LA Quæ tamen ex illis aliquo pars humida succo, Et terrena fuit, versa est in corporis usum ; Si Daphné est changée en laurier, sa chevelure devient feuil- In frondem crines, in ramos brachia crescunt; Pes modò tam velox pigris radicibus hæret. Si Lycaon devient loup : In villos abeunt vestes, in crura lacerti. Ovid. Metam. lib. 1, v. 407. Ibid. v. sso. Ibid. v. 236. Ces rapports, toujours à-peu-près les mêmes au fond, variant Ovid. Metam. lib. 1, v. 234. Idem, lib. II, vers. 832. Idem, l. 1X, vers. 662. Ovid. de Re med. amor. v. 60. Ovid. Metam. l. VI, v. 669. cependant par les détails, selon la nature des sujets et des méta- Solitaque cupidine cædis Iidem oculi lucent, eadem feritatis imago. L'envieuse Aglaure est changée en rocher : Nec lapis albus erat; sua mens infecerat illam. La malheureuse Byblis, à force de pleurer sur son crime, ou Vertitur in fontem, qui nunc quoque vallibus illis Procné, vengée de Térée son mari, par le meurtre d'Itys leur fils, Quæ socii damno sanguinis ulta virum est, est changée en hirondelle : Neque adhuc de pectore cædis Effluxere nota, signataque sanguine pluma est. Perdix, neveu de Dédale, précipité du haut du temple de Mi nerve par son oncle, jaloux de ses talens, est changé en perdrix, qui ne vole que près de terre, et semble n'avoir pas perdu le Propter humum volitat, ponitque in sepibus ova; Cycnus, roi de Ligurie, parent et ami de Phaéton, pleuroit, Nec se cæloque Jovique C'est ainsi que le poëte a l'art d'intéresser, d'associer en quelque Superos testatus et ipsum Qui dederat currus, nisi opem ferat, omnia fato Après le coup porté, il en avoit fait une espèce d'excuse mêlée de menaces, à ce même Apollon, père de Phaëton, qui, dans sa douleur et son dépit, vouloit refuser au monde la lumière du soleil : Missos quoque Jupiter ignes Excusat, precibusque minas regaliter addit. Jusque-là Jupiter n'avoit fait que ce qu'exigeoit de lui le salut de son empire; mais pourquoi combler le désespoir de Climène, mère de Phaéton, en lui enlevant encore ses filles? pourquoi punir Ovid. Metam. lib. VIII, vers. 258. Idem, lib. 11, vers. 377 Ibid. v. 304. Ibid. v. 396. Ovid. Metam. lib. 11, v.355. pas dans Cycnus une juste douleur et un souvenir tendre de ses amis Mais une source plus féconde d'intérêt et de variété est dans l'effet que produisent ces métamorphoses, soit sur ceux qui en sont ou les objets ou les témoins, soit sur ceux que le sang, l'amitié, l'amour, intéressent au sort des métamorphosés. Ce Climène éprouve à la vue de ses filles au moment de leur transformation, ce qu'elle fait, ce qu'elle tente pour les dérober à leur malheur, forme un tableau véritablement tragique : Exstabant tantùm ora vocantia matrem. que Apollon et Pan ne se consolent d'avoir vu, l'un Daphné, l'autre Syrinx, mépriser leur tendresse et leur échapper, l'une sous la forme d'un laurier, l'autre sous celle d'un roseau, que par les honneurs qu'ils rendent à ces restes de leurs inhumainesmaîtresses, et par l'espèce de commerce qu'ils entretiennent avec ces mêmes restes: Apollon se couronne de laurier, et le consacre au couronnement des triomphateurs; il l'honore du privilége Utque meum intonsis caput est juvenile capillis, Pan rassemble plusieurs roseaux ; il en forme la flûte à laquelle il amours: Hoc mihi colloquium tecum dixisse, man ebit, Inachus avoit inutilement cherché sa fille Io par toute la terre. Une superbe génisse erroit sur les bords de ce fleuve, témoin des jeux de son enfance; sa nouvelle figure, qu'elle aperçoit dans le cristal des eaux, la fait reculer de frayeur : Venit et ad ripas ubi ludere sæpe solebat, Elle veut parler, elle mugit; nouvel effroi : Conatoque queri mugitus edidit ore, Pertimuitque sonos, propriâque exterrita voce est. Elle voit Inachus son père et les Naïades ses sœurs : elle les suit, s'attache à leurs pas, se laisse toucher de leurs mains, et s'offre à leurs caresses; son père lui présente des herbes qu'il avoit cueillies pour elle; elle lui baise les mains, verse des larmes, et lui fait connoître qu'elle voudroit pouvoir dire son nom et raconter ses malheurs; elle y parvient en traçant sur le sable ces mots : Je suis votre fille Io. Les regrets d'Inachus sont éloquens et touchans : il voudroit pouvoir mourir; il se plaint de son immortalité, qui rendra sa douleur éternelle. C'est ainsi que la plupart des fables qui composent ce poëme des Métamorphoses, sont autant de petites tragédies où se développent, quoiqu'en raccourci, les passions et les douleurs tragiques, et qui ont en effet servi de sujets et de canevas à plusieurs de nos tragédies et au plus grand nombre de nos opéras. Tantôt la métamorphose n'est que le commencement de la Ovid. Metam. lib. I,v. 564. Ibid. v. 710. Ibid. v.639. Ibid. v. 637. |