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ville est éclairée de flambeaux. On bénit l'Étre souverain qui tient en sa main le cœur des princes: on célèbre la clémence de l'empereur; on comble de louanges Flavien, Hellébiqne et Césaire. Hellébique prend part à la réjouissance publique : il se mêle dans les jeux, dans les festins. Les jours suivans, on lui dressa des statues, ainsi qu'à Césaire; et lorsqu'il fut ensuite rappelé par l'empereur, il fut conduit hors de la ville avec les vœux et les acclamations de tout le peuple. Flavien reçut, à son arrivée, des témoignages de reconnoissance encore plus précieux et plus dignes d'un évêque. Il fut honoré comme un ange de paix; et toutes les églises retentirent d'actions de graces.

Ainsi se terminèrent les suites d'une sédition que la politique se seroit crue obligée de châtier à la rigueur, pour donner un exemple terrible. Celui qui veille en même temps à la sureté et à la gloire des monarques qui le servent, ne voulut armer contre les coupables que les bras de leurs propres magistrats: il ne laissa au prince que l'honneur de pardonner.

4. Théodose II avoit vingt ans accomplis; et l'illustre Pulchérie, sa sœur, lui cherchoit une épouse dans les plus nobles maisons de l'empire. Paulin, qu'une tendre amitié attachoit à l'empereur depuis l'enfance, partageoit ce soin avec l'auguste tutrice; et ils éprouvoient tous deux combien il est difficile de rencontrer ensemble toutes les graces et toutes les vertus. Pendant qu'ils s'occupoient de cette recherche, une jeune Athénienne, conduite par l'infortune, vint à Constantinople. Elle étoit fille de Léonce, célèbre sophiste d'Athènes ; et son père, trouvant déjà en elle tous les dons de la nature, avoit pris le plus grand soin de cultiver son esprit. Il y avoit beaucoup mieux réussi que dans l'éducation de ses deux fils, qui n'eurent d'autre mérite que d'être frères d'Athénaïs (c'étoit le nom de cette fille). Léonce étoit riche. Il mourut, etfit en mourant un testament bizarre. « Je laisse, disoit-il, tous mes biens à mes deux fils « Valère et Génésius, à condition qu'ils donneront à leur << sœur cent pièces d'or. Pour elle,son mérite,qui l'élève << au-dessus de son sexe, lui sera d'une assez grande res< source. » Les cent pièces d'or ne faisaient guère que

treize à quatorze cents livres de notre monnaie actuelle. Athénaïs, déshéritée pour la raison même qui rend les autres pères plus favorables, conjura d'abord ses deux frères de réparer cette injustice, et de lui accorder sa légitime, les prenant à témoins qu'elle n'avoit pas mérité. cette disgrace, et leur représentant que l'indigence de leur sœur seroit pour eux, sinon un sujet d'affliction, du moins un reproche continuel. Ces ames vulgaires n'écoutèrent que l'intérêt;et pour oublier leur sœur,ils la chassèrent de la maison paternelle. Elle se réfugia chez une tante qui la conduisit à Constantinople, pour y solliciter la cassation du testament.Elless'adressèrentà Pulchérie. Athénaïs étoit d'une beauté éblouissante. Elle exposale sujet de ses plaintes avec des graces si touchantes,que la princesse fut aussi charmée de son esprit quedesabcanté. Pulchéries'informa de ses mœurs;etayantapprisqu'elles étoient irréprochables, elle crut avoir trouvé dans cette jeune fille ce qu'elle cherchoit vainement à la cour. Elle fitaussitôt part à son frère de cette heureuse découverte.

Ce récit excita dans le jeune prince une vive impatience de voir Athénaïs.Sous prétexte de s'instruire plus en détail de l'objet de sa requête, Pulchérie la fit entrer dans son appartement, où Théodose, sans être apercu d'elle, eut le temps de la considérer d'un lieu où il étoit avec Paulin. Tous deux furent frappés de l'éclat de sa personne, tandis que Pulchérie admiroit la justesse, les graces et la modestie de ses discours. Théodoseen devint passionnément amoureux, et n'eut point de repos que le mariagene fût conclu.Léonce étoit païen. Athénaïs, élevée dans la religion de son père, fut instruite du christianisme, et baptisée sous le nom d'Eudocie. Les frères de l'impératrice avoient mérité son ressentiment. Ils prirent la fuite et se cachèrent, dès qu'ils apprirent qu'elle étoit devenue épouse de leur souverain. La princesse, plus généreuse et plus habile qu'ils n'étoient en fait de vengeance,ne voulut les punir que par des bienfaits.Elle les fit chercher, et conduire à Constantinople. Lorsqu'ils parurent devant elle, tremblans et deconcertés : « Ne << craignez rien, leur dit-elle; loin de vous savoir mau<< vais gré, je vous regarde comme les auteurs de mon « élévation.Ce n'est pas votre dureté qui m'a bannie de

<< la maison paternelle, c'est la Providence divine qui << m'a prise par la main, pour me conduire sur le trône.» Elle procura à Valère la dignité de maître des offices, et à Génésius celle de préfet du prétoire d'Illyrie.

5. Au troisième siècle,il y avoit en Orient un chrétien nommé Nicéphore, qui étoit ami particulier d'un prêtre nommé Saprice. Après avoir été long-temps parfaitement unis, leur amitié se ralentit, et finit par une rupture entière. Il y avoit déjà plusieurs années que leur inimitié duroit, lorsque le laïque rentrant en lui-même,s'adressa enfin aux amisdu prêtre pour tâcherde se réconcilieravec lui, mais inutilement. Iisejette aux pieds de Saprice, le conjure de lui pardonner;mais ce prêtre implacable est sourd à ses prières. Dans la persécution de Valérien,Saprice est arrêté par les persécuteurs, et fait paroître un courage héroïque dans une cruelle question à laquelle on l'appliqua.Condamné à avoir la tête coupée,il est conduit ausupplice.Nicéphore accourt,se prosterne de nouveau à ses pieds, lui demande humblement son pardon; mais Saprice ne daigne pas lui répondre.Nicéphore court par une autre rue pour se présenter encore devant lui, avec Jarmes, et le presse, par les prières les plus touchantes, le suivant ainsi jusqu'au lieu du supplice, et continuant, avec l'étonnement des bourreaux,de solliciter sa réconciliation; mais le cœur de ce prêtre, déjà endurci, demeure inexorable. Il ose monter à l'autel où se devoit offrir son sacrifice, contre la defense de Jésus-Christ, sans se réconcilier auparavant avec son frère. Lorsqu'il est sur l'échafaud, l'exécuteur lui dit de se mettre à genoux,afin de lui abattre la tête;mais à l'instant, l'horreur de la mort saisit son ame : il demande grace,il offre d'immoler aux faux dieux, conformément à l'édit de l'empereur.Dieu fit voir en cette rencontre,combien il déteste l'oblation d'un homme dont le coeur est rempli de haine, et combien il chérit celui qui pardonne.Nicéphore,saisi de douleur à la vue d'une telle apostasie,se déclare chrétien.On l'arrête; on lui tranche la tête; il recoit la couronne du martyre, dont Saprice s'étoit rendu indigne.

Le calife Hussein, fils d'Ali IV, ayant été blessé par un esclave, qui lui laissa tomber, par mégarde, un plat

de viandes chaudes sur la tête, le regarda d'un œil assez fier, mais sans emportement. L'esclave se jeta aussitôt à ses pieds,et lui dit ces paroles de l'Alcoran: «Le paradis << est fait pour ceux qui retiennent et domtent leur co« lère.» Hussein lui répondit qu'il n'en ressentoit point. L'esclave continua de répéter les paroles du même verset: «Et qui pardonnent à ceux qui les ont offensés.« Je te pardonne aussi, » répliqua le calife. Enfin l'esclave, achevant de prononcer les dernières paroles du texte : « Dieu aime sur tout ceux qui leur font du << bien; Hussein lui dit : « Je te donne aussi la li<< berté, et quatre cents drachmes d'argent. »

7. Un militaire,ancien dans le service,ayant obtenu de lacour un gouvernement considérable,en fut privé quelques années après, par Alfonse V, roi d'Aragon,qui jugea à propos de le donner à un autre. L'officier fut si piqué de cette disgrace, qu'il sortit du royaume, et alla parcourir l'Espagne,laFrance,et ensuite toute l'Allemagne,se plaignant par-tout de l'injustice du roi, sans même épargner les calomnies les plus atrocesqu'il semoit adroitement dans ces différentes cours,afin de le rendre plus odieux. Comme il s'aperçut à la fin qu'il ne tiroit pas grand profit de toutes ses déclamations,et que les ennemis d'Alfonse,après avoir pris plaisir à l'écouter,ne lui donnoient rien, il prit le parti de s'en retourner.Le roi, quelque temps après,sut qu'il s'étoit réfugié à Florence; il lui fit dire qu'il pouvoit venir à la cour en toute sureté, ajoutant ces paroles remarquables: «On n'a point encore «< oublié vos services; mais votre offense est déjà ou«bliée. » Alfonse ne s'en tint pas à des sentimens stériles; il voulut encore lui payer les frais de son voyage, et lui fit même présent d'une somme d'argentconsidérable. 8. Abaza s'étant révolté contrAmuratIV,cet empereur envoya l'assiéger dans Erzerum,par le grand-visirKhosrou,qui prit la ville,et se saisit de la peronne du chefdes rebelles.Le visir, quoique naturellement sévère,accorda le pardon aux habitans,et reprit en triomphe la route de Constantinople.Comme il approchoit de cette capitale, tout le peuple sortit en foule à sa rencontre,attiré par la réputation d'Abaza. Chacun s'empressoit de voir cet

-illustre captif, qui avoit été pendant plusieurs années la terreur de l'empire ottoman. Amurat lui-même, impatient de satisfaire sa curiosité,quitta le serail,et s'avança à cheval hors de la ville,environné d'une troupe de jeunes gens de son âge. On luiprésente Abazachargé de chaînes. Il arrête quelque temps sur luides regards de surprise et d'admiration; puis, rompant tout-à-coup le silence : « Je << te pardonne, Abaza, dit-il; tes exploits m'ont fait ou<< blier ta trahison; et pour mieux t'engager à la réparer, << je te fais bacha de Bosnie.» Aussitôt mille cris de joie applaudissent à la générosité du jeune sultan, tandis qu'Abaza lui jure, à ses pieds, une fidélité inviolable.

9. Le maréchal de Villars avoit mis à prix la tête du chef des camisards,hérétiques quis'étoient révoltés dans les Cévennes.Cerebelle,témoin du supplice de ses compagnons, reconnoissant que tôt ou tard il lui faudroit subir le même sort, prit un parti qui lui réussit. Il connoissoit la générosité et la clémence du maréchal. S'étant présenté à ce général,qui ne le connoissoit que de nom, il lui demanda s'il étoit vrai qu'il eût promis mille écus à celui qui le livreroit mort ou vif? Le maréchal ayant répondu que oui : « Cette récompense me seroit due << continua le camisard, si mes crimes ne m'en avoient << rendu indigne ; mais j'ai tant de confiance en la clé« mence du roi et en votre générosité, que je ne crains << point de vous apporter moi-même cette tête crimi<< nelle dont vous pouvez disposer. » Il étoit à genoux en disant ces mots. Le maréchal, l'ayant fait relever, lui fit compter sur-le-champ les mille écus, et expédier une amnistie générale pour lui et pour quatrevingts personnes de sa suite.

10. Des courtisans de Philippe-le-Bel excitoient ce prince à sévir contre un prélat qui l'avoit offensé : « Je «sais, leur répondit-il, que je puis me venger; mais << il est beau de le pouvoir, et de ne le pas faire. »

11.Quelques complices d'une grande conjuration formée contre le roi Robert et son état, furent arrêtés, et conduits devant ce monarque,auquel ils avouèrent leur crime,avec toutes les marques d'un sincère repentir.La cour des seigneurs assemblés les condamna à mort, sans vouloir révoquer cette terrible sentence.Robert seul fu

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