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plongés dans le sommeil, un corps de mille soldats d'élite se rend maître de la muraille, enfonce la porte, et s'empare de plusieurs quartiers sans presque livrer de combat. Bientôt toute la ville est emportée, et les soldats la mettent au pillage. Marcellus, dit-on, plenra sur le sort de cette cité fameuse et opulente, qu'il se voyoit forcé de détruire en la dépouillant de tous ses ornemens. Un accident funeste vint encore augmenter sa douleur. Archimède ignoroit la victoire des Romains. Appliqué dans son cabinet à tracer des figures, et à préparer peut-être encore de nouveaux foudres contre les assiégeans,il n'avoit entendunile tumulte des vainqueurs, ni les cris des vaincus. A l'instant un soldat se présente à lui, l'épée à la main; et, d'un ton terrible, lui ordonne de le suivre dans la tente du général. Le géomètre le prie d'attendre un moment, jusqu'à ce qu'il eût trouvé la solution de son problème, et se remet au travail. Le Romain, irrité de ce délai, et s'embarrassant peu de ses problêmes et de ses figures, lui plonge son épée dans le sein, etletue. Marcellus,qui avoit recommandé sur tout qu'on épargnât Archimède, fut vivement affligé de cette mort. Il fit à cet illustre savant de magnifiques obsèques, et gratifia tous ceux de sa famille qui étoient dans la ville. On parle d'un miroir ardent, par le moyen duquel Archimède brûla une partie de la flotte romaine. Ce fait ne se trouve dans aucun écrivain de l'antiquité; c'est sans doute une tradition moderne et sans fondement. 10. Thalès, ayant entendu dire à quelques personnes que les philosophes étoient pauvres, plutôt par nécessité que par choix, ce grand homme voulut venger l'honneur de la philosophie, et prouver à ses détracteurs la futilité de leur reproche. Dans ce temps-là les olives ne commencoient encore qu'à fleurir: par la connoissance qu'il avoit de la physique, il prévit que la récolte de ce fruit seroit cette année très-abondante;il se hâta d'acheter tous les plants d'oliviers du territoire de Milet, sa patrie. Il loua tous les pressoirs; de sorte que la saison des olives étant venue, il retira seul tout le profit de ce commerce, et prouva que si les philosophes ne sont point riches c'est que l'étude de la sagesse leur apprend à mépriser

des biens fragiles, que la fortune donne et retire à son gré, et qui n'ajoutent rien au vrai bonheur de l'homme.

11. «Quel fruit avez-vous donc retiré de l'étude de << la philosophie? demandoit-on à Cratès. -- De me << contenter d'un plat de féves, répondit-il, et de <«< vivre sans souci.» Ce fameux cynique disoit qu'un philosophe n'avoit besoin de rien; et il agissoit suivant son système. Il déposa chez un banquier tout l'argent qu'il possédoit, à condition qu'il le remettroit à ses enfans, s'ils embrassoient le genre de vie commun; mais qu'il le distribueroit au peuple si ses enfans étoient philosophes. Il s'imaginoit que l'argent n'étoit nécessaire qu'aux ignorans. Voyez SAGESSE.

1. L'HOMME

PIÉTÉ.

,

'HOMME pieux est capable de tout, dès qu'il a pu se mettre, par sa vertu, au-dessus de tout. Cette pensée dupère Massillon est confirmée parce beau trait de M. Radman, premier pasteur de l'église suédoise, érigée en Pensylvanie.Ce pasteur étoit un homme savant,etfidèle à remplir ses devoirs. Les quakers et ceux des autres communions s'empressoient également de l'entendre prêcher: ils proposèrent des souscriptions pour bâtir son église.Lorsqu'elles furent ouvertes,M.Radmansouscrivit pour une somme considérable, qu'il ne fut pas en état payer dans le temps; mais, pour ne point manquer à ses engagemens, il s'obligea envers l'entrepreneur à porter du mortier, à tant par jour, jusqu'à ce qu'il eût rempli la somme pour lequelle il avoit souscrit.

de

2. Ahmed, fils d'Iahia, natif de Damas, lisant un jour à son père et à sa mère l'histoire du sacrifice qu'Abraham voulut faire de son fils à Dieu, ces religieux musulmans, pénétrés de la piété du saint patriarche, dirent aussitôt à leur fils unique : « Lève-toi, et va-t-en; nous te don<< nons, nous te consacrons à Dieu.» Ahmed, après ces paroles, se leva, et dit à Dieu : « Seigneur, je n'ai plus «d'autre père ni d'autre mère que vous; » et prenant aussitôt le chemin de laMecque, il se dédia entièrement au service du temple. Après vingt-quatre ans d'absence,

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il lui prit envie de voir ses parens ; il vint à Damas, et frappa à la porte de la maison paternelle. Sa mère lui demanda son nom. « Je suis Ahmed votre fils >> lui répondit-il ; et en même temps il se mit en devoir de l'embrasser; mais cette généreuse femme le repoussant : « Il est vrai, lui dit-elle, nous avions <«< autrefois un fils de ce nom; mais nous le donnâmes << à Dieu; et maintenant nous ne connoissons plus << pour fils ni Ahmed, ni aucun autre. >>

3. Le brave Crillon, l'un de plus grands capitaines de Henri IV, entendoit prêcher la passion; et le prédicateur faisant une description pathétique de la flagellation du Sauveur, le guerrier, attendri jusqu'aux larmes, se lève en portant la main sur son épée, et s'écrie « Où étois-tu, Crillon, où étois-tu? >>

4.Clovis, écoutantS.Remy qui lisoit laPassion, s'écria: «Que n'étois-je là avec mes Francs, pour le venger! » 5. Le grand Constantin ayant embrassé le christianisme, résolut d'honorer Jérusalem d'un monument digne de son respect pour cette terre sacrée. Hélène, sa mère, remplie de ce noble dessein, partit de Rome pour l'exécuter, et pour trouver quelque consolation sur les vestiges du Sauveur. Agée de soixante et dixneuf ans, elle ne se rebuta pas des fatigues d'un si long voyage. A son arrivée, sa piété fut attendrie de l'état déplorable où elle trouvoit le Calvaire. Les païens, pour étouffer le christianisme dans son berceau même, avoient pris à tâche de défigurer ce lieu: ils avoient élevé sur la colline quantité de terre, et après avoir couvert le sol de grandes pierres, ils l'avoient environné d'une muraille. C'étoit depuis long-temps un temple consacré à Venus, où la statue de cette impudique déesse recevoit un encens profane, et éloignoit les chrétiens, qui n'osoient approcher de ce lieu d'horreur. Ils avoient perdu jusqu'à la mémoire du sépulcre de Jésus-Christ. Hélène, sur les indices d'un Hébreu plus instruit que les autres, fit abattre les statues et le temple, enlever les terres qui furent jetées loin de la ville, et découvrit le sépulcre. En fouillant aux environs, on trouva trois croix, les clous dont le Sauveur avoit été attaché, et sé

parément l'inscription telle qu'elle est rapportée par les évangélistes. Un miracle fit distinguer la croix de Jésus-Christ; et ce précieux instrument de notre rédemption, après avoir été enseveli pendant près de trois cents ans, reparut, à la honte de l'idolâtric, pour s'élever à son tour sur ses ruines.

La découverte d'un si riche trésor combla de joie le pieux empereur. Il ne pouvoit se lasser de louer la Providence qui, ayant si long-temps conservé un bois de lui-même corruptible, le manifestoit enfin au ciel et à la terre, lorsque les chrétiens, devenus libres, pouvoient marcher sans crainte sous leur étendard général. Il fit aussitôt bâtir une superbe basilique dans ce saint lieu; et il ordonna à l'évêque Macaire de ne rien épargner pour en faire le plus bel édifice de l'univers. Il chargea Dracilien, vicaire des préfets, et gouverneur de Palestine, de fournir tous les ouvriers et matériaux que demanderoit le prélat. Il envoya lui-même les pierreries, l'or et les plus beaux marbres. Voici la description que fait Eusèbe de ce temple magnifique.

La façade superbement ornée, s'élevoit sur unlarge parvis, et donnoit entrée dans une vaste cour bordée de portiques à droite et à gauche. On entroit dans le temple par trois portes du côté de l'Occident. Le bâtiment se divisoit en trois corps. Celui du milieu, que nous appelons la nef, et qu'on nommoit proprement la basilique, étoit très-étendu dans ses dimensions et fort exhaussé. L'intérieur étoit incrusté des marbres les plus précieux au dehors, les pierres étoient si bien liées et d'un si beau poli, qu'elles rendoient l'éclat du marbre. Le plafond, formé de planches exactement jointes, décoré de sculpture, et revêtu entiérement d'un or très-pur et très-éclatant, sembloit un océan de lumière, suspendu sur toute la basilique. Le toit étoit couvert de plomb. Vers l'extrémité, s'élevoit un dôme en plein ceintre, soutenu sur douze colonnes, dont le nombre représentoit celui des apôtres; sur les chapiteaux, étoient placés autant de grands vases d'argent: de chaque côté de la basilique s'étendoit un portique, dont la voûte étoit enrichie d'or. Les colonnes, qui lui étoient communes avec la basilique, avoient beaucoup

d'élévation; l'autre partie portoit sur des pilastres trèsornés. On avoit pratiqué sous terre un autre portique qui répondoit au supérieur dans toutes ses dimensions. De l'église on passoit dans une seconde cour pavée de belles pierres polies, autour de laquelle régnoient, des trois côtés, de longs portiques. Au bout de cette cour, et au chef de tout l'édifice, étoit la chapelle du saint sépulcre, eù l'empereur s'étoit efforcé d'imiter, par l'éclat de l'or et des pierres précieuses, la splendeur dont avoit brillé ce saint lieu, au moment de la résurrection. Cet édifice, commencé sous les yeux d'Hélène, ne fut achevé et dédié que huit ans après. Il n'en reste plus de vestiges, parce qu'il a été plusieurs fois ruiné. Dès ce temps-là commencèrent les pélerinages et les offrandes des chrétiens, que la dévotion appeloit de toutes les parties du monde dans cette heureuse contrée sanctifiée par la présence et par le sang d'un Dieu. La piété de Constantin, animée de plus en plus par celle de sa mère, ne se borna point à cette preuve éclatante. La religieuse princesse, pour remplir ses intentions, bâtit encore deux autres églises : l'une à Bethléem, dans le lieu où étoit né le Sauveur; l'autre sur le mont des Oliviers, d'où il s'étoit élevé au ciel. La pompe des édifices ne fut pas son seul objet. Sa magnificence se fit encore bien mieux connoître par les bienfaits qu'elle aimoit à répandre sur les hommes. Dans le cours de ses voyages, elle versoit sur le public et sur les particuliers les trésors de l'empereur, qui fournissoit sans mesure à toutes ses libéralités : elle embellissoit les églises et les oratoires des moindres villes ; elle faisoit de sa propre main des l'argesses aux soldats; elle nourrissoit et habilloit les pauvres ; elle délivroit les prisonniers; faisoit grace à ceux qui étoient condamnés aux mines; tiroit d'oppression ceux qui gémissoient sous la tyrannie des grands; rappeloit les exilés; en un mot, dans ce pays, autrefois habité par le Sauveur du monde, elle retraçoit son image, faisant pour les corps ce qu'il avoit fait pour les ames. Ce qui la rapprochoit encore davantage de cette divine ressemblance, c'étoit la simplicité de son extérieur, et les pratiques d'humilité qui voiloient la majesté impériale

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