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entendre que pour un soufflet il lui donneroit un coup de poing. Le Grec, au contraire, déjà prévenu en faveur du fou, se figura qu'il vouloit dire par ce geste, que Dieu tient l'Univers dans sa main; et jugeant par-là de la profonde sagesse des Romains, il leur accorda les lois de Solon.

USSY

SIMPLICITÉ.

1. Bussy d'Amboise ayant appris que tous les seigneurs de la cour de Henri II, qui étoient d'un même tournoi que lui, faisoient des dépenses extraordinaires pour leurs équipages et pour leurs habits, fit vêtir ses gens comme des seigneurs, et lui marcha le plus simplement du monde au milieu de ce train magnifique. Lanature alors fit valoir tellement ses avantages dans la personne de Bussi, que Bussi fut pris seul pour un grand seigneur ; et tous les seigneurs qui s'étoient fiés à leur magnificence, ne passèrent que pour des valets.

2. Gontran, roi de Bourgogne, trouva dans la dépouille du duc Mummol, qu'il avoit vaincu, trois cents quarante mares de vaisselle d'argentqu'il fit briser afinde les distribuer en aumônes. « Je n'en ai réservé que deux << plats, disoit-il; et c'est autant qu'il en faut pour le ser« vice ordinaire de ma table. » Ce prince, par ses manières simples et populaires, se fit adorer de ses sujets.Il alloit souvent les voir dans leurs maisons, et y mangeoit ce qu'ils lui présentoient. Aussi ne l'appeloient-ils que notre bon roi Gontran.Quand,après quelques voyages,il revenoit dans sa capitale, tout le peuple sortoit au devant de lui avec les bannières, en criant : « Vive le roi ! » et ce prince embrassoit les chefs du peuple, tendoit la main. aux moindres citoyens, et satisfaisoit tout le monde par son affabilité. On eût dit un bon père qui rentroit dans le sein de sa famille, et qui caressoit ses enfans.

3, Charles-Quintavoitla vanité de remplir ses lettres et ses dépêches d'une multitude de titres, énonçant toujours les couronnes et les royaumes d'Espagne. Il eut même la passiond'ériger les Pays-Bas en monarchie.Pour

faire la critique de cette conduite, François I prit, . en lui écrivant, la qualité de premier gentilhomme de France, et celle de seigneur de Vanvres et de Gentilly, villages des environs de Paris.

4. Pharnabaze, un des plus grands seigneurs de Perse, ayant demandé une entrevue à Agésilas, roi de Sparte, pour traiter de la paix, un ami commun ménagea cette conférence. Le monarque lacédémonien arriva le premier au rendez-vous avec ses amis ; et, en attendant le satrape, il s'assit à l'ombre d'un arbre sur le gazon qui s'y rencontra. Dès que Pharnabaze fut arrivé, ses gens étendirent à terre des peaux très-douces et à long poil, de riches tapis de diverses couleurs, et de magnifiques coussins. Mais voyant Agésilas assis tout simplement à terre, sans appareil, il eut honte de sa mollesse, et s'assit comme lui sur l'herbe nue. Ainsi l'on vit dans cette occasion tout le faste persan venir faire hommage à la simplicité et à la modestie spartaine. 5. Alfonse V, roi de Sicile et d'Aragon, ne se piquoit pas de montrer beaucoup de magnificence en ses habits; son extérieur assez simple le distinguoit peu d'un particulier ou d'un homme ordinaire; et, comme on lui représentoit qu'il falloit soutenir la majesté royale: « Ce n'est pas la pourpre, répondit-il, ni l'é<< clat des diamans qui doivent distinguer un roi; mais << la sagesse et la vertu. » Il alloit souvent dans les rues à pied, sans être accompagné. Ses courtisans lui exposèrent que sa sureté exigeoit qu'il fût suivi de gardes et de gens armés, ainsi qu'en usent tous les princes, quand ils sortent. « C'est aux tyrans, répondit-il, à << marcher environnés de satellites; mes gardes sont << ma propre conscience et l'amour de mes sujets. » Comme il alloit un jour à sa bibliothèque prendre quelques livres dont il avoit besoin, il la trouva fermée, et celui qui en avoit la clef étoit sorti. L'expédient qu'il prit fut de rompre la serrure, et d'enfoncer la porte. Un prélat très-considéré à la cour vint à ser dans ce moment. Etonné de le voir occupé à cette opération, il lui dit : « Quoi! un roi comme vous « daigne faire le métier d'un garçon serrurier? » Al

pas

fonse, riant de la surprise de l'évêque, lui répondit : <<< Je crois que la nature a donné aux rois des mains <«< comme aux autres hommes; et je ne pense pas << qu'elle leur ait jamais défendu de s'en servir dans << les occasions où elles peuvent leur être utiles. >>

6. Julie, fille unique de l'empereur Auguste, entra un jour dans l'appartement de son père avec une parurc indécente : le prince en fut choqué, et la recut très-froidement. Le lendemain, elle se présenta devant lui dans un habillement simple et modeste. Auguste, charmé de ce changement, l'embrassa avec tendresse, et s'écria: «Oh! combien cette noble simplicité est<< elle plus digne de la fille d'Auguste! Hier, ré<< pondit la princesse, j'étois parée pour mon époux; « aujourd'hui je suis parée pour mon père. »

7. Un seigneur de Hagi, château situé dans le comté de Kybourg, près de Winthertour en Suisse, faisoit de l'agriculture son occupation ordinaire, quoiqu'il possédát plusieurs fiefs. Il réservoit ses meilleurs chevaux pour la charrue. Son fils, jeune et d'une figure agréable, les guidoit, tandis que le père en cheveux blancs, ouvroit le sein de la terre, et traçoit les sillons. Un duc d'Autriche, qui alloit à Winthertour, aperçut en passant ces laboureurs respectables, et fut frappé de l'attelage. Il s'arrête. « Faites halte, dit-il au grand<< maitre de sa maison. Je n'ai jamais vu un si beau << paysan, ni des chevaux si superbes attelés à une «< charrue. » Mais quelle fut sa surprise, lorsque le grand-maître lui apprit que c'étoit le baron de Hagi, qui labouroit avec son fils! Le duc faisoit quelque difficulté de le croire. « Monseigneur, reprit le grand<«< maître, votre grandeur pourra s'en convaincre de<< main par elle-même. Elle le verra venir à cheval à <«<sa cour pour lui offrir ses services. » En effet, le lendemain le baron de Hagi, accompagné de sept de ses gens, tous à cheval, vint à Winthertour faire sa cour au duc, qui ne manqua pas de lui demander si c'étoit bien lui qu'il avoit vu la veille à la suite d'une charrue superbement attelée? « Oui, monseigneur, répondit << le baron avec dignité, c'est moi-même. J'aime l'agri

«

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« culture, et je ne trouve pas, après la guerre pour la dé«<fense de la patrie, d'occupation plus digne d'un gentil<< homme, que celle de faire valoir lui-même ses terres.» 8. Le consul Mummius ayant pris la ville de Corinthe, fit transporter à Rome les tableaux exquis, et les belles statues qui décoroient cette superbe cité; mais il étoit si peu connoisseur, qu'il menaça sérieusement celui qui étoit chargé du transport de ces ouvrages précieux, que, s'il en perdoit quelques-uns, il seroit tenu d'en fournir d'autres à ses dépens.

9. Pendant la première guerre punique, le fameux M. Attilius Régulus fut envoyé en Afrique pour combattre les Carthaginois. Le temps de son consulat étant expiré, le sénat ne jugea pas à propos de rappeler cet habile général, et d'interrompre le cours de ses victoires. Il lui continua le commandement des armées. Personne ne fut autant affligé de ce décret que celui à qui il étoit si glorieux. Il écrivit au sénat pour s'en plaindre, et pour lui demander qu'on lui envoyât un successeur. Une de ses raisons étoit qu'un homme de journée, profitant de l'occasion de la mort de son fermier qui cultivoit son petit champ, composé de sept arpens, s'étoit enfui après avoir enlevé tout son équipage rustique; que sa présence étoit donc nécessaire, peur que, si son champ venoit à n'être plus cultive, il n'eût point de quoi nourrir sa femme et ses enfans. Le sénat ordonna que le champ seroit cultivé aux dépens du public; qu'on rachèteroit les instrumens de labourage qui avoient été volés, et que la république se chargeroit aussi de la nourriture et de l'entretien de la femme et des enfans de Régulus. Ainsi le peuple romain se constitua, en quelque sorte, le fermier de ce grand homme.

de

10. Philopémen, l'un de plus illustres capitaines de son siècle, étant en marche avec son armée, prit les devants, et arriva le premier au lieu où il devoit loger. On y avoit été averti de son arrivée, et chacun s'empressoit à préparer un repas magnifique pour un personnage d'une réputation si brillante. Quand il entra, comme il n'avoit pas une mine fort heureuse, et que

rien n'annoncoit sa dignité, personne n'y fit attention. Une femme, le prenant pour un des valets de l'armée qui venoit préparer les gîtes, le pria de lui aider à fendre du bois. Philopémen, souriant en lui-même de la méprise de cette femme, prit gaiement une hache, et se mit à travailler de toutes ses forces. Ses principaux officiers arrivèrent ; et, le voyant dans cet exercice, ils demeurèrent tout surpris : « Que faites-vous donc <«<là, seigneur? lui dirent-ils. Je paie l'intérêt de ma << mauvais emine,» répondit en riant le général achéen. 11. Scipion étant allé rendre visite au poète Ennius, celui-ci, qui sans doute étoit occupé, fit dire à Scipion par sa servante qu'il étoit sorti. Scipion s'apercut de l'artifice cependant il feignit de le croire et s'en alla. Quelques jours après, Ennius alla chez Scipion, et demanda à la porte s'il étoit à la maison: « Je n'y << suis pas, lui cria Scipion. - Comment, reprit le « poète; n'est-ce pas votre voix que j'entends? Vous <<< vous moquez de moi. Voyez, s'écria Scipion << l'entêtement de cet homme : l'autre jour, sur la foi << de sa servante, j'ai cru qu'il n'étoit pas chez lui ; et << il ne veut pas croire aujourd'hui, sur ma parole, « que je ne suis pas chez moi. »

12. Après la fameuse bataille de Dunes, dans laquelle M. de Turenne acquit tant de gloire, ce grand homme écrivit de sa propre main le billet suivant à la vicomtesse de Turenne: « Les ennemis sont venus à << nous; ils ont été battus. Dieu en soit loué! J'ai un << peu fatigué toute la journée ; je vous donne le bon << soir, et je vais me coucher. »

13. François I s'étant égaré à la chasse, entra, vers les neufheures du soir, dans la cabane d'un charbonnier. Le mari étoit absent, il ne trouva que la femme accroupie auprès du feu. C'étoit en hiver, et il avoit plu. Il demanda une retraite pour la nuit; et à souper. L'une et l'autre lui furent accordés ; mais, à l'égard du souper, il fallut attendre le retour de l'époux. En attendant, le roi se chauffa assis dans une mauvaise chaise, qui étoit l'unique de la maison. Vers le dix heures arrive le charbonnier, las de son travail, fort affamé, et

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