cancers à la mamelle, des descentes de matrice et autres maux, pour exciter la compassion du peuple et en recevoir de plus amples aumônes. Il est entré de l'art et de l'industrie jusque dans les moyens d'abuser le public par les voies les plus hon

teuses. En général il y a trois motifs auxquels on peut rapporter toutes ces fausses démonstrations; la crainte, la pudeur et l'intérêt. C'est par la crainte du supplice qu'un criminel contrefait l'insensé; par pudeur, une fille se plaint d'hydropisie pour cacher une grossesse; par intérêt, une femme se dit enceinte, et prend les précautions qui peuvent le faire croire, afin de pouvoir supposer un enfant, etc. Les médecins et chirurgiens, dans les rapports qu'ils sont obligés de faire en justice, doivent être très-attentifs à ne se point laisser tromper. Il y a beaucoup de circonstances délicates où il faut user d'une grande prudence, et être capable de discernement pour aller à la recherche de la vérité, et rendre aux juges un témoignage fidèle et éclairé.

(ANONYME.)

2

C'EST-A-DIRE EST-A-DIRE malédiction. Ce terme, dans l'acception commune, désigne proprement des vœux formés par la colère ou par la haine.

On appelle de ce mot les expressions emportées que le desir de la vengeance nous arrache lorsque, nous sentant trop foibles pour nuire par nous-mêmes à ce que nous haïssons, nous osons réclamer le secours de la divinité, et l'inviter à épouser nos ressentimens.

Mais il s'agit ici de ces imprécations singulières des anciens que leur religion et la croyance des peuples autorisoient. Ils les distinguoient en imprécations publiques et en imprécations des particuliers.

J'entends par imprécations publiques celles que l'autorité civile ordonnoit, en certains cas, chez les Grecs, chez les Romains et chez quelques autres peuples.

Les citoyens impies, mais sur-tout les oppresseurs de la liberté et les ennemis de l'état, furent l'objet le plus ordinaire de ces sortes d'imprécations. Alcibiade en subit la peine pour avoir mutilé les statues de Mercure, et pour avoir profané les sacrés mystères de Cérès.

Dès que les Athéniens eurent secoué le joug des pisistratides, un décret du sénat ordonna des imprécations contre Pisistrate et ses descendans. Un pareil décret en ordonna de plus fortes contre Philippe, roi de Macédoine. Tite-Live nous en a conservé la teneur que voici :

Le peuple, dit-il, obtint du sénat un décret qui portoit que les statues qu'on avoit élevées à ce prince seroient renversées ; que tous ses portraits seroient déchirés; que son nom et ceux de ses ancêtres, de l'un et de l'autre sexe, seroient effacés; que les fêtes établies en son honneur seroient réputées profanes, et les jours où on les célébroit des jours malheureux; que les lieux où l'on avoit placé quelque monument à sa gloire seroient déclarés des lieux exécrables; enfin, que les prêtres, dans toutes leurs prières publiques pour les Athéniens et pour leurs alliés, seroient obligés de joindre des malédictions contre la personne et la famille de Philippe. On inséra

depuis

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