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DFB.Sculp·

les Monftres ila la recompenfe.

THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY

ASTOR, LENOX

TILDEN FOUNDATIONS

ne vivrois que pour le venger, que pour aller leur arracher le cœur. Les monftres! Voilà fa récompenfé! Sans lui, vingt fois ils auroient été enfevelis fous les cendres de leur Palais. Son crime eft d'avoir prolongé leur odieufe tyrannie.... Il en eft puni; les Peuples font vengés.... Quelle férocité! quelle horrible baffeffe!... Leur appui, leur libérateur!... Cour atroce! Confeil de Tigres!... O Ciel! eft-ce ainsi que tu es jufte? Vois qui tu permets qu'on opprime; vois qui tu laiffes profpérer.

Antonine, dans fes tranfports, tantôt s'arrachoit les cheveux & fe déchiroit le vifage; tantôt ouvrant fes bras tremblants, elle couroit vers fon époux, le preffoit dans fon fein, l'inondoit de fes larmes; & tantôt repouffant fa fille avec effroi : Meurs, lui difoit-elle; il n'y a dans la vie de fuccès que pour les méchants, de bonheur que pour les infames.

De cet accès, elle tomba dans un abattement mortel; & ces violents efforts de la nature ayant achevé de l'affoiblir, elle expira quelques heures après.

Un vieillard aveugle, une femme mor te, une fille au défefpoir, des larmes, des cris, des gémiffements, &, pour comble de maux, l'abandon, la folitude & l'indigence; tel eft l'état où la fortune présente

aux yeux de Tibere, une maison, trente ans comblée de gloire & de profpérité. Ah! dit-il, en fe rappellant les paroles d'un Sage, voilà donc le fpectacle auquel Dieu fe complaît, l'homme jufte luttant contre l'adverfité, & la domptant par fon courage!

Bélifaire laiffa un libre cours à la douleur de fa fille, & lui-même il s'abandonna à toute fon affliction; mais après avoir payé à la nature le tribut d'une ame fenfible, il fe releva de fon accablement avec la force d'un Héros.

Eudoxe étouffoit fes fanglots de peur de redoubler la douleur de fon pere. Mais le vieillard qui l'embraffoit, fe fentoit baigné de fes pleurs. Tu te défoles, ma fille, lui dit-il, de ce qui doit nous affermir, & nous élever au-deffus des difgraces. Après avoir expié les erreurs de fa vie, ta mere jouit d'une éternelle paix; & c'eft elle à présent qui nous plaint d'être obligés de lui survivre. Cette froide immobilité, où elle laiffe fa dépouille, annonce le calme où fon ame est plongée. Vois comme tous les maux d'ici-bas font vains: un fouffle, un inftant les diffipe. La Cour & l'Empire ont difparu aux yeux de ta mere; & du fein de fon Dieu, elle ne voit ce monde que comme un point dans l'immenfité. Voilà ce qui fait dans le malheur la confolation &

la force du Sage. Ah! donnez-la moi, cette force que la nature me refuse, pour résister à tant de maux. J'aurois fupporté la mifere; mais voir une mere adorée mourir de douleur dans mes bras! Vous voir. mon pere, dans l'horrible état où la cruauté des hommes vous a mis!... Ma fille, lui dit le Héros, en me privant des yeux, ils n'ont fait que ce que la vieilleffe ou la mort alloit faire; & quant à ma fortune, tu en aurois mal joui, fi tu ne fais pas t'en paffer. Ah, le Ciel m'eft témoin, dit-elle, que ce n'eft pas fa perte qui m'afflige! Ne t'afflige donc plus de rien, lui dit fon pere; & de fa main il effuya fes pleurs.

Bélifaire, inftruit qu'un jeune Inconnu attendoit le moment de lui parler, le fit venir, & lui demanda ce qui l'amenoit. Ce n'eft pas le moment, lui dit Tibere, de vous offrir des confolations. Illuftre & malheureux vieillard, je respecte votre douleur, je la partage, & je demande au Ciel qu'il me permette de l'adoucir. Jufques-là, je n'ai qu'à mêler mes larmes à celles que je vois répandre.

Bientôt vint le moment de rendre à Antonine les devoirs de la fépulture; & Bélifaire, appuyé fur fa fille, accompagna le corps de fa femme au tombeau. La douleur du Héros étoit celle d'un Sage : elle

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