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13. Le cardinal de Richelieu s'amusoit volontiers à de petits jeux d'exercice, pour se délasser des pénibles travaux de son cabinet. M. de Grammont le surprit un jour que, tout seul en veste, il s'exerçoit à sauter contre un mur.Un courtisan moins délié que lui, eûtété sans doute embarrassé de se trouver avec un ministre du caractère de Richelieu, témoin d'une occupation si contraire au sérieux de sa dignité. Mais il s'en tira en homme d'esprit : « Je parie, dit-il au cardinal, que je saute aussi-bien « que votre éminence. » Aussitôt, quittant son habit, il se mit à sauter avec le ministre. Ce trait d'adresse fit sa fortune, et contribua beaucoup à son avancement.

14. Louis XIV, au retour de la chasse, étoit venu dans une espèce d'incognitò, voir la comédie italienne, qui se donnoit au château. Dominique, fameux arlequin de ce théâtre, y jouoit.Mais malgré les talens supérieurs de ce comédien célèbre, la pièce parut insipide. Le roi lui dit en sortant : « Dominique, voilà une mauvaise « pièce.—Dites cela tout bas, je vous prie, interrompit << l'acteur; car si le roi le savoit, il me congédieroit avec << ma troupe.» Cette réponse, faite sur-le-champ, fit admirer la présence d'esprit de Dominique.

15. La vache d'un paysan fut tuée par le taureau du seigneur de son village. Le pauvre villageois jugea bien qu'il n'en auroit pas aisément satisfaction. Il vint trouver ce seigneur, qui étoit dans une maison de ses amis, et lui dit que sa vache avoit tué son taureau. << La loi veut, s'écria le seigneur, que la vache appar<< tienne au maître du taureau qui a été tué. » Le paysan disputa sur cette peine; mais le seigneur n'en voulut pas démordre. « Monseigneur, lui dit alors le rustique, « il faut tourner la médaille : c'est votre taureau qui a << tué ma vache; palsangué! vous vous êtes jugé, vous << n'en rappellerez pas. » Le seigneur fut obligé de se con<< former à la sentence qu'il avoit prononcée lui-même.

16. Leroi Dagobert se disposoit à monter sur son char ou chariot, quand il apercut un de ces poètes qui faisoient consister le mérite de la poésie à faire des vers sur-le-champ. Le monarque lui promit les deux bœufs attelés à sa voiture, si, avant qu'il n'y fût monté, il

avoit peint en vers l'action qu'il lui voyoit faire. Le poète dit aussitôt :

Ascendat Dagobert; veniat bos unus et alter.

C'est-à-dire : « Que Dagobert monte, et que les deux <bœufs me viennent. » Le prince, charmé de cette saillie, tint sur-le-champ sa promesse.

17. Un officier gascon étant à l'armée, parloit assez haut à un de ses camarades. Comme il le quittoit, il lui dit d'un ton important : « Je vais dîner chez Villars.» Le maréchal de Villars, se trouvant derrière cet officier, lui dit avec bonté : « A cause de mon rang de général, et << non à cause de moi, dites monsieur de Villars. » Le Gascon, qui ne croyoit pas être si près du général, lui répondit sans être étonné : « Cadédis! on ne dit point << monsieur de César, j'ai cru qu'on ne devoit pas dire << monsieur de Villars. Voyez ADRESSE D'ESPRIT.

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PRÉVOYANCE.

1. Ce fut à la sage prévoyance de Thémistocle, que la Grèce dut son salut, lorsque Xerxès, suivi de toutes les forces de l'Asie, vint menacer d'un joug odieux cette contrée célèbre. C'en étoit fait de sa liberté, si les Athéniens et les Lacédémoniens n'avoient eu que leurs troupes de terre à opposer au monarque persan. On sentit alors tout le prix des prudentes mesures de Thémistocle, qui, sous un autre prétexte, avoit fait bâtir cent galères. Tout le monde avoit régardé la célèbre journée de Marathon comme la fin de la guerre. Themistocle, au contraire, la regarda comme le signal des plus grands combats, auxquels il devoit préparer son peuple; et dès-lors il songea à rendre sa patrie supérieure à Lacédémone, qui, depuis long-temps, dominoit surtoute la Grèce. Dans cette vue, il crut devoir tourner toutes les forces d'Athènes du côté de la mer, voyant bien que, foible par terre comme elle étoit, elle n'avoit que ce seul moyen de se rendre nécessaire aux alliés, et formidable aux ennemis.

Son avis passa malgré les efforts de Miltiade, arrêté sans doute par le peu d'apparence qu'il y avoit qu'un peuple tout neuf aux combats de mer, et qui n'étoit en état d'armer que de petits vaisseaux, pût résister à une puissance aussi redoutable que celle des Perses, qui, avec une flotte de plus de mille vaisseaux, avoient encore une nombreuse armée de terre.

Les Athéniens avoient contume de distribuer entre eux tous les revenus qu'ils tiroient des mines d'argent. Themistocle eut le courage de proposer au peuple d'abolir ces distributions, et d'employer cet argent à construire des vaisseaux à trois rangs de rames pour faire la guerre aux Eginètes, contre lesquels il réveilla leur ancienne jalousie. Le peuple ne sacrifie pas volontiers ses intérêts particuliers à l'utilité publique, et n'aime pas à acheter le bien de l'Etat par ses propres pertes. Il le fit pourtant en cette occasion; et, touché par les vives remontrances de Thémistocle, il consentit que l'argent qui revenoit des mines fût employé à bâtir cent galères. On doubla ce nombre à l'arrivée de Xerxès; et ce fut cette flotte qui sauva la Grèce.

lors

2. Arlotto,curé italien, s'embarquant pour un voyage, fut prié par plusieurs de ses amis de leur faire diverses emplettes an pays où il alloit : ils lui en donnèrent des mémoires; mais il n'y en eut qu'un qui s'avisa d'y joindre l'argent nécessaire pour payer ce qu'il demandoit. Le curé employa cet argent de son ami conformément à son mémoire, et n'acheta rien pour les autres. Lorsqu'il fut de retour, ils vinrent tous chez lui pour y recevoir leurs emplettes, et Arlotto leur dit : «Messieurs, << que je fus embarqué, je mis tous vos mémoires sur le << pont de la galère, à dessein de les ranger par ordre, << mais il s'éleva un vent qui les emporta tous dans la « mer, ainsi je n'ai pu me souvenir de ce qu'ils conte<< noient. » Cependant, lui dit un d'entre eux, vous avez apporté des étoffes à un tel. «Il est vrai, répliqua le « curé; mais c'est qu'il avoit enveloppé dans son mé<< moire un bon nombre de ducats dont le poids empê<< cha le vent de l'emporter avec les autres. »

3. Jean V, duc de Bretagne, étoit ennemi mortel

d'Olivier de Clisson. Voyant qu'il ne pouvoit nuire à ce guerrier par la force, il eut recours à la trahison et à l'artifice. Il feignit de se réconcilier avec lui; il l'invita à venir à sa cour, et le reçut avec les démonstrations de la plus sincère amitié. Un jour, à la fin d'un repas magnifique qu'il lui avoit donné, il le pria de venir voir un chateau qu'il faisoit bâtir. Clisson, trompé par les politesses du duc, et ne se défiant de rien, y consentit volontiers. Lorsqu'ils eurent visité les appartemens, le prince proposa à Clisson de monter dans la maîtresse - tour du chateau, lui disant qu'il vouloit savoir ce que pensoit de sa force le plus habile homme du royaume en matière de fortifications. Clisson y monta; mais des gens armés, qui se tenoient en embuscade dans une chambre, se jettent tout-à-coup sur lui, et l'arrêtent. Clisson se défendit comme un lion; mais ses efforts furent inutiles. On le traîna dans une chambre, où les gens du duc lui mirent trois paires de fers aux pieds. Le due, voyant son ennemi en sa puissance, se hàta de satisfaire son ressentiment. Il appela un de ses plus fidèles officiers, homme sage et prudent, nommé Jean de Bazvalen, et lui ordonna de faire mourir Clisson sur le minuit, le plus secrétement qu'il seroit possible. Bazvalen promit d'exécuter ses ordres, et se retira. La nuit étant venue, le duc se mit au lit, et s'endormit d'abord; mais l'inquiétude le réveilla bientôt. L'ordre cruel qu'il avoit donné vint alors se présenter à son esprit, sous la forme la plus effrayante: if fit les plus tristes réflexions sur le sang de Clisson, et sur les suites qu'auroit sa mort. Dès le point du jour il envoie chercher Bazvalen; il arrive : « Avez-vous exécuté mes ordres? lui dit précipitam<<ment le duc. » L'officier répondit qu'il avoit obéi. « Quoi! Clisson est mort! reprit le duc. -- Oui, mon<< sieur, repondit Bazvalen; cette nuit, bientôt après « minuit, il a été noyé ; et j'ai fait mettre le corps en << terre dans un jardin. Ah! ah! s'écria tristement le << prince, veie-cy un pitieux réveille-matin! Retirez« vous, messire Jehan, que je ne vous voie mie plus. >> Bazvalen se retira; et le duc commença à se tourmenter dans son lit, et à jeter des cris affreux. Il n'écoutoit

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personne, et ne voulut ni boire ni manger de tout le jour. Alors Bazvalen, voyant que sa douleur étoit sincère, alla le trouver, et lui avoua qu'il n'avoit point exécuté ses ordres, prévoyant bien qu'il s'en repentiroit. A ces mots, le duc sauta de joie, embrassa son fidèle officier, et loua sa prudence. Quelque temps après il délivra Clisson. Voyez PRUDENCE.

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1. JAMAIS

PROBIT É.

AMAIS les vues domestiques ne balancèrent, dans l'esprit du célèbre Phocion, celles de l'intérêt public. Il refusa constamment de solliciter et d'agir en faveur de son gendre Chariclès, appelé en justice pour rendre compte des sommes qu'il avoit reçues d'un ennemi de la patrie; et il lui dit alors ces belles paroles : « Je t'ai fait «mon gendre, mais pour choses bonnes et honnêtes.>

2. Les Athéniens vouloient forcer Démosthènes à accuser un citoyen. Jamais ce grand orateur n'y voulut consentir; et voyant que le peuple murmuroit contre lui, il se leva et dit : «Athéniens, je serai toujours prêt << à vous donner des conseils utiles, au risque même de « vous déplaire ; mais jamais pour gaguer vos bonnes << graces, on ne me verra calomnier personne.

3 Le prince de***, charmé de la conduite intrépide d'un grenadier au siége de Philisbourg, en 1734, lui jeta sa bourse, en lui disant qu'il étoit fàché que la somme qu'elle contenoit ne fût pas plus considérable. Le lendemain, le grenadier vint trouver le prince; et lui présentant des diamans et quelques autres bijoux : « Mon général, lui dit-il, vous m'avez fait présent de « l'or qui étoit dans votre bourse, et je le garde; mais << vous n'avez sûrement par prétendu me donner ces « diamans, et je vous les rapporte, -Tu les mérites doublement, répondit le prince, par ta bravoure << et par ta probité. Ils sont à toi, »

4. Claude Péchon, âgé de cinquante-huit ans, pauvre vigneron du village de Mombré-les-Reims, et père de huit enfans, reçut chez lui, le 10 de Mars 1770, un beaufrère infirme et à charge à sa famille, qu'il s'étoit engagé

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