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Quelquefois, dans ces ouvrages, nous reconñaîtrons de singuliers hasards de talent, qui semblaient promettre qu'un homme comme le Dante serait né plus tôt, et serait né ailleurs.

Aujourd'hui je ne prolongerai pas davantage cette revue. Nous avons marqué comment le langage français se forma; nous avons indiqué les origines de la mythologie du moyen âge. Nous avons expliqué cette puissance d'imagination, qui n'était pour ainsi dire qu'une puissance de crédulité. Maintenant nous chercherons le talent; nous serons moins heureux peut-être à le trouver.

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HUITIÈME LEÇON.

Réalité de la chevalerie; fidèlement décrite dans les romans

du moyen âge.

Éducation et devoirs des chevaliers.

Cour de

Fabliau de Saladin, ordonné chevalier. Philippe-Auguste.-Grand nombre des productions lit

téraires. Chrétien de Troyes; ses principaux poèmes. Commencemens de la prose française.

douin; sa langue et son style.

Villehar

MESSIEURS,

La littérature romanesque du moyen âge ne devrait pas nous occuper plus long-temps, si elle n'était pas aussi vraie que fabuleuse. Mais sous ces histoires extravagantes, sous ces imaginations singulières qui remplissent tant de romans versifiés du x11o et du XIe siècle, se cache, ou plutôt se montre une imitation fort expressive de la vie contemporaine. On a dit

8. T. I. LITT. DU MOY. AGE. 1830.

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que la chevalerie était tout entière une fiction; le caractère factice des invocations qu'on lui adresse dans nos temps modernes, a fait douter d'autant plus de son existence dans le passé. Cependant la chevalerie est un événement réel de l'histoire, une grande institution du moyen âge. Son image est reproduite dans ces romans remplis d'enchanteurs et de géans. Tout ce qu'on y voit, les mœurs, les détails, les costumes, les usages de la vie, les aventures même, dans ce qu'elles ont de naturel et d'humain, sont l'expression exacte et fidèle du temps. A cet égard, les romans de chevalerie peuvent s'appeler une chronique du moyen âge, non moins vraie que la chronique même de Saint-Denis.

Nous l'avons dit d'abord; bien que poète signifie faiseur, et que Troubadour ou Trouvère soit synonyme d'inventeur, jamais poète ne fait ou n'invente que l'idéal des événemens ou des croyances de son temps. L'imagination n'est qu'un souvenir plus vif; parfois elle imite seulement une copie. On l'admire, quand elle renouvelle la réalité.

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Qu'est-ce que la chevalerie ? C'est la vie du moyen âge mise en action; c'est la garde d'honneur de la féodalité. On ne pourrait concevoir

la durée de la vie féodale sans ce cortége de guerriers qui la soutiennent, sans ces passions, ce point d'honneur, cet enthousiasme qui l'animent et l'embellissent.

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Aussi, un très-savant homme, M. de SaintePalaye, voulant établir tous les caractères de la chevalerie, considérée comme institution militaire et religieuse, les a tout simplement cherchés dans les romans du moyen âge; et ce n'est point erreur ou système de sa part. Les auteurs des romans de chevalerie ont, en effet, mêlé aux fictions les plus bizarres, l'imitation fidèle de ce qui se trouvait inscrit dans le rituel des chevaliers.

Voyons, d'après ces témoignages, quelle était la vie d'un chevalier.

Quand un enfant avait le bonheur de naître fils de gentilhomme, et que cet enfant était vif, alègre, on le tirait à sept ans des mains des femmes ; il n'avait guère autre chose à faire que de courir et de s'exercer au saut et à la lutte. Bientôt il devenait damoisel, varlet ou page, qualités à peu près semblables, que l'on a confondues ou distinguées selon les temps. Alors il était presque toujours éloigné de la maison paternelle, et mis chez quelque haut baron ou seigneur du voisinage. Il y servait le maître, ou

souvent la dame du château, suivait sa haquenée, portait ses lettres, quand elle savait écrire. Mais il faisait aussi l'apprentissage de la chasse et de la guerre, lançait et rappelait le faucon, maniait la lance et l'épée, s'endurcissait à la fatigue et aux plus périlleux exercices; surtout il était sans cesse entretenu d'exploits de guerre. La grande salle du château était une école où se réunissaient écuyers et chevaliers, et où se formaient les jeunes pages, en entendant parler, dit Froissart, de faits d'armes et d'amour.

Dans ces études, plus amusantes que le grec et le latin de nos jours, il gagnait quatorze ou quinze ans. Alors il était fait écuyer. Il y avait plusieurs ordres d'écuyers : écuyer de corps ou d'honneur; c'était celui qui montait à cheval et marchait à la suite du chevalier ou de la dame du château; écuyer tranchant; écuyer échanson ou pannetier; toutes formes de domesticité. Mais vous savez que, d'après un usage venu des forêts de Germanie, ou peut-être emprunté au Bas-Empire, certains offices domestiques étaient nobles, devenaient des titres et des grades d'honneur. Le jeune homme que l'on faisait écuyer, était présenté à l'autel; et là commençait l'intervention des cérémonies religieuses, souvent renouvelées

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