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de précieuses découvertes qui viennent grossir la merveilleuse collection du vénérable et infatigable chercheur :

LES FOUILLES DE M. FRÉDÉRIC MOREAU EN 1890

M. Frédéric Moreau vient de publier son nouvel album sur les fouilles qu'il a faites en 1890. Cette fois, il a porté ses recherches à Saint-Audebert et à CirySalsogne.

Le hameau Saint-Audebert, dépendant de la commune de Presles-et Boves, remonte à une haute antiquité, aux temps préhistoriques, comme le prouvent les silex taillés trouvés sur le sol, et les boves, habitations des troglodytes. Presque à l'angle du chemin de Presles à Chassemy, et de l'ancien chemin de Vailly passant à la ferme des Boves sur une superficie de 85 ares 91 ceutiares, M. Moreau a découvert une nécropole qui a servi de sépulture aux habitants du pays, aux époques gauloise, gallo-romaine et mérovingienne, ainsi qu'on peut le voir sur le plan dressé par M. Bouchel, instituteur, plan reproduit dans la notice.

Cominencées le 20 avril 1890, les fouilles se sont poursuivies sans interruption pendant 4 mois ; puis l'atelier a été transporté à Ciry-Salsogne.

Nous allons dire quelques mots de chacunes de ces stations.

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Sous le patronnage éclairé de M. le comte de Rubelles, maire de Presles-et-Boves, et dans le terrain cultivé par M. Brodin, les découvertes ont été assez nombreuses et intéressantes comme on va le voir, et comme l'indiquent les belles planches de l'album.

L'un des premiers objets trouvés est un vase en terre percé de onze trous en forme de passoire, figuré planche 110.

A côté, des petits vases à boire, le tout assez grossier. Un grand plateau en terre noire, élégant et orné, supportant une urne cinéraire, planche 111.

Sur la planche 112 nous voyons un fort curieux rasoir de l'âge de fer, une grande serpe à douille, un grand couteau-scie, un couteau plus petit, une pince à épiler et diverses fibules, le tout, en fer, trouvé dans une sépulture gauloise incinérée.

Les planches 113 et 113 (bis) sont consacrées à une amphore de forme élégante, ornée d'une couronne de bronze. Cette amphore, en terre rouge, a 1 mètre 15 de long; à côté, gisaient l'urne renfermant les cendres du défunt, une coupe rappelant le genre étrusque, une fibule en fer avec un bout de chaîne, des anneaux ou bagues en verre et bronze et des perles en verre, tous ces objets de l'époque gallo-romaine.

La planche 114 nous reporte à l'âge de pierre ; ce sont haches, hachette, tête de lance, lames, grattoirs, pointes de flèches, un nucleus, le tout en silex, et un curieux collier préhistorique de 54 fossiles perforés en forme de perles.

Planche 115, bracelets en lignite, bracelets en bronze, fusaïoles en os et instruments en silex.

Planche 116, un seau en bois tenu par un cercle de bronze doré avec anse en bronze et un vase noir orné de méandres.

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Les grévières de Ciry-Salsogne, exploitées par MM. Cheval, Leloutre et Michel, propriétaires, recelaient aussi des sépultures antiques; ces messieurs ont fort bien accueilli M. Frédéric Moreau et ont mis avec beaucoup d'empressement leurs terres à sa disposition.

Là, on était en présence de sépultures gauloises d'avant la conquête, et les femmes occupaient un quartier spécial séparé des hommes.

Dans le quartier des femmes, en quelques jours il a été recueilli 30 bracelets et 15 torques en bronze, des colliers en ambre, des anneaux, bagues, boucles d'oreilles, pendeloques, perles, en un mot des bijoux et objets de parure. La coquetterie existait déjà avant César.

Le côté masculin a donné des poignards, coutelas, lances, javelots, flèches en fer, bracelets en fer et schiste, puis de nombreux vases en terre.

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En outre, une planche est réservée aux objets plus récents, mais dont la date est indéterminée. Ces différents objets, trouvés également dans les sépulcres, témoignent, dit M. F. Moreau, « du long maintien des traditions funéraires antiques. En effet, longtemps après l'établissement du christianisme dans les Gaules, l'usage a continué jusqu'aux XV et XVIe siècles, d'entourer les morts, dans leur tombe, de vases et d'objets qui avaient pu leur être chers pendant leur vie. D

Nous voyons des ornements en bronze, dont l'un, ayant presque la forme d'un encensoir, avec sa chaîne gourmette, est une petite oeuvre d'art, un manche de cuiller liturgique en bronze (on s'en servait pour distribuer la communion).

Un fer à cheval trouvé près de Bois-Morin à deux mètres de profondeur.

Des aiguilles ou passe-lacets en bronze, et des perles en verre, des dents de squale.

Un crucifix avec Christ en bronze, provenant d'une sépulture de femme.

Des bagues et boucles de soulier en argent et très ornées.

Une jolie coupe en argent ornée d'oreillons en vermeil, belle pièce d'orfèvrerie paraissant avoir été fabriquée à l'époque de la Régence ou au cominencement du règne de Louis XV.

Enfin une pierre gravée qui, d'après le savant auteur, pourrait bien être le sceau de saint Audebert. Il représente debout, sous un dais gothique, un évêque, mitre en tête, bénissant de la main droite et tenant sa crosse de la main gauche. A ses pieds, un écusson chargé à droite d'une fasce, à gauche d'une étoile à cinq raies. Or, saint Audebert, né à Senlis, devint évêque de cette ville et, après un épiscopat de 50 ans, pendant lequel il fut persécuté et exilé par Ebroïn, il mourut vers l'an 700, âgé de 90 ans.

Ce sceau de style ogival paraît du XVe siècle.

La notice se termine par un tableau indiquant le relevé des objets découverts en 1890.

Il a été recueilli 300 vases et 2 amphores, 49 bracelets, 15 torques, 180 monnaies romaines petits bronzes, 50 silex, des armes en fer, des bijoux, etc., au total 925 pièces dans 210 sépultures.

En ajoutant ces découvertes à celles faites pendant les 17 années précédentes, on arrive à ce résultat inouï et presque incroyable de 14.539 sépultures explorées, contenant 14.480 objets divers dont 3.345 vases, près de 1.000 pièces de monnaies romaines et gauloises, environ 10.000 objets en bronze, fer, etc., et 575 mosaïques; quant aux silex on ne les compte plus, ce serait par centaines de mille.

Cette seule nomenclature suffit pour donner une idée de cette colossale collection, unique au monde, réunie pendant 18 ans de recherches patientes, persévérantes, continuelles, entreprises avec un zèle et une intelligence que le succès le plus brillant a couronnés.

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Ce travail prodigieux que l'album de Caranda montre et que la notice explique, est un véritable monument élevé par la science actuelle au passé qu'il fait revivre, avec ses parures, ses armes, ses vases, etc; monument impérissable que tout historien futur devra consulter, car là seulement il trouvera un fragment de la vie de nos ancêtres, une parcelle de leur mobilier, comme une pensée d'eux-mêmes.

Avec le journal de M. Frédéric Moreau, on suit les fouilles pas à pas, jour par jour; on assiste aux découvertes, on voit les objets, on les tient presque. Les siècles disparaissent; nous, fils du XIX siècle, nous tendons la main aux Mérovingiens de Chilpéric et de Clovis, aux Gallo-Romains, aux Gaulois d'avant César, et même aux contemporains de l'âge de pierre.

Ce collier, cette bague, ce bracelet, c'étaient les parures des belles dames d'il y a 1.500 ou 2.000 ans ; ces armes ont servi aux guerriers victorieux de Charlemagne, ont repoussé les Sarrasins avec Charles Martel, les Huns d'Attila aux champs catalauniques, avec Mérovée et Aétius et, qui sait, ont peut-être combattu les légions romaines avec Galba; glorieux et précieux souvenirs, témoins d'un passé disparu, transmis à travers les âges, et que la terre, qui les a conservés pieusement pendant des siècles, a fait apparaître tout à coup à nos yeux étonnés.

Le vénérable auteur de cette gigantesque et utile entreprise, M. Frédéric Moreau, a eu toutes les angoisses, tous les tracas, toutes les peines, mais il en a eu aussi tout l'honneur et toute la gloire. C'est justice.

N'oublions pas l'habile dessinateur, M. Pilloy, l'auteur de ces belles planches qui parlent aux yeux, et qui s'est fait un nom désormais célèbre pour ces magnifiques reproductions.

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