صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

tière de l'abbaye de Newstead, et il y fit graver cette inscription, mélange bizarre d'ironie et d'in

souciance.

Lignes inscrites sur une coupe formée d'un crâne.

<< Ne tressaille point..... ne crois pas que l'esprit qui m'animait soit enfui. Vois en moi le seul crâne, bien différent en cela d'une tête vivante, d'où découle toujours une source qui jamais ne fatigue, et qui jamais n'ennuie.

«Je vécus, j'aimai, je bus à longs traits comme toi ; je mourus. Que la terre te cède mes ossemens. Remplis jusques aux bords..... Tu ne peux pas me souiller : le ver est plus impur que toi.

<«< Mieux vaut contenir le jus pétillant du raisin que de nourrir cette race hideuse; et, arrondi en coupe, renfermer le breuvage des dieux, plutôt que la nourriture des reptiles.

Start not-nor deem my spirit fled :
In me behold the only skull,
From which, unlike a living head,
Whatever flows is never dull.

I lived, I loved, I quaff'd like thee;
I died; let earth my bones resign:
Fill up thou canst not injure me;
The worm hath fouler lips than thine.

Better to hold the sparkling grape,

Than nurse the earth-worm's slimy brood;

And circle in the goblet's shape

The drink of gods, than reptile's food.

[ocr errors]

Qu'ici où peut-être jadis mon esprit a brillé, j'aide à ranimer la verve des autres, hélas ! quand tous les fibres déliés de la pensée sont anéantis, quel plus noble remplaçant que le vin!

« Bois, tandis que tu le peux encore... Lorsque toi et les tiens auront passé comme moi, une autre génération t'arrachera peut-être aussi à la terre, et, au sein des festins et des chants, se réjouira avec les morts.

[ocr errors]

Pourquoi non? puisque à travers le jour si court, si fugitif de notre vie, nos têtes produisent de si tristes effets; sauvées des vers et de la poussière destructive, la plus belle chance qui leur reste est encore d'être utile. »

On jugea comme des fautes graves ces bizarreries qui n'étaient que les caprices d'un cœur malade et

Where once my wit, perchance, hath shone,

In aid of others' let me shine;

And when,

alas! our brains are gone, What nobler substitute than wine!

Quaff while thou canst-another race,
When thou and thine like me are sped,
May rescue thee from earth's embrace,
And rhyme and revel with the dead.
Why not? since through life's little day
Our heads such sad effects produce;
Redeemed from worms and wasting clay,
This chance is theirs, to be of use.

Newstead Abbey, 1808.

d'une imagination exaltée. Lord Byron passait continuellement d'un excès à un autre excès. Tantôt il fuyait les hommes, tantôt il recherchait les plaisirs avec ardeur. Cependant, malgré l'activité de ses ennemis à lui découvrir des torts, on ne l'accusa jamais d'avoir cherché à séduire une jeune fille innocente, ou d'avoir troublé le repos d'un ménage. Il est vrai qu'une femme mariée afficha pour lui une passion scandaleuse, et qu'irritée du mépris dont, au bout de quelque temps, il paya ses avances, elle écrivit un roman, où elle le dépeint sous de hideuses couleurs. Mais le public, malgré ses préventions, fit justice de l'auteur et du livre (*).

(*) Glenarvon.

[blocks in formation]

Arrivé à sa majorité, lord Byron quitta l'Angleterre; il visita le Portugal, l'Espagne et la Grèce. De retour dans sa patrie, après une absence de trois ans, il publia les deux premiers chants de Childe-Harold, son poème favori et son plus beau titre à l'immortalité. Cette poésie neuve, hardie, toute mystérieuse, pleine de profondeur sans obscurité, excita un grand enthousiasme : elle eut aussitôt ses partisans et ses ennemis; mais personne ne la lut avec indifférence. Bientôt après, parut le Giaour ou l'Infidèle, fragment d'un conte turc qui s'ouvre par une admirable description du beau climat de l'Orient. On y respire les parfums de cette terre enchantée; l'air doux et suave ride mollement le bleu cristal des mers; les sensations sont autant de jouissances. Tout semble formé pour le bonheur et pour la paix; et cependant, au milieu de ce délicieux Eden, les passions règnent en despotes. La vie de la contrée semble

éteinte. « C'est la Grèce, mais non plus la Grèce vivante!»>(*) Ce poème est empreint d'une énergie de sentiment extraordinaire: il a des mots qui respirent, et des pensées qui brûlent (**); c'est le cri d'un cœur déchiré. Il y a dans le héros une grande intensité de douleur et de volonté; on sent qu'il prodigue toute sa vie en quelques heures. Il s'éteint comme une torche incendiaire qui a tout embrâsé, et qui, seule au milieu des débris, se dévore elle-même.

La poésie en est ardente et concise; la pensée resserrée en peu de mots, frappe l'âme avec une double force. Cependant les vers deviennent doux et harmonieux quand ils expriment des idées tendres et des images gracieuses, comme dans le délicieux morceau qui commence ainsi :

«As rising on its purple wing

«The insect-queen of eastern spring, etc. >>

Ils sont tristes et plaintifs quand ils peignent la désolation de la Grèce, et pleins d'une touchante sensibilité, lorsqu'à son lit de mort, le Giaour se rappelle l'ami de sa jeunesse qui jadis lui prédit

son sort.

Lord Byron change de style selon les sentimens dont il est agité; c'est ce qui rend la traduction de ses ouvrages si difficile, ou pour mieux dire,

(*) « 'Tis Greece, but living Greece no more! »

(**) « Words that breathe and thoughts that burn. »

« السابقةمتابعة »