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<<< pourra m'égorger encore ; j'accepterai la mort avec << joie. » A ces paroles, Rufin manda promptement à Théodose qu'il ne pouvoit rien gagner sur l'inflexible prélat ; que pour éviter un éclat scandaleux, il lui conseilloit de ne pas aller plus loin. L'empereur, qui étoit déjà dans la grande place de la ville, continua sa marche, en disant : « J'irai, et j'essuyerai l'affront « que je n'ai que trop mérité. »

Ambroise étoit dans une salle voisine de l'église, dans laquelle il avoit coutume de donner ses audiences. Voyant approcher Théodose, il s'avança, en lui reprochant de vouloir user de tyrannie contre Dieu même, et de faire violence à la discipline de l'église, en prétendant s'affranchir de la pénitence : « Non, répondit le « prince, je ne viens point ici pour violer les lois, mais << pour vous conjurer d'imiter la clémence du Dieu que « nous servons, qui ouvre la porte de ses miséricordes <«< aux pécheurs pénitens.-Et quelle pénitence avez« vous faite d'un si grand crime répliqua l'évêque. << C'est à vous, lui dit Théodose, d'appliquer le remède << sur mes plaies ; et c'est à moi de le recevoir et de le « souffrir. » Alors Ambroise, touché de son humble résignation, lui dit que, puisqu'il n'avoit écouté que sa colère dans l'affaire de Thessalonique, il devoit pour tous jours imposer silence à cette passion téméraire et fouguense, et ordonner par une loi, que les sentences de mort et de confiscation n'auroient leur exécution que trente jours après qu'elles auroient eté prononcées, pour laisser à la raison le temps de revenir à l'examen, et de réformer les jugemens dans lesquels elle n'auroit pas été consultée. Theodose approuva ce conseil, et fit sur-lechamp dresser la loique le prélat proposoit. Aussitôt le saint évêque lui permit l'entrée de l'église. Théodose prosterné, baignant la terre de ses pleurs, et se frappant Ja poitrine, prononça à haute voix ces paroles duprophète-roi: Mon ame est demeurée attachée contre laterre; rendez-moilavie, Seigneur, selon votre promesse.Tout Je peuple l'accompagnoit de ses prières et de ses larmes,et cette majesté souveraine, dont l'impétueuse colère avoit fait trembler tout l'empire, n'inspiroit plus alors que des

sentimens de compasson et de douleur. S. Ambroise régla le temps de sa pénitence; l'empereur l'accomplit avee soumission et fidélité.Il s'abstint, pendant cet intervalle, de porter les ornemens impériaux. C'est ainsi qu'Ambroisesutréparer le crime de Théodose:exemple à jamais mémorable, mais unique dans tous les siècles! Il ne pouvoit naître que d'un heureux concours de circonstances. Pour le donner au monde, il étoit besoin de la rencontre d'un prélat et d'un priuce également extraordinaires : il falloit un évêque digne de représenter la majesté divine par l'éminente sainteté de sa vie, par la sublimité de son génie, par une fermeté prudente et éclairée, par la force d'une éloquence invincible,autant que par l'autorité de son caractère; il falloit aussi un empereur vraiment pieux, humble dans la grandeur, mais assez relevé parses qualités personnelles, pour s'abaisser sans s'avilir.De plus, les bornes des deux puissances,spirituelle et temporelle,posées pas Jésus-Christ même et affermies sous le long règne du paganisme étoient encore si solidement établies, qu'un prince, publiquement suspendu de la communion,ne couroit alors aucun risque de rien perdre du respect et de l'obéissance de ses sujets. Voyez REMORDS, REPENTir.

PERSÉVÉRANCE.

1. C'est la persévérance seule qui mérite la gloire aux

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hommes, et la couronne aux vertus. Ce n'est pas celui qui aura commencé, mais celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, qui sera sauvé : car, que sert-il d'être bon, d'être sage, d'être patient et vertueux dès les premiers pas de sa carrière, si l'on ne continue point jusqu'au bout? La vertu de Saül le plaça sur le trône d'Israël. Il fat heureux tant qu'il fut humble: l'orgueil domte son ame. Assez téméraire pour donner aux ordres de l'Eternel un sens conforme à ses vues, il veut épargner les Infidelles que le Tout-Puissant a proscrits. Saül tombe dans tous les malheurs ordinaires aux mauvais princes. Il finit par perdre sa couronne et la vie.

2. Salomon fut le plus sage, le plus heureux des mo

narques, tant qu'il resta fidèle au Dieu de ses pères. Mais bientôt, abandonnant les préceptes du Seigneur, et se joignant, par une honteuse alliance, à des femmes étrangères et païennes, Salomon prostitue à des dieux de bois et de pierre un encens qui n'est dû qu'au Très-Haut. Il s'avilit autant dans sa folie, qu'il s'étoit auparavant élevé dans sa sagesse.

3. Il y avoit à Sébaste, en Arménie, une légion de soldats, surnommée la Foudroyante, qui produisit sous l'empereur Licinius, en 308, quarante illustres martyrs, tous jeunes gens remplis de force et de courage. On leur proposa de sacrifier aux idoles; mais l'ayant refusé avec constance, sans avoir égard ni aux récompenses qu'on leur promettoit, ni aux menaces dont on les épouvantoit, ils répondirent : « Nous ne voulons point de faus<< ses richesses; nous cherchons des biens solides et << durables. C'est n'est pas vous faire injure que de << donner la préférence à Dieu de qui nous attendons << ces biens, si nous lui demeurons fidèles. Nous som« mes disposés à mourir pour le Dieu que nous ser« vons. » Le gouverneur Agricola, à qui ils parloient ainsi, ne pouvant souffrir la liberté et la hardiesse de ce discours, ordonna qu'ils fussent exposés pendant une nuit entière sur un étang glacé hors de la ville de Sébaste, afin de les faire mourir par la violence du froid; et pour les tenter, il fit préparer un bain chaud, non loin de là, pour y transporter ceux qui, succombant au froid, voudroient renoncer à Jésus-Christ, pour sauver leur vie. Ils coururent tous au supplice, et s'encourageoient les uns les autres, en disant qu'une mauvaise nuit leur vaudroit une éternite de bonheur : « Puisqu'il faut mourir une fois, s'écrioient-ils, mou<«<rons pour vivre toujours. Nous sommes entrés qua«rante dans la lice: faites, Seigneur, que nous soyons <«< tous couronnés. Il y en eut un néanmoins qui perdant courage, aller se jeter dans le bain chand. II y trouva la mort. Mais Dieu ne voulut pas que la prière de ces saints athlètes fût sans effet. Il y avoit là un garde qui avoit ordre d'observer les martyrs. Il vit des esprits célestes qui descendoient du ciel, et qui distri

buoient des couronnés à ces généreux soldats, excepté un seul qui tenoit la couronne destinée à ce lâche qui avoit manqué de persévérance. Ce garde fut si animé au martyre par cette vision céleste, qu'il alla se déclarer chrétien, prit la place du déserteur, et recut le baptême, non par le ministère d'aucun homme, mais par sa propre foi; non dans l'eau, mais dans son propre sang. Le lendemain, comme ils respiroient encore, le gouverneur ordonna qu'on les jetât dans le feu. On les mit donc sur des chariots, excepté le plus jeune qui avoit encore plus de vie que les autres, parce qu'on espéroit le faire changer de résolution. Mais sa mère, qui se trouva présente, s'élevant au-dessus des sentimens de la nature, ne put souffrir cette cruelle indulgence. Elle encouragea son fils : « Mon cher enfant, « lui cria-t-elle, ne rendez point inutiles les vœux de << votre mère. Remplissez-la de la joie la plus vive, en << méritant la palme éternelle par la victoire que vous << remporterez. » En même temps elle prit son fils, le mit dans le chariot avec les autres, et le conduisit à la mort avec autant d'allégresse que si elle l'eût accompagné dans un triomphe. Voyez CONSTANCE.

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PERSUASION.

1. DANS la guerre d'Italie, en 1701, deux dragons

de la garnison francaise qui étoit dans Mantoue, passoient dans la rue. Un Italien, irrité contre l'un d'eux, lui enfonce son poignard par derrière, le tue sur la place, et se réfugie dans un endroit privilégié. Le camarade du mort poursuit l'assassin dans cet asile, et le massacre. Le peuple, indigné qu'on ait violé les immunités ecclésiastiques, s'attroupe, et veut fermer les portes; mais le meurtrier, s'étant fait jour l'épée à la main, se retira dans la maison de son colonel. Elle est investie dans le moment, et le dragon est demandé avec menace d'un soulèvement général. Le colonel, dans la vue d'appaiser ce tumulte, fait aussitôt conduire le dragon, chargé de fers, dans une prison; mais, pendant la

nuit, il le fait partir pour une place éloignée. Quelques jours après, on produit un cadavre qu'on dit être celui du dragon. La multitude le croit et s'appaise; et sa persuasion est telle, qu'elle rend des actions de grace pour cette mort,qu'elle regarde comme un châtiment duĊiel.

2. Pour se venger d'une parleuse impitoyable, femme d'esprit d'ailleurs, on s'avisa un jour de lui présenter un homme qu'on lui disoit très-savant. Cette femme le reçoit avec les plus grands égards; mais, pressée de s'en faire admirer, elle se met à parler, lui fait cent questions différentes, sans s'apercevoir qu'il ne répondoit rien. La visite finie: « Etes-vous contente, lui dit-on, du << savant qui vous est venu voir? - Ah ! qu'il est char<< mant! répondit-elle; qu'il a d'esprit! » A cette exclamation, chacun de rire. Cet homme si charmant, ce grand esprit, c'étoit un muet. Voyez OPINION.

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PHILOSOPHIE.

Le nombre des philosophes, ou plutôt des sophistes, s'étoit tellement augmenté dans la Grèce, et surtout à Athènes, du temps du poète Aristarque, qu'il s'écrioit quelquefois : « Nos pères ne comptoient << autrefois que sept sages; mais que les siècles ont «< changé ! A peine compteroit-on à présent sept hom<< mes qui ne se décorent point de ce beau nom. »

2. Eudamidas, roi de Lacédémone, entendant le vieux Xénocrate disputer dans l'académie, à Athènes, demanda : « Quel est donc ce vieillard? - C'est un << homme sage et du nombre de ceux qui cherchent << la vertu. Oh! s'il la cherche encore, quand << vent-il en faire usage?»

3. On demandoit au philosophe Cléanthe pourquoi, parmi les anciens qui ne connoissoient pas la philosophie, l'on voyoit plus de grands hommes que de son temps. «C'est qu'alors, répondit-il, on étoit bon réel<«<lement; au lieu qu'aujourd'hui on se contente de << prouver comment on doit l'être. »

4. Polémon, jeune Athénien très-débauché, ayant

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