صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني
[ocr errors]

FRAGMENT.

Quand la voix de mes pères, du haut de leur palais aérien, appellera mon âme, réjouie d'être choisie par eux; lorsque je monterai, balancé par la brise, ou qu'enveloppé de brouillards, je descendrai le flanc de la montagne; oh! puisse mon ombre ne voir aux lieux où mes cendres retourneront à la terre, ni urne sculptée, ni parchemin surchargé d'armoiries ni pierre couverte de louanges! Mon nom seul sera mon épitaphe. S'il n'environne d'honneur ma froide poussière, qu'aucune autre gloire ne soit la récompense de mes actions. Ce nom, ce nom-là seul doit marquer mon tombeau, illustré par lui, ou avec lui oublié. »

[ocr errors]

A FRAGMENT.

When, to their airy hall, my Fathers' voice
Shall call my spirit, joyful in their choice;
When, pois'd upon the gale, my form shall ride,
Or, dark in mist, descend the mountain's side;
Oh! may my shade behold no sculptur'd urns,
To mark the spot where earth to earth returns :
No lengthen'd scroll, no praise-encumber'd stone;
My epitaph shall be my name alone:

If that with honour fail to crown my clay,
Oh!
may no other fame my deeds repay;
That, only that, shall single out the spot,
By that remember'd, or with that forgot.

Les Heures d'oisiveté furent critiquées avec amertume dans la Revue d'Edimbourg, qui était alors l'oracle de l'Angleterre. Elle tourna en ridicule l'auteur et son ouvrage. Peut-être ce premier désappointement exerça-t-il une grande influence sur la vie de lord Byron. Il en fut profondément blessé. Son âme, encore jeune et confiante, desirait l'estime des hommes, et il se voyait traité par eux avec une sorte de mépris. On attaquait son enthousiasme parce qu'il dépassait quelquefois le but. On lui ôtait ses plus chères illusions. Ce qui eût découragé tout autre, lui redonna une nouvelle énergie. Il répondit à l'article de la Revue d'Édimbourg par l'amère satire des «Bardes anglais et des Critiques écossais (*). » C'était l'œuvre d'un grand maître. Jamais on ne déploya plus de verve et plus d'âpreté. Personne n'y fut épargné, ni grands, ni petits: il les nivela tous sous son fouet vengeur. Il se montra indépendant des hommes d'une manière effrayante pour eux. On eût dit qu'il avait pris pour devise: « Puisque je n'ai pu leur plaire, je veux du moins les faire trembler. » Le génie que dévoilait sa vengeance en agrandit la cause. On eut peur de ce gigantesque amour-propre qu'on ne pouvait offenser impunément.

Pendant son séjour à Newstead-Abbey, il revit miss Chaworth. Tous ses souvenirs se liaient à

(*) English Bards and scotch reviewers.

cette amie de son enfance. Il souhaitait ardemment l'avoir pour compagne, mais elle ne l'avait aimé que comme un frère; son coeur était tout entier à un autre. Malgré la perte de ses espérances, il conserva toujours pour elle une profonde tendresse. Les pièces de vers qu'il lui adressa ont un sentiment de pureté et une douce mélancolie. Long-temps après, il écrivit le Rêve, l'une de ses plus admirables productions et l'histoire fidèle de ce premier amour (*). Il est impossible de méconnaître lord Byron dans le jeune homme « à l'âme ardente», et la douce Marie dans la belle jeune fille, «< seul et dernier rejeton d'une race honorée depuis des siècles (**). » Il s'est plu à retracer jusqu'aux lieux qu'ils habitaient ensemble : la colline « couronnée par un diadème d'arbres,» l'antique oratoire, ne sont pas des créations du poète; ils existent à Newstead-Abbey.

Peut-être fut-ce à la suite de ce refus que lord Byron chercha des distractions dans les plaisirs. Il se rendit à Londres et y mena une vie très dissipée; puis, il revint s'enfermer dans son antique château. Il y vivait presque toujours seul, n'ayant pour compagnon qu'un chien de Terre-Neuve, qu'il aimait beaucoup, et auquel il fit élever un monument avec cette inscription :

(*) Le texte et la traduction sont à la fin du volume.

(**) Miss Chaworth était effectivement le dernier descendant d'une maison illustre.

Quand un orgueilleux fils de l'homme, inconnu à la gloire, mais élevé par sa naissance, retourne en poussière, l'art du sculpteur épuise la pompe de la douleur, et des urnes fastueuses annoncent que là repose un grand. On inscrit ensuite sur sa tombe, au lieu de ce qu'il fut, ce qu'il aurait dû être. Mais un pauvre chien, le plus fidèle des amis tant qu'il existe, le premier à fêter notre retour, le plus prompt à nous défendre; dont le cœur appartient tout entier à son maître, qui travaille, combat, vit, respire pour lui seul, expire sans honneur. Son mérite est méconnu: on lui refuse au Ciel l'âme qu'il avait sur la terre; tandis que l'homme, orgueilleux insecte, espère obtenir son pardon, et réclame les cieux pour lui seul. O homme! faible vassal d'une heure, avili par l'es

When some proud son of man returns to earth,
Unknown to glory, but upheld by birth,

The sculptor's art exhausts the pomp of woe,
And storied urns record who rests below;

When all is done, upon the tomb is seen,

Not what he was, but what he should have been:
But the poor dog, in life the firmest friend,
The first to welcome, foremost to defend,
Whose honest heart is still his master's own,
Who labours, fights, lives, breathes for him alone,
Unhonoured falls, unnoticed all his worth,
Denied in heaven the soul he held on earth:
While man, vain insect! hopes to be forgiven,
And claims himself a sole exclusive heaven.

clavage ou corrompu par le pouvoir, quiconque te connaît bien doit te quitter avec dégoût. Amas dégradé d'une vivante poussière! ton amour n'est que la licence, ton amitié qu'un faux semblant; tes sourires de l'hypocrisie; tes paroles un continuel mensonge. Vil par ta nature, noble seulement par ton nom, chaque animal que tu méprises pourrait te faire rougir de honte. Vous, qui, par hasard, contemplez cette urne modeste, passez..... Elle n'honore personne que vous veuilliez pleurer. Ces pierres furent élevées sur les restes d'un ami. Je n'en connus jamais qu'un, et c'est ici qu'il dort. »

Ces vers sont peu remarquables, si ce n'est par le sentiment de misanthropie qui semble les avoir dictés. A peu près à la même époque, il fit faire une coupe d'un crâne trouvé dans le cime

Oh man! Thou feeble tenant of an hour,
Debased by slavery, or corrupt by power,

Who knows thee well must quit thee with disgust.

Degraded mass of animated dust!

Thy love is lust, thy friendship all a cheat,

Thy smiles hypocrisy, thy words deceit !

By nature vile, ennobled but by name,

Each kindred brute might bid thee blush for shame.
Ye! who perchance behold this simple urn,
Pass on-it honours none you wish to mourn :
To mark a friend's remains these stones arise,
I never knew but one, and here he lies.

Newstead Abbey, october 30, 1808.

« السابقةمتابعة »