صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

Notre esprit la reçoit à son premier réveil,
Comme les dons d'en-haut, la vie et le soleil;
Comme le lait de l'ame, en ouvrant la paupière,
Elle a coulé pour nous des lèvres d'une mère;
Elle a pénétré l'homme en sa tendre saison;
Son flambeau dans les cœurs précéda la raison.
L'enfant, en essayant sa première parole,
Balbutie au berceau son sublime symbole;
Et, sous l'œil maternel germant à son insu,
Il la sent dans son cœur croître avec la vertu.

Ah! si la vérité fut faite pour la terre,
Sans doute elle a reçu ce simple caractère;
Sans doute, dès l'enfance offerte à nos regards,
Dans l'esprit par les sens entrant de toutes parts,
Comme les purs rayons de la céleste flamme,
Elle a dû dès l'aurore environner notre ame,
De l'esprit par l'amour descendre dans les cœurs,
S'unir au souvenir, se fondre dans les mœurs?
Ainsi qu'un grain fécond que l'hiver couvre encore,
Dans notre sein long-temps germer avant d'éclore;
Et, quand l'homme a passé son orageux été,
Donner son fruit divin pour l'immortalité.

Soleil mystérieux! flambeau d'une autre sphère,

Prête à mes yeux mourans ta mystique lumière!
Pars du sein du Très-Haut, rayon consolateur!
Astre vivifiant, lève-toi dans mon cœur!

Hélas! je n'ai que toi : dans mes heures funèbres,
Ma raison qui pâlit m'abandonne aux ténèbres;
Cette raison superbe, insuffisant flambeau,
S'éteint comme la vie aux portes du tombeau.
Viens donc la remplacer, ô céleste lumière !
Viens d'un jour sans nuage inonder ma paupière;
Tiens-moi lieu du soleil que je ne dois plus voir,
Et brille à l'horizon comme l'astre du soir.

DIX-NEUVIÈME

MÉDITATION.

LE GÉNIE.

A M. de Bonald.

Impavidum ferient ruina.

HORAT., od. 111, liv. 111.

AINSI, quand parmi les tempêtes,

Au sommet brûlant du Sina,

Jadis le plus grand des prophètes

Gravait les tables de Juda;

Pendant cet entretien sublime,

Un nuage couvrait la cime
Du mont inaccessible aux yeux,
Et, tremblant aux coups du tonnerre,
Juda, couché dans la poussière,

Vit ses lois descendre des cieux.

Ainsi, des sophistes célèbres
Dissipant les fausses clartés,

Tu tires du sein des ténèbres
D'éblouissantes vérités.

Ce voile qui des lois premières
Couvrait les augustes mystères
Se déchire et tombe à ta voix ;
Et tu suis ta route assurée
Jusqu'à cette source sacrée
Où le monde a puisé ses lois.

Assis sur la base immuable

De l'éternelle vérité,

Tu vois d'un œil inaltérable

Les phases de l'humanité.
Secoués de leurs gonds antiques,
Les empires, les républiques

S'écroulent en débris épars;

« السابقةمتابعة »