PREMIÈRE MÉDITATION. L'ISOLEMENT. SOUVENT sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne, Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes; Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres, Cependant, s'élançant de la flèche gothique, Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts. Mais à ces doux tableaux mon ame indifférente De colline en colline en vain portant ma vue, : Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières, Vains objets dont pour moi le charme est envolé? Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères, Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé! Quand le tour du soleil ou commence ou s'achève, Que je pourrais le suivre en sa vaste carrière, Mes yeux verraient partout le vide et les déserts: Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire; Je ne demande rien à l'immense univers. Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère, Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire; Que ne puis-je, porté sur le char de l'Aurore, Quand la feuille des bois tombe dans la prairie, Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons; Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie : Emportez-moi comme elle, orageux aquilons! |