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Un jour, se promenant dans la place publique, il se sentit pressé de la soif, et demanda de l'eau. Il étoit près de boire, lorsqu'il apercut le censeur Cotta, homme fort adonné au vin; alors il appela ses amis : << Cachez-moi bien, leur dit-il; car si notre censeur <<< me voyoit boire de l'eau, il me chasseroit du sénat.»

C. Popilius, homme ignorant et stupide, se donnoit pour un habile jurisconsulte. Ayant été appelé pour être témoin dans une affaire, il répondit qu'il ne savoit rien: «Vous croyez peut-être, lui dit Cicéron, qu'on « vous interroge sur le droit ? »

Fabia Dolabella disoit souvent qu'elle n'avoit que trente ans : << Cela est vrai, dit Cicéron ; car il y a vingt << ans que vous le dites. »>

13. Auguste, revenant à Rome après la bataille d'Actium,futsalué par un artisan qui lui présenta un corbeau, à qui il avoit appris à dire ces mots : «Je vous salue, Cé«sar vainqueur.» Le prince, charmé, acheta cet oiseau six mille écus. Un voisin jaloux alla dire à l'empereur que cet homme avoit encore un autre corbeau qui disoit des choses plaisantes. Auguste voulut le voir ; et l'animal fit entendre ces mots : « Je vous salue, Antoine vain<< queur. L'artisan, homme prudent, avoitinstruit cet autre oiseau en cas qu'Antoine fût triomphant. Auguste n'en témoigna aucune colère ; il ordonna seulement à cet homme de partager avec son voisin les six mille écus.

A l'exemple du corbeau, un perroquet fit à Auguste le même compliment, et fut acheté très-cher; une pie vint ensuite, et rendit son instituteur opulent: enfin un pauvre cordonnier voulut aussi apprendre à un corbeau à faire cette salutation. Il eut bien de la peine à réussir; souvent il se désespéroit, et s'écrioit en colère : « Je << perds mon temps et ma peine. » Il vint enfin à bout de son entreprise, et courut aussitôt attendre Auguste sur son passage. Il lui présenta le corbeau, qui répéta fort bien sa lecon; mais le prince se contenta de dire: « J'ai assez de ces complimenteurs-là dans mon palais.»> Alors le corbeau se ressouvenant de ce qu'il avoit entendu dire à son maître, répéta : « J'ai perdu mon temps et ma peine. » Auguste se mit à rire, et acheta cet oiseau plus cher que tous les autres.

14. S. Louis, après son voyage de la Terre-Sainte, étant débarqué aux îles d'Hières en Provence, envoya de tous côtés chercher des chevaux, dont tout le monde manquoit. L'abbé de Cluni, qui se trouvoit pour lors à Marseille, lui en donna deux qui valoient bien cinq cents livres chacun, et lui fit demander une audience qu'il lui accorda avec plaisir. Elle fut longue; ce qui fit croire qu'elle avoit été favorable. «N'est-il pas « vrai, sire, lui dit plaisamment le sire de Joinville, «< que le présent du bon moine n'a pas peu contribué « à le faire écouter aussi longuement?» Le roi convint qu'il en pouvoit être quelque chose. «Jugez donc, << sire, reprit le bon chevalier, ce que feront les gens « de votre conseil, si votre majesté ne leur défend << de rien prendre de ceux qui auront à faire par de« vant vous; car, comme vous voyez, on en écoute « toujours plus volontiers.» Louis ne put s'empêcher de rire de la naïveté ; mais il sentit toute la sagesse du bon mot, et ne l'oublia jamais.

pas

15. Le baron des Adrets, capitaine huguenot, ayant pris une petite place aux catholiques, condamnales soldats qni l'avoient défendue, à sauter duhaut en bas d'une tour de la forteresse. Un de ces infortunés guerriers s'avanca par deux fois au bord du précipice, et recula deux fois, pour ne point faire le saut fatal: « Allons << donc, mon ami, lui dit le baron, dépêche : est-ce si << difficile ? ---- Eh bien, monsieur, repartit le soldat << puisque cela vous paroit si facile, je vous le donne << en quatre. >> Cette plaisanterie plut si fort au cruel baron, qu'il s'adoucit en sa faveur, et lui donna la vie.

16. Henri IV avoit un cheval qu'il aimoit beaucoup: il avoit dit qu'il feroit pendre celui qui lui apprendroit sa mort. Le cheval paya le tribut à la nature. Un Gascon apprit ainsi cette perte au roi : «Hélas! sire, dit-il, << votre cheval !...... ce beau cheval !...... le cheval de « votre majesté !.....ô ciel! ce magnifique cheval!.... «Je parie qu'il est mort, s'écria le monarque alarmé. <<-Vous serez pendu, sire, reprit le Gascon ; vous << vous êtes donné la première nouvelle. »

17. Le cardinal de Richelieu venoit d'assister à une

cérémonie où un cordelier avoit prêché. Surpris de n'en avoir pas assez imposé au prédicateur, pour l'intimider un peu, il lui demanda comment il avoit pu parler avec tant d'assurance: « Ah ! monseigneur, ré«pondit le cordelier; c'est que j'ai appris mon ser<< mon devant un carré de choux, au milieu duquel « il y en avoit un rouge; et cela m'a accoutumé à << parler devant votre éminence. »

18. Monsieur le prince passant par une petite ville de Bourgogne, le maire se présenta pour le haranguer: <«< Monseigneur, lui dit-il, j'ai, comme vous voyez, le << droit de vous ennuyer beaucoup; je ne le ferai point << valoir, à condition que vous obtiendrez pour notre << ville une exemption de gens de guerre. » Le prince fut fort content de cette harangue, et promit ce qu'on lui demandoit. « Songez-y, monseigneur, reprit le <«< maire ; sinon, l'année prochaine, lorsque vous re<< passerez, je ferai valoir mon droit, et vous payerez << alors le principal et l'intérêt. »

19. Le duc de Roquelaure étoit dans une petite ville de province. Il avoit été voir la plupart des dames du lieu; mais il en avoit oublié une, qui se croyoit cependant très-digne de sa visite. L'oubli du duc lui parut un affront sanglant; elle craignit même que les autres femmes n'en tirassent avantage : c'est pourquoi elle pria un des amis de M.de Roquelaure de l'amener chez elle.Cet ami s'acquitta de sa commission. Roquelaure, se voyant comme forcé à cette visite, entra en mauvaise humeur, et protesta qu'il ne diroit pas un mot. Cependant la dame, avertie de l'heure à laquelle le duc devoit se rendre chez elle, avoit eu soin d'assembler bonne compagnie, afin d'avoir autant de témoins de l'honneur qu'elle devoit recevoir; mais elle n'eut pas lieu de s'en applaudir. Roquelaure vint, comme il l'avoit promis; mais il ne fut pas plutôt entré, qu'il se campa dans un fauteuil, où il ne desserra pas les dents. Toute l'assemblée fut déconcertée d'un pareil procédé. La dame méprisée mouroit de dépit; mais sa fille, qui étoit une petite personne fort spirituelle, la vengea pleinement. Ennuyée d'un si long silence, elle se leva tout d'un coup; et après

s'être approchée du duc, elle se mit a crier de toute sa force: «Ah! mon Dieu ! maman! monsieur de Roque« laure est mort!» Cette saillie réveilla tous les esprits. On demanda à la petite fille ce qu'elle vouloit dire. << Mais oui, insista-t-elle, il est mort: ne voyez-vous pas « bien qu'il pue, et qu'il ne parle point? N'est-ce pas <«< comme l'on dit que nous serons après la mort?» M. de Roquelaure se retira promptement tout honteux, et laissa à la compagnie la liberté de rire à ses dépens. 20. Un gentilhomme, qui avoit beaucoup voyagé, alla à Chantilly saluer monsieur le prince; et dans le récit de ses voyages, il lui parla d'un prince de Perse,qui, à trente ans, avoit fait les plus belles actions dont on ait jamais ouï parler. Pendant cet entretien, le dîner ayant été servi, chacun se mit à table. Monsieur le prince,sensible aux grandes actions, dit à ce gentilhomme: «La vie <«< du prince dont vous m'avez parlé, a eu de si beaux « commencemens, que je brûle d'impatience d'en sa« voir la suite.---Hélas! monseigneur, répondit le gen<< tilhomme, qui vit en un moment le potage presqu'en« levé, il mourut subitement; » et par là, l'histoire étant finie, il se mit à manger comme les autres.

21. Quand le maréchal de la Ferté vouloit faire pendre quelque soldat, il avoit coutume de lui dire ; « Cor<< bleu ! toi ou moi, nous serons pendus. » Il dit la même chose à un espion qu'on trouva dans son camp. Lorsqu'on voulut conduire ce misérable à la potence, il demanda à parler au maréchal: « Monseigneur, lui dit« il, vous vous souviendrez que vous m'avez dit que <<< vous ou moi, nous serions pendus. Je viens pour << savoir si vous voulez l'être ; car, si vous ne l'êtes <<< point, je vois bien qu'il faut que je le sois. » Le maré<< chal se prit à rire, et fit grace à l'espion. »

22. M. de*** se disoit d'une maison fort illustre quoiqu'il tirât son origine d'un fou. L'Angéli, bouffon de Louis XIV, se trouvant avec lui dans la chambre du roi, après lui avoir parlé debout pendant quelque temps, lui dit: « Asseyons-nous, monsieur, on << ne prendra pas garde à nous; et vous savez que << nous ne tirons pas à conséquence. »

23. Louis XIV étoit de la dernière exactitude aux revues qu'il faisoit de sa maison. Il ne pardonnoit point à un gendarme à qui il manquoit quelque pièce de son ajustement militaire; il le chassoit sans miséricorde. Un Gascon, garde-du-corps, ayant perdu au jeu son buffle, fut obligé de passer en revue. Le monarque, ne lui voyant point de buffle, le cassa, malgré sa bonne mine, sa belle taille et son dégagé.Le Gascon alla le lendemain promener sa douleur dans le parc : il vit de loin le roi qui s'y promenoit aussi.Il se mit dans l'attitude d'un homme qui épluche au soleil de petits animaux qui sont l'apanage de la misère. Louis XIV l'apercut. Un garde se détacha pour avertir le Gascon que le roi l'avoit observé: « J'en «suis bien aise, reprit le garde cassé; dites à sa majesté « que je fais la revue de mes gardes-du-corps, et queje <«< casse ceux qui n'ont point de buffle.»Cette plaisanterie réjouit le prince, et, le disposa à rétablir le Gascon.

24. Un homme, qui avoit l'esprit singulier, entendit lire a la cour d'Alphonse V, roi d'Aragon, la fable des Harpies, et s'imagina qu'on vouloit se moquer de lui, parce que les poètes disent que ces animaux fabuleux habitoient une certaine île en Sicile,dont lui-même,ainsi que sa famille, étoit originaire. Le monarque, s'étant apercuque cethomme bizarre s'offensoitde cette lecture, lui dit : « Ne vous fàchez pas ; les harpies ne demeurent << plus aujourd'hui dans cette île: elles se sont dispersées << dans les cours des princes, et c'est là que ces oiseaux << avides ont, depuis ce temps, fixé leur séjour. »

25. M. Ollier, curé de S. Sulpice, étant à la maison de campagne que le séminaire possède à Issy, fit un discours à ses séminaristes, et prêcha sur la destruction du vieil homme. Il répéta souvent, avec beaucoup de zèle, qu'il falloit faire mourir le vieil homme. La jardinière, dont le mari étoit fort âgé, ayant eu lacuriosité de prêter l'oreille à la serrure de la chambre où l'on prêchoit, crut que M. Ollier vouloit qu'on tuât son mari. Elle alla, dans le moment, communiquer sa terreur à son époux, qui résolut aussitôt de se dérober à la mort qui lemenaçoit. Il va trouver le curé : « Monsieur, lui dit-il, ma femme <«< atout entendu; donnez-moi mon congé, je veux encore

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