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VALEU R.

1.Au combat de Minorque, en 1756, un canonnier

ayant eu le bras droit emporté, dans le moment qu'il alloit faire feu, ramasse la mèche de la main gauche, se poste de nouveau à son canon, et dit, en faisant feu: << Ces <<< gens-là croyoient donc que je n'avois qu'un bras? » 2. Pendant la guerre civile de César et de Pompée, un centurion de l'armée de César, appelé Scéva, se distingua par une des plus belles défenses dont l'histoire fasse mention. Son général étoit devant Dyrrachium. Pompée étant accouru pour sauver cette ville, César l'enferma dans des lignes qu'il fit élever autour de son camp. Dans un des combats qui se livrèrent autour de ces lignes, Scéva, chargé de garder une des portes d'un fort, y arrêta les ennemis, quoique blessé à la tête, ayant l'épaule et la cuisse percées, et un œil crevé. Dans cet état, il appela un centurion du parti contraire, comme pour se rendre: celui-cis'étant approché sans précaution, Scéva lui passà son épée au travers du corps. Après le combat, on montra à César le bouclier de Scéva, percé en deux cent trente endroits. César, pour récompenser la valeur de ee brave officier, lui accorda une pension de six mille deux cents livres, et le fit monter tout d'un coup du huitième grade entre les capitaines du premier.

3. A la bataille de Thapsus, en Afrique, où Scipion et Juba furent vaincus par César, un éléphant blessé et furieux se jeta sur un malheureux valet d'armée; et, le tenant sous un pied, lui appuyant le genou sur le ventre, l'écrasant de tout le poids de son corps, il le maltraitoit, et achevoit de le tuer à coups redoublés de sa trompe. Un soldat vétéran, indigné à la vue de cet affreux spectacle, courut à l'éléphant les armes à la main. Anssitôt l'animal guerrier laisse le cadavre, saisit le soldat de sa trompe dont il l'enveloppe, et l'élève en l'air tout armé. Dans un si pressant danger, le soldat rappelle tout son courage, et se met à frapper sur la trompe de l'éléphant, avec l'épée qu'il avoit à la main.

La douleur force l'animal de lâcher prise. Il jette son ennemi par terre, et court avec de grands cris rejoindre la troupe des autres éléphans. Depuis ce temps-là, la cinquième légion, dont étoit ce soldat valeureux, porta un éléphant dans ses enseignes.

4. Les catholiques, commandés par le duc d'Anjou, assiégeoient la Rochelle, en 1573. Il y avoit près de la contrescarpe un moulin nommé la Braude, dont Nor mand, capitaine, avoit obtenu la propriété, sous condition qu'il le feroit garder. Il songea d'abord à le fortifier; mais, voyant qu'il ne parviendroit pas à le mettre en état de défense, il se contenta d'y tenir durant le jour, quelques soldats qui se retirant le soir, n'y laissoient qu'une sentinelle.Strozzi, un des générauxcatholiques,qui crut pouvoir tirer avantage de ce moulin, profita d'un clair delunepourl'attaqueravec un détachement et deuxcouleuvrines. Unsoldatnommé Barbot,unique défenseurde ce mauvais poste, y tint ferme. Il tiroit avec une incroya ble célérité plusieurs coups d'arquebuse sur les assaillans; et, en variant les inflexiois de sa voix, il faisoit croire qu'il avoit un assez grand nombre de camarades. Le capitaine Normandl'encourageoit duhaut d'un cavalier; et, lui parlant comme s'il avoit une compagnie entière dans le moulin, il crioit qu'on soutînt bravement l'attaque ; qu'on alloit envoyer du renfort. Barbot, se voyant sur le point d'être forcé, demande quartier pour lui et pour les siens: on le lui accorde. Aussitôt il met les armes bas, et montre toute la garnison dans sa personne.

5. Pendant que le roi Jean languissoit à Londres dans une triste prison, ses sujets opposoient aux efforts des Anglais un courage invincible. Jamais on ne vit en France tant d'héroïsme que dans ce siècle malheureux. On admira, dans de simples paysans, des exemples de valeur, des actions de courage, qu'on trouve à peine dans la vie des plus célèbres capitaines. Environ deux cents villageois s'étoient renfermés dans Longueil, bourg situé vis-à-vis S. Corneille de Compiègne, déterminés à le défendre jusqu'à la dernière extrémité. Ils avoient élu pour général un d'entre eux, appelé Guillaume Lalouette. Une compagnie anglaise, qui occupoit le château de Creil, croyant défaire sans pei

ne cette poignée de rustres, vint les attaquer, Les ennemis entrèrent, en effet, sans presque trouver d'autre obstacle que le chef avec quelques-uns des plus résolus. Dès le commencement du combat, Guillaume Lallouette tombe mort, percé de coups. Il avoit avec lui un valet de ferme, appelé le Grand-Ferré. Ce généreux domestique, ému par la vue de son maître expirant, s'attendrit,verse des larmes et devient un autre homme. Il ranime ses camarades ; se met à leur tête ; saisit une hache; tombe sur les Anglais, en tue dix dès le premier choc; met le reste en fuite, les chasse hors du bourg; les poursuit; ouvre leurs rangs; arrache leur drapeau, et les dissipe entiérement. Non content de ces premiers exploits, il dit à l'un des siens, d'aller jeter le drapeau des ennemis dans le fossé. Celui-ci refuse, parce qu'un gros d'Anglais coupoit le passage qui pouvoit seul y conduire.LeGrand-Ferré se fait suivre par son homme, attaque seul les ennemis, les renverse, s'ouvre le chemin, jette le drapeau dans le fossé, revient au combat, et ne cesse de frapper qu'après avoir tué quarante ennemis de sa propre main et mis le reste enfuite.Quelques jours après, il remporta un semblable triomphe ; mais, ayant bu de l'eau froide après sa victoire, ce Samson moderne tomba dangereusement malade, et fut obligé de retourner à son village, nommé Rochecourt, voisin de Longueil. Les Anglais en furent instruits. Douze d'entre eux entreprennent de le surprendre dans son lit. La femme du malade les aperçoit, et court apprendre à son mari le danger qui le menace. A cette nouvelle, le guerrier saute de son lit, s'arme de sa hache, vole dans sa cour, fond sur l'ennemi, malgré leur nombre et sa foiblesse ; en immole cinq, et fait disparoître les autres. Cette dernière victoire redoubla son mal. Il se mit au lit, demanda les sacremens, et mourut en chrétien, après avoir combattu en héros.

du

6. A la célèbre bataille de Salamine, personne, côté des Perses,ne s'acquit plus de gloire que la fameuse Artémise, reine d'Halycarnasse. Elle se signala pardes efforts incroyables de hardiesse ; en sorte que Xerxès, la voyant ainsi combattre, s'écria que dans cette journée les hommes avoient paru des femmes,et que les femmes

avoient montré un courage de héros. Les Athéniens indignés de ce qu'une femme avoit osa venir porter les armes contre eux, avoient promis dix mille drachmes de récompense à quiconque la pourroit prendre en vie; mais l'adroite guerrière échappa à leur vive poursuite. Un vaisseau athénien la serroit de près: il paroissoit qu'elle ne pouvoit plus éviter de se rendre; en ce moment, elle` arbore le pavillon grec, et attaque un vaisseau des Perses, monté par Damasithymus, roi de Calynde, avec qui elle avoit eu une querelle, et le coule à fond; ce qui fit croire à ceux qui la pressoient que son vaisseau étoit du parti des Grecs; et ils ne songèrent plus à l'attaquer. Au reste, si cette princesse eût été prise, elle n'auroit mérité que d'être comblée de louanges et d'honneurs. 7. Les Gaulois, après avoir mis en cendres la ville de Rome,tenoientassiégés, depuis quelque temps,lesrestes des Romains, qui s'étoient réfugiés dans le Capitole. A force de rôder autour de cette forteresse, ils reconnurent une route nouvellement frayée, par où ils crurent pouvoir y monter. Ils choisirent une nuit pour exécuter ce dessein: leur marche ne futni aperçue des sentinelles qui vieilloient sur la citadelle, nisentie par les chiens que le moindre bruit éveille. Déjà ils avoient gagné le pied des remparts, et s'étoient mis en ordre de bataille pourtenter l'escalade; mais ce qui avoit trompé la sagacité des chiens, ne trompa point la vigilance des oies. On en élevoit une troupe dans une cour du Capitole, en l'honneur de Junon et de son temple. Dans la disette où l'on étoit des vivres, on avoit épargné les jours de ces animaux par un motif de religion; mais on les nourrissoit avec plus d'économie. Naturellement, ces oiseaux ont l'ouïe fine; mais la faim les rendoit alors plus attentifs. Ils entendirent quelque bruit; et d'abord, par leurs cris et le battement de leurs ailes, ils éveillèrent Manlius, vaillant guerrier, et qui, trois ans auparavant, avoit été consul. Il fait sonner l'alarme, et court sur le rempart. A son arrivée, il trouve deux Gaulois déjà montés sur la muraille: un d'eux lève sa hache d'arme pour l'en frapper; mais le Romain luiabat le bras droit d'un coup de sabre: il pousse rudement de son bouclier l'autre Gaulois, et le fait tomber du haut de la muraille; ce Gaulois, en tombant, en

traîne la plupart de ses compagnons. Ceux des ennemis qui se tenoient accrochés au faîte de la muraille par les mains, sont percés par l'infatigable Manlius.Enfin les Romains,qui s'attroupent,chassent leurs agresseurs àcoups de pierres et de dards, et préservent la citadelle du dernier malheur.Chez les Romains, jamais une action louable n'étoit sans récompense. Le lendemain, les troupes s'assemblèrent pour distribuer les prix militaires à ceux qui, la veille, en avoient mérité. Manlius fut nommé le premier. Pour reconnoîtrel'importantservicequ'ilvenoit de rendre, chacun se retrancha une partie de froment qu'il recevoit du public, avec épargne; et une mesure de vind'environ cinq onces, pour les céder au vengeur, au libérateur, au sauveur de la patrie; présent peu considérable aux yeux de la cupidité, mais grand et noble dans cette circonstance, parce qu'il honoroit la valeur.

8. Le consul Attilius, s'étant engagé dans un vallon dominé par une hauteur, sur laquelle les ennemis étoient postés, se vit à la veille de périr avec ses troupes. Mais la valeur intrépide de Calpurnius Flamma, tribun légionnaire, le sauva de ce danger, avec toute l'armée. Ce brave guerrier, suivi de trois cents hommes que son courage anime, marche à l'ennemi; et, s'étant emparé d'une hauteur voisine: «Allons, camarades, dit-il aux

héros qui le secondent, mourons; et par notre mort << délivrons les légions et le consul. » Il dit, et par ses cris il attire l'ennemi de son côté. On l'attaque : ses guerriers se défendent avec une bravoure plus qu'humaine. Plus d'une fois les assaillans reculent; mais enfin les généreux Romains succombent sous l'effort du grand nombre, pendant que le consul se retire avec l'armée que l'ennemi n'ose insulter. On trouva Calpurnius au milieu d'un tas de corps morts, tant des ennemis que des siens, parmi lesquels seul il respiroit encore. Il étoit couvert de blessures, mais dont heureusement aucune n'étoit mortelle. On l'enlève, on le panse, on en prend un soin infini; et parfaitement guéri, il rendit encore long-temps d'utiles services à sa patrie. Une couronne de gazon fut toute la récompense de ce héros, qui fut très-sensible à cet honneur.

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