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tout autour; le montant gauche manque en entier, et la partie supérieure du montant droit fait défaut. La séparation biseautée entre les deux scènes est décorée de perles allongées, unies par des perles rondes. Une pièce de même nature s'étend en haut, comme pour terminer la plaque, qui est rectangulaire et mesure dix centimètres de largeur sur six de hauteur, dimensions exactement reproduites par l'héliogravure.

» Les deux scènes se lisent de gauche à droite, comme dans un livre. Elles représentent la Nativité de NotreSeigneur et son Epiphanie. Dans le premier panneau, le fond du tableau consiste en un mur, percé d'une double arcade, et régulièrement appareillé. Leur archivolte cintrée retombe sur une pile, moulurée aux angles; elle se prolonge en imposte. C'est le type de l'architecture classique.

>> Par ces ouvertures s'avancent vers la crèche l'âne et le bœuf traditionnels, comme s'ils venaient du dehors; leur physionomie, bien rendue, est expressive et intelligente. A la vue de cet âne, jeune et ardent, on se rappelle cette strophe de la prose qui, au moyen-âge, exaltait ses qualités :

Orientis partibus
Adventavit asinus,
Pulcher et fortissimus,
Sarcinis aptissimus (1).

» Ces deux animaux domestiques sont debout et prêts à réchauffer de leur tiède haleine le nouveau-né, engourdi par le froid d'une nuit de décembre.

» L'enfant est déposé dans la crèche où ils prenaient leur pâture. Cette crèche est également en maçonnerie, haute de quelques assises seulement et de forme allongée. La paille, étendue à sa surface, ou peut-être renfermée dans de l'étoffe, lui tient lieu de berceau. Étroitement lié de bandelettes, les bras serrés contre le corps, les pieds en avant, à peu près

(1) Annales archéologiques, tome VII, p. 28.

comme le Santo Bambino si vénéré à Rome, le petit Jésus, endormi, ne montre à découvert que sa figure rondelette, enveloppée en manière de coiffe.

» Au second panneau, l'arcade est triple, mais de même architecture. La Vierge se tient à droite, assise sur une cathedra recouverte d'une housse; ses pieds sont chaussés, et son manteau, en remontant sur sa tête, remplit l'office de voile. De ses deux mains, elle soutient aux épaules son fils, vêtu d'une tunique, pieds nus, assis sur ses genoux et les mains ne faisant aucun geste.

» Vers lui se dirigent, dans la même attitude et avec le même costume, les trois mages, coiffés du bonnet persan, chaussés, habillés d'une tunique à double ceinture (aux aisselles et au-dessous de l'estomac), d'un manteau qui laisse les bras libres et d'anaxyrides brodés verticalement, à la façon des orfrois ou galons de passementerie. De leurs deux bras tendus, ils offrent simultanément, non successivement, comme on le pratiqua plus tard, leurs présents symboliques sur des plateaux circulaires, à contour perlé, semblables aux missoria (1).

» La date de cet ivoire ressort de son style et de son exécution. Nous ne croyons pas, M. Palustre et moi, qu'on puisse la reporter au-delà du quatrième siècle et en deçà du cinquième. L'art est franchement latin et classique, tout en ne déguisant pas une époque de décadence; les personnages sont un peu lourds et trapus; mais, dans tout l'ensemble, il y a à la fois de la noblesse, de la simplicité et, sinon de l'art personnel, au moins de l'art traditionnel. L'artiste, qui vivait probablement sous Théodose plutôt que sous Constantin, s'est inspiré de bons modèles qu'il a rendus de son mieux. Son modelé est satisfaisant, ses personnages vivent et ont de l'expression; si les formes sont épaissies, elles n'ont pas du moins encore subi une altération notable; le relief est puis

(1) Voir sur les missoria un mémoire de M. de Longpérier dans ses Euvres.

sant, les détails fidèlement accusés; on s'amuse même à reproduire la maçonnerie, dont on pourrait compter les assises et les pierres. Il y a là encore une certaine habileté et un savoir-faire. Cet art est latin, occidental, italien et sans doute romain.

>> La destination de cette belle plaque nous est attestée par ses trous et ses entailles. Les trous permettent de reconnaître qu'elle fut, à l'origine, fixée solidement, non collée (ce qui eût été plus propre), sur une âme en bois. Les deux encoches, à la partie supérieure, portant la trace de deux clous, font supposer deux charnières de métal, auxquelles s'adaptait le couvercle. C'est donc un petit coffret, dont nous n'avons plus qu'une seule plaque.

> Domestique et civil, il pouvait servir à renfermer des bijoux précieux, anneaux et colliers, quelque portion du mundus muliebris. Qu'on ne s'étonne pas de sa décoration. Ne voyons-nous pas, à Saint-Vital de Ravenne, au sixième siècle, dans la mosaïque du chœur, l'impératrice Théodora porter, au bas de son manteau, orfroi tissé ou brodé, une Épiphanie analogue.

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Liturgique, il aurait été cette acerra ou alveola (1) dans laquelle on mettait l'encens et, de ce chef, l'Adoration des Mages convenait parfaitement à sa destination, car l'HommeDieu y était spécialement reconnu et loué. »>

III.

Nous renvoyons au Bulletin monumental pour l'examen si complet des particularités iconographiques qui distinguent et recommandent notre ivoire.

Mais voici le texte (un peu écourté cependant) du dernier paragraphe de la si belle étude de Mgr Barbier de Montault,

(1) Alveola I eburnea, in qua thus continetur. (1o Inv. de Bérenger, dixième siècle, no 28.)

T. II, 3 série.

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