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son des Fabius, qui se devoit faire, un certain jour, sur le mont Quirinal. C. Fabius Dorso, revêtu d'un habit convenable à cette cérémonie, descend du Capitole, portant entre ses mains les choses sacrées, traverse les corps-de-garde des ennemis, sans se laisser épouvanter par le bruit et les discours, et arrive au mont Quirinal. Après y avoir accompli toutes les cérémonies prescrites, il retourna par le même chemin, avec une pareille gravité, et une pleine confiance que la protection des dieux, dont il gardoit le culte au péril même de sa vie, ne lui manqueroit point. Il arriva heureusement au Capitole, soitque les Gaulois fussent étonnés de sa généreuse audace,soit par respect pour la religion, à laquelle cette nation n'étoit pas insensible. Voyez ADORATION, RELIGION.

PITIÉ.

DEUCETIUS, chef des peuples d'une partie de la Si

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cile,après plusieurs succès fort heureux,et plusieurs actions où il avoit remporté de grands avantages sur les ennemis,et en particulier surles Syracusains, vit tout d'un coup changer sa fortune par la perte d'une bataille, et fut abandonné de presque toutes ses troupes. Dans la consternation et l'abattement où le jeta une désertion si générale et si subite, il prit une résolution que le désespoir seul pouvoit inspirer. Il se retira sur le soir à Syracuse, s'avanca jusques dans la place publique; et là humble, suppliant, prosterné aux pieds des autels, il abandonna sa vie et ses états à la merci des Syracusains. La singularitédu spectacle attira unefoulede peuple.Les magistrats aussitôt convoquèrent l'assemblée, et mirent l'affaire en délibération. On commença par entendre les orateurs, chargés ordinairement de haranguer le peuple, qui l'animèrent extrêmement contre Deucétius comme contre un ennemi public, que la Providence elle-même sembloit leur présenter, pour venger et punir, par sa mort, tous les torts qu'il avoit faits à la république. Un tel discours fit horreur à tout ce qu'il y avoit de gens de bien dans l'assemblée. Les plus sages et les plus Tome III.

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anciens d'entre les sénateurs représentèrent « qu'il ne falloit pas considérer ici ce que méritoit Deucétius, mais ce qui convenoit aux Syracusains; qu'ils ne devoient plus envisager en lui un ennemi, mais un suppliant, qualité qui rendoit sa personne sacrée et inviolable; que la déesse Némésis, vengeresse des crimes, et sur-tout de la cruauté et de l'impiété, ne laisseroit pas cet attentat impuni; qu'outre qu'il y a de la bassesse et de l'inhumanité d'insulter à l'infortune des malheureux, et de vouloir écraser ceux qu'on trouve déjà abattus sous ses pieds, il étoit de la grandeur et du bon naturel des Syracusains de faire paroître de la bonté et de la clémence à l'égard de ceux mêmes qui en sont le moins dignes. » Tout le peuple se rendit à cet avis, et, d'un commun consentement, conserva la vie à Deucétius. La ville de Corinthe, métropole et fondatrice de Syracuse, lui fut marquée pour lieu de sa retraite ; et les Syracusains, pour mettre le comble à la pitié généreuse dont ils étoient touchés, s'engagèrent à lui fournir tout ce qui lui étoit nécessaire pour y vivre honorablement. Voyez COMPASSION.

PLAISANTERIE.

1.PHILIPPE, père du grand Alexandre, entendoit la

plaisanterie, aimoit les bons mots, et en disoit. Ayant recu près du gosier une blessure considérable, et son chirurgien l'importunant tous les jours de quelque nouvelle demande : « Prends tout ce que tu voudras, <«< dit-il; tu me tiens à la gorge. >>

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2. Un bon mot ou une saillie a quelquefois plus fait en faveur de celui qui demandoit une grace', que les plus fortes sollicitations. Philippe II, roi d'Espagne venoit d'accorder une modique pension à l'un de ses soldats. Ce guerrier se présente une seconde fois devant son maître. «Ne vous ai-je pas donné une récom<< pense? lui dit le roi.Oui, sire, répondit le soldat, << votre majesté m'a donné de quoi manger; mais je << n'ai pas de quoi boire. » Le monarque sourit, et ajouta une nouvelle gratification à la première.

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Sous le ministère du cardinal de Fleuri, on avoit accordé des récompenses à tout un régiment, excepté le chevalier de Férigouse, lieutenant dans ce régiment.Ce chevalier étoit Gascon. Un jour qu'il se présentoit à l'audience du ministre: «Je ne sais, monseigneur, lui dit-il, << par quelle fatalité je metrouve sous le parapluie, tan<< dis que votre éminence fait pleuvoir des graces dans << tout le régiment.» Cette expression singulière futremarquée du ministre, et peu de temps après, le chevalier de Férigouse, obtint la récompense qu'il demandoit.

5. Le célèbre Dominique, arlequin de la comédie Italienne, se trouvant au souper de Louis XIV, avoit les yeux fixés sur un certain plat de perdrix. Le monarque, qui s'en apercut, dit à l'officier qui desservoit : « Que l'on donne ce plat à Dominique.- Quoi ! << sire, et les perdrix aussi? » Le roi, qui entra dans la pensée du comédien, reprit : « Et les perdrix aussi. » Ainsi Dominique, par cette adroite plaisanterie, eut, avec les perdrix, le plat qui étoit d'or.

4. Lisimaque voulant se divertir aux dépens d'un parasite nommé Bithis, fit attacher adroitement sur son habit un scorpion de bois, si bien imité, qu'on l'auroit pris pour l'animal véritable. Le parasite ne l'eut pas plutôt aperçu qu'il sauta de frayeur, et fit rire tous les convives. Mais Bithis, sans s'étonner, dit à Lisimaque: «Prince, vous venez de me faire grand'peur ; je «gage que je vous fais peur à mon tour.-Voyons, dit « le roi. Eh bien ! reprit le parasite, donnez-moi « mille écus.» Lisimaque étoit avare ; et rien ne fait pâlir un avare, comme de lui demander de l'argent. 5. Diogène lisoit un livre fort long et très-ennuyeux. Lorsqu'il fut arrivé à la dernière page, il s'écria comme les matelots à la fin d'une longue navigation: « Courage, amis ! je vois la terre.»

Un philosophe expliquoit, avec emphase, au peuple assemblé, plusieurs phénomènes célestes. Diogène, qui étoit présent, lui demanda: « Depuis quand, homme << admirable, êtes-vous revenu du ciel? »

Un jour il entra dans un bain fort mal-propre, « Enseignez-moi, je vous prie, demanda le cynique, où se lavent ceux qui se sont baignés ici ? ».

Il avoit coutume de s'adresser aux statues, et de leur demander quelque chose. Quelqu'un lui reprochoit celte habitude bizarre : « Mon ami, lui dit-il, ne vois« tu pas que je m'accoutume à supporter des refus ? » Voyant un homme qui tiroit de l'arc avec peu d'adresse, il alla s'asseoir auprès du but. On lui en demanda la raison : « C'est répondit-il, de peur qu'il

<< ne m'attrape. »

Un jour que le peuple se pressoit pour entrer au théâtre, le philosophe repoussoit la foule, et faisoit tous ses efforts pour reculer. «Que fais-tu donc, Dio« gène? lui dit quelqu'un. - Ce que j'ai dessein de << faire toute ma vie, répondit-il. Un véritable sage << se roidit contre le torrent des préjugés, et ne se << laisse pas entraîner avec la multitude. »

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Un physicien lui demandoit pourquoi l'or avoit une couleur pâle : « Il craint, répondit-il, d'être attrapé << par tant de gens qui courent après lui. »>

6. Un assez mauvais poète, nommé Admète, vantoit beaucoup une épitaphe qu'il avoit composée pour être gravée sur son tombeau après sa mort. « Cette « épitaphe me plaît tant, lui dit le philosophe Démo<< nax, qui l'avoit entendu réciter, que je voudrois « déjà la voir sur la tombe de son auteur. »

7. Antigonus, l'un des plus célèbres capitaines d'Alexandre, et qui, après la mort de ce conquérant fameux, fut déclaré souverain d'une partie de l'Asie, étoit borgne, et souffroit, sans se fâcher, qu'on le badinât sur ce défaut dont il plaisantoit lui-même. Un jour, il recut une lettre écrite en caractères extrêmement gros: <<< Ils seroient lisibles, dit-il, pour un aveugle même.»

8. Alexandre-le-Grand fut averti par un oracle de sacrifier le premier qu'il rencontreroit à la sortie d'une ville qu'il quittoit ; et le premier qu'il rencontra fut un homme qui conduisoit un âne : il le fit prendre. Cet homme ayant demandé pour quelle raison on l'arrêtoit, puisqu'il ne se sentoit coupable en rien: on l'instruisit de l'oracle. «En ce cas, dit-il, ce n'est pas moi, sei<< gneur, qu'il demande, c'est mon âne; vous l'avez ren<< contré le premier. Cette interprétation lui sauva la vie, et l'on immola le pauvre roussin d'Arcadie.

9. Un courtisan ayant demandé une somme d'argent à Antigonus, roi d'Asie, en fut refusé. Avant de s'en retourner, il pria le monarque de lui prêter une escorte de ses gardes pour le reconduire à sa maison. << Quel besoin avez-vous d'escorte ? lui dit le prince. — « J'ai peur, répondit le courtisan, qu'on ne me vole << en chemin ce que vous m'avez donné. »>

10. Un homme, dont les cheveux commencoient à blanchir, vint demander une grace à l'empereur Adrien: ce prince la lui refusa. Quelque temps après, le même homme ayant teint ses cheveux en noir, revint demander encore la même faveur. Lempereur le reconnut et l'éconduisit encore, en lui disant : « Mon ami, je <«<l'ai déjà refusée à ton père. »

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11. Un jour, le philosophe Aristippe demandoit à Denys le tyran une somme assez considérable : << Ne « m'aviez-vous pas dit, répondit le prince, qu'un phi<«<losophe ne manquoit jamais de rien? Donnez «< toujours, reprit Aristippe, et nous parlerons de « cela après. » Le philosophe ayant reçu l'argent: «Eh << bien ! dit-il au despote, n'avois-je pas raison de vous << dire que les sages ne manquoient jamais de rien? << Vous le voyez ; lorsqu'ils ont besoin de quelque <«< chose, ils trouvent qni le leur fournit. »

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Une autre fois, il demandoit une grace au même prince; mais il n'en étoit pas écouté. Alors Aristippe se jeta à ses pieds, et le pressa tant, qu'il obtint ce qu 'il désiroit. Quelques personnes de grand sens représentèrent ensuite à ce sage qu'il étoit indigne d'un philosophe de se prosterner aux pieds d'un autre homme: « Ce n'est pas ma faute, répondit-il ; il faut en accuser « Denys qui a les oreilles aux pieds. >>

12. Caninius Rébulus avoit été choisi par César pour remplacer Fabius Maximus qui étoit mort; mais sa dignité ne dura qu'un jour. Cicéron dit, en plaisantant : « Nous avons eu un consul bien vigilant ; il << n'a pas dormi pendant sa magistrature.»

Lorsque ce Romain alla avec ses cliens, pour féliciter le nouveau magistrat : « Hâtons-nous, mes amis, << disoit-il en chemin, pour que nous arrivions avant a fin de son consulat. >>

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