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« l'élégance des formes parfaites de votre corps, sont <<< autant de liens dont l'amour se sert pour m'at<< tacher. Quoique ma tendresse soit mal récompen«<sée, je n'en serai pas moins fidèle; je suis plus « flatté et plus heureux en m'exposant à vos refus, << que si j'obtenais d'une autre qu'elle me reçût dans << ses bras. »

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BLACAS, p. 338: Dompna vostra beutatz.

Puisque je chéris une dame dont le mérite n'a point d'égal, j'aime mieux la servir sans aucune ré<< compense, qu'obtenir d'une autre les plus douces << faveurs. Que dis-je? Je ne la sers pas sans récom<< pense; quel tendre amant sert de la sorte, quand <«<il adresse ses hommages à un objet distingué et « révéré? L'honneur de mon dévouement en est le << salaire. Je ne demande pas d'autres récompenses.... « Je les accepterais pourtant de bon cœur. »

SORDEL, p. 444: E quar am.

«Vos rigueurs, ô belle dame, ne m'effraient pas, « s'il m'est permis d'espérer que, dans le cours de <«< ma vie, j'obtienne de vous quelque faveur, fût-ce <«< même la plus légère. Consolé par cette idée, les « souffrances me deviennent chères et agréables. Je « suis assuré que l'amour récompensera mes peines <<< et ma constance. Un amant délicat doit pardonner << les rigueurs les plus longues, et souffrir de bonne « grace pour mériter un meilleur sort. »

GUILLAUME DE CABESTAING, p. 107: E ges maltrait.

« Si j'étais assuré que mes vers et mes chants sus<< sent attendrir le cœur de ma dame, je les compo

<< serais avec plus d'ardeur que je ne fais pourtant

«

je ne cesserai de la célébrer; j'aime mieux chanter << pour elle sans espoir de récompense, que chanter « pour une autre, dussé-je obtenir son amour! » GUILLAUME ADHÉMAR, p. 193: S'ieu conogues.

Quand ils avaient quelque espérance de plaire, quand ils se bornaient au plaisir, au bonheur de déclarer leurs sentiments, de promettre et de jurer fidélité, ils employaient souvent des tournures adroites, des expressions à-la-fois naïves et passionnées :

« O chère dame! je suis et je serai toujours à vous. « Esclave dévoué à vos commandements, je suis << votre serviteur et homme-lige; je vous appartiens <«< à jamais; vous êtes ma première amour, et vous << serez ma dernière. Mon bonheur ne finira qu'avec <<< ma vie. >>

Bern. de Ventadour, p.87: Domna vostr' om.

<<< Tendre amie! je suis à vous, je reconnais vous «< appartenir; mon cœur vous est attaché par un lien <«< de sentiments si purs et de desirs si affectueux, « que je ne puis avoir de volontés étrangères à ma << tendresse. Nous trois, vous, l'amour et moi, savons << seuls, sans avoir besoin d'autre témoignage, quels «< furent nos accords. Il ne m'est pas permis de m'expliquer davantage. >>

ARNAUD DE MARUEIL, p. 213: Domna nos tres.

« J'éprouve à-la-fois une joie vive et une pénible << tristesse, lorsque je suis en votre présence; le timide embarras, qui m'empêche de vous faire l'aveu de

<< l'amour dont mon cœur brûle en secret, me rend << triste; le plaisir de contempler la femme la plus <«< charmante qui soit au monde, me rend joyeux. << Mais quel service cruel j'obtiens de mes yeux, >> puisqu'ils ne font qu'exciter des desirs qui me << tourmentent et qui causent ma mort! »

ELIAS DE BARJOLS, p. 355: Ben sui jauzens.

<< Avant que je vous eusse vue, j'éprouvai pour << vous un attachement si tendre, que je n'aimais << autant ni personne ni moi-même. Mais lorsque «< j'eus le bonheur de vous voir, mon amour doubla tout-à-coup, et je vous trouvai à mes yeux plus << aimable encore que l'image que je me plaisais à figurer et à contempler dans mon cœur. Aussi tout << autre attachement est-il étranger à ce cœur. L'a<< mour que j'ai pour vous ne peut s'en détacher. La passion que je ressens est telle, que je n'en imagine pas de semblable. »

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GIRAUD DE SALIGNAC, p. 394: Ans qu'ieu vos vis.

Quand on contemple avec soin les yeux vifs, la <«< bouche riante, le front pur, le visage enchanteur << de ma dame, on reconnaît bientôt que sa beauté « est d'une perfection si achevée que rien de plus, « rien de moins ne conviendrait. Son corps droit, <«< élancé, charmant, offre par-tout l'image de l'élé– « gance, de la gentillesse, de la grace. Ah! tous mes éloges tenteraient en vain de la peindre telle que << la nature se plut à la former. >>

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BERNARD DE VENTADOUR, p. 81: Qui ben remira.

<< Nul chevalier ne peut répondre dignement aux << sentiments que l'amour inspire, si tout ce qu'il << fait pour en donner des preuves ne lui paraît trop «< peu de chose en comparaison de ce qu'il juge de« voir faire encore; il n'aime pas d'une ardeur véri<< table, s'il pense aimer assez vivement. Une telle opinion abaisse, dégrade l'amour; mais ce n'est point ainsi que j'aime je jure, et j'en puis jurer «< par celle à qui je suis entièrement dévoué, que plus je la chéris, moins il me semble que je la «< chérisse comme elle le mérite. »

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AIMERI DE BELLINOI, App.': Nulz hom.

Ce n'était pas assez pour eux que de consacrer à leurs amantes tous les instants de la journée, ils s'en occupaient pendant les nuits, durant leur sommeil; et trop souvent ils ne connaissaient le bonheur qu'à la faveur de ces doux moments d'illusion que des songes consolateurs accordent quelquefois aux personnes infortunées, et sur-tout à celles qui le sont par l'amour :

<< Souvent pendant mon sommeil, il me semble « que je suis avec vous, et j'éprouve alors une si « douce, une si vive jouissance, que je regarde mon « réveil comme un malheur, quand il interrompt <«< cette erreur enchanteresse. Oui, quand je m'éveille, je suis en proie à des desirs qui me tuent, et je <«< consentirais à ce qu'un sommeil aussi heureux de« vînt éternel. » ARNAUD DE MARUEIL, p. 215: Soven m'aven.

(1) Ces lettres renvoient à l'appendice dont on a parlé.

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« J'ai beau m'écarter, m'éloigner de vous, ô chère << dame, telle est la vivacité de mon amour, qu'il << est impossible que mon cœur se sépare de votre image! Même durant mon sommeil, j'imagine sou<< vent folâtrer et rire avec vous; je goûte le suprême bonheur. Mais quand je m'éveille, je vois, je re«< connais, j'éprouvé que ce bonheur imaginaire s'est changé en tourment réel. »

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ARNAUD DE MARUEIL, p. 218: Vas qualque part.

Toujours résignés lors même qu'ils avaient à supporter les plus grandes rigueurs de leurs belles, qu'on juge de quels transports ils étaient saisis, dans ces doux moments où ils pouvaient comparer leur bonheur actuel avec leurs peines passées!

« Bénis soient les soucis, les chagrins, les maux qu'amour m'a causés pendant si long-temps! Je << leur dois de sentir avec mille fois plus d'ivresse les << bienfaits qu'il m'accorde aujourd'hui. Le souvenir « de mes peines me rend si doux le bonheur pré«< sent, que j'ose croire que, sans avoir éprouvé l’in« fortune, on ne peut savourer tout le charme de « la félicité. Les maux servent donc ainsi à rendre « les biens plus parfaits. Ils y ajoutent un prix que <«< ne connaissent point ceux qui n'ont été qu'heuPERDIGON, p. 344: Ben aio 'l mal.

«reux. >>

On conçoit facilement que de tels amants promettaient avec bonne foi la discrétion la plus fidèle, et qu'ils tenaient ce saint engagement :

<«< Les maux que me causent vos rigueurs me sont

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