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1789.

1. Ep. blique, qui détourna l'effervescence générale vers une entreprise, dont l'audace prit un caractère de grandeur.

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Le peuple demanda, à grands cris, le siége de la Bastille; quelques heures auparavant des citoyens s'y étaient portés en foule; on avait parlementé avec le gouverneur ; les premières cours étaient remplies; environ quatre cents hommes ayant dépassé le premier pont-levis des cours intérieures, le pont se haussa; et, soit désordre, soit mesure de sûreté, qui devint alors une vraie perfidie, le canon fut tiré sur la multitude, qui se dispersa d'abord et se rallia bientôt; les soldats des gardes françaises prirent la tête des attaques; ils s'y portèrent avec bravoure, et furent soutenus d'un feu vif, établi de tous les points des maisons voisines. Le canon arriva; et, soit par un de hasard qui rompit la chaîne du pontcoup levis, soit par l'intrépidité d'un homme qui se fit des échelons avec des baionnettes fichées dans le mur, et alla scier la solive qui rattachait la chaîne, le pont tomba, et l'on put pénétrer jusques au second fossé, près duquel étaient les corps de ceux que la première décharge de l'artillerie du château avait renversés; le canon brisa la seconde porte; un grenadier des gardes et un jeune bourgeois s'y jetèrent les premiers, celui-ci fut tué; la foule suivit, et le château fut enlevé. Le premier moment fut celui de

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gouverneur,

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l'emportement et de la fureur; le Delaunay, traîné à l'Hôtel-de-ville, et immolé avant de pouvoir être conduit au comité qui siégeait; les invalides prisonniers furent épárgnés et sauvés par les grenadiers des gardes françaises. Le peuple montra, ce jour, de la valeur et de la constance dans une entreprise hardie; tous ces événements ne furent annoncés à l'assemblée nationale que successivement, et par des députés qui, arrivant de Paris, firent part de ce qu'ils avaient vu ou même éprouvé. C'était la veille même de ce jour célèbre, et tandis que Paris prenait les armes, que l'assem-` blée nationale, sur la réponse du roi, prit cet 13 juill arrêté qui déclare ses regrets de l'éloignement de Necker, des autres ministres ; déclare qu'elle ne cessera de demander le renvoi des troupes; déclare la responsabilité des ministres actuels, de tous porteurs ou exécuteurs d'ordres arbitraires; déclare enfin la garantie de la dette publique. La séance fut établie permanente, et Lafayette élu, pour cette circonstance, vice-président ; il tint séance toute la nuit avec environ cent députés; enfin, le quatorze au soir, la nouvelle des événements du jour arriva à l'assemblée par deux députés du corps électoral; leur récit, et Pièces j. l'arrêté même dont ils firent part, se sentaient du désordre général et de l'agitation des esprits; ils concluaient à demander l'établissement des

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1." Ep. gardes bourgeoises; ils attendirent la réponse du roi à la députation envoyée; on en nomma une seconde; et, ne rapportant point encore l'ordre formel de l'éloignement des troupes, on prit un troisième arrêté qui fut envoyé en réponse à celui des électeurs; la nuit était avancée, la séance fut suspendue, mais non levée; on annonça que les délibérations seraient reprises d'un instant à l'autre. Le roi ignorait les événements de Paris, et ses réponses négatives lui étaient tellement inspirées, qu'il fallut, pour l'éclairer, un de ces actes d'attachement personnel, dont les courtisans donnent rarement l'exemple; un des membres de l'assemblée, le duc de Liancourt, de la maison de la Rochefoucault, était grand - maître de la garde-robe, charge de la maison du roi, qui lui donnait accès près de sa personne; il prit sur lui de le faire éveiller pendant la nuit, et de lui faire connaître la vérité des faits; deux cent mille hommes en armes, et la Bastille prise, la défection de ses gardés. Mais, dit le roi, après un silence, c'est une révolte.-«Sire, c'est une révolution». Dès le lendemain, le roi se rendit 5 juill. dans l'assemblée nationale sans gardes, sans appareil, accompagné seulement de ses deux frères; son discours fut remarquable.

<< Messieurs, je vous ai assemblés pour vous «< consulter sur les affaires les plus importantes

« de l'état ; il n'en est point de plus instante et 1." Ep.

«

qui affecte plus spécialement mon cœur, que «<les désordres affreux qui régnent dans la capitale, le chef de la nation vient, avec confiance, au milieu de ses représentants, leur témoigner sa peine, et les inviter à trouver «<les moyens de ramener l'ordre et le calme.

«

«

« Je sais qu'on a donné d'injustes préven<<tions, je sais qu'on a osé publier que vos per<< sonnes n'étaient pas en sûreté ; serait-il donc << nécessaire de rassurer sur des récits aussi cou→ pables, démentis d'avance par mon caractère « connu? Eh bien, c'est moi qui ne suis qu'un << avec ma nation, c'est moi qui me fie à vous, << aidez-moi dans cette circonstance; assurez le « salut de l'État, je l'attends de l'assemblée nationale; le zèle des représentants de mon peuple, pour le salut commun, m'en est un « sûr garant; et, comptant sur l'amour et la « fidélité de mes sujets, j'ai donné ordre aux << troupes de s'éloigner de Paris et de Ver<< sailles; je vous autorise et vous invite même << à faire connaître mes dispositions à la capitale ».

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Des applaudissements et des acclamations interrompirent plusieurs fois ce discours. Le président, l'archevêque de Vienne, Ponpignan, répondit avec dignité, mais avec onction; il inşista sur la libre communication de l'assemblée

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1. Ep. avec le roi. Le caractère national l'emporta sur les souvenirs du passé et sur l'irritation du moment présent, lorsque le roi se leva pour se retirer. «Toute l'assemblée s'est, par un mou« vement de reconnaissance et d'amour, portée sur les pas de sa majesté, et l'a reconduite au semblée. « château où le roi s'est rendu à pied, ayant « l'amour de la nation pour garde et ses repré<< sentants pour cortége.

Procès

verbal <<<

de l'as

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Ces transports généreux, mais prompts, n'étaient pas ce qu'il fallait opposer à des hommes accoutumés à calculer tous leurs mouvements; ils pouvaient en conclure qu'une simple démarche suffirait toujours pour tout appaiser, et qu'ils pourraient en toute assurance oser et entreprendre, quitte à présenter la main en cas de non succès; ce faux calcul les encouragea, et ils se perdirent. En arrivant au château, le roi se rendit à la messe, entouré des députés; et, pendant que la musique exécutait un motet où se trouvait ces paroles, plaudite regem, les applaudissements recommencèrent et se prolongè rent longtemps.

Aussitôt la députation, nommée la veille partit pour Paris; elle y fut reçue en triomphe; elle était composée de membres des trois ordres; et le peuple, par une délicatesse dont toute nation n'est pas capable, au lieu de l'acclamation usitée, vive le tiers-état, s'écria vive la nation!

Des

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