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l'étiquette accoutumée; les femmes de la cour H. p s'y rendaient en habit de cour, et traversaient cette foule, qui s'écartait à leur passage; la princesse Elisabeth, sœur du roi, habitait un appartement au rez-de-chaussée; elle déjeûnait, ses fenêtres ouvertes, et était entourée de femmes du peuple, qui lui tenaient des propos affec

tueux et flatteurs sur sa beauté: elles demandèrent à voir la reine; elle descendit; elles lui demandèrent des cocardes qu'elle leur fit distribuer, et finirent par lui dire, notre bonne reine, ne soyez plus traître, et nous vous aimerons toutes. Le roi reçut, à son lever, les compliments et les harangues des différents corps. Ses logements, inhabités depuis 60 ans, faisaient contraste avec la magnificence de la veille : des pièces immenses, nues et sans meubles; des murs noircis par le temps et par l'abandon: quelques gardes-du-corps faisaient encore le service; le reste était suppléé par la garde nationale où l'on voyait des magistrats en armes et en uniforme. Le soir, le roi se promena avec la reine et leurs enfants dans les jardins; l'empressement de les voir était égal à l'affluence; on les de mandait alternativement dans les cours et dans les jardins; ils se prêtèrent à tout avec grâce, et on les accueillit avec amour et avec complaisance. Lafayette aida beaucoup à cette réception amicale : outre son opinion et son

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11. Ep. penchant, qui le portaient à combattre la méfiance du roi, par des services et des procédés utiles, l'événement lui avait demontré que luimême n'avait été que l'instrument des deux partis opposés, qui voulaient le perdre, en cas de défaite, ou perdre le roi, en cas de succès. Peu de jours après, d'Orléans fut envoyé par le roi à Londres, pour une négociation annoncée comme très-importante; il y imprima un exposé justificatif de sa conduite; cette pièce écrite avec de la franchise et de l'ingénuité, au moins apparente, pourrait laisser croire qu'il fut lui-même, ou au moins qu'il se laissa être l'instrument du parti qui se servait de son nom, et, au besoin, de sa personne. On ne se méprit pas à l'importance de sa mission, et la tranquillité se rétablit pour quelques jours.

Les subsistances étaient le motif ou le prétexte des agitations de la capitale; elles étaient d'un arrivage difficile, lent et journalier; les approvisionnements n'étaient assurés que d'un · jour à l'autre. Pour populariser le roi, on le fit intervenir dans cette partie importante de la tranquillité publique ; il manda le maire, les officiers civils, et fit tenir chez lui un comité de subsistances. Les membres qui le composaient, revinrent charmés de l'intérêt, des questions et des soins du monarque; le rapport de cette séance fut imprimé et distribué par ordre

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de la commune. Pour travailler chez le roi, II.o Ep. on nomma un comité permanent de quatre citoyens, Perron, Lavigne, Garran-de-Coulon et Condorcet, le même qui, dans la suite, par une marche inexplicable, se conduisit à une fin malheureuse. Ainsi, tout concourait à rétablir le roi dans l'opinion publique ; on essaya aussi d'arrêter la licence des journaux. Ce même Marat, depuis si célèbre par ses écrits et par ses emportements, faisait déja le journal dit l'Ami du 3 octob. Peuple. Il fut dénoncé à l'Hôtel-de-ville; mais le respect nouveau pour le principe de la liberté de la presse, dont les limites n'étaient encore ni posées, ni connues, émoussa les armes que l'on voulut essayer contre lui; il continua d'écrire, on continua de le blâmer, et de le lire. Les autres journaux n'étaient point encore dans un sens exagéré, celui même intitulé les Révolutions de Paris, était encore libre et modéré; les éloges et les expressions de dévouement y étaient même prodigués au roi ; une garde nationale, choisie et désignée chaque jour, faisait le service près de sa personne; il passa en revue plusieurs bataillons des gardes nationales,

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fut reçu avec joie, et chaque fois qu'il sortait, il était accueilli par des acclamations flatteuses et honorables. Sa position s'améliorait tous les jours, et, pour conserver ce qu'il acquérait, il ne lui eût fallu que suivre les mouvements de

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son jugement et de son cœur ; mais assez fort pour faire le bien, il ne le fut jamais assez pour prévenir ou empêcher le mal de se faire près de lui et autour de lui.

L'éloignement du roi n'avait pas suspendu les travaux de l'assemblée : peu de jours après le 6 octobre, elle envoya une députation chargée de concerter avec lui les moyens pour le nouvel établissement. Cependant plusieurs membres, effrayés des événements, avaient quitté l'assemblée; on demandait en foule des passe-ports, il fallut même prendre des mesures pour arrêter l'empressement de s'en pourvoir, et il fut décrété qu'ils seraient dorénavant demandés publiquement et personnellement. Du nombre des mem bres qui s'éloignèrent, étaient deux hommes que leur caractère et leurs talents avaient rendus recommandables dans l'assemblée, Mounier et Lally-Tolendal; celui-ci était doué d'une éloquence douce et persuasive, mais plus propre au sénat qu'à la tribune révolutionnaire ; ils'était fait connaître, encore jeune, en défendant la mémoire de son père, mort sur l'échafaud vers 1. fin du précédent règne; il avait une grande pureté de principes, de conduite et d'intention; mais plus doué de lumières naturelles que de vues politiques, il désespéra du bien public, dès qu'il crut qu'il ne pouvait plus le faire. Mounier s'était distingué pendant les troubles du

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Dauphiné, y avait déja rempli le rôle de légis- 1. Ep. lateur, en donnant à son pays une constitution particulière, qui servit de modèle et d'autorité, en plusieurs points, pour la constitution générale; déja accoutumé à la prépondérance, il fut trop inflexible à la contradiction, et n'obtint pas ce crédit que les grandes assemblées n'accordent qu'au soin de leur plaire en les persuadant. On vit en lui un talent trop peu maniable les deux partis n'espérant ni le gagner, ni le convaincre, on prit celui de l'intimider pour s'en défaire; des hommes armés le cherchèrent chez lui; il s'évada. Sa sureté personnelle put lui commander cette mesure; mais il eut tort de ne pas reparaître après l'orage; il expia ce tort par un long exil et par les regrets du bien qui se fit sans lui, auquel il eût pris part; il était alors président de l'assemblée, et cette circonstance marqua davantage son départ. Lally l'avait précédé, conduit et excusé par un sentiment de moralité publique qui fait encore honneur au cœur humain; leur système était deux chambres, et la suite prouva qu'ils eurent tort d'en désespérer; leur présence les eût peut-être obtenues plus tôt, et dans un temps où elles eussent prévenu ce qu'elles eurent ensuite peine à réparer.

L'activité des séances ne fut pas ralentie de cette défection momentanée, on mit même à

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