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l'Espagne, je ne m'imaginois pas, vu la conduite que j'avois tenue, qu'il y eût dans toute la province un seul lieu où ma vie fût odieuse, un seul homme qui souhaitât ma mort...Dans mon armée, dans mon camp, mes soldats ont appris avec joie le bruit de ma mort; ils en ont attendu la confirmation avec empressement.... Je suppose que je n'aie pas mérité, comme je le croyois, votre attachement et votre fidélité; hélas! que vous avoit fait la patrie que vous trahissez, en vous unissant avec les Espagnols révoltés?... Quel étoit le but de votre entreprise? Espériez-vous ôter au peuple romain la possession de l'Espagne, et vous en rendre maîtres? Insensés! vous aviez donc oublié que la république, qui a triomphé de tant de nations, pouvoit aussi triompher de vos perfides efforts?... Mais que tout le passé demeure enseveli, s'il se peut, dans un éternel oubli, et que la punition des scélérats qui vous ont portés à ce crime, vous serve à l'avenir d'expiation et d'exemple.» A peine Scipion eut-il cessé de parler, qu'on présenta de concert aux yeux et aux oreilles des coupables, tout ce qui pouvoit porter la terreur dans leurs ames. Les soldats de l'autre armée, qui s'étoient répandus autour de l'assemblée, commencèrent à frapper de leurs épées sur leurs boucliers; et, dans le même moment, on entendit la voix du héraut qui citoit ceux qu'on avoit condamnés dans le conseil. Après les avoir dépouillés de leurs habits, on les traîna au milieu de la place; et, sur-le-champ, on fit paroître les instrumens de leur supplice. Pendant qu'on les attacha au poteau, qu'on les battit de verges, et qu'on leur trancha la tête, leurs complices demeurèrent immobiles, et tellement saisis de crainte, qu'il ne leur échappa aucune plainte, ni même aucun gémissement.

4. Zénis, Dardanien, avoit gouverné l'Eolie sous l'autorité du satrape Pharnabaze; et, comme après sa mort on vouloit donner cette province à un autre, Mania,sa veuve, vint trouver Pharnabaze avec des troupes et des présens, et lui dit qu'étant veuve d'un homme qui lui avoit rendu de grands services, elle le prioit de ne lui point ôter les récompenses de son mari, qu'elle le serviroit avec le même zèle et la même obéissance; et que, si

elle y manquoit', il lui seroit toujours libre de la dépouiller de son gouvernement. Elle le conserva donc, et s'y conduisit avec toute la sagesse et toute l'habileté qu'on auroit pu attendre de l'homme le plus consommé dans l'art de commander. Aux tributs ordinaires qu'avoit pavés son mari, elle ajoutoit des présens d'une magnificence extraordinaire; et lorsque Pharnabaze venoit dans sa province, elle le traitoit plus splendidement que ne faisoient tous les autres gouverneurs. Elle ne se contenta pas de conserver les places qu'on avoit commises à sa garde; elle en conquit de nouvelles, et prit, sur la côte de Larisse, Leuxite et Colonne. On voit ici que la prudence, le bon esprit et le courage sont de tout sexe. Mania se trouvoit présente à tout, montée sur un char, et prononcoit elle-même sur les peines et sur les récompenses. Il n'y avoit point, dans les provinces voisines, de plus belle armée que la sienne; et elle tenoit à sa solde un grand nombre de soldats grecs. Elle accompagnoit même Pharnabaze dans toutes ses entreprises, et ne lui étoit pas d'un médiocre secours aussi ce satrape, qui connoissoit tout le prix d'un si rare mérite, faisoit à cette dame plus d'honneur qu'à tous les autres gouverneurs ; il lui donnoit même entrée dans son conseil; et il la traitoit avec une distinction capable d'exciter la jalousic, si la modestie et la douceur de cette héroïne n'eussent tempéré l'éclat de ses vertus.

5. Cotis, roi de Thrace, étoit extrêmement vif et colère, et punissoit avec sévérité les moindres fautes. Un étranger lui ayant apporté de très-beaux vases, admirablement bien ciselés, et travaillés avec un artinfini, mais très-fragiles, Cotis les recut, et fit un riche présent à cet homme. Ensuite il brisa tous ces effets précieux, disant qu'il ne vouloit pas s'exposer à punir ceux qui les casseroient. Le sage se connoît lui-même, et prévient, parsa prudence,les fautes où ses passions pourroient l'engager. 6. Iphicrate, général athénien, étant un jour campé sur les terres de ses alliés, ne laissoit de fortifier son camp d'un fossé et d'une palissade, comme s'il eût été en pays ennemi. « A quoi bon tant de soins, lui dit quelqu'un? que craignez-vous? Quand on ne voit rien à craindre, répondit le prudent capi

pas

<«< c'est alors qu'on doit craindre le plus. Lorsqu'un << malheur imprévu est arrivé, il est honteux pour un < général d'être obligé de dire: Jen'y avois pas pensé.»

Après avoir vaincu et mis en fuite les Lacédémoniens, il les poursuivit jusques dans un défilé trèsétroit, dont ils ne pouvoient plus sortir, à moins qu'ils ne s'ouvrissent un passage à travers son armée. Iphi crate sachant que le désespoir donne du cœur aux plus lâches, s'arrêta, et dit : « Ne forçons pas nos en«nemis à devenir braves. » Il les laissa échapper, et ne voulut point risquer de perdre le fruit de sa victoire, en combattant contre des gens qui n'avoient plus rien à perdre. Voyez PRÉVOYANCE, SAGESSE.

PUDEUR.

འ་ལ་་་་་་་

1. On demandoit à Pythias, fille d'Aristote, quelle étoit la couleur qui lui plaisoit davantage? « C'est, << répondit-elle, celle dont la pudeur orne le visage d'une fille vertueuse. >>

2. Cyane, fille de Syracuse, vengea d'une manière terrible l'outrage que son père, aveuglé par l'ivresse, avoit fait à sa pudeur. Après cet attentat, une affreuse peste ravagea Syracuse. L'oracle consulté répondit qu'il falloit sacrifier le coupable, mais personne ne le connoissoit. Alors Cyane prenant son père par les cheveux, le traîne à l'autel, l'égorge comme une victime, et, sur son corps sanglant, s'égorge elle-même.

«

3. Chez les Romains, un fils en àge de puberté ne se trouvoit jamais aux bains avec son père, ni un gendre avec son beau-père. On regardoit cette loi de modestie et de retenue, comme inspirée par la nature : la violer étoit un crime. « Il est étonnant que parmi nous, dit M. Rollin, la police n'empêche point ce désordre,qui règne impunément au milieu de Paris, dans le temps des bains; « désordre si visiblement contraire aux règles de l'hon« nêteté publique et de la pudeur, si dangereux pour les << jeunes personnes de l'un et de l'autre sexe, et si for<«tement condamné par le paganisme même ! » Voyez CHASTETÉ, HONTE, RESPECT HUMAIN, ROUGEUR. RAILLERIE

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RAILLER I E.

1. ARISTOPHANE, pour satisfaire la haine qu'il portoit

à Socrate, composa contre ce grand homme une pièce qu'il intitula les Nuées. Il introduit sur la scène le philosophe perché dans un panier, et guindé au milieu des airs et des nuées, d'où il débite les maximes, ou plutôt les subtilités les plus ridicules. Un débiteur fort àgé, qui désire se dérober aux vives poursuites de ses créanciers, vient le trouver pour apprendre de lui l'art de tromper en justice ses parties, de leur prouver par des raisons sans réplique, qu'il ne leur doit rien; en un mot, de faire une bonne cause d'une mauvaise affaire. Mais, se sentant incapable de profiter des sublimes leçons de son nouveau maître, il lui amène son fils à sa place. Ce jeune homme, fort peu de temps après, sort de cette savante école, si bien instruit, qu'à la première rencontre il bat son père, et lui prouve, par des argumens subtils, mais invincibles, qu'il a raison d'en user de la sorte. Dans toutes les scènes où paroît Socrate, le poète lui fait dire mille impertinences, mille impiétés contre les dieux, et sur-tout contre Jupiter. Il le fait parler comme un homme plein de vanité, d'estime pour soimême, de mépris pour les autres, qui veut, par une curiosité criminelle, pénétrer ce qui se passe dans les cieux, et sonder ce qui est dans les abîmes de la terre; qui se vante d'avoir des moyens de faire toujours triompher l'injustice, et qui ne se contente pas de garder pour lui ces secrets dangereux, mais qui les enseigne aux autres, et par-là corrompt la jeunesse. Tous ces traits satiriques sont accompagnés d'une finesse de raillerie et d'un sel qui ne pouvoient manquer de plaire infiniment à un peuple d'un goût aussi délicat qu'étoit celui d'Athènes, et naturellement ennemi de tout mérite qui excelloit au-dessus des autres. Aussi les Athéniens en furent si charmés, que sans attendre que la représentation fût finie, ils ordonnèrent que le nom d'Aristophane seroit écrit au-dessus des noms de tous ses rivaux, Tome III.

H

Socrate, qui avoit su qu'on devoit le jouer sur le théa tre, se trouva ce jour-là à la comédie, contre son ordinaire ; car il n'aimoit pas cette sorte de spectacle, où l'on déchiroit impitoyablement la réputation de ses concitoyens. Il assista à celui-ci sans s'émouvoir et sans marquer le moindre mécontentement; et quelques étrangers étant en peine de savoir qui étoit ce Socrate dont on parloit dans toute la pièce, il se levadesa place, 'et se laissa voir tant que l'action dura. Quelques-uns de ses voisins lui dirent: «OSocrate! n'êtes-vous pas indi<< gné des brocards sanglans qu'on vous lance?Nulle<< ment, répondit-il; le théâtre me paroît être un grand « festin où je suis raillé par les convives, et j'entends << raillerie. » La seule vengeance qu'il tira des froides plaisanteries d'Aristophane, fut de les mépriser sans colère, ou plutôt d'en rire le premier.

2. Un orateur égayoit toujours ses discours de plaisanteries et de bons mots : il paroissoit n'avoir d'autre but que de réjouir les juges. «Ne craignez-vous point, « lui dit Plistarque, roi de Lacédémone qu'après

<< avoir bien ri de vos bons mots, on ne rie enfin de «vous? Celui qui cherche tant à faire rire les autres, << devient tôt ou tard ridicule lui-même. >>

3. La mère d'Alexandre-le-Grand railla finementson fils, lorsqu'elle apprit qu'il se faisoit adorer comme dieu, et qu'il se disoit fils de Jupiter : « Je vous conjure, lui << écrivit-elle, de ne me point brouiller avec Junon. »

4. On nous pardonnera de rapporter sous ce titre le fameux mémoire satirique du philosophe Cratès; fiction ingénieuse qui fait voir la folie des hommes qui font volontiers de grandes dépenses pour des choses nuisibles et honteuses, et croient toujours payer trop cher les choses nécessaires et utiles.

liv. S. d.

<<< Pour le cuisinier, dix mines.....400.......

« Pour le médecin, une drachme.............8......... << Pour le flatteur, dix talens......30,000..........

<< Pour l'ami fidelle, de la fumée.....

« Pour la courtisane, un talent.....2,400.

« Pour le philosophe, trois oboles...............2....9. 5. liérode le sophiste étoit si affligé de la mort de Ré

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