esprit, afin qu'il discerne toujours la véritable grandeur de la fausse, et qu'il sache que cellelà seule a le droit de plaire à vos yeux.

Ecartez loin de moi le respect humain, cette fausse honte si ordinaire dans les cours, ainsi que la fausse politique, le crime le plus abominable aux yeux de l'Éternel. Que je dise constamment la vérité, avec une mâle intrépidité; mais que mon attachement au vrai ne dégénère point en passion, pour ne point offenser ceux qui l'entendent! Conservez à mon âme son élévation, afin que je ne fléchisse point le genou devant les idoles de la cour, et que je ne devienne point le fade et rampant adulateur d'une fausse grandeur.

Que je marche sans cesse dans le chemin de la droiture; et lorsque des orages s'élèveront sur ma tête, protégez-moi au milieu de ces orages! Accordez-moi une parfaite égalité d'âme; et que l'amour de la patrie, ainsi que l'attachement à mon souverain, ne sortent jamais de mon cœur. Ne permettez pas que je renonce jamais à la justice et à la vertu, et dût l'univers s'écrouler sur ma tête, cette pensée me soutienne; vous êtes, Seigneur, et votre main peut me sauver au milieu des ruines dont je suis enveloppé.

Comme il est difficile qu'un homme de bien s'enrichisse à la cour, préservez mon âme de

la soif de l'or, et accordez le moi seulement autant qu'il m'est nécessaire pour m'entretenir moi et les miens. Qu'au lieu d'immenses richesses, je laisse pour héritage à mes enfans une éducation soignée, avec la noblesse du cœur! Daignez les bénir, Seigneur, afin qu'ils prospèrent sur la terre; mais ne permettez pas qu'ils s'élèvent à jamais en puissance et en crédit, au prix d'un argent dérobé au souverain et à la patrie, ou dégoûtant encore du sang de la veuve et de l'orphelin.

O mon Dieu! tout en servant mon prince, faites que je n'oublie jamais que vous êtes mon souverain Seigneur et maître; et, si je viens à être récompensé par l'ingratitude et par la persécution, que je trouve ma consolation dans ma conscience et dans mon espérance en vous, Dieu de bonté et de justice.

Prière

D'UN PÈRE DE FAMILLE.

RAND Dieu, c'est vous qui l'avez ordonné, que je fusse mieux partagé de la fortune que tant d'autres mortels; je loue votre

bonté, et je reconnais que je ne dois qu'à elle seule l'aisance dont je jouis. O Dieu d'amour!

vous m'avez en conséquence confié les personnes qui me servent, ce sont vos enfans; et votre amour a remis leur sort entre mes mains. Je ne veux donc pas oublier, Seigneur, qu'ils sont hommes comme moi, et quoique, aux yeux du monde et par les lois de la société, ils me soient subordonnés, mon cœur les considérera toujours comme mes égaux.

Je n'oublierai jamais combien est dur le sort de ceux qui servent, et mon amour s'efforcera d'alléger leur fardeau.

Je me montrerai indulgent pour leurs fautes et leurs faiblesses, et je ne leur ferai jamais sentir toute l'amertume de leur condition. Lorsqu'ils seront malades ou affligés, lorsqu'ils seront dans le besoin, ils trouveront des secours fraternels dans mon sein, et je les traiterai comme je désirerais être traité par eux, si je me trouvais à leur place.

Dieu d'amour, inspirez aussi des sentimens nobles au cœur de mes serviteurs, afin qu'ils ne considèrent point mon humanité comme faiblesse, et ma bonté comme imbécilité, et qu'ils n'en abusent point.

-Je fais vœu de ne jamais retenir ou différer le salaire d'un honnête artiste ou d'un ouvrier nécessiteux je fais vœu de n'être jamais avare envers les hommes qui gagnent aussi péniblement leur subsistance.

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Lorsque mes intérêts domestiques exigeront une réforme économique, je commencerai par moi la réforme, et non par ceux qui doivent gagner leur pain à la sueur de leur front.

C'est ainsi, ô mon Dieu! que je me propose de penser et d'agir: fortifiez ma résolution et mes bons desseins, par votre grâce.

Mais si ma bonne volonté venait à être méconnue par mes subalternes; s'ils payaient mon amour d'ingratitude, ne permettez pas que je perde courage, ni que mon cœur change à leur égard.

Que j'excuse leur conduite par leur mauvaise éducation, par l'état de servitude dans lequel ils languissent, et par la grossièreté des traitemens auxquels ils sont exposés; source de la corruption de leurs sentimens et de leur manière de penser. Que je reste toujours fidèle à mes principes, et que je ne perde jamais de vue votre grand commandement, qui est d'aimer tous les hommes.

Qu'ils soient injustes à mon égard, je ne cesserai cependant pas d'être juste envers eux; et s'ils s'avilissent jusqu'à me tromper, ma conduite leur prouvera qu'ils se seront trompés eux-mêmes, c'est-à-dire, qu'ils auront trompé en moi, non leur maître, mais leur bienfaiteur et leur ami. Seigneur, vous qui connaissez mon cœur, bénissez mes desseins.

Prière d'un époux.

ON Dieu, vous m'avez donné une femme pour compagne indissoluble de mes jours, et pour partager mon destin, durant le pélerinage de cette vie. Faites-moi considérer, ô mon Dieu! qu'en me confiant cette créature de vos mains, vous l'avez destinée à participer à mes plaisirs comme à mes peines. Faites-moi considérer aussi que la beauté, la tendresse et la délicatesse étant l'apanage de ce sexe, il est aussi dans sa nature qu'il soit sujet à la faiblesse, au changement et à un dépérissement plus prompt,

Ne permettez donc pas que je sois injuste envers elle, et que je prétende d'elle des choses qui ne sont point dans la nature de son être. Peut-on exiger de la brillante rose qu'elle fleurisse encore au-delà de sa saison? - Peut-on exiger de l'humble violette, la force du chêne? Faites donc que je traite sans cesse avec douceur et avec bonté la femme que vous m'avez donnée, et, si elle s'égare, que je la ramène de ses égaremens, par mon affection. Détruisez dans mon cœur cet orgueil inhumain et ce droit cruel du plus fort, qui maltraite une