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M. l'abbé ARBELLOT.

Origines chrétiennes de la Gaule.

« M. l'abbé Arbellot a été, et est depuis plus de vingt-cinq ans, l'un des avocats les plus ardents de l'opinion qui fait remonter jusqu'aux temps apostoliques l'introduction du Christianisme dans la Gaule. M. Faillon avait pris pour sujet le prétendu apostolat de sainte Marie-Madeleine dans la Gaule méridionale M. Arbellot a surtout appliqué son opinion à la mission de saint Martial dans le diocèse de Limoges (1). Il a publié depuis 1853 plusieurs mémoires à l'appui de cette opinion; et c'est après lui, et à son exemple, que d'autre écrivains, M. l'abbé Darras (pour Quimper) (2), M. Salmon (pour Amiens), MM. Fayet et Feugères (pour Reims), etc., ont soutenu ce même système légendaire qui a été souvent combattu, et contre lequel. l'Académie des Inscriptions a protesté dans plusieurs rapports de la Commission des antiquités nationales.

» M. l'abbé Arbellot renouvelle son système et ajoute à ses anciens arguments une prétendue interpolation de dom Ruinart dans son édition de Grégoire de Tours (3). Il trouverait la preuve de cette interpolation dans deux mss. de la légende de saint Saturnin qu'il a consultés à la Bibliothèque nationale, et dont Ruinart n'aurait tenu aucun compte et qu'il aurait même altérés (4). M. Arbellot suppose aussi qu'un chiffre L de l'un de

(1) Non-seulement dans le diocèse de Limoges, mais encore dans les divers diocèses des deux provinces ecclésiastiques de Bourges et de Bordeaux, qni formaient l'Aquitaine, dont saint Martial a été proclamé l'apôtre.

(2) M. l'abbé Darras a publié un volume sur saint Denys l'Areopagite et sur les origines de l'Eglise de Paris, mais n'a rien publié sur Quimper, qui n'a jamais été en cause dans la question des origines chrétiennes. Si l'auteur de cette note a fait confusion, c'est sans doute parce que M. l'abbé Darras était vicaire général honoraire de Quimper. L'évêque de cette ville avait voulu, par ce titre honorifique, rendre hommage au talent de l'abbé Darras, et reconnaître par là les services qu'il a rendus à l'histoire ecclésiastique.

(3) Il ne s'agit pas d'une interpolation de dom Ruinart dans son édition de Grégoire de Tours, mais d'une interpolation des anciens Actes de saint Saturnin, sur lesquels s'est appuyé Grégoire de Tours pour assigner à l'empire de Dèce la mission des sept évêques.

(4) Dom Ruinart n'a pu tenir compte de ces deux manuscrits, ni les altérer, puisqu'il ne les connaissait pas. Il a altéré les Actes de saint Saturnin de Toulouse en lisant dans un manuscrit une date qui ne s'y trouve pas.

ces mss. doit être retranché ou converti en un I. C'est une des bases de son argumentation (1).

>> En opposant ces futiles raisonnements à l'ensemble des témoignages et des arguments sur lesquels les érudits du xvir et du XVIIIe siècle se sont appuyés pour ne point admettre les traditions légendaires que l'école de l'abbé Faillon et de M. l'abbé Arbellot ont soutenues avec tant de persistance, sans tenir aucun compte des objections qui leur ont été faites, M. l'abbé Arbellot convient qu'il veut réveiller cette discussion non suffisamment éclairée selon lui. Il me paraît bien probable qu'il ne convaincra aucun de ses adversaires, et qu'il renouvellera en pure perte une querelle historique et théologique (2) qui paraissait calmée (3).

>> Si le Comité autorise la lecture du mémoire, ce devrait être, il me semble, avec de très grandes réserves. Telle est aussi l'opinion de notre président.

>> En tous cas, la seconde partie du mémoire de M. Arbellot, dans laquelle sont reproduits les arguments pour identifier Denys l'Areopagite avec saint Denys, premier évêque de Paris, ne pourrait être lue à la Sorbonne, car elle ne consiste que dans la reproduction d'arguments vingt fois réfutés (4). »

(1) Ce chiffre L, du manuscrit de Saint-Germain-des-Prés, avec lequel dont Ruinart a fait « ante annos quinquaginta », est en effet une leçon inexacte, comme nous l'avons démontré dans le chapitre premier de cette étude.

(2) La question n'est pas du tout théologique, mais purement historique. Il s'agit de savoir lo si saint Denys a été envoyé par saint Clément, dans la seconde moitié du ler siècle comme l'affirment ses anciens Actes, ou seulement sous l'empire de Dèce, au milieu du e siècle, comme on le lit dans Grégoire de Tours; 2o si saint Denys de Paris est le même personnage que Denys l'Aréopagite, comme d'anciens Actes l'ont enseigné. Il n'y a là rien de théologique. En 1855, l'académie des Inscriptions avait fait la même confusion : elle avait écarté du concours des antiquités nationales notre Dissertation sur l'apostolat de saint Martial, dans laquelle elle n'avait vu qu'un sujet de polémique religieuse.

(3) La querelle n'est pas calmée, puisque, depuis trente ans, plus de cinquante volumes ou brochures ont été publiés sur cette question.

(4) Nous n'avons pu reproduire des arguments vingt fois réfutés, puisque nous avons envisagé la question sous un point de vue nouveau, en faisant une étude critique des Actes aréopagitiques que l'école de Sirmond ne connaissait pas, et des Actes clémentins, dont cette école ne connaissait qu'une édition altérée.

L'ABBÉ ARBELLOT.

LA

NUMISMATIQUE LIMOUSINE

A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878

Rapport lu à la séance de la Société Archéologique et Historique du Limousin du 28 janvier 1879

Dans une précédente séance, notre savant président, M. le chanoine Arbellot, nous disait la part glorieuse qui revenait au Limousin dans l'exposition rétrospective du Trocadéro. Les magnifiques émaux signés par nos plus grands maîtres, les tapisseries sorties de nos vieilles fabriques, les monnaies frappées dans nos ateliers du moyen âge, groupés et classés dans une même galerie, à côté des richesses du monde entier, justifiaient la réputation artistique de notre belle province et l'admiration de ceux qui veulent voir en elle le berceau de l'art français.

La perfection relative des produits monétaires du Limousin a, depuis longtemps, fixé l'attention des numismatistes.

<< Parmi les écoles qui se firent remarquer par l'habileté de leur fabrication, dit notre érudit compatriote M. Deloche, celle de Limoges tenait l'un des premiers rangs. Mais cette supériorité du Limousin dans le monnayage, supériorité que plusieurs écrivains ont signalée (1), n'est pas dans son histoire un fait isolé. On se convainc, en effet, à mesure que l'on étudie de plus près les annales de cette province, que sa capitale fut, sous les

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(1) LELEWEL, Numismatique du moyen âge; FILLON, historiques.

Considérations

deux premières dynasties de nos rois, le centre politique, commercial et artistique le plus important de l'Aquitaine (1) ».

Nous allons borner cette revue à l'indication de nos ateliers monétaires représentés dans les vitrines de l'Exposition universelle et à la description de leurs types les plus intéressants.

La collection de M. le vicomte de Ponton d'Amécourt s'impose la première à notre examen. L'exposant est un archéologue des plus distingués, dont le nom fait autorité en matière de numismatique. Il a pris la tâche d'étudier dans ses détails les plus obscurs le monnayage mérovingien. Sa notice sur Abbon, l'initiateur et le protecteur de saint Eloi, et sa Description raisonnée des monnaies mérovingiennes de Chalon-sur-Saône méritent une mention particulière, car l'auteur y touche à l'un des points controversés de l'histoire artistique de notre province. Après avoir démontré que le directeur des officines de Chalon était le même que le premier maître de saint Eloi, M. de Ponton d'Amécourt prétend que les plus anciens ciseleurs et monnayers limousins seraient venus de la Bourgogne; les Francs, selon lui, auraient reçu des Burgondes leurs traditions artistiques. Il termine et résume ainsi son travail : « L'Abbon de Limoges est l'ancien monétaire qui a joué un si grand rôle dans les ateliers de Chalon. Nous n'avons pas à nous occuper ici de l'œuvre d'Abbon, ni à chercher les étapes de sa pérégrination entre Chalon et Limoges, dans la description des monnaies marquées de son nom et empreintes de son style; notre œuvre d'aujourd'hui est accomplie nous avons classé les monnaies de la capitale du second royaume de Bourgogne, et, recueillant çà et là quelques fleurs d'histoire dans les landes vierges de la numismatique, nous avons constaté un fait important: l'art burgonde a produit l'art limousin. Dans les demi-teintes qui composent l'arrièreplan du grand tableau de notre histoire, on peut distinguer un groupe de voyageurs se dirigeant de l'est à l'ouest, plantant leur tente et installant à Limoges leur modeste bagage. Ce sont les pionniers de l'art français le génie des anciens Burgondes les accompagne; ils vont allumer le foyer qui brillera d'un si

(1) Maximin DELOCHE, Description des monnaies merovingiennes du Limousin.

vif éclat pendant dix siècles; ils devancent les créateurs de ces merveilles d'orfévrerie et d'émaillerie qui meubleront les églises et les palais, et que la postérité la plus reculée admirera dans tous les musées du monde; ils sont les pères de saint Eloi et les ancêtres de Léonard Limosin (1). »

La nature des travaux de M. le vicomte d'Amécourt, le désir de développer et de corroborer la thèse que nous venons de rappeler, l'amèneront forcément, lorsqu'il aura terminé ses recherches sur les ateliers monétaires de la Touraine, de la Bourgogne et du Maine, à aborder l'étude des monnaies de notre pays. En attendant, il réunit patiemment les matériaux qui lui serviront à compléter, rectifier et mettre au courant des découvertes les plus récentes le remarquable ouvrage de M. Deloche.

La collection limousine de l'exposant est déjà considérable. Nous avons compté, dans son médaillier, des produits de trente-un foyers monétaires de l'ancien diocèse de Limoges.

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Le type de cet atelier a été décrit par M. Deloche, qui en a signalé trois variétés. Les spécimens de M. de Ponton d'Amécourt lui étaient inconnus.

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Les produits de cette officine sont moins rares et mieux déterminés que ceux de l'Eglise de Limoges. L'auteur de la Description des monnaies mérovingiennes du Limousin en a mentionné huit exemplaires, dont deux figurent dans la vitrine de M. le vicomte d'Amécourt: ce sont des tiers de sou d'or, du deuxième quart du vire siècle, portant, l'un au droit: LEMOVECAS.F., et au revers: SATURNUS.M-I; l'autre au droit : LIMOVEGAS, et au revers: ANSOINIO MONETAI.

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On ne connaissait jusqu'à présent que deux triens de cet atelier, possédés l'un et l'autre par M. Cartier père.

(1) M. le vicomte DE PONTON D'AMÉCOURT, Description raisonnée des monnaies mérovingiennes de Chalon-sur-Saône.

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