صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

il arriva toujours, tandis qu'un parti se donnait II. Ep: ⚫ tant de peines pour amener une crise contre la 1789. cour, elle-même la provoquait plus que n'eussent jamais pu l'espérer ses adversaires. Le même caractère de légèreté et d'inconséquence déterminait toutes ses démarches. On commença par renouveler les usages chevaleresques des preux et des princesses du temps des Amadis. Les dames de la cour distribuèrent à leurs féaux des cocardes blanches, en opposition à la cocarde aux trois couleurs, celle que le roi avait reçue à l'Hôtel-de-ville; il se prêtait même si peu à ces dangereuses puérilités, qu'un courtisan paraissant un jour devant lui sans cocarde : « Pour«< quoi n'en avez-vous pas une? lui dit-il, je la << porte bien, moi. » A ces séductions clandestines et personnelles, se joignit bientôt un acte public qui décida l'explosion. On n'était pas très-assuré encore des gardes-du-corps tous eussent défendu la personne du roi, contre un attentat, ou seulement une violence; mais tous ne voyaient pas la révolution sous les mêmes rapports.

Par une première faute, lors de la convocation des ordres dans les bailliages, on avait voulu, dans plusieurs, faire une distinction entre les nobles et les anoblis. Dans un moment où le premier et le plus pressant intérêt de la noblesse eût été de se renforcer de tous ses moyens, on

H.. Ep. eut la mal-adresse d'aliéner de soi une partie de 1789. soi-même. Les gardes, en assez grand nombre,

appartenaient à des familles anoblies; et, quoique leur rang d'officier fût réglé dans l'armée, leur perspective d'avancement militaire n'allait guères au-delà des grades inférieurs dans leur corps; ils étaient donc assez désintéressés, par le fait, sur les griefs de la noblesse, et surtout de la noblesse de cour. Elle chercha à les rallier par des actes d'une publicité éclatante, ils invitèrent à un repas les officiers des troupes qui se trouvaient à Versailles, et aussi ceux de la garde nationale. Parmi tous les récits atténuants ou exagérés des partis contraires, il est assez difficile de trouver le vrai; mais en laissant, de part et d'autre, ce que les intérêts du moment ont ajouté ou supprimé, la seule pensée de réunir, en banquet préparé, des militaires au milieu de l'effervescence du moment, c'était les exposer à tous les emportements de la table et de la jeunesse ; le faire sous les yeux de l'assemblée, c'était y provoquer les dénonciations d'orgies, et c'est ce qui arriva; le faire à côté des agitations de Paris, c'était donner un beau motif aux agitateurs; ils . oct. ne le perdirent pas. Le repas se donna dans la salle de spectacle; les loges étaient pleines de spectateurs et d'observateurs. On y porta les santés du roi, de la reine, des princes; celle de la nation fut refusée, ou au moins omise; des des pro

Pièces j.

(6).

1789.

pos contre la révolution et contre l'assemblée, 11. Ep que la justice réglée attribuerait à l'emportement, à l'ivresse ou à la jeunesse, furent accrédités par l'esprit de parti, et recueillis par l'inquiétude civique. Le roi n'y vint pas; mais la reine y amena son fils. Cette démarche, moins imprudente par le fait, et coupable par l'intention, mit le comble à l'exaltation. Les loges furent escaladées, et l'on y distribua des cocardes blanches. On ajouta que la cocarde nationale avait été foulée aux pieds: vrai ou non, l'imprudence de s'y être exposé était la même.

au

Deux jours après, un déjeûner entre les mêmes convives, renouvela les mêmes scènes : aussitôt Paris retentit des cris impatients d'un peuple tumultueusement rassemblé en groupes, dans les places et dans les jardins publics; la contrerévolution y était annoncée comme prochaine ;

le

repas des gardes-du-corps, comme le premier moyen mis en jeu. Cette agitation fut contenue 5 ostoba deux jours, par les autorités civiles et par la garde nationale; mais, le 5 octobre, dès la pointe du jour, la place de l'Hôtel-de-ville se trouva pleine d'un peuple immense. Des femmes en troupes montèrent au lieu des séances, et demandaient du pain; elles furent bientôt suivies d'hommes armés de piques et de bâtons, qui enfoncèrent les portes, se saisirent des armes et des munitions, et se répandirent dans les dif

II. Ep. férents quartiers. Le tocsin sonna, le tambour 1789. appela, dans toutes les rues, les citoyens aux armes, de nombreux détachements se réunirent. Il n'était plus question de pain, mais d'aller à Versailles. Les motifs de l'expédition n'étaient ni prononcés ni connus.

5 octob.

A la première alarme, Lafayette s'était porté sur la place de l'Hôtel-de-ville, et les grenadiers des gardes-françaises le pressèrent vivement de les mener à Versailles; sa longue résistance fut inutile; l'un d'eux le harangua, et lui dit : « Mon «<< général, nous ne vous croyons pas un traître, « mais nous vous croyons trahi par le gouver<<nement; notre comité des subsistances mal<< verse, ou est incapable d'administrer son «< département dans ces deux cas, il faut le

«

changer. Le peuple est malheureux, la source << du mal est à Versailles; il faut aller chercher << le roi, et l'amener à Paris. Nous ne pouvons << tourner nos baïonnettes contre un peuple et « des femmes qui demandent du pain. Nous << irons à Versailles exterminer le régiment de « Flandre et les gardes du roi, qui ont osé fou« ler aux pieds la cocarde nationale ».

e

Lafayette envoya alors demander des ordres au pouvoir civil assemblé, et il les reçut comme cédés à la force des circonstances. Des hommes armés en troupes, étaient déja partis dès le matin pour Versailles. Il devenait pressant d'y en

voyer une force organisée, qui pût les contenir II. Ep. et les réprimer: ainsi, après huit heures de dé- 1789 bats, Lafayette partit vers les cinq heures du soir, et arriva, avec son armée, vers onze heures de nuit. Il la mit en bataille, et lui fit renouveler le serment à la nation et au roi. Ces mouvements étaient prévus à Versailles, et avaient été annoncés dès le matin. La discussion s'était établie dans l'assemblée, sur les faits relatifs aux repas des gardes-du-corps. Mirabeau, vivement pressé de dénoncer nominativement les coupables, répondit, << que l'on déclare expressément que, << dans le royaume, tout ce qui n'est pas le roi, « est sujet ; et ces preuves que l'on demande, «< je vais les présenter ». Ces paroles en imposèrent encore c'était clairement désigner la reine. On cessa de presser Mirabeau.

Vers l'heure où l'assemblée devait lever sa séance, on vit rentrer précipitamment plusieurs députés déja sortis, et, à leur suite, une foule considérable de femmes qui remplirent la barre, en criant, du pain, du pain! A leur tête était un orateur, nommé Maillard, il prononça un discours véhément, dit qu'un parti contre-révolutionnaire était dans l'assemblée, et désigna du Pièces j geste le côté où il siégeait. C'était la première (7). fois que l'assemblée nationale, accoutumée aux respects et aux hommages, s'entendait interpeller avec cette dure expression. L'assurance de l'ora

« السابقةمتابعة »