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tient dans sa main les fils de l'intrigue qui se trame dans l'appartement même de la fille du roi, et d'Elisabeth_sasœur, plus aristocrate encore que dévote. Toutes les dames du palais de la reine s'abouchent journellement et à toute heure, avec les valets en chef. La valetaille subalterne se charge des commissions.

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Marie-Antoinette a toujours les mêmes affidés; c'est un sieur Gueste, un sieur Terrasse, Camant, garçon de toilette, et Guerrin, piqueur. Ces honnêtes gens professent l'espionnage avec le même zèle, la même exactitude, la même fidélité, ainsi que les nommés Duval, Vatel, etc. Guiillions et Camille observent toujours aussi avec le même succès. Toute cette valetaille s'assemble chez une femme du dauphin; et c'est là encore que se tient une espèce de club monarchique. Les infâmes re-, lèvent déjà la crête qu'ils avoient bien basse; les voilà redevenus insolens comme jadis. L'un de ces matins on. les entendoit se dire entre eux: 290 députés se déclarent pour nous; avec plus de 80 autres sur lesquels nous pouvons compter, nous sommes en force; nous ferons plus d'une victime. Garçons et soubrettes, tous les va lers des maîtres aristocrates chantent, à la rencontre des patriotes du château, ce refrain chéri de Duval d'Eprémes nil:

Rira bien qui rira le dernier.

Et ils sont du secret, à en juger par les conclusions du rapport des comités réunis, qui déclarent le roi inviolable, et le mettent hors de cause, quant à l'affaire du voyage à Montmédi, et de l'arrestation à Varennes. Les dames de palais de la reine, qui viennent habituellement au château, sont:

La d'Auzun,

La de Luynes,

La Lamoignon,
La Duras,

La de Tarente', etc.

M. Duchâtelet voit toujours le roi.

La Tourzelle continue à recevoir les lettres. Presque sous les yeux des officiers de garde, cette femme, depuis long-temps, trempe dans tous les com→ plots. Lors de celui de Saint-Cloud, qui ne devoit pas

se terminer là, elle étoit si bien instruite des suites, qu'elle avoit tout déménagé de chez elle, et que ses enfans. par ses ordres, étoient déjà partis pour la frontière. La Makau avoit pris les mêmes précautions.

Les deux ministres des affaires étrangères et de l'intérieur se coalisent depuis long temps pour servir à la matien un pat de leur métier. Ils sont en parfaite intelligence avec la vermine titrée des Tuileries. Le beau Ronde au milieu duquel se trouvent placés le dauphin et la fille du roi! La petite est déjà entichée.

Les officiers de la garde nationale qui sont de poste au château doivent être triés avec soin, et renouvelés souvent, si on veut qu'ils ne se laissent pas corrompre. Ils mangent déjà chez la Makan; s'ils se laissent une fois piquer de cette chenille, c'est fait d'eux.

Avant la désertion de Louis-le- faux, c'étoit chez cette femme que les prêtres réfractaires avoient leur rendezVous, et catéchisoient Elisabeth, la fille de Capet, le derier de sa race.

Chez Marie-Antoinette, les officiers sont dans la dernière familiarité avec les femmes et les garçons de chainbre. Gueste remet au roi et à sa femme, devant eux, sans se gêner, les sales papiers de l'Ami Royou, du Compère Derosoy, de Gauthier le Chifonnier, etc. La cour tient un registre exact des noms des députés qui travaillent à une contre-révolution; et, semblables au ver rampant, filent eux-mêmes leur tombeau. Aux Tuileries, on paroît presque assuré du succès, et d'une vengeance complète; on y est fort gai et fort insolent. Ce thermon ètre annonce un orage prochain. Quand on y voit rire de si bon cœur, c'est qu'il y a du mal à faire, et tout prêt à être fait.

Si l'assemblée nationale n'étoit pas presque aussi gâtée et bien plus coupable que la cour, elle commenceroit par en balayer toute cette mauvaise compagnie, sans leur payer de gages, et sans parler de retraite; car ce seroit leur faire grace que de ne pas les laisser lanterner par le peuple à mesure qu'ils sortiroient de la tannière royale. Tous ces gentilshommes de la chambre, si dignes des personnages qu'ils servent avec bassesse, et qui se disent nobles, tout en se disputant l'office du dernier des laquais; tous ces chevaliers d'honneur, qui ne connoissent l'honneur que de nom, tous ces écuyers-commandans, ces écuyers cavalcadours, ces écuyers da

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main, ces val: ts de pied, ces valets de chambre ordi naires, ces, valets de garderobe, tel qu'un Lemoine de Clermont, mauvais sujet de la première espèce; tous les garçons de chambre et les femmes de Marie-Antoinette, et celles de sa belle-sœur et de ses enfans; ces gens, qui semblent choisis tout exprès pour corrompre, et qui, depuis long-temps, auroient dû être bannis à cent lieues de Versailles et de Paris, sont au contraire bien venus, choyés, caressés, fêtés; la Fayette ne manque pas de les saluer tous jusqu'à terre, et pourtant il les connoît bien; mais il ne dit mot sur leur compte; il a ses raisons, il peur avoir besoin d'eux. Les courtisans ne méprisent personne.

Il n'y a d'exception à faire que de deux ou trois personnes dans la maison de madame Elisabeth: tout le reste mériteroit d'être étouffé dans la même fournée.

Voici une petite circonstance du voyage de LouisJe-faux, qu'on pourroit encore surnommer autrement ; tout le monde ne la sait pas, et elle mérite d'être connue; c'est que dans les voitures de fuite, on avoit eu la précaution de placer deux sacoches de verre pilé, pour s'en servir à charger des pistolets à large embouchure. On n'avoit pas envie que ceux qu'on auroit salués avec, allassent en porter la nouvelle. Amis lecteurs, que direz-vous de cette invention capétienne ou autrichienne?

Il y a plus de dix-huit mois que ce prétendu voyage à Montmédi étoit complotté par cette crapule cour ronnée.

Malgré le décret postiche qui interdit aux députés le passage du jardin des Tuileries et l'entrée au château beaucoup de ces messieurs continuent sans façon à hanter la cour, et ils ne s'en cachent pas; car plusieurs d'entre eux assistent à la messe qui se dit dans la galerie, Les officiers de garde, et les valets aristocrates, leur font passer leurs cartes, et restent dans l'intérieur, pendant que les représentans, qui représentent si mal, s'en servent selon leur besoin.

Plusicurs grenadiers, soupçonnant quelques allures à toutes ces allées et venues, ont voulu, l'une de ces nuits, s'assurer par eux-mêmes si le roi de Cocagne étoit gissant dans ses draps; il leur a répondu lui-même de l'existence de sa pesante individualité.

Quant au principal locataire du château des Tuileries,

c'est toujours le même train de vie, la même balourdise. Le jour de la Fédération, à la vue des bataillons allant au Champ-de Mars, il se mit d'une humeur de dogue; il frappa du pied, en disant avec dépit : On ne m'a pas seulement fait l'honneur de m'inviter à la cérémonie.

Louis XVI lit assez exactement les séances de l'assemblée nationale. Quand ii y a eu quelques sorties vio~ lentes contre la royauté, ou même contre sa personne, on lui fait accroire que cela n'a pas été dit; que c'est de l'invention du journaliste pour mieux vendre son papier; et le sot couronné paroît le croire.

Pendant la séance du 14 juillet dernier, plus de cinquante députés n'ont fait qu'aller et venir de la salle du manége au château. Il est bien étonnant que M. Gouvion ne tienne pas mieux la main aux ordres qu'il a reçus d'intercepter toute communication de l'assemblée nationale avec la cour.

Il y a au château un certain musicien, contre-révolutionnaire de son métier. Quinze jours avant le départ de Louis XVI, il ne cessoit de s'entretenir avec les gardes du roi ; il avoit même pris sur lui de dire à plu sieurs femmes logées aux Tuileries, et avec l'air hypocrite qu'il porte sur sa figure basse Mesdames, j'ai un conseil à vous donner; venez vous établir chez moi; sous peu, vous n'aurez plus de roi. ...

A présent, le voilà qui s'enrôle dans la garde nationale de Versailles; il ne faut point perdre cet homme de vue. Sans doute que l'excellent patriote le Cointre, qui vient d'être nommé commandant général de toute la garde nationale du canton; aura l'œil sur tous ces bas valets qui se couvrent de la peau du lion pour cacher leur queue de renard. On les lui recommande.

Parmi la foule des caricatures qui tapissent nos quais. il en est une intitulée l'éléphant blanc, dont notre n°. 96 a fourni le sujet. Le sieur Simon Valle, marchand d'estampes, rue de la Monnoie, avoit mis en vente deux de ces gravures les de ce mois. Un nommé Corpes entre dans sa boutique et les déchire. Le marchand, assisté de deux témoins, conduit le déchireur d'estampes au comité de la Samaritaine, et demande réparation du donmage

qu'il a souffert. L'affaire s'entame; mais bientôt l'accusateur devient l'accusé ; le commissaire et le commandant de bataillon l'insultent, traitent la gravure d'incendiaire, et il est traduit à la mairie, escorté de deux grenadiers - par le délinquant lui-même, que l'on renvoie absous, tandis qu'on détient le sieur Vallée, qui se trouve obligé de protester contre son arrestation. Les tribunaux sont saisis de l'affaire.

Il est temps enfin que des vexations qui se répètent si souvent, aient un terme. Le droit de propriété a été violé à l'égard du sieur Vallée il doit être vengé. Les commissaires, commandant de bataillon et officiers de police qui ont participé à ce délit contre la liberté individuelle, doivent êrre punis; l'état de détention où s'est trouvé le sieur Vallée a porté préjudice à son commerce; il est en droit de répéter des dommages et intérêts contre ses oppresseurs.

On a reproché au sieur Vallée que cette gravure étoit -incendiaire, et qu'il avoit manqué de respect aux magistrats en l'exposant au public. D'abord, que signifie ce mot incendiaire adapté à une caricature qui n'est que le tableau comique de Tidolatrie des Siamois ? Et com-ment peut-on manquer de respect aux magistrats en vendant de pareilles gravures? Qu'y a-t-il de commun entre un magistrat, un éléphant et une grue, qui sont les principaux personnages du tableau? D'ailleurs la scène se passe à Siam, et ce ne seroit tout au plus qu'en ce pays qu'elle pourroit choquer quelqu'un. Or, à moins que la municipalité et l'état-major de Siam n'entretiennent à Paris des mouchards, pour faire main-basse sur tout ce qui peut jeter du ridicule sur les sottises du gouvernement siamois, on ne conçoit pas comment la municipalité de Paris a pu prendre si chaudement le parti de gens qui lui sont si fort étrangers; se seroit-elle reconmue dans les travers reprochés aux Siamois?.... On ne voit pas d'un bon œil la satire de ses écarts,

Au reste, quelles que soient les intentions de la municipalité parisienne, sa conduite est non-seulement opposée au bon sens, mais encore vexatoire et despotique; elle n'en a pas moins sacrifié les loix les plus saintes à l'affreux plaisir de nuire. Tant que les citoyens ne se pénétreront pas de leur droit de résistance à l'oppression, tant qu'ils ne brûleront pas la cervelle au premier

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