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née précédente, il fêta les solennités de Noël et de Pâques.

[796.] Le pape Adrien étant mort, Léon fut élevé au pontificat, et fit bientôt remettre au roi par des légats les clefs du tombeau de saint Pierre, l'étendard de la ville de Rome, avec d'autres dons, et le fit prier d'envoyer quelqu'un de ses grands pour recevoir le serment de fidélité et d'obéissance du peuple romain. Le roi choisit pour cette mission Engilbert, abbé du monastère de Saint-Riquier. Il envoya aussi par lui à Saint-Pierre la plus grande partie du trésor qui lui avait été apporté cette année de Pannonie par Herric, duc de Frioul, qui en avait dépouillé le palais du roi des Huns; il distribua le reste d'une main libérale entre les grands, les courtisans, et tous les autres officiers qui servaient dans son palais. Cela fait, le roi attaqua en personne la Saxe avec l'armée des Francs, ordonna à son fils Pepin d'entrer en Pannonie avec les troupes italiennes et bavaroises, et, après avoir dévasté une partie de la Saxe, il revint au palais d'Aix pour y passer l'hiver. Pepin chassa les Huns au-delà du fleuve de la Theiss, dévasta de fond en comble le palais de leur roi, palais que les Huns appellent Ring et les Lombards Camp, pilla presque toutes les richesses des Huns, se rendit à Aix-la-Chapelle près de son père, pour y passer l'hiver, et lui offrit les dépouilles du royaume, qu'il avait apportées avec lui. Thudun aussi, de qui il a été fait mention plus haut, tenant sa parole, se rendit près du roi et fut baptisé avec tous ceux qui étaient venus avec lui. Il reçut des présens et retourna chez lui après avoir juré de garder fidélité; mais il ne voulut

pas long-temps demeurer constant à la foi promise, et ne fut pas long-temps non plus sans recevoir la peine de sa perfidie. Le roi, comme on l'a déjà dit, passa l'hiver à Aix-la-Chapelle, et y célébra la fête de Noël et celle de Pâques.

[797.] Barcelonne, ville située sur la frontière d'Espagne, et qui, suivant le cours des événemens, avait été soumise tantôt aux Francs, tantôt aux Sarrasins, fut enfin livrée au roi par le Sarrasin Zate, qui s'en était emparé. Zate se rendit à Aix-la-Chapelle au commencement de l'été, et se soumit volontairement ainsi que ladite ville au pouvoir du roi. Le roi ayant reçu cette soumission, envoya avec une armée son fils Louis pour assiéger la ville de Huesca, en Espagne, et, selon son usage accoutumé, il entra en Saxe pour dompter l'orgueil de ce peuple perfide. Il ne s'arrêta qu'après en avoir parcouru tout le pays, car il s'avança jusqu'à ses dernières frontières, à l'endroit où la Saxe est baignée par l'Océan, entre l'Elbe et le Weser. De là il retourna à Aix-la-Chapelle, et à son arrivée il y reçut le Sarrasin Abdallah, fils d'Ibnmange', roi de Mauritanie, d'où il venait; il donna aussi audience à Théoctiste, envoyé du patrice Nicétas, qui gouvernait alors la Sicile, et reçut les lettres qu'il lui apportait de la part de l'empereur de Constantinople; il se décida à passer l'hiver en Saxe pour y faire la guerre; il prit donc avec lui sa suite, entra dans ce pays, campa près du Weser, et ordonna d'appeler la place de son camp Heer-stall, et ce lieu est encore ainsi

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nommé par les habitans. Il divisa pour l'hiver en deux portions l'armée qu'il avait amenée avec lui; il ordonna à Pepin, qui était de retour de l'expédition d'Italie, et à Louis, qui revenait de celle d'Espagne, de venir le joindre en ce lieu. Il y donna audience aux ambassadeurs des Huns, qui lui avaient été envoyés avec de grands présens, et les congédia. Il y reçut celui d'Alphonse, roi d'Asturie, qui lui apporta les dons de la Galice. De là il envoya de nouveau Pepin en Espagne et Louis en Aquitaine, et ordonna au Sarrasin Abdallah d'accompagner ce dernier. Abdallah, fut, à sa propre demande, conduit en Espagne, et remis à la foi des gens auxquels il crut pouvoir se confier. Le roi resta en Saxe et y célébra la fête de Noël et celle de Pâques.

[798.] Le printemps était déjà arrivé, mais l'armée ne pouvant encore sortir de ses quartiers d'hiver à cause de la disette du fourrage, les Saxons d'au-delà de l'Elbe profitèrent de l'occasion, prirent les officiers du roi qui leur avaient été envoyés pour rendre la justice, et les mirent à mort, en réservant seulement quelques-uns comme pour en porter la nouvelle. Ils tuèrent entre autres Gottschalk, un des officiers du roi, que peu de jours auparavant il avait envoyé à Siegfried, roi des Danois. En revenant de sa mission, il fut arrêté et pris par les auteurs de la sédition. Le roi, fortement irrité de ces nouvelles, réunit son armée dans le lieu nommé Minden, plaça son camp sur le Weser, attaqua les traîtres qui avaient violé leur foi, et vengeant la mort de ses envoyés, il dévasta par le fer et le feu toute la partie de la Saxe qui se trouve entre l'Elbe et le Weser. Les habitans d'au

delà de l'Elbe, qu'on nomme Normands, fiers d'avoir pu tuer impunément les officiers royaux, marchèrent en armes contre les Obotrites. Thrasicon, duc de ces derniers, instruit de la révolte des Transalbins, vint au devant d'eux avec tous les siens dans le lieu nommé Swinden, leur livra un combat, et en fit un immense carnage. Eberwin, envoyé du roi, qui commandait l'aile droite de l'armée des Obotrites, raconte qu'il en tomba quatre mille du premier choc. Ainsi mis en fuite, taillés en pièces, et ayant perdu beaucoup des leurs, les Normands revinrent chez eux avec une grande perte. Le roi retourna en France, et, arrivé à Aix-la-Chapelle, il donna audience aux ambassadeurs envoyés de Constantinople par l'impératrice Irène. Son fils Constantin, à cause de l'insolence de ses mœurs, avait été pris par ses sujets et aveuglé. D'après la demande des ambassadeurs, le roi permit à Sisime, frère de Taraise, évêque de Constantinople, et fait prisonnier autrefois dans un combat, de retourner chez lui. Les envoyés étaient Michel, surnommé Ganglianos, et Théophile, prêtre. Après leur renvoi vinrent ceux d'Alphonse, roi d'Espagne, Basilisque et Froia, apportant des présens que ce roi avait eu soin de prélever pour Charles sur le butin dont il s'était emparé lorsqu'il avait assiégé et pris la ville de Lisbonne. Ils consistaient en sept Maures et autant de mulets et de cuirasses. Quoique ces objets fussent envoyés comme dons, c'étaient bien plutôt des emblêmes de la victoire. Le roi reçut gracieusement les ambassadeurs, et les renvoya après leur avoir fait aussi des présens. Les îles Baléares, nommées actuellement Majorque et Minorque, furent ravagées par les pirates

maures. Le roi passa l'hiver à Aix-la-Chapelle, et y fêta la naissance du Seigneur et sa résurrection.

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[799.] Le pape Léon suivant à cheval la procession de l'église de Saint-Jean-de-Latran à celle du bienheureux Saint-Laurent, tomba dans les embûches que lui avaient préparées les Romains près de cette dernière église; il fut jeté à bas de son cheval, on lui arracha les yeux, on lui coupa la langue, ce qui a été vu par plusieurs personnes, et il fut laissé sur la place nu et à demi-mort; il fut ensuite conduit, par ordre des auteurs de cette trahison, dans le couvent de SaintÉrasme, martyr, comme pour y être soigné, passa, la faveur de la nuit, par dessus le mur par les soins d'Albin, son chambellan, se rendit près de Winégise, duc de Spolète, qui, sur la nouvelle de ce forfait, marchait en hâte vers Rome, et fut reçu par lui et conduit à Spolète. Lorsque le roi eut appris cette nouvelle, il ordonna à Winégise de lui envoyer le pape avec les honneurs convenables au vicaire de SaintPierre et au pontife romain. Il ne renonça pourtant pas à l'entreprise qu'il devait faire en Saxe; il tint son assemblée générale près du Rhin à Lippenheim, passa le même fleuve avec toute son armée, s'avança jusqu'à Paderborn, y plaça son camp et y attendit l'arrivée du pontife qui s'avançait vers lui. Il envoya cependant son fils Charles vers l'Elbe avec une partie de l'armée, pour régler certaines affaires entre les Wiltzes et les Obotrites, et recevoir quelques Saxons du nord. Tandis que le roi attendait le retour de son fils, le pontife arriva, fut reçu très-honorablement, et demeura quelque temps avec lui. Après avoir communiqué au roi toutes les raisons pour lesquelles il était venu, le pape

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