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touché de compassion,et força son conseil à souscrire au pardon qu'il leur accorda par ce pieux stratagême. Il fit traiter magnifiquement ces coupables malheureux,et le lendemain il les fit approcher de la sainte table; puis adressant la parole à ses conseillers, il leur dit : « Nous << conviendroit-il, messieurs, d'envoyer au gibet ceux « que Jésus-Christ vient de recevoir à sa table?» Voy. BONTÉ, CHARITÉ, CLÉMENCE, GÉNÉROSITÉ.

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PATIENCE.

1. Le célèbre M. Domat, au milieu de ses plus gran

des douleurs, disoit : « Dieu me fait la grace de souf<< frir sans me plaindre; mais il me semble qu'un chré<< tien doit aller jusqu'à souffrir avec joie. »

2. S. Romuald, fondateur de l'ordre des Camaldules, résolu d'embrasser la vie d'ermite, se mit sous la conduite d'un pieux solitaire nommé Marin.Cet homme ne comptoit pas la douceur parmi ses vertus ; et sa dureté étoit capable de rebuter un élève moins affermi dans sa vocation que Romuald. Toutes les fois que son disciple faisoit quelque faute en lisant, l'impitoyable Marin lui donnoit un grand coup de baguette sur la tête, du côté gauche. Romuald souffrit long-temps ce traitement rigoureux avec une patience héroïque. Enfin il dit un jour à Marin: « Mon maître, je suis presque devenu « sourd du côté gauche ; je vous prie d'avoir la bonté << de me frapper désormais dn côté droit. »

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3. Une des qualités les plus marquées de Socrate étoit une tranquillité d'ame que nul accident, nulle perte nulle injure,nulmauvais traitementne pouvoient altérer. On a dit que ce philosophe étoit naturellement fougueux et emporté, et que la modération à laquelle il étoit parvenu, étoit l'effet de ses réflexions, et des efforts qu'il avoit faits pour se vaincre lui-même et pour se corriger. Il avoit exigé de ses amis de l'avertir quand ils le verroient près de se mettre en colère. Au premier signal,il baissoit le ton,ou même se taisoit.Se sentant un jour de l'émotion eontre un esclave: «Je te frapperois, dit-il,si je n'étois en

<<< colère. Une autre fois, avant recu d'un brutal un vigoureux soufflet, il se contenta de dire en riant: «Il est fàcheux de ne savoir pas quand il faut s'armerd'uncasque.»

Il trouva dans sa propre maison une ample carrière pour exercer sa patience dans toute son étendue ; et Xantippe, son épouse, la mit aux plus rudes épreuves par son humeur bizarre, emportée, violente. Îl paroît qu'avant de la choisir pour compagne, il n'avoit pas ignoré son caractère.Il disoit lui-même qu'il l'avoit prise exprès, persuadé que s'il venoit à bout de souffrir ses emportemens, il pourroit vivre avec les personnes les plus difficiles. Les traits suivans feront connoitre que ce grand homme avoit parfaitement réussi dans son choix.

Il donnoit à souper à Euthidème son ami. Pendant le repas, Xantippe lui chercha querelle, cria, tempêla, suivant l'usage; se leva toute furieuse, et renversa les plats qui étoient sur la table. Euthidème étonné de ce fracas, profitoit du bruit pour s'esquiver doucement par la porte, quand Socrate, le retenant : «Ne vous troublez point, lui dit-il; l'autre jour, que « je mangeois chez vous, une poule, en volant sur << la table, ne renversa-t-telle pas tout? Nous n'en « fûmes cependant pas plus émus.» La tranquillité du mari mettoit le comble à la fureur de l'épouse: «Tou<< jours, disoit-elle avec un ton de désespoir, toujours << il rentre à la maison avec le même air et le même << visage qu'il avoit en sortant. »>

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Un jour, pour l'outrager d'une manière sensible elle luiarracha son manteau de dessus les épaules, au milieu de la rue, et le jetta dans la crotte. Les amis du sage lui conseilloient de se venger sur-le-champ de cette épouse insolente, et de lui faire sentir une bonne fois qu'il portoit un bâton. « C'est-à-dire, messieurs, <«< répondit Socrate, qu'un mari et une femme aux << prises, seroient pour vous en spectacle fort amu<< sant; mais je ne suis pas d'humeur de vous donner « la comédie à mes dépens. »

Une autre fois, après avoir long-temps supporté sans rien dire ses assauts de mauvaise humeur, et les torrens d'injures qui les accompagnoient, il sortit de

la maison pour laisser le champ libre à son inépuisable moitié, et s'assit devant sa porte. Xantippe, désespérée du phlegme de son mari, monte à sa chambre, et, par la fenêtre, renverse sur la tête chauve du trop patient philosophe, un pot plein d'eau :

Ce n'étoit pas de l'eau de rose,

Mais de l'eau de quelque autre chose.

Les passans, témoins de l'aventure, en firent de grands éclats de rire. Socrate en rit aussi, et dit tranquillement « Je m'y attendois bien; après le ton« nerre vient la pluie. »

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Alcibiade s'étonnoit qu'il pût résister aux cris éternels de cette femme acariâtre. «J'y suis tellement ac«< coutumé, répondit-il, que ses clameurs ne font << pas plus d'impression sur moi, que le bruit d'une «< charrette. » C'est ainsi que, jusqu'à sa mort, ce grand philosophe souffrit en riant, et sans se plaindre, les excès inouis de cette furie domestique, que le Ciel sembloit avoir formée pour exercer sa vertu.

4. Alfonse V, roi d'Aragon, passoit devant Capoue avec son armée. Tout-à-coup un homme, ayant la mine d'un soldat, vient à lui comme un furieux, arrête d'abord son cheval par la bride, et se met ensuite à l'accabler d'injures. Le monarque eut la patience de l'écouter, et attendit qu'il eût déchargé toute sa mauvaise humeur ; puis il continua son chemin sans lui répondre un seul mot, et sans vouloir même le regarder.

5. Une dame vertueuse fut priée, par une de ses amies, de lui apprendre quels secrets elle avoit pour conserver les bonnes graces de son mari: « C'est, lui « dit-elle, en faisant tout ce qui lui plaît, et en souf<< frant patiemment, de sa part, tout ce qui ne me << plaît pas. >>

6. Un jeune homme, après avoir été élevé, pendant quelque temps, chez le philosophe Zénon, revint dans la maison paternelle: «Eh bien! lui dit son père, qu'as<< tu appris de bon chez ce philosophe ? Vous le «saurez bientôt, mon père,» répondit le jeune homme; et ensuite il se tut. Le père, irrité de son silence, et

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le prenant pour un aven tacite du peu de fruit qu'il avoit retiré de l'étude de la philosophie, se leva tout en colère: << Malheureux, lui dit-il, tu as donc perdu << ton temps ? C'est donc en vain que j'ai fait tant de << dépenses pour ton éducation ? » En même temps, il commença à le frapper rudement. Le jeune homme reçut avec soumission ce traitement cruel; et, lorsque la colère de son père se fut appaisée : « Voilà, lui dit<< il avec douceur, ce que j'ai appris à l'école de Zé« non, à souffrir patiemment la colère et les mauvais << traitemens de mon père. >>

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7.Le célèbre Sertorius, voyant ses soldats découragés par la perte d'une bataille, les fit assembler, et commanda qn'on amenat devant eux deux chevaux l'un vieux, maigre, défait, et d'une extrême foiblesse ; l'autre jeune, gras, vigoureux, et fort, remarquable sur-tout par la beauté de sa queue, et par la quantité de crins dont elle étoit fournie. Auprès du cheval foible, il mit un homme grand et fort; et, auprès du cheval vigoureux, il mit un petit homme foible, et de mauvaise mine. Le signal étant donné, l'homme fort prit à deux mains la queue du cheval foible, et la tiroit à lui de toute sa force, comme pour l'arracher; et le petit homme foible se mit à arracher un à un les crins de la queue du cheval fort. Après que le premier eut pris beaucoup de peine inutilement, et qu'il eut bien faitrire tous les spectateurs, il renonça à son entreprise; mais le petit homme foible, sans aucun effort, fit bientôt voir la queue de son vigoureux cheval, toute nue, et dépouillée de ses crins. Alors Sertorius se levant dit : «<Mes alliés, vous voyez que la patience est << plus efficace que la force, et que la plupart des << choses dont on ne sauroit venir à bout tout à la fois, << quelques efforts qu'on fasse, on les exécute sans << peine peu à peu. Ne vous laissez donc point abattre << par un mauvais succès; soyez sûrs qu'en revenant < souvent à la charge, votre persévérance vous fera << enfin triompher. » Voyez RETENUE.

PAUVRETÉ.

1.UNE honnête pauvreté, disoit Caton, est mille

fois préférable à des richesses acquises par des voies iniques on plaint le pauvre ; on déteste le riche.

2. La fille de Thémistocle étant recherchée en mariage, cet illustre Athénien préféra un honnête homme pauvre, à un riche dont la réputation étoit suspecte; et il dit que, dans le choix d'un gendre, « il aimoit mieux « du mérite sans bien, que du bien sans mérite. »

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3. Un homme de grande condition, et qui ne vouloit point être connu, vint avec beaucoup d'argent au désert de Scété, pour le faire distribuer aux solitaires. On lui répondit qu'ils n'en avoient pas besoin : mais cet homme ne se contentant point de cette raison, jeta cet argent dans une corbeille qui étoit à l'entrée de l'église, et le prêtre dit ensuite tout haut : « Que << ceux qui en ont besoin en prennent. » Il n'y en eut pas un seul qui y voulût toucher; plusieurs même détournèrent leurs regards, pour témoigner le mépris qu'ils faisoient de ce métal, vil objet des désirs de la plupart des hommes. Alors le bon prêtre dit au riche: «Dieu a reçu votre offrande; distribuez-la aux véri« tables indigens; car, ponr nous comme vous vo<< yez, il ne nous manque rien. »

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4. Un grand seigneur, apportant de l'argent à un vieux solitaire lépreux, et accablé d'infirmités, lui dit : « Je vous supplie, mon père, de recevoir cette petite << bagatelle pour satisfaire à vos besoins.- Eh! quoi! << mon frère, répondit ce généreux anachorète, venez<< vous ici pour me ravir celui qui me nourrit depuis « plus de soixante ans, et qui, par sa miséricorde, a fait <que, dans mon infirmité, je n'ai eu besoin de rien? >>

5. Abou-Hatem, pieux et célèbre docteur musulman, avoit embrassé par goût une vie très-pauvre et très-austère. Un jour un de ses amis lui demanda comment il pouvoit subsister? « Le ciel et la terre, répondit-il << sont les magasins et les trésors de la Providence: les hommes ne manquent jamais de rien, quand ils pui

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