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été abandonné à peu près partout. On décida, en conséquence, de s'en rapporter entièrement à la sagesse du roi René, qui gouvernait alors la Provence.

Le bon roi se dit que, puisque les Toulonnais n'étaient pas assez raisonnables pour s'entendre entr'eux et choisir des magistrats à leur convenance, il fallait se passer de leur concours. Ce premier point trouvé, il se demanda s'il se chargerait luimême ou s'il chargerait ses agents de ce soin délicat. Mais c'était créer en quelque sorte ce que l'on a appelé, de nos jours, des candidatures officielles, et il aimait trop sa tranquilité pour se lancer dans cette voie remplie de dangers. Il résolut donc de ne confier le choix des magistrats municipaux ni à la population, ni à l'autorité. Problème difficile assurément, et que son intelligente bonhomie, passée en proverbe, pouvait seule résoudre.

Avant de faire connaître l'ingénieux système qu'il imagina, il n'est pas sans intérêt de rappeler les considérants sur lesquels il crut devoir l'appuyer.

« Nous sommes informé, disait-il dans des lettres patentes qui portent la date du 29 mars 1437, que lorsqu'on procède à haute voix à l'élection des officiers désignés pour gérer les affaires publiques, plusieurs, excités par l'ambition d'administrer et de présider dans notre ville de Toulon, guidés par des sentiments déplacés, sans tenir compte de la qualité des élus, ni du bien public, font intervenir la fraude et la violence dans les élections. En sorte que, par la malice du genre humain, des haines, des zizanies, des divisions et des inimitiés se sont élevées parmi nos fidèles sujets; désirant apporter un prompt remède à ces inconvénients et en empêcher le retour, nous ordonnons, après y avoir mûrement réfléchi, qu'à l'avenir les élections des syndics, conseillers et autres officiers de la ville de Toulon, seront faites par le sort.

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Vous avez bien entendu, c'est au hasard que le bon roi confie le soin de choisir les administrateurs de sa chère et bien-aimée ville de Toulon, qui n'a qu'un défaut, à ses yeux, celui d'être trop turbulente.

Maintenant, si vous voulez savoir quel était précisément le rôle assigné au hasard dans les élections, je résumerai en quelques lignes les nombreuses dispositions du règlement qui était annexé aux lettres du roi René, et qui fut religieusement observé jusqu'en 1609.

Tous les trois ans, les syndics, les conseillers et vingt-cinq assesseurs, formaient autant de listes de quinze citoyens éligibles qu'il y avait de fonctionnaires à élire. Ils inscrivaient ensuite les noms de ces citoyens sur des bulletins qui étaient roulés dans des boules de cire et renfermés dans différents sacs. Chaque année, le 24 juin, jour de la fête de saint Jean-Baptiste, le conseil général étant assemblé dans la grande salle de l'hôtel de ville, un jeune enfant, les manches retroussées jusqu'aux coudes, plongeait la main successivement dans les divers sacs et en retirait les noms des nouveaux magistrats et agents communaux (1).

C'est ainsi que le hasard fournit à notre ville tous ses fonctionnaires, pendant près de deux siècles. Permettez-moi d'ajouter, l'histoire à la main, que jamais le sort ne fit un mauvais choix, et cela, par cette raison bien simple, que la ville de Toulon a toujours été très-riche en bons citoyens.

(1) A Draguignan, où les sacs étaient remplacés par des urnes découvertes, le jeune enfant prenait les boules avec une cuiller; ce qui prouve que le système de la soupière, employé dans les dernières élections, n'est pas une invention moderne.

ÉTOILES FILANTES

PAR

MM. ZURCHER & MARGOLLÉ

Tout le monde connaît ces brillants phénomènes. Tantôt ce ne sont que de faibles traces lumineuses; tantôt des sillons plus intenses traversent plusieurs constellations sans que pourtant le point mobile présente un diamètre apparent. La longueur de la trajectoire et la coloration de la lumière varient. Plus rarement on voit passer dans le ciel des globes de feu de diverses grandeurs; on les distingue des étoiles en leur donnant le nom de bolides. Ces bolides, à la fin de leur course, semblent parfois se diviser; on dirait qu'ils éclatent et une forte détonation se fait entendre, le plus souvent après un long intervalle de temps, ce qui montre que le phénomène se passe assez loin de la surface terrestre. La lumière que ces corps projettent peut être comparée, pour certains d'entre eux, à celle de la lune. Quelques-uns ont été aperçus même en plein jour.

De tels phénomènes ont dû occuper longtemps l'imagination des peuples et engendrer maintes superstitions. Mais le mystère des étoiles filantes est devenu un fait scientifique dès qu'on a pu établir un rapport entre leur apparition et un autre phénomène longtemps aussi mystérieux, la chute des aérolithes.

On a des récits très-anciens de pierres tombant du ciel, mais les savants n'y ont pas cru jusqu'à la fin du dernier siècle

Le physicien Chladni soutint alors la réalité de ce qu'on avait relégué parmi les faits légendaires. Dans un mémoire publié en 1794 il montrait que les pierres dont il avait fait l'examen n'étaient pas le produit d'une fusion artificielle, de l'incendie d'une forêt ou d'une couche de houille, d'une éruption volcanique ou d'une fusion occasionnée par le tonnerre, mais qu'elles avaient une origine cosmique. « L'idée, dit-il, qu'outre les corps célestes connus il existe dans l'espace un grand nombre de masses plus petites formées de matières grossières paraîtra sans doute insoutenable à plusieurs personnes qui se croiront fondées, par cela seul, à rejeter toute ma théorie, quelque bien d'accord qu'elle puisse être avec les observations. >> Cette théorie a néanmoins fini par être admise et c'est très-justement qu'un de nos éminents astronomes, M. Delaunay, compare Chladni, dans cette branche de la science, à Copernic.

Notre Académie des sciences n'hésita plus à adopter l'idée de Chladni à la suite de la lecture du procès-verbal dressé en 1803 par l'un de ses membres, l'illustre Biot, qui avait été envoyé dans la petite ville de l'Aigle, en Normandie, où l'on avait signalé une pluie de pierres. Voici un extrait de ce procèsverbal : « A une heure de l'après-midi, par un ciel très-pur, on vit à Alençon, à Falaise et à Caen, un grand bolide se mouvant du sud-est au nord-ouest. Quelques minutes après, on entendit à l'Aigle, durant cinq à six minutes, une explosion partant d'un petit nuage noir presque immobile qui fut suivie de trois à quatre détonations et d'un bruit qu'on aurait pu croire produit par des décharges de mousqueterie, auxquelles se mêlait le roulement d'un grand nombre de tambours. Chaque détonation détachait du nuage noir une partie des vapeurs qui le formaient. On ne remarqua en cet endroit aucun phénomène lumineux. Plus de deux mille pierres météoriques, dont la plus grande pesait dix-sept livres tombèrent sur une surface

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