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Jupiter! n'est-il pas lui-même la loi vivante? n'a-t-il pas vaincu pour être seigneur et maître? et le triomphateur de l'Asie doit-il redouter, comme un enfant timide, de vaines opinions? Sortez, seigneur, sortez de cet état avilissant, et ressouvenez-vous de vousmême tout ce que vous faites est bien ; votre volonté doit être la loi des mortels, et vos actions d'objet de nos éloges. >> Par ces trompeuses paroles, Anaxarque vint à bout d'adoucir le désespoir d'Alexandre; mais elles l'accoutumèrent à se livrer sans remords à l'impétuosité de ses passions. Voyez CONSCIENCE, REPENTIR.

RENOMMÉ E.

1.C'ÉTOIT la coutume de se donner mutuellement à l'église le baiser de paix, quand le prêtre, qui disoit la messe, avoit prononcé cés paroles: «Que la paix du «Seigneur soit toujours avec vous!» La reine Blanche, épouse de Louis VIII, ayant reçu ce baiser de paix, le rendit à une fille publique dont l'habillement annonçoit qu'elle étoit mariée, et d'une condition honnête. La reine offensée de la méprise, obtint une ordonnance qui défendoit à ces sortes de personnes, dont le nombre étoit alors très-considérable, de porter << robes à queue, à collets renversés, et avec une cein<< ture dorée. » Ce réglement étant mal observé, les honnêtes femmes s'en consolèrent par ce proverbe : Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée.

2. Henri II, roi de France, pria l'amiral de Coligny de lui dire son sentiment sur l'alliance du comte d'Aumale, avec une des filles de Dianede Poitiers, duchesse de Valentinois, dont la conduite n'étoit pas sans reproche, et de lui parler à cœur ouvert, comme s'il s'agissoit de ses propres intérêts: « Pour moi, lui répondit ce << seigneur, je ferois plus de cas d'un peu de bonne << renommée, que de toutes les richesses qu'une << femme pourroit apporter dans ma maison. »

3. Un homme appelé Caditanus, frappé du nom et de la renommée de Tite-Live, vint des extrémités du

monde pour le voir, et s'en retourna après avoir contenté sa curiosité.

Un Suédois, attiré en France par le grand renom de M. de Fontenelle, qu'il vouloit voir, vint à Paris ; et quand il fut aux barrières de cette capitale, il pria l'un des commis de lui indiquer la demeure de ce célèbre académicien. Le commis lui répondit qu'il ne connoissoit ni M.de Fontenelle, ni sa maison, et qu'il s'en informât plus loin. Le bon étranger suivit inutilement ce conseil: enfin, après bien des recherches, il trouva la maison du savant qu'il venoit visiter, bien surpris qu'un homme dont la renommée avoit pénétré dans le fond de la Suède, et jusqu'aux extrémités du globe, fût à peine connu dans son propre pays, dans la ville même où il séjournoit depuis bien des années. V.RÉPUTATION.

QUELQU'UN

REPARTIE.

1. UELQU'UN Conseilloit à madame de Longueville d'aller à la cour pour lui donner bon exemple : « Je << ne saurois, dit-elle, lui donner un meilleur exemple << que celui de la quitter. »

2. Un gentilhomme s'efforcant de persuader à dom Barthelemi-des-Martyrs de faire quelques nouveaux bâtimens dans son palais, ce vertueux prélat lui dit: «En vérité, monsieur, vous me pardonnerez bien, << sije vous dis que ce que vous voulez me persuader << est pire que ce que le démon proposoit à Jésus« Christ; car il lui conseilloit de changer des pierres << en du pain qui auroit pu nourrir des pauvres ; et « vous, vous me conseillez au contraire de changer << en pierres le pain des pauvres. »

3. Un prélat demandoit à un bon curé de campagne ce que valoit son bénéfice? « Autant que votre évêché, << monseigneur, lui répondit-il; le paradis ou l'enfer, << suivant l'usage que nous ferons de nos talens. >>

4. Louis XIV dit au duc Schomberg, qui étoit hugue. not: «Sans votre religion, il y a long-temps que vous « serięz maréchal de France. Sire, répondit le duc,

:

<< puisque vous me jugez digne de l'être, je suis satis<< fait je n'avois pas d'autre but. » Cette repartie lui valut dans le moment cette dignité, et leva tous les obstacles.

5. Le maître d'hôtel d'un prince, qui le servoit à table, répandit la sauce sur la nappe. Le prince lui dit en riant « J'en ferois bien autant. Je le crois bien, << prince, répondit-il ; je viens de vous l'apprendre. » 6. Le célèbre Vaugelas ayant obtenu une pension par le canal du cardinal de Richelieu, ce ministre lui dit : « Au moins, monsieur, vous n'oublierez pas dans << votre dictionnaire le mot de pension.-Ni celui de reconnoissance, monseigneur, » lui répondit Vaugelas. 7. Un officier francais, ayant remporté un avantage sur les Espagnols, écrivoit à sa femme qu'il en seroit plus digne d'elle. « Si vous aviez moins fait, lui répondit « cette généreuse épouse, je ne vous reverrois jamais.

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8. Quelqu'un consolant madame la maréchale de Villeroi, après la bataille de Ramillies, et lui disant que, graces à Dieu, le maréchal et le duc de Villeroi se portoient bien : « C'est assez pour moi, ré<< pondit-elle ; mais ce n'est pas assez pour eux. »

9. Un grenadier de l'armée du comte de Saxe ayant été pris en maraude, fut condamné à être pendu. Ce qu'il avoit volé pouvoit valoir environ six livres. Le maréchal le voyant conduire au supplice, lui dit : « Il << faut que tu sois bien misérable de risquer à perdre << la vie pour six francs. - Parbleu, mon général, << répondit le grenadier, je la risque bien tous les jours << pour cinq sous. » Cette repartie lui valut sa grace.

10. Un homme sage ne doit jamais donner à un enfant de raison qui puisse être rétorquée contre lui. Un enfant s'étoit levé fort tard; son père, pour le rendre plus diligent, lui dit : « Mon fils, vous ne connoissez pas << encore le prix et les avantages de la diligence. Savez<< vous qu'un homme diligent, s'étant un jour levé fort << matin, trouva une bourse pleine de louis dans son << chemin? -- Mais, mon père, répondit l'enfant, celui << qui l'avoit perdue s'étoit levé encore plus matin. >> Un ministre protestant, homme violent et emporté,

expliquoit à des enfans le Pentateuque. Il en étoit à l'article de Balaam. Un de ses jeunes disciples se mit à rire. Le ministre indigné gronda, menaca, et s'efforca de prouver qu'un âne pouvoit parler, sur-tout quand il voyoit devant lui un ange armé d'une épée : le petit garçon n'en rioit que plus fort. Le ministre s'emporta, et donna un grand coup de pied à l'enfant, qui lui dit en pleurant : « Ah! je conviens que « l'âne de Balaam parloit, mais il ne ruoit pas. >>

11. Un évêque demandoit à M. de Vermandois amiral de France, quel âge il avoit : « Cinq ans, lui <«< répondit ce prince. - Montrez-les moi: on peut << montrer ce qu'on a. Montrez-moi les vôtres, je << vous montrerai les miens. >>

12. Dom Pedre de Tolède, étant ambassadeur pour le roi d'Espagne à la cour de France, s'entretenoit avec le roi Henri IV. Ce prince, venant à parler familièrement de son royaume de Navarre, lui dit que le roi d'Espagne son maître le lui avoit usurpé; que, s'il vivoit encore quelques années, il le sauroit bien recouvrer. Dom Pèdre chercha à justifier son maître; et, alléguant qu'il avoit hérité de ce royaume, il ajouta que la justice avec laquelle il le possédoit, lui aideroit à le défendre. Le roi lui répliqua : « Bien ! bien! Votre raison est bonne, jusqu'à ce que je sois << devant Pampelune ; mais alors nous verrons qui en<< treprendra de la défendre contre moi. » L'ambassadeur se leva là-dessus, et s'en alla précipitamment vers la porte. Le roi lui demanda où il alloit si vîte : « A Pampelune, sire, pour y attendre votre majesté. » 13. Unprince d'Italie, à qui les saillies ne réussissoient jamais, parce qu'il y mettoit plus d'aigreur que d'esprit, étant un jour sur un balcon avec un ministre qu'il cherchoit à humilier, lui dit : C'est de ce balcon qu'un <<< de mes aïeux fit sauter un ambassadeur.-Apparem« ment, répondit sèchement le ministre, que les ambas<< sadeurs ne portoient point d'épée dans ce temps-là. » Le même prince, qui prenoit les titres de deux souverainetés où il n'avoit pas un pouce de terre, voulant mortifier une seconde fois le même ambassadeur, lui

demanda en public où étoit situé le marquisat dont il prenoit le titre : « Entre vos deux royaumes, mon<< seigneur,» répliqua froidement l'ambassadeur.

14. Des ambassadeurs de Hollande à la cour de France étoient invités à dîner par un ministre des finances. On servit au dessert du fromage de Hollande; et comme on parloit de ce pays-là et de ce qu'il produisoit, ce ministre, en montrant le fromage, dit, en s'adressant aux ambassadeurs : « Voilà du fruit de votre << pays. » C'étoit une espèce de raillerie de la Hollande. Les ambassadeurs s'en apercurent; l'un d'eux prit une poignée de ducats, et la jeta au milieu de la salle, en disant : « En voilà aussi. »

15. Barthelemi Socin, célèbre jurisconsulte de Pise, disputoit souvent sur les matières de droit contre Jason Magnus, autre jurisconsulte très-fameux. Un jour que Laurent de Médicis assistoit à leur dispute, Jason, se sentant poussé à bout par son adversaire, s'avisa de forger sur-le-champ une loi qui lui donnoit gain de cause. Celui-ci s'aperçut de la supercherie; et, comme il n'étoit pas moins rusé, il renversa aussitôt cette loi par une autre aussi formelle. Jason, qui n'avoit jamais entendu parler de cette loi, somma son adversaire d'en citer l'endroit. « Elle se trouve, répondit Socin, << à côté de celle que vous venez de rapporter. » Laurent de Médicis applaudit beaucoup à cette repartie.

16. Le gouverneur de Catanne pria un seigneur des plus distingués de la cour d'Alphonse V, roi d'Aragon, de le présenter au monarque : ce courtisan le lui promit; mais, lorsque l'occasion se présenta d'exécuter sa promesse, il se trouva fort embarrassé. Le mérite du gouverneur se réduisoit à bien boire : quel éloge faire d'un tel homme au plus sobre de princes? Enfin ne trouvant rien de recommandable dans le sujet qu'il présentoit, il dit simplement : « Sire, j'ai l'honneur de présenter à votre majesté un homme qui n'est jamais à jeûn << quand le soleil se lève. - Encore moins quand il se « couche,» repartit Alphonse, en lui tournant le dos.

17. Le marquis de Grammont étoit un homme à bons mots, et tout le monde étoit sacrifié à sa passion pour la plaisanterie.

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