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tans qu'ils avoient rendus à la Grèce, ils ouvrirent les yeux, et eurent honte d'une si noire perfidie. L'effet de cet heureux repentir fut prompt. Dès la nuit même, ils firent partir, à l'insu des Athéniens, cinq mille Spartiates, qui avoient avec eux chacun sept Ilotes. Le lendemain matin, les députés renouvelant leurs plaintes avec beaucoup de vivacité, furent très-surpris d'apprendre que le secours étoit en chemin, et s'approchoit de l'Attique. Voyez CONSCIENCE, Pénitence, Remords.

REPUTATION.

1. Lig vicomte de Turenne se rendant à la cour, où le roi l'appeloit, pour lui témoigner la satisfaction qu'il avoit de ses services importans, trouva sur sa route un concours de gens de tout âge et de toute condition, qui venoient au devant de lui pour le voir. Il y en eut en Champagne, qui vinrent de dix lieues sur le chemin par où il devoit passer; et ceux de cette province, persuadés qu'ils lui devoient tout le bien et tout le repos dont ils jouissoient, versoient des larmes de joie en le voyant. Chacun le regardoit comme un homme qui venoit de sauver l'état. On s'arrêtoit dans les rues de Paris pour le voir passer : il ne pouvoit plus aller dans les églises, qu'il ne fût environné d'une foule de peuple, qui sembloit ne pouvoir se rassasier de le voir. La plupart des princes étrangers faisoient venir son portrait. Sa réputation étoit répandue par-tout il avoit des panégyristes dans toutes les cours, dans tous les pays du monde. Est-il rien de plus flatteur et de plus capable d'exciter le zèle et la vertu des jeunes guerriers, témoins, et souvent jaloux d'une gloire aussi pure et aussi étendue?

2. Sur la réputation du P. Sébastien, savant machiniste, M. Gunterfield, gentilhomme suédois, vint à Paris, pour lui redemanders pour ainsi dire, ses deux mains, qu'un coup de canon lui avoit emportées; il ne lui restoit que deux moignons au-dessus du coude. II s'agissoit de faire deux mains artificielles, qui n'auroient pour principe de leur mouvement, que celui de ces

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moignons, distribué par des fils à des doigts qui seroient flexibles. On assure que l'officier suédois fut renvoyé au P. Sébastien par les plus habiles Anglais, peu accoutumés cependant à reconnoître aucune supériorité dans notre nation. Une entreprise si difficile, et dont le succès ne pouvoit être qu'une espèce de miracle, n'effraya pas tout-à-fait l'habile religieux. Il alla même si loin, qu'il osa exposer aux yeux de l'académie des sciences et du public ses études, c'est-à-dire, scs essais, ses tentatives, et différens morceaux déjà exécutés qui devoient entrer dans le dessin général. Il choisit M. du Quet pour remplir ses vues; et cet habile mécanicien mit la main artificielle en état de se porter au chapeau de l'officier suédois; de l'ôter de dessus sa tête, et de l'y remettre. Ce chef-d'œuvre mit le comble à la réputation du P. Sébastien, et lui mérita la visite de plusieurs souverains, celle du czar Pierre, qui l'ad mira et le traita comme s'il eût été son égal; celle du duc de Lorraine qui, étant venu à Paris incognito, alla letrouver dans son cabinet, et y passa plusieurs heures délicieuses. Dès que ce prince fut de retour dans ses états, où il vouloit entreprendre différens ouvrages, il le demanda au duc d'Orléans, régent du royaume, qui accorda avec joie au prince, son beau-frère, un homme qu'il aimoit, et dont il étoit ravi de favoriser la gloire. Le voyage du P. Sébastien en Lorraine, la réception et l'accueil qu'on lui fit, renouvelèrent presque ce que l'histoire grecque raconte de quelques poètes, ou philosophes célèbres, qui allèrent dans des cours où l'éclat de leur nom les avoit appelés, pour y recevoir les récompenses dues à leur renommée. Voyez RENOMMÉE.

RESOLUTION.

1. SYLLA voyant ses troupes qui fuyoient dans un combat qu'il donna près d'Orchomène, met pied à terre, arrache un drapeau des mains d'un soldat qui fuyoit, et marche à l'ennemi, en s'écriant: « C'est «ici, c'est ici qu'il m'est glorieux de mourir pour

« vous si l'on vous demande jamais en quel lien « vous avez abandonné votre général, souvenez-vous «de répondre que c'est à Orchomène. » Ces paroles font rougir les guerriers qui les entendent. Ils se rallient ils combattent de nouveau; ils triomphent.

2. Il est quelquefois arrivé à de grands capitaines de s'ôter tout espoir de retraite pour animer le soldat à vaincre ou à périr. Le prince Maurice, à la bataille de Nieuport, fit écarter ses vaisseaux qui auroient pu servir de retraite à ses troupes; et les menant au combat: << Mes amis, leur dit-il, vous avez derrière << vous Nieuport, qui est aux ennemis; la mer à <<< gauche ; une rivière à droite, et les ennemis en « tête; il ne vous reste qu'un chemin, c'est de passer « sur leur ventre; » et, par cette héroïque disposition, il gagna une bataille, qui fut la cause du salut de la république pour laquelle il combattoit.

3. Les flottes de Turquie et de France assiégeoient de concert la ville de Nice, il y a plus de deux siècles. Un gentilhomme savoyard, qui y commandoit, répondit å la première sommation qu'on lui fit de livrer la place « que l'on s'étoit fort mal adressé; que de son nom, il << s'appeloit Mont-Fort; qu'en ses armes il portoit des «pals; que sa devise étoit : Il me faut tenir ; et que, pour ces considérations, il ne falloit attendre de lui << qu'une vigoureuse défense. » Il tint parole, et força les Turcs et les Francais à abandonner leur entreprise.

4. Un officier-général, du plus grand mérite et de la plus brillante réputation, commandoit dans une bonne place où les ennemis se disposèrent à l'assiéger. Il avoit coupé la rivière qui y passoit ; et bientôt les ennemis qui parurent et qui se campèrent sur les bords de cette rivière, eurent épuisé le peu d'eau qu'avoit laissé la coupure. Leur général fut réduit à envoyer un trompette au commandant de la place, pour le prier de lui donner de l'eau. Il répondit qu'on lui en demandoit de trop loin, mais que si ce général vouloit d'excellent vin de Champagne, il lui en offroit. Le général prit cette réponse pour une raillerie. Il renvoya le trompette pour dire au commandant que s'il ne lui

donnoit de l'eau, il brûleroit toute la ville avec ses bombes, et qu'après le siége il achèveroit de brûler ce que les bombes auroient épargné; qu'il mettroit enfin le feu par-tout. « Dites-lui, repartit le commandant, << qu'il n'y pense pas, et que lorsqu'il me menace du «< feu, il m'avertit de garder l'eau pour l'éteindre. » 5. Jean Guiton ayant été élu maire, capitaine et gouverneur de la Rochelle, pendant que Louis XIII formoit le siége de cette ville rebelle, assembla les habitans, prit un poignard, et leur dit : «Je serai maire, puisque « vous le voulez absolument, mais à condition qu'il << me sera permis d'enfoncer ce poignard dans le sein << du premier qui parlera de se rendre. Je consens « qu'on en use de même envers moi, dès que je pro« poserai de capituler; et je demande que ce poignard << demeure tout exprès sur la table de la chambre où << nous nous assemblons dans la maison-de-ville. » La famine ayant réduit la Rochelle à la plus affreuse désolation, le maire vit une personne exténuée par la faim: Elle n'a plus qu'un souffle de vie, lui dit quelqu'un.

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Qu'y a-t-il d'étonnant? répondit-il. Il faudra bien « que nous en venions là, vous et moi, si nous ne << sommes secourus. Mais, ajouta un autre, la << faim emporte tant de monde, que bientôt nous « n'aurons plus d'habitans. -- Eh bien! reprit le maire, <«< il suffit qu'il en reste un pour fermer les portes. » 6. Pélopidas, ce Thébain fameux, qui, après avoir rendu la liberté à sa patrie, l'éleva au comble de la gloire, marchoit à la tête de son armée. Un soldat ayant apercu les Lacédémoniens qui approchoient, courut lui dire : « Ah! seigneur, nous sommes tom<«<bés entre les mains des ennemis. --- Lâche, ré<< pondit aussitôt le général, dis plutôt qu'ils sont tom« bés entre les nôtres. » Aussitôt il donne le signal, marche aux Spartiates, les attaque, les combat, les défait, et remporte la victoire de Tégyre, fameuse, parce que ce fut la première action où les Lacédémoniens furent battus avec l'avantage du nombre.

7. Une autre fois, Pélopidas marchant contre les troupes d'Alexandre, tyran de Phères, quelqu'un

vint lui dire qu'on voyoit approcher ce prince à la tête d'une grosse armée : « Tant mieux, répondit-il; s'ils << sont beaucoup nous en battrons un plus grand << nombre. » En effet, ayant aussitôt attaqué l'ennemi, il remporta la victoire; mais s'étant laissé entraîner par son courage, en poursuivant le tyran qu'il avoit aperçu, il fut enveloppé et tué au sein même de son triomphe.

8. Un citoyen de Lacédémone, appelé Padarète, entendant dire que l'armée des ennemis étoit très-nombreuse, répondit avec une intrépide résolution: «Tant << mieux, le danger sera plus grand, et la victoire << plus glorieuse. »

9. Le premier exploit qui signala la valeur de Charles XII, roi de Suède, fut une deseente qu'il fit à Coppenhague, Capitale du Danemarck. Les bateaux de débarquement n'étoient encore qu'à trois cents pas du rivage, lorsque ce prince, impatient de ne pas aborder assez près, ni assez vite, se jeta de sa chaloupe dans la mer, l'épée à la main, ayant de l'eau par-dessus la ceinture. Les officiers, les soldats suivent aussitôt son exemple, et marchent au rivage malgré une grêle de mousquetade que tiroient les Danois. Le roi, qui n'avoit jamais entendu de sa vie de mousqueterie chargée à balle, demanda au major Stuar, qui se trouvoit auprès de lui, ce que c'étoit que ce petit sifflement qu'il entendoit à ses oreilles ? « C'est le bruit que font les balles de fusil, qu'on vous << tire, dit le major-Bon! reprit le roi, ce sera dé<<< sormais ma musique. »

10. Le maréchal Fabert, en forçant une barricade, y fut blessé à la cuisse d'un coup de feu. On trouva sa plaie si dangereuse par une furieuse inflammation, et par un commencement de gangrène, que les chirurgiens conclurent à l'amputation de la partie malade. Les amis de ce grand capitaine le conjurèrent de consentir à se laisser retrancher un membre pour conserver tous les autres : « Non, non, leur répondit-il : il ne faut point << mourir par pièces; la mort m'aura tout entier, on << n'aura rien. » Le maréchal dut son salut à cette

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