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quoi il portoit un habit court? Il répondit que l'habit étoit propre à danser: cette réponse irrita le ministre de l'évêque, qui lui demanda qui il étoit.Ego sum qui sum, reprit le curé. Le grand-vicaire le fit comparoître devant l'évêque, qui d'abord lui fit des reproches sur ses réponses, auxquelles il donnoit l'épithète d'insolentes et d'impies. «Monseigneur, répondit le curé, vous allez << voir si j'ai tort, et si je mérite les titres que me donne « votre grandeur. Je suis curé d'un lieu appelé Dansé, « les chemins y sont pleins de boue, même dans la ca« nicule ; c'est ce qui m'a fait dire à M. votre grand« vicaire, que mon habit court étoit propre à danser. « Ensuite, je m'appelle Cuisson ;je n'ai pas cru l'offen<< ser en lui disant mon nom qu'il me demandoit. » Le prélat, à ces mots, fit comme le roi, dans Boileau :

:

Et le roi, que fit-il ? Le roi se prit à rire.

48. Un homme qui bégayoit, demanda en plusieurs temps, et en comptant tous ses mots dont il répétoit les syllabes, le nom d'une rue qu'il ne pouvoit trouver. Il s'adressa justement à un homme qui avoit à la langue le même défaut que lui, et qui lui enseigna ce qu'il demandoit en imitant parfaitement les bégaiemens de celui qui l'interrogeoit. Le questionneur crut avoir trouvé un moqueur qui le vouloit tourner en ridicule en le copiant ; il s'échauffa et s'emporta contre lui celui-ci, en voulant s'excuser, bégayoit encore davantage. Ce bredouillement réitéré fait croire à l'autre qu'il avoit en tête un plaisant qui n'en vouloit point démordre: il s'accroche avec lui, et l'accueille à coups de poings. Un autre bégue survient, et s'efforce de séparer les combattans: il en vient à bout ; mais, voulant savoir le sujet de leur querelle, il leur parla d'une voix si entre-coupée, qu'ils crurent que ce médiateur vouloit se moquer d'eux. De concert ils fondent sur lui pour le punir; et sans doute ils l'auroient mis en pièces dans leur colère, si des gens charitables ne l'eussent arraché de leurs mains. Quand ils apprirent tous trois leur défaut commun, leur fureur s'éteignit; et ils rirent eux-mêmes de leur méprise.

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49. Un homme de la cour jouoit au piquet, ét étoit impatienté par un voisin à vue courte et à long nez. Pour s'en débarrasser, il prit son mouchoir et moucha le nez de cet homme incommode. « Ah! monsieur, « lui dit-il aussitôt, je vous demande pardon ; je l'a« vois pris pour le mien. » Voyez BONS-MOTS, NAIVETÉ, RAILLERIE, REPARTIE.

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1.

POLITESSE.

Le chevalier William Gooëls, Anglais, gouver

neur de Virginie, causant avec un négociant dans une rue de Williamsbourg, vit passer un nègre qui le salua, et aussitôt il lui rendit le salut. « Comment, << dit le négociant, votre excellence s'abaisse jusqu'à <<<< saluer un esclave? -Sans doute, répondit le gon« verneur; je serois bien fàché qu'un esclave se mon<«< trât plus honnête que moi, »

2. L'empereur Adrien mettoit toujours de la politesse dans ses discours, même en parlant à des gens d'une condition vile, et détestoit ceux qui, sous prétexte qu'un prince ne doit jamais déroger à la majesté de son rang, lui faisoient une espèce de crime du plaisir qu'il goûtoit à donner ces marques d'humanité.

3. Le fameux Aristote, étant près de mourir, fut prié par ses disciples de se nommer un successeur. ThéophrastedeLesbos,et Ménédème de Rhodes,prétendoient tous deux à cet honneur. Aristote se fit apporter deux bouteilles, l'une de vin de Rhodes, l'autre de vinde Lesbos. Il goûta d'abord le premier vin, et en fut très-content: il passa ensuite au vin de Lesbos; et, lorsqu'il en eut bu: « Ces deux vins, dit-il, sont très-bons, sans doute; «celui de Lesbos me paroît cependant plus agréable. » Il vouloit, par cet ingénieux trait de politesse, donner honnêtement la préférence à Théophraste.

4. C'étoit du temps de Charlemagne,une sorte de politesse chrétienne et d'usage, de demander le pain béni aux évêques. Charles l'ayant demandé à l'un des prélats

de sa cour, le pontife bénit un pain, le coupa, en retint un morceau, et donna l'autre à l'empereur. Le monarque, choqué de la grossiéreté de son procédé, lui dit : « Gardez tout; vous avez précisément retenu « le morceau que je voulois. »

5. Après l'entrevue d'Aigues-Mortes, en 1538, François I alla visiter l'empereur Charles-Quint sur sa galère, et lui dit : « Mon frère, vous me voyez « une seconde fois votre prisonnier.-Non, mon frère, « répondit aussitôt l'empereur, je ne vous ai jamais « eu prisonnier que dans mon cœur, qui est tout à « vous avec autant de sincérité que je voudrois « le vôtre fût à moi. » Voyez CIVILITÉ, SAVOIR-VIVRE, TON (bon), URBANITÉ.

1.

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POLITIQUE.

que

APRÈS avoir subjugué Babylone et l'Assyrie

Cyrus, devenu maître des vastes provinces de l'Asie, voyoit à ses pieds des nations puissantes et belliqueuses. Abandonnant désormais le désir des conquêtes, il ne songea plus qu'à diriger au même but, par une sage politique, toutes les parties de ce corps immense dont il étoit l'ame et le modérateur. Seul, il n'eût pu sontenir le fardeau du commandement ; il commença donc par choisir des ministres sages, capables de concourir avec zèle au bien public, dignes de partager avec lui les devoirs pénibles de la royauté. Chacun avoit son district et son objet particulier, dont il rendoit compte à celui qui étoit au-dessus de lui; et celui-là à un troisième, et ainsi de tous les autres, jusqu'à ce que par ces différens degrés, la vérité confiée à des bouches intègres, parvînt au pied du trône. Il évitoit avec soin de déférer à un seul homme un pouvoir absolu, sachant qu'un princese repentira bientôt d'avoir élevé cet homme unique, s'il consent qu'il abaisse tous les autres. Il établit un ordre merveilleux pour la guerre, pour les finances, pour la police. Il avoit dans toutes les provinces des personnes d'une probité reconnue, qui lui rendoient compte de

que

tout ce qui s'y passoit. Il étoit attentif à honorer, à récompenser tous ceuxquise distinguoient par leur mérite, et qui excelloient en quelque genre que ce fût. Il préféroit infiniment la clémence au courage guerrier, parce le dernier entraîne souvent la ruine et la désolation des peuples, aulieu que l'autre est toujours bienfaisante et salutaire. Il savoit que les lois peuvent beaucoup contribuer aux réglemens des mœurs; mais, selon lui, le prince devoit être, par son exemple, une loi vivante; et il ne croyoit pas qu'il fût digne de commander aux autres, s'il n'avoit plus de lumières et plus de vertu que ses sujets. Il étoit aussi persuadé que le moyen le plus sûr de s'attirer le respect des grands de sa cour, et de tous ceux qui l'approchoient, étoit de leur en porter assez de son côté, pour ne vouloir jamais, en leur présence, rien faire ni rien dire qui fût contraire aux règles de l'honnêteté et de la pudeur.

2. Les revenus des rois de Perse consistoient ou en levées de deniers imposés sur les peuples, ou en fourniture de plusieurs choses en nature, comme grains, provisions, fourrages et autres denrées, chevaux, chameaux, comme aussi de ce qu'il y avoit de plus rare en chaque province.Strabon remarque que le satrape d'Arménie envoyoit réguliérement tous les ans au roi de Perse vingt mille poulins. On peut juger du reste à proportion. Les tributs n'étoient imposés que sur les nations conquises; car les sujets naturels, c'est-à-dire, les Persans, étoient exempts de toute imposition. Ce ne fut même que sous Darius que cet usage fut introduit, et que l'on détermina les sommes que chaque province devoit payer tous les ans. Elles montoient à peu près à quarante-quatre millions.

Les contributions qui se faisoient en nature, avoient pour objet l'entretien de la table du prince et de sa maison, et la subsistance des armées. Les six vingts satrapies ou provinces de la Perse,fournissoient chacune sa quotepart et sa taxe. Il y avoit aussi certains cantons assignés pour l'entretien de la toilette et de la garde-robe de la reine, l'un pour sa ceinture, l'autre pour son voile, et ainsi du reste; et ces cantons étoient d'une fort grande

étendue, puisqu'un d'eux renfermoit autant d'espace qu'un bonime en peut parcourir en un jour.

3. Pour rétablir l'ordre et la tranquillité dans sa patric, Lycurgue forma un sénat composé de vingt-huit sénateurs, auxquels présidoient les deux rois de Lacédémone.Cette auguste compagnie, qui comprenoit ce qu'il y avoit dans la nation d'hommes les plus sages et les plus expérimentés, servoit comme de contre-poids aux deux autres autorités, c'est-à-dire, à celle des rois et à celle du peuple ; et, quand l'une vouloit prendre le dessus, le sénat se rangeoit du côté de l'autre, et les tenoit ainsi toutes deux dans un juste équilibre. Dans la suite, pour empêcher que cette compagnie même n'abusât de son pouvoir qui étoit fort grand, on lui mit une espèce de frein, en nommant cinq éphores qui étoient tirés du peuple, et dont la charge ne duroit qu'un an, mais qui avoient une inspection absolue sur les sénateurs et sur les rois même.

Le pouvoir des rois étoit fort borné, sur-tout dans la ville et en temps de paix. Dans la guerre, c'étoient eux qui commandoient les flottes et les armées ; et pour lors leur puissance étoit plus étendue. Cependant on leur donnoit alors même des espèces d'inspecteurs et de commissaires qui leur tenoient lieu d'un conseil nécessaire; et l'on choisissoit ordinairement pour cette fonction, ceux des citoyens qui étoient mal avec eux, afin qu'il n'y eût point de connivence de leur part, et que le public fût mieux servi. Il y avoit presque toujours une secrète mésintelligence entre les deux rois; effet de la politique spartaine, à qui leur trop grande union auroit pu donner de l'ombrage.

Les affaires se proposoient et s'examinoient dans le sénat, et c'étoit-là que se formoient les résolutions. Mais les décrets du sénat n'avoient point de force, s'ils n'étoient ratifiés par le peuple.

4. Par des services affectés, par un soin ardent en apparence à rétablir l'ordre parmi les Mèdes, Déjoce s'en étoit fait aimer.Devenu nécessaire, on lui conféra le titre et la puissance de roi. C'étoit ce que sa sombre politique avoit cherché jusqu'à ce jour; et peut-être eût-il

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