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et par ses talens, de recevoir les bienfaits du roi, s'en' rendoit encore plus digne par l'usage qu'il en faisoit après les avoir recus. Galilée ne fut pas oublié dans le plan de cette maison. Son buste fut placé sur la porte, et son éloge, ou plutôt toute l'histoire de sa vie, dans. des places ménagées exprès; et M. Viviani, pour répandre dans le monde un monument qui de luimême n'étoit pas durable, en fit faire des estampes, qu'il mit à la fin d'un de ses ouvrages dédié au roi. 10.Hérode-Agrippa, petit-filsd'Hérode-le-Grand,n'étant encore que particulier, fut arrêté sur de faux soupçons,et conduit à Rome par ordre de l'empereur Tibère, qui le fit attacher au tronc d'un arbre en face de son palais. On étoit en été;la chaleur lui causoit une soifardente, lorsque Thaumastès, esclave de Caligula, vint à passer avec un vase plein d'eau fraîche : il le pria de lui donner à boire; et, l'esclave l'ayant fait avec plaisir, il lui promit de l'en récompenserunjour.Quelque temps après Tibèremourut, et Caligula monta sur le trône. Agrippa,qui n'avoit été mis en prison que pourmortifier Caligula qui l'aimoit, fut aussitôt mis en liberté, et reçut du nouvel empereur le titre de roi de Judée. A sa prière, ce prince affranchit Thaumastès. Agrippa, reconnoissant, le mit au nombre de ses amis et de ses ministres ; et, lorsqu'il mourut, il pria, dans son testament, sa femme et ses enfans de lui conserver le même poste auprès d'eux.

11. Louis XIV avoit, en 1683, chargé Duquesne de bombarder Alger, pour la punir de ses infidélités et de son insolence.Le désespoir où étoient les corsaires,de ne pouvoiréloigner de leurs côtes la flotte qui les foudroyoit, les porte à attacher à la bouche de leurs canons des esclaves français, dont les membres sont portés sur les vaisseaux. Un capitaine algérien, qui avoit été pris dans ses courses, et très-bien traité par les Francais, tout le temps qu'il avoit été leur prisonnier, reconnoît, parmi ceux qui vont subir le sort affreux que la rage aimaginé, un officier, nommé Choiseul,dont il a éprouvé les attentions les plus marquées. A l'instant, il prie, il sollicite, il presse pour obtenir la conservation de cet homme généreux. Tout est inutile; on va mettre le feu au canon ù Choiseul est attaché. L'Algérien se jette aussitôt sur

lui, l'embrasse étroitement, et, adressant la parole au canonnier, lui dit : « Tire; puisque je ne puis sauver << mon bienfaiteur, j'aurai du moins la consolation de << mourir avec lui. » Le dey, sous les yeux duquel la scène se passoit, en fut si frappé, qu'il accorda, les larmes aux yeux, ce qu'il avoit refusé avec tant de férocité.

Le cardinal Wolsey,ministre et favori de Henri VIII, roi d'Angleterre, étant tombé dans la disgrace de son maître, se vit tout-à-coup méprisé des grands, et haï du peuple.Fits-Williams,un de ses protégés,fut le seulqui osa défendre sa cause, et faire l'éloge des talens et des grandes qualités du ministre disgracié. Il fit plus; il offrit sa maison de campagne à Wolsey, etle conjura d'y venir au moins passer un jour. Le cardinal, sensible à ce zèle, alla chez Fits-Williams,qui recut son éminence avec les marques de la plus vive reconnoissance etdu plus profond respect. Le roi, instruit de l'accueil que ce particulier avoit osé faire à un homme tel que Wolsey,fit venir Williams;et demandant d'un airet d'un ton irrités, par quel motifil avoit eu l'audace de recevoir chez lui le cardinal accusé et déclaré coupable de haute trahison? «Sire, ré«pondit Williams, je suis pénétré, pour votre majesté, << de la soumission la plus respectueuse;je ne suis ni mau« vais citoyen, ni sujet infidelle. Ce n'est ni le ministre « disgracié, ni le criminel d'état que j'ai reçu chez moi; <«< c'est mon bienfaiteur, c'est mon protecteur, celui qui « m'a donné du pain, et de qui je tiens la fortune et la < tranquillité dont je jouis. Ah! sire, si je l'avois aban< donné dans son malheur, j'eusse été le plus ingrat des << hommes.>> Surpris, et plein d'admiration, le roi conçut dès cet instant la plus haute estime pour le généreux Fits-Williams. Ille fit chevalier sur-le-champ; et, peu de temps après, il le nomma son conseiller-privé.

13. Après la prise de Corinthe, un Romain se mit en tête de faire abattre les statues qu'on avoit dressées à la mémoire du célèbre Philopémen, l'un des plus grands hommesqu'ait jamais produits laGrèce. Il eut la hardiesse de le poursuivre criminellement, comme s'il eût été en vie, et de l'accuser devant Mummius, général de l'armée romaine, d'avoir été l'ennemi de la république, et

d'avoir toujours traversé ses desseins autant qu'il avoit pu. Cette accusation étoit outrée; mais elle avoit quelque couleur, et n'étoit pas tout-à-fait sans fondement. Lefameux Polybe, qui avoit eu Philopémen pour maître dans la science de la guerre, prit hautement sa défense. Il représenta Philopémen conime le plus estimable des héros qui eût illustré sa patrie, qui pouvoit peut-être avoir quelquefois porté un peu trop loin son zèle pour la liberté de la Grèce; mais qui, en plusieurs occasions, avoit rendu des services considérables au peuple romain,comme dans les guerres contre Antiochuset.contre les Etoliens.Les commissaires, devant qui il plaidoitune si belle cause, touchés de ses raisons, et encore plus de sa reconnoissance, décidèrent qu'on ne toucheroit point aux statues du héros accusé, enquelque ville qu'elles se trouvassent. Polybe, profitant de la bonne volonté de Mummius, lui demanda encore les statues d'Aratus et d'Achéus : et elles lui furent accordées, quoiqu'elles eussent déjà été transportées du Péloponnèse dans l'Acarnanie. Les Achéens furent si charmés du zèle que Polybe avoit fait paroître en cette occasion pour l'honneur des grands hommes de son pays, qu'ils lui érigèrent à lui-même une statue de marbre.

14. Au siége de Namur, en 1695, il y avoit dans l'ar mée du roi Guillaumedeux guerriers du régiment d'Hamilton: l'un bas-officier, nommé Union, l'autre simple soldat, appelé Valentin. Ils devinrent ennemis irréconciliables. Union, qui se trouvoit l'officier de Valentin, saisissoit toutes les occasions possibles de le tourmenter et de faire éclaterson ressentiment. Le soldat souffroit tout sans se plaindre; on, s'il gémissoit quelquefois de cette tyrannie, jamais il n'oublioit l'obéissance aveugle que lui prescrivoient les lois du service. Plusieurs mois s'étoient passés dans cet état, lorsqu'un jourils furent commandés l'un et l'autre pour l'attaque du château de Namur. Les Francais firent une sortie, où l'officier Union recut un coup de feu dans la cuisse. Il tomba; et comme les Francais pressoient de toutes parts les troupes alliées, il s'attendoit à être foulé aux pieds. Dans ce moment, il eut recours à son ennemi : Ah! Valentin! Valentin! <s'écria-t-il, peux-tu m'abandonner? » Valentin, à sa

voix, courut précipitamment à lui; et, au milieu du feu des Fráncais, il mit l'officier sur ses épaules, et l'enleva courageusement à travers les dangers,jusqu'à la hauteur de l'abbaye de Salzine. Dans cet endroit, un boulet de canon le tua lui-même,sans toucherà l'officier. Valentin tomba sur le corps de son ennemi qu'il venoit de sauver. Celui-ci, oubliant alors sa blessure, se relève, en s'arrachant les cheveux ; et, se jetant aussitôt sur le cadavre défiguré de son libérateur: « Ah! Valentin, s'écrie-t-il, «cher Valentin, est-ce pour moi que tu meurs ? pour << moi, qui te traitois avec tant de barbarie? Homme << généreux! je ne pourrai pas te survivre, je ne le veux << pas!.... Non.>> Il fut impossible de le séparer de ce corps ensanglanté. Enfin on l'enleva,tenant toujours embrassé son cher bienfaiteur; et, pendant qu'on les portoit ainsi l'un et l'autre dans les rangs, tous leurs camarades, qui connoissoient leurinimitié,pleuroient à-la-fois d'admiration et de douleur. Lorsqu' Union fut ramené dans sa tente, on pansa, de force, la blessure qu'il avoit reçue; mais le jour suivant, ce malheureux, appelant toujours Valentin, mourut accable de regret, et plein de reconnoissance.

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15. Quelle honte pour les ingrats de voir les animaux leur donner l'exemple de la reconnoissance! Quand les Athéniens, trop foibles pour attendre dans leur ville l'armée innombrable de Xerxès, se furent embarqués afin de se retirer à Salamine, la désolation devint générale, et il n'y eut pas jusqu'aux animaux domestiques qui ne prissent part à ce deuil public. On ne pouvoit s'empêcher d'être touché et attendri, en les voyant courir avec des hurlemens après leurs maîtres qui les abandonnoient. Entre tous les autres,on remarquale chien de Xantippe, père de Périclès, qui, ne pouvant supporter de se voir éloigné de son maître, se précipitadans la mer, et nagea toujours près de son vaisseau, jusqu'à ce qu'il aborda presque sans force à Salamine, et mourut incontinent sur le rivage. On montroit encore dans le même lieu, du temps de Plutarque, l'endroit où l'on prétend qu'il fut enterré, et que l'on appeloit la sépulture du chien. 16. Un éléphant, maltraité par son cornac, (c'est ainsi

qu'on

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qu'on appelle les conducteurs de ces animaux), s'en étoit vengé en le tuant. Sa femme, témoin de ce spectacle, prit sesdeux enfans et les jeta auxpiedsde l'animalencore furieux, en lui disant: « Puisque tu as tué mon mari, «<ôte-moi aussi la vie, ainsi qu'à mes deux enfans.» L'éléphant s'arrêta tout court, s'adoucit, et comme s'il eût été touché de regret, prit avec sa trompe le plus grand des deux enfans, le mit sur son cou, l'adopta pour son cornac, et n'en voulut point souffrir d'autre. Un soldat de Pondichéry, qui avoit coutume de donner à un éléphant une certaine mesure d'arac, chaque jour qu'il touchoit son prêt, ayant un jour bu plus que de raison, et se voyant poursuivi par la garde, qui vouloit le conduire en prison, se réfugia sous l'éléphant et s'y endormit. Ce fut en vain que la garde tenta de l'arracher de cet asile. L'animal reconnoissant défendit son bienfaiteur, et vint à bout d'écarter les soldats. Le lendemain, cet homme, revenu de son ivresse, frémit son réveil de se voir couché sous un animal d'une grosseursi énorme. L'éléphant, qui peut-être s'aperçut de son effroi, le caressa avec sa trompe pour le rassurer, et sembla lui faire entendre qu'il pouvoit s'en aller.

17. Dans le temps que Pyrrhus, roi d'Epire, entroit victorieux dans Argos, un éléphant s'aperçut qu'il avoit perdu son maître, lequel étoit tombé dans la foule des morts outré de douleur, il renverse indifféremment amis et ennemis ; il court de rang en rang, jusqu'à ce qu'il ait trouvé le corps de son maître; il le prend ensuite avec sa trompe, et l'emporte loin des ennemis.

18. On admire encore la fidélité du chien de TitusSabinus, qui n'abandonna jamais son maître dans la prison, qui le suivit au supplice, témoignant sa douleur par des hurlemens lamentables, refusant le pain qu'on lui offroit, et le portant à la bouche de son infortuné maître.Lorsque Sabinus eût été précipité dans le Tibre, son chien s'y jeta avec lui. Croyant son maître encore vivant, il soulevoit sa tête au dessus des flots, s'efforçant, autant qu'il pouvoit, de reconnoître le soin qu'il avoit pris de le nourrir et de l'élever. 19. Dans un spectacle qui se donnoit à Rome, on Tome III.

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