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Sans l'avilir. On la voyoit prosternée dans les églises, au milieu des autres femmes, dont elle ne se distinguoit que par sa ferveur. Elle assembla plusieurs fois toutes les filles de Jérusalem qui faisoient profession de virginité : elle les servit à table, et ordonna qu'elles fussent nourries aux dépens du public. Hélène ne vécut pas long-temps après cette pieuse conquête. Elle vint rejoindre son fils, et mourut dans ses bras, après l'avoir fortifié dans la foi par ses dernières paroles, et après l'avoir comblé de bénédictions.

Constantin fut fidelle à ses saintes instructions: il s'efforça de suivre les grands exemples qu'elle lui laissoit pour héritage, et d'imiter sa religieuse ferveur. Il la fit éclater sur-tout au dernier moment de sa vie. Sentant sa fin approcher, il demanda le baptême, afin de laver dans les eaux salutaires de la grace toutes les taches de ses années passées. Rempli de sentimens de pénitence, humblement prosterné en terre, il demanda pardon à Dieu, confessa ses fautes, et recut l'imposition des mains. Puis, ayant fait assembler les évêques: <<< Le voici donc arrivé, leur dit-il, ce jour heureux, après lequel j'ai soupiré avec tant d'ardeur! Je vais recevoir le sceau de l'immortalité. J'avois dessein de laver mes péchés dans les eaux du Jourdain, que notre Sauveur a rendues si salutaires, en daignant s'y baigner lui-même. Dieu, qui sait mieux que nous ce qui nous est avantageux, me retient ici, il veut me faire ici cette faveur. Ne tardons plus. Si le souverain arbitre de la vie et de la mort juge à propos de me laisser vivre, s'il me permet encore de me joindre aux Fidelles pour participer à leurs prières dans leurs saintes assemblées, je suis résolu de me prescrire des règles de vie qui soient dignes d'un enfant de Dieu.» Quand il eut achevé ces paroles, les évêques lui conférèrent le baptême, selon les cérémonies de l'Eglise, et le rendirent participant des saints mystères. Le prince recut ce sacrement avec joie et reconnoissance; il se sentit comme renouvelé et éclairé d'une lumière divine. On le revêtit d'habits blancs; son lit fut couvert d'étoffes de même couleur ; et dès ce moment il ne voulut plus toucher à la pourpre. Il remercia Dieu à haute

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voix de la grace qu'il venoit de recevoir, et ajouta : « C'est maintenant que je suis vraiment heureux vraiment digne d'une vie immortelle. Quel éclat de « lumière luit à mes yeux ! Que je plains ceux qui sont « privés de ces biens!» Comme les principaux officiers de ses troupes venoient, fondant en larmes, lui témoigner leur douleur de ce qu'il les laissoit orphelins, et qu'ils prioient le Ciel de lui prolonger la vie : <<Mes amis, « leur dit-il, la vie où je vais entrer est la véritable vie. «Je connois les biens que je viens d'acquérir, et ceux « qui m'attendent encore. Je me hâte d'aller à Dieu.» Jamais prince ne fut plus regretté. Dès qu'il eut rendu les derniers soupirs, ses gardes donnèrent des marques de la douleur la plus vive: ils déchiroient leurs habits, se jetoient à terre, et se frappoient la tête. Au milieu de leurs sanglots et de leurs cris lamentables, ils l'appeloient leur maître, leur empereur, leur père. Les tribuns, les centurions, les soldats, si souvent témoins de sa valeur dans les batailles, sembloient vouloir encore le suivre au tombeau. Cette perte leur étoit plus sensible que la plus sanglante défaite. Les habitans de Nicomédie, où étoit alors Constantin, couroient tous confusément par les rues, mêlant leurs gémissemens et leurs larmes. C'étoit un deuil particulier pour chaque famille ; et chacun, pleurant son prince, pleuroit son propre malheur.

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6.L'empereur ThéodoselIsavoit par cœur toute l'écriture-sainte:il en recueillit avec soin tous les interprètes. Il jeûnoit souvent, sur-tout les mercredis et les vendredis, selon l'ancien usage de l'Eglise. Il se levoit au point du jour, et chantoit l'office divin avec ses sœurs: son palais avoit l'extérieur d'un monastère. Abraham, évêque deCarrhes, avant détruit dans cette ville le fameux temple du dieu Lunus, Théodose le fit venir à la cour:le saint prélat y mourut,et l'empereur conserva sa tunique,dont il se revêtoit en certains jours. Lorsqu'on enleva le corps d'Abrahampour le transporter enOrient, Théodosevoulut marcher à la tête du convoi : il le conduisit jusqu'au port: après le corps marchoient les impératrices et toute lacour.Dansun temps de disette causée par l'intempérie des saisons, l'empereur assistant avec le peuple aux jeux

du cirque,il survint un grand orage. Aussitôt Théodose, faisant retirer ses chars,ordonne au peuple d'adresser à Dieu ses prières: il entonne le premier un psaume; tous les spectateurs chantent avec lui,et le cirque semble être devenu un temple. L'air reprit aussitôt sa sérénité, et l'on dit que ce fut le dernier orage de cette année, qui, après avoir menacé d'une funeste stérilité, donna des moissons abondantes. Dans les guerres, il imploroit la protection du Ciel par de ferventes prières, comme David; mais il n'eut pas le courage et la science militaire de ce saint roi.Le respect qu'il portoit aux personnes consacrées à Dieu,alloit à un point qu'on pourroit taxer de foiblesse. Un moine insolent et téméraire,irrité contre le prince qui lui refusoit une grace, se retira en lui disant: «Je vous retranche de la communion de l'Eglise. » L'heure du repas étant venue, l'empereur, abattu du coup lancé d'une main si foible, protesta qu'il ne mangeroit point que l'excommunication ne fût levée, et il envoya prier un évêque d'obtenir cette faveur de celui qui l'avoit excommunié. En vain le prélat essaya de dissiper ses scrupules, en lui représentant qu'une pareille censure étoit sans effet. Théodose ne consentit à prendre de la nourriture, qu'après avoir reçu l'absolution de ce moine, qui ne méritoit lui-même aucun pardon.

7.S. Louis s'étant embarqué pour retourner dans ses états, obtint du légat, qui l'avoit accompagné dans son expédition de la Terre-Sainte, la permission de conserver dans son vaisseau le saint sacrement pour communier les malades. On le mit à l'endroit du navire le plus digne et le plus convenable, dans un tabernacle fort riche, couvert d'étoffes d'or et de soie, et placé sur un autel orné d'un grand nombre de reliques. Tous les jours on y récitoit solennellement l'office divin: les prêtres même, revêtus d'habits sacerdotaux, y faisoient les cérémonies et les prières de la messe, à la réserve de la consécration:le monarque assistoit à tout. Rien n'égaloitsa tendre sollicitude pour les malades: il les visitoit souvent, leur procuroit tous les soulagemens qui dépendoient de lui, et prenoit soin de leur salut encore plus que de leurguérison. Il y avoit sermon trois fois la semaine, sans parler

desinrtructions particulières et des catéchismes qu'il faisoit faire aux matelots, quand les petits vents régnoient, ou le calme.Quelquefois il les interrogeoit lui-même sur les articles de foi, ne cessant de leur répéter qu'étant toujours entre la vie et la mort, entre le paradis et l'enfer, ils ne pouvoient trop se hâter de recourir au sacrement de pénitence, pour appaiser la colère du Ciel. « Si le << vaisseau a besoin de vous, leur disoit-il,je prendrai votre << place avec joie, et mettrai la main à la manoeuvre << pendant que vous vous réconcilierez avec Dieu. » Tel fut l'effet et des soins et de l'exemple du pieux monarque, qu'en peu de temps on vit un changement notable parmi les matelots: les ténèbres de leur esprit furent dissipées; la férocité de leur cœur s'adoucit, et la charité y prit la place de la brutalité. La honte de ne pas faire quelquefois ce qu'un grand roi faisoit tous les jours, leur donna le courage de vouloir être chrétiens, et leur ins¬ pira des sentimens bien au-dessus de leur condition. Durant la navigation, il survint une horrible tempête : le vaisseau, jouet des vagues et des vents, étoit près de périr; tout le monde étoit en alarme : la reine et trois jeunes princes, ses enfans, jetoient des cris affreux. Louis, pendant cette consternation, Louis, prosterné aux pieds des autels, attendoit son secours de celui qui dit à la mer: «Tais-toi, » et aux vents: « Calmez-vous.>> Sa foi fut exaucée: le temps devint calme; et ce nouveau bienfait duTout-Puissant excita de plus en plus la pieuse reconnoissance du religieux monarque. « Regardez,séchal, disoit-il à son confident le sire de Joinville ; re<< gardez si Dieu ne nous a pas bien montré son grand << pouvoir, quand, par un seul des quatre vents de «<mer, le roi, la reine, ses enfans et tant d'autres per<< sonnages ont pensé abîmer. Ces dangers que nous << avons courus, sont des avestissemens et des menaces << de celui qui peut dire : Or, voyez-vous bien que je << vous eusse tous laissé noyer, si j'eusse voulu ? »

8. Diagore le Mélien, disciple de Démocrite, étant venu s'établir à Athènes, y ouvrit une école d'athéisme. On lui intenta un procès sursa doctrine pernicieuse. Ilse sauva par la fuite, et, par ce moyen, évita le supplice

que

mérite tout fanatique qui veut troubler l'état par des principes erronés ; mais il ne peut éviter la flétrissure de la sentence qui le condamnoit à mort. Les Athéniens eurent tant d'horreur pour les maximes impies qu'il débitoit, qu'ils allèrent jusqu'à mettre sa tête à prix, et à promettre un talent de récompense pour celui qui le livreroit mort ou vif.

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Quelques années avant, on avoit déjà fait une affaire toute semblable à Protagore,autre disciple de Démocrite, pour avoir simplement traité la matière de problématique. Il avoit dit au commencement d'un de ses livres : Y a-t-il des dieux? n'y en a-t-il point? C'est une ques<«<tion où je ne sais si je dois affirmer ou nier. Pour éclair<< cir cette matière épineuse, notre entendement esttrop << foible, trop aveugle, et la vie humaine trop courte. » Ces blasphemes excitèrent l'indignation des Athéniens, alarmèrent leur piété : ils ne purent souffrir qu'on mit en doute une vérité aussi palpable. Ils firent proclamer, par le crieur public, que tous ceux qui avoient des exemplaires de cet ouvrage, les apportassent au magistrat. On les fit brûler comme infames, et l'auteur fut banni de l'état à perpétuité.

9. Lorsque Rome fut prise par les Gaulois, comme le prêtre de Romulus et les vestales emportoient les images des dieux,pour les soustraire à la fureur sacrilège des Barbares, un citoyen illustre, appelé Albinus, les voyant à pied, fit aussitôt descendre sa femme et ses enfans d'un charriot qu'il conduisoit, pour faire monter le prêtre avec les vestales; et préférant le bien de la religion au salut de sa famille, il quitta son chemin pour les conduire au bourg de Céré, dont le peuple le reçut avec beaucoup de respect et d'humanité. On peut remarquer, en passant, que les actes extérieurs de religion ont pris de ce bourg le nom de Cérémonies.

10. Les Gaulois, sous la conduite de Brennus, assiégeoient le Capitole, et veilloient exactement à ce que personne n'en sortit et ne passât à travers les corps-degarde, lorsqu'un jeune Romain, par une action hardie, attira sur lui les yeux et l'admiration, tant des ennemis que des citoyens. Il y avoit un sacrifice attaché à la mai

son

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