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de nourrir et loger le reste de sa vie, moyennant une donation d'un bien modique, évalué quatre cents livres. Le pensionnaire tombe malade le lendemain 11, meurt le 12, est enterré le 13. Après l'office célébré, on serend à la cabane du défunt : alors Claude Péchon remet les titres du bien qui lui avoit été donné; et malgré les remontrances du curé et du notaire, il renonce à la donation, disant: << que pour deux jours qu'ila gardé son pen<< sionnaire, il ne veut pas avoir, au préjudice de ses « parens, la conscience chargée d'un bien acquis à si « bon marché. » Voyez HONNÊTEté, Intégrité.

PRUDENCE.

ལ་ ཨལ་

1. Les Athéniens et leurs alliés, commandés par Ci

mon, ayant fait un très-riche butin dans la conquête des villes de Seste et de Byzance, prièrent ce grand général d'en faire le partage. Cimon mit d'un côté les prisonniers tout nus, et de l'autre tous leurs ornemens et toute leur dépouille. Les alliés se plaignirent d'abord de ce partage, comme y trouvant trop d'inégalité; mais le capitaine leur donna le choix. Ils prirent, sans hésiter, les ornemens des Perses, et laissèrent les prisonniers aux Athéniens. Cimon partit donc avec le lot qui étoit resté, passant pour un homme peu entendu à faire des partages; car les alliés emportoient une quantité de chaînes, de colliers et de bracelets d'or, de riches vêtemens, de beaux manteaux de pourpre; et les Athéniens n'avoient pour leur part que des corps tout nus, et qui étoient peu propres au travail. Mais bientôt après on vit arriver de la Phrygie et de la Lydie les parens et les amis de ces prisonniers, qui les rachetèrent jusqu'au dernier, avec de grosses sommes d'argent; de sorte que, des deniers provenant de cette rançon, Cimon eut de quoi entretenir sa flotte quatre mois, et qu'il y eut encore beaucoup d'or de reste pour le trésor public, sans compter ce qui lui en revint à lui-même.

2, Khosrou, roi de Perse, délibéroit dans son conseil sur une affaire de grande importance; et les visirs pro

posoient chacun leur sentiment: le roi donna son avis, et Bouzourgemihir,songrand-visir,le suivit. Après le conseil,onlui demanda pourquoi il avoit préféré le sentiment du souverainàcelui de tous les visirs;il répondit: «<Lesuc<«< cès de l'affaire dont il s'agit est très-incertain;etj'ai cru « qu'il étoit plus sage de suivre le conseilduroi,afind'être «à couvert de sa colère,au cas qu'il ne réussisse point.>> 3. On ne peut trop admirer la rare prudence avec laquelle Scipion l'Africain se comporta dans une sédition qui s'éleva parmi ses troupes, pendant la guerre qu'il fiten Espagne.Ce grand général ayant été attaqué d'une maladie assez fàcheuse, la nouvelle s'en répandit assez promptement dans toute la province, et y jeta le trouble et la confusion. Bientôt le bruit courut que Scipion étoit mort. Les alliés devinrent infidelles, et les soldats séditieux. Les princes espagnols soulevèrent leurs sujets, et portèrent la désolation dans les contrées soumises à la puissance romaine. Près de Sucrone, étoit un corps de huit milleRomains, qu'on avoit fait camper en ce lieu pour contenir dans le devoir les peuples voisins de l'Ebre. Ces troupes avoient déjà commencé à se mutiner, avant que la nouvelle de la maladie de Scipion se fût répandue. Le long repos avoit insensiblement produit la licence. Accoutumées, pendant la guerre, à vivre au large dans le pays ennemi, elles souffroient avec peine de se voir réduites à l'étroit en temps de paix. D'abord ce n'étoient que des murmures secrets: «S'il y a encore des ennemis dans la provin«ce, disoient ces soldats, pourquoi nous retient-on << dans un pays tranquille, où nous languissons dans << une honteuse oisiveté ? Si la guerre est terminée, < pourquoi ne nous fait-on pas repasser en Italie ? » La nouvelle de la maladie de Scipion, suivie de près du bruitde sa mort,augmenta infiniment cettemauvaisedisposition.Les séditieux demandèrent leur solde avec plus de hauteur et de fierté qu'il ne convenoit à des soldats bien disciplinés. Dans les corps-de-garde, on porta l'insolence jusqu'à dire des injures aux tribuns qui faisoient la ronde : plusieurs allèrent piller, pendant la nuit, les villages voisins, dont les habitans étoient du nombre des alliés. En plein jour, et tout ouvertement, ils abandon

noient leurs drapeaux, et s'en alloient où ils jugeoient à propos, sans demander congé à leurs officiers. Ils en vinrent mêmejusqu'à les chasser du camp d'une voixunanime, et déférèrent le commandement à deux simples soldats,auteurs de la sédition.Cesdeuxinsolenseurentl'impudence de prendre les marques du souverain pouvoir, et de faire porter devant enxles haches et les faisceaux. Les séditieux attendoient, de moment en moment, des courriers qui leur apprissent les funérailles de Scipion; mais, plusieurs jours s'étant passés sans que le bruit de sa mort se confirmât, alors on commenca à en rechercher les premiers auteurs;chacun s'en défendoit, et aimoit mieux paroître avoir cru trop légèrement une pareille nouvelle, que l'avoir inventée. Dans cette circonstance, les chefs du soulèvement ne se voyant plus soutenus avec la même chaleur, commencèrent à envisager avec frayeur les faisceaux qu'ils avoient usurpés et à redouter les effets d'une puissance légitime. La sédition étoit déjà un peu ralentie, lorsqu'on apprit par des courriers sûrs et fidelles, premièrement queScipion vivoit, et ensuite qu'il étoit absolument hors de danger. Bientôt après, sept tribuns légionnaires, envoyés par le général même, arrivèrent dans le camp.La vue de ces officiers aigrit d'abord les esprits ; mais leurs manières douces et familières, accompagnées d'un air de bonté, firent bientôt rentrer tout le monde dans le calme. Se mêlant dans les cercles où ils voyoient plusieurs soldats s'entretenir ensemble, ils prenoient part à la conversation; et, sans leur faire aucun reproche sur leurconduite passée, ils paroissoient seulement curieux d'apprendre ce qui pouvoit causer leur mécontentement et leurs alarmes. Les soldats se plaignoient sur-tout que, malgré les services qu'ils avoient rendus, on ne leur avoit point payé leur solde aux jours marqués. Les tribuns répondirent que ces plaintes étoient légitimes, et qu'ils ne manqueroient pas d'en avertir le général. Scipion n'étoit point embarrassé, quand il s'agissoit de faire la guerre ; c'étoit son métier: mais, n'ayant point encore éprouvé de sédition, celle-ci l'inquiétoit. Il craignoit, de la part de son armée, des excès qui ne lui missent plus d'user de clémence. Il craignoit lui-même

per

d'outrer la sévérité. Il résolut enfin de n'écouter que la prudence et la modération. Pour cet effet, il envoya dans les villes tributaires ceux qui étoient chargés de leverles deniers de la république;et cette démarche fit espérer aux soldats qu'ils toncheroient incessamment la somme qui leur étoit due. Quelques jours après,il publia une ordonnance qui leur enjoignoit de venirà Carthagène, pour recevoir leur paie, séparément par compagnies, ou tous ensemble, s'ils l'aimoient mieux. La sédition étoit déjà bien affoiblie ; mais quand on sut que ceux des Espagnols qui s'étoient soulevés,rentroient dans le calme, elle fut tout-à-fait éteinte ; car Mandonius et Indibilis, princes espagnols, n'avoient pas plutôt appris que Scipion jouissoit d'une parfaite santé, qu'abandonnant leur entreprise, ils étoient retournés dans leur pays. Ainsi, il n'y avoit plus ni citoyen, ni étranger, que les soldats de Sucrone pussent associerà leur révolte. Après bien des réflexions, ils prirent l'unique parti qui se présentoit à eux : c'étoit de remettre leur sort entre les mains de leur général. Ils se représentoient qu'il avoit bien pardonné à des ennemis vaincus par la force des armes; que, dans leur sédition, il n'y avoit pas eu une épée tirée, pas une goutte de sang répandue. Ils étoient seulement en doute s'ils iroient chercher leursolde tous ensemble, ou en différentes bandes. Ils prirent le parti qui leur parut le plus sûr: c'étoit de ne se point séparer.

Scipion, de son côté, délibéroit sur la conduite qu'il devoit tenir à leur égard. Son conseil étoit partagé en deux sentimens. Les uns vouloient que l'on se bornât au supplice des chefs, au nombre d'environ trentecinq; les autres croyoient qu'une sédition si criminelle demandoit une punition plus générale. L'avis le plus doux prévalut. Au sortit du conseil, on avertit les soldats, qui étoient à Carthagène, de se tenir prêts à marcher contre les Espagnols révoltés, et de se munir de vivres pour plusieurs jours. On vouloit donner lieu de croire que c'étoit sur cette expédition qu'on venoit de délibérer. Quand les séditieux approchèrent de Carthagène, ils apprirent que le lendemain toutes les troupes que Scipion avoit dans cette ville, devoient partir sous la conduite de Silanus. Cette nouvelle leur causa

beaucoup de joie : ils s'imaginoient avec plaisir que leur général alloit rester seul avec eux, et qu'ils seroient plutôt en état de donner la loi, que de la recevoir. Ils entrèrent dans la ville vers le coucher du soleil, et virent les troupes de Carthagène qui faisoient tous les préparatifs de leur départ. Pendant la nuit, ceux sur qui l'on vouloit faire tomber la punition, furent arrêtés. On avoit pris de bonnes mesures pour se saisir d'eux sans bruit. Vers la fin de la nuit, les bagages de l'armée que l'on feignoit de faire partir, commencèrent à se mettre en marche. A la pointe du jour, les troupes s'avancèrent jusques hors de la ville, mais s'arrêtèrent à la porte; et l'on mit des gardes à toutes les autres portes, pour empêcher que qui que ce fût ne sortît. Après ces précautions, ceux qui étoient arrivés la veille vinrent à l'assemblée, où ils étoient appelés ; et par l'air de fierté et d'arrogance qu'ils affectoient, on eût dit qu'ils alloient donner de la terreur à leur général, loin de rien craindre de sa part. Alors Scipion monta sur son tribunal; et en même temps, les troupes qu'on avoit fait sortir de la ville en armes, étant rentrées, se répandirent autour des soldats qui étoient venus à l'assemblée sans armes, suivant l'usage. Dans ce moment toute leur fierté les abandonna. Ce qui les effraya davantage, fut la vigueur et l'embonpoint de Scipion, qu'ils s'étoient attendus de trouver abattu d'une longue maladie, et les plus audacieux tremblèrent en voyant le feu de ses yeux et la tranquille sévérité de son visage. Il demeura quelque temps assis sans rien dire, jusqu'à ce qu'on vint l'avertir que les auteurs de la sédition avoient été conduits dans la place publique, et que tout étoit prêt. Alors, ayant fait faire silence par le héraut, il prit la parole avec cette éloquence vive et mâle qui accable, qui anéantit le coupable: «Quel nom vous donnerai-je ? dit-il aux séditieux. Vous appellerai-je citoyens? vous vous êtes révoltés contre votre patrie. Soldats? vous avez secoué le joug de la discipline militaire. Ennemis ? l'extérieur, les visages, l'habillement annoncent des citoyens : les actions, les discours, les complots me montrent en vous des ennemis.... Après avoir chassé les Carthaginois de

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