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DICTIONNAIRE

HISTORIQUE

D'ÉDUCATION,

1.A PEINE

PARDO N.

PEINE Jésus-Christ fut-il attaché à la croix, qu'il offrit ses peines à son père, en faveur de ses bourreaux et de ses plus cruels ennemis : « Omon Père ! << s'écria ce Dieu de miséricorde, pardonnez-leur; car << ils ne savent ce qu'ils font. >>

S. Etienne, diacre et premier martyr, parfait imitateur de son Maître, se met à genoux, lors même que les Juifs, acharnés contre lui, le lapident, et crie à haute voix, dans l'ardeur de sa charité: «Omon Dieu! << ne leur imputez point ce péché !» et, après cette parole, il rendit son ame au Seigneur.

2. S. Jean l'aumônier avoit exhorté plusieurs fois un des grands seigneurs d'Alexandrie à se réconcilier avec son ennemi. Mais le trouvant toujours inflexible, il le mena dans sa chapelle, et y célébra le saint sacrifice de la messe, n'y laissant entrer qu'une personne pour la servir. Lorsqu'ils prononçoient tous trois ensemble l'oraison dominicale, selon la coutume de ce temps-là, il fit signe au servant de se taire à ces mots : «Pardonnez<«< nous nos offenses, comme nous les pardonnons à << ceux qui nous ont offensés;» et lui-même se tut, en sorte que le seigneur fut le seul qui les prononça. Le saint, se tournant vers lui, lui dit avec beaucoup de douceur: «< Songez-vous bien, mon frère, à ce que vous << venez de dire à Dieu, lorsque, lui demandant pardon, << vous avez protesté que vous pardonniez à ceux qui « vous ont offensé? « Ce seigneur, frappé comme d'un de foudre, se jeta sur-le-champ aux pieds du saint Tome III.

coup

A

prélat, et lui répondit: « Votre serviteur est prêt à faire << tout ce que vous lui commanderez; » et, sans différer, il se réconcilia très-sincèrement avec son ennemi.

3. Théodose-le-Grand,ayant imposé une contribution extraordinaire,chargea ses officiersde la leverdans toutes les provincesde l'empire. Les ordres du prince ne trouvèrent aucune résistance dans le reste de la Syrie; mais ils soulevèrent Antioche.Cette ville étoit, par sa grandeur, par son opulence, parla beauté de sa situation et de ses édifices, considérée comme la capitale de l'Orient.Divisée en quatre quartiers entourés de murailles, et qui formoient presque autant de villes, elle renfermoit deux cent mille habitans, partagés en dix-huit tribus. A ce peuple nombreux se joignoit une infinité d'étrangers qui s'y rendoient sans cesse de toutes les contrées de l'univers. Tant d'humeurs diverses étoient une matière toujours préparée aux plus violentes agitations. On parloit depuis quelques jours, de la nouvelle imposition; ce n'étoit qu'un bruit sourd,qui trouvoit peu de croyance,mais qui mettoit déjà les esprits dans cet état d'incertitude où ils deviennent plus faciles à émouvoir. Les ordresde l'empereur étant arrivés pendant la nuit du 26 de Février le gouverneur assembla, de grand matin, le conseil.La lecture des lettres n'étoit pas achevée, que les assistans s'abandonnent à la douleur. Ils s'écrient: «que la somme « est exorbitante; qu'on peut leur briser les os par les << tortures, leur tirer tout le sang des veines; mais qu'en «vendant et leurs biens et leurs personnes, on ne << pourra trouver de quoi satisfaire à cette exaction <«< cruelle. » Les murmures, les gémissemens, les cris, les marques du dernier désespoir troublent toute l'assemblée. Plusieurs élèvent la voix, pour adresser à Dieu des prières plus séditieuses encore que les murmures. Le gouverne ur fait de vains efforts pour les appaiser. Ils sortent de la salle, et courent comme des forcenés sous le portique. Là, redoublant leurs cris en se dépouillant de leurs robes, ils appellent les citoyens : ils leur exagèrent le sujet de leur alarme. On accourt de toutes parts: bientôt un peuple innombrable les environne ; la fureur se communique plus promptement que leurs pa

roles: la plupart ignorent encore la cause du tumulte, et frémissent déjà de colère. Tout-à-coup, sans aucun commandement, il se fait un grand silence: cette immense populace demeure calme et immobile, ainsi que lamer aux approches d'un violent orage; et, un moment après, poussant des cris furieux,et se divisant en plusieurs troupes, comme en autant de vagues, les uns se jettent dans les thermes voisins ; ils renversent, ils brisent, ils détruisent et les vases et les ornemens : d'autres courent à la maison de l'évêque Flavien, et ne l'ayant pas trouvé, ils reviennent à la salle du conseil, d'où le gouverneur n'avoit encore osé sortir : ils tâchent d'en enfoncer les portes, et menacent de le massacrer; ce qui n'étoit point sans exemple à Antioche. N'ayant pu réussir, ils se dispersent, en criant : « Tout est perdu! tout est per<< du ! La ville est abîmée sans ressource! Une impo<<sition tyrannique a détruit Antioche ! »

Tout ce qu'il y avoit d'étrangers, de misérables, d'esclaves, grossit la foule des séditieux. Ce mélange confus ne connoît plus ni prince, ni magistrats, ni patrie. A la vue des portraits de l'empereur, qui étoient peints en plusieurs endroits de la ville, la rage s'allume. On l'insulte de paroles et à coups de pierres; et, comme s'il respiroit encore plus sensiblement dans les ouvrages de bronze, on va attaquer ses statues, on n'épargne pas celles de Flaccille, d'Arcadius et d'Ilonorius, ni la statue équestre de Théodose le père. On attache des cordes à leur cou; chacun s'empresse de prêter son bras à ce ministère de fureur: on les arrache de leurs bases; on les brise en morceaux, en les chargeant d'opprobres et d'imprécations: on en abandonne les débris aux enfans, qui les traînent par les rues de la ville.

Ce dernier excès d'insolence effraya les coupables euxmêmes.Lavue des images d'un empereursi respectable, brisées et mises en pièces, les frappa d'horreur, comme s'ils eussent vu les membres du prince même épars et déchirés. Pâles et tremblans, la plupart s'enfuient et se renferment. La sédition se ralentissoit, mais elle n'étoit pas encore appaisée. Une troupe des plus opiniâtres s'assemble autour de la maison d'un des principaux séna

teurs, qui, se tenant renfermé chez lui, paroissoit condamner la révolte. Ils y mettent le feu.Pendant l'emportement du peuple, les plus sages citoyens n'avoient osé s'exposer. Les magistrats, cachés dans leurs maisons, ne songeoient qu'à conserver leur vie. Ne pouvant se concerter ensemble,niprendre aucunemesure,ils en étoient réduits à faire des voeux au ciel. Quantité de voix appeloient en vain le gouverneur. Quoique ce fût un officier vaillant, et qui s'étoit signalé dans la guerre, cependant il n'osa se montrer jusqu'au moment où il apprit que la plus grande fougue du peuple étoit passée, et que la maison du sénateur n'étoit attaquée que par une poignée de misérables. Il s'y transporta à la tête de sa garde: il n'en coûta que deux coups de flèches pour dissiper ce reste de séditieux. Le comte d'Orient, qui commandoit les troupes,et qui n'avoit pas montré plus de hardiesse, vint alors se joindre à lui. Leurs soldats poursuivirent les mutins, qui fuyoient devant eux; on en prit un grand nombre, qui furent aussitôt enfermés dans les prisons.

On remarqua que les femmes de la plus vile populace, qui ont coutume de signaler leur rage dans ces émeutes soudaines, ne prirent aucune part à celle-ci. L'agitation, qui subsistoit encore dans les esprits, après tant de secousses violentes, fit, comme il arrive souvent, imaginer des fantômes et des prodiges bizarres. On ne pouvoit croire que ce désordre n'eût pas été produit par une puissance surnaturelle. Le bruit courut que, dans le fort du tumulte,on avoit vu un vieillard d'une taille gigantesque, monté sur un puissant cheval,et que,s'étant changé d'abord en jeune homme, ensuite en enfant, il avoit disparu.On disoit encore que,la nuit d'auparavant, on avoit aperçu au-dessus de la ville, une femme horrible à voir et d'une grandeur effrayante; que ce spectre avoit passé sur toutes les rues, en frappant l'air d'un fouet, avec un bruit affreux. Ce n'étoit rien moins, dans l'idée du peuple, qu'un monstre infernal, qui excitoit les esprits à la fureur, de la même manière que les valets de l'amphithéâtre animoient, à grands coups de fouets, la rage des bêtes féroces dans les spectacles. Selon S. Jean-Chrysostôme, il n'étoit pas besoin que le démon courût dans

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