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<reux, comptes-tu mourir? Je mourrai, dit-il, de la << fièvre.-Tu en as menti, répondit l'empereur,tu péri<< ras tout-à-l'heure d'une mort violente.» On alloit saisir ce pauvre malheureux, lorsqu'il dit à l'empereur: «Sei«gneur, ordonnez qu'on me tâte le pouls, et l'on verra << que j'ai la fièvre.» Cette adroite saillie le tira d'affaire. 3. Le fils d'un fermier de la province de Wiltshire en Angleterre, nommé James Brown, âgé de douze à quinze ans, avoit coutume d'aller à la ville voisine faire les provisions de son père. Comme il y avoit alors beaucoup de voleurs dans ce canton, cet enfant, par une présence d'esprit peu ordinaire à son âge, mettoit d'un côté les pièces d'or, et de l'autre la monnaie courante, afin de sauver les unes, si les autres étoient en danger. Ilse met en campagne. A peine a-t-il fait une lieue, qu'un collecteur(c'est ainsi qu'on appelle les voleurs en Angleterre) vint lui demander la bourse ou la vie. Lejeune homme paroît interdit ; il crie, il refuse : le collecteur le presse et le menace; eufin, James Brown, feignant d'être au désespoir, met la main dans la poche où il serroit sa monnaie, et la jette loin de lui au delà d'un fossé et d'un petit buisson, en disant au voleur que s'il vouloit son argent, il prît au moins la peine de l'aller chercher. Le collecteur, ébloui par la quantité de pièces qu'avoit jetées le jeune Brown, crut devoir se hâter de les ramasser, pendant que le jeune homme prenoit la fuite. Il descend de cheval, il cherche les pièces dans le ruisseau et derrière le buisson. Mais quelle est sa surprise, lorsqu'il voit Brown, qu'il croyoit bien loin, monter tout-à-coup sur son cheval, piquer des deux et disparoitre? C'est ainsi que, par sa prudence, James Brown, qui s'étoit caché près de là, acquit un bon cheval et la valise du collecteur pour une somme très-modique.

4. Jacques Nompar de Caumont, duc de la Force, encore tout jeune, échappa au massacre de la SaintBarthélemi, par un trait de présence d'esprit au-dessus de son âge. Il étoit couché dans un même lit avec son père et son frère aîné. Les meurtriers entrèrent dans la chambre, et donnèrent plusieurs coups de poignard, dont Caumont et son fils aîné moururent sur-le-champ. Le plus jeune ne fut que blessé ; comme il nageoit

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dans le sang, on le crut mort, et les assassins sortirent. Ce jeune enfant, qui avoit à peine douze ans contrefit le mort, et se cacha le mieux qu'il put sons les corps de son père et de son frère. Il resta ainsi jusqu'au soir; et pendant cet intervalle, il entendit des discours de toute espèce, qui le firent frissonner d'horreur. Divers assassins entrèrent dans la maison pour massacrer ceux qu'ils y trouveroient, se mirent à piller; et en regardant les corps qui étoient sur le lit, les uns faisoient l'éloge de ce meurtre, en disant que ce n'étoit pas assez de tuer les mauvaises bêtes, mais qu'il falloit aussi en écraser les petits d'autres approuvoient le meurtre du père ; mais ils ne pouvoient souffrir qu'on cût égorgé les enfans, à qui l'on n'avoit rien à reprocher. Le jeune de la Force, qui étoit depuis longtemps dans une situation cruelle, fut tenté alors de se montrer cependant il attendit encore; et, sur le soir, ayant entendu la conversation d'autres personnes, qui déstestoient entre elles la barbarie des exécutions de cette affreuse journée, il se débarrassa de dessous les corps de son frère et de son père; et levant un peu la tête: «Je ne suis pas mort,» leur dit-il. On voulut alors lui faire beaucoup d'interrogations, et on lui demanda sur-tout qui il étoit ; il répondit qu'il étoit le fils d'un de ces deux morts, et le frère de l'autre. A l'égard de son nom, il ne voulut point le déclarer; et comme on insistoit pour le savoir, il eut la prudence de dire qu'il ne se nommeroit que lorsqu'on l'auroit mis en sureté. Il étoit bien difficile de trouver un asile assuré dans des conjonctures aussi affreuses. On demanda donc à cet enfant où il vouloit aller: « A l'arsenal, dit-il, je suis << parent du grand-maître ; vous serez bien récompen« sés. » On l'y conduisit avec le plus de précaution qu'il fut possible; et enfin on le mit entre les mains de Biron.

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4.Un cordelier, se trouvant en route, rencontra deux ministres protestans, qui lui proposèrent de souper avec eux. Ce religieux accepta avec plaisir la proposition. Les ministres cependant cherchoient en eux-mêmes comment ils devoient s'y prendre pour se divertir aux dépens du bon père. Ces deux messieurs avoient chacun

leur

leur femme. Une de ces dames leur proposa cet expé dient: << Avertissons, dit-elle, l'aubergiste, et ordonnons-lui de ne servir pour tout le repas que quatre perdrix, qu'il placera vis-à-vis du moine, lequel nous prierons de vouloir bien servir. Il ne manquera pas de distribuer à chacun de nous une perdrix, et comme nous sommes quatre, il ne lui restera pour sa part que le fond du plat. » Cet avis est applaudi: dans le moment on donne les ordres nécessaires à l'aubergiste, qui s'empresse d'obéir ponctuellement. On sert; on feint de murmurer contre la modicité du repas : l'hôte s'excuse de son mieux ; on le renvoie, et l'on prie le révérend père de faire les honneurs de la table. Le cordelier s'apercoit, à certaines grimaces, qu'on veut le jouer; sa présence d'esprit lui fournit dans l'instant un moyen de rire aux dépens de ceux qui prétendoient le duper. Après s'être excusé long-temps de servir, il se rend aux instances qu'on lui fait : il prend le plat, le fait tourner deux ou trois fois, comme un homme qui ne sait pas trop comment s'y prendre. Son embarras fait rire les ministres et leurs dignes compagnes : « Allons, père, lui disent-ils, vous êtes bien long; faites<< nous donc parvenir quelque chose. Donnez-moi << une assiette.» On la lui tend aussitôt. Le rusé cénobite tire une perdrix ; et la placant entre un des ministres et sa femme, il lui dit : Monsieur le ministre, cette << perdrix, madame votre femme et vous, vous êtes << trois. » Il se fait donner une seconde assiette, sur laquelle il met une autre perdrix, et la préser tant à l'autre ministre : « Monsieur le ministre, lui dit-il « aussi, cette perdrix, madame votre femme et vous, << vous êtes trois. Messieurs, ajouta-t-il en prenant les << deux perdrix qui restoient, et les mettant sur son << assiette, deux perdrix et moi nous sommes trois : « croyez-moi, allons toujours de trois en trois.» 6.Sertorius étoit en quartier d'hiver à Castulon, ville des Celtibériens. Ses soldats, qui se trouvoient dans un pays fertile, où ils avoient des vivres en abondance, passoient les jours entiers à boire et à s'enivrer, et se livroient à toutes sortes de débauches. Cette conduite Tome III.

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donna un si grand mépris pour eux aux Barbares, qu'une nuit ils envoyèrent demander du secours à leurs plus proches voisins, les Grysæniens; et entrant dans toutes les maisons, ils firent main-basse sur les Romains quis'y trouvèrent. Pendant ce tumulte, Sertorius sortit avec un petit nombre de ses gens : et ralliant ceux qui se sauvoient après lui, il fit le tour de la ville. Il trouva encore ouverte la porte par où les Grysæniens étoient entrés, et qu'ils avoient laissée sans gardes : il y placa un corps de troupes; puis, s'étant rendu maître de tous les quartiers, il passa au fil de l'épée tous ceux qui étoient en âge de porter les armes. Après cette exécution sanglante, il commanda à ses soldats de quitter leurs armes et leurs habits, de prendre ceux des Barbares qu'ils avoient tués, et de le suivre à la ville des Grysæniens. Les Barbares, trompés par la vue de ces habits et de ces armes qu'ils connoissoient, ouvrirent leurs portes, et sortirent en foule au devant d'eux pour les recevoir, croyant que c'étoient leurs gens et leurs voisins qui venoient se réjouir, après avoir heureusement exécuté leur entreprise. Les Romains en tuèrent une grande partie près des portes; les autres, s'étant rendus à discrétion, furent vendus.

7. Iphicrate, fameux capitaine athénien, marchoit contre les ennemis de sa patrie; remarquant plusieurs de ses soldats qui pàlissoient de crainte et n'avançoient qu'en tremblant, il fit dire par un héraut: «Si quelqu'un << a oublié quelque chose, qu'il s'en retourne au camp; il <<reviendra ensuite.» Lesplus làches,charmés de ce délai, s'en retournèrent aussitôt. Iphicrate, les voyant partis : « Allons, dit-il afix autres, laissons aller cette canaille; << fondons sur l'ennemi;» et aussitôtil engagea le combat.

8. Agis II, roi de Lacédémone, et fils d'Archidame, ayant remporté dans un combat contre les Argiens un très grand avantage, les vaincus se rallièrent et revinrent à la charge. On étoit sur le point de s'attaquer de part et d'autre, lorsque le monarque vit quelques-uns des alliés se troubler : cette crainte pouvoit se communiquer, et devenir dangereuse : « Camarades, leur dit-il, « ayez bon courage; si nous tremblons, nous qui som<< mes vainqueurs, que feront donc ceux que nous

« avons vaincus ? » Ces paroles adroites rassurèrent les esprits; et les Spartiates achevèrent de moissonner les lauriers qu'ils avoient commencé de cueillir.

9. Le magasin à poudre des Espagnols, commandés par Gonsalve, leur capitaine, sauta, dès les premières charges, à la bataille de Cérignoles. Le général, qui sentit que ce hasard malheureux pouvoit avoir des suites funestes, eut assez de présence d'esprit pour en tirer un augure favorable. « Enfans, dit-il à ses soldats, la vietoire est à nous : le Ciel nous annonce, par ce signe « éclatant, que nous n'aurons plus besoin d'artillerie. » La noble assurance dont il accompagna ce discours persuada tous les esprits, et lui fit remporter la victoire.

10. Alexandre-le-Grand avoit résolu de détruire Lampsaque, dont les habitans avoient osé se mesurer avec lui. Mais quand il fut près de cette ville, il vit venir à lui le philosophe Anaximène, qu'il estimoit beaucoup, parce qu'il l'avoit eu pour maître dans ses études. Ne pouvant douter qu'il ne vint opposer ses prières à la colère qui le transportoit, il jura qu'il ne feroit point ce que lui demanderoit le philosophe. << Seigneur, lui dit aussitôt Anaximène, je demande que vous détruisiez Lampsaque. » La présence d'esprit de ce savant homme sauva cette illustre cité de la ruine à laquelle elle avoit paru condamnée.

11. Un officier des mousquetaires, à la tête d'une brigade de sa compagnie, étoit à Paris dans une grande place, chargé d'appaiser le soulèvement que la cherté du pain causoit parmi le peuple, en 1709. Il vouloit nettoyer la place des mutins qui la remplissoient; il dit à sa troupe : « Tirez sur la canaille; mais épargnez les << honnêtes gens. » Ces mots furent entendus de tout le monde. Personne ne voulut être compris dans la canaille; et la sédition s'appaisa dans le moment.

12. François I jouoit à la paume avec un moine trèsadroit à ce jeu. Il arriva que le moine fit un coup de raquette qui décida la partie. « Voilà, dit le roi, un vrai « coup de moine. - Sire, répondit le bon père, il ne tient << qu'à votre majesté que ce ne soit un coup d'abbé.» Le monarque ne tarda pas à récompenser cette réponse.

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