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AUX ERREURS DE BÉLISAIRE.

De l'indifférence des Religions par rapport au Salut.

fons

OBSERVATION. Ce n'eft pas fans de bonnes raique les Docteurs ont compris fons ce titre, les feize. premieres Propofitions extraites de Bélifaire, & qu'ils Pont préféré à celui-ci, qui fe préfentoit comme fous la main: Du falut des Païens qui ont obfervé la Loi naturelle. Ce dernier titre auroit rappellé les opinions un peu adoucies de quelques Théologiens, peut-être trop relá chés, mais qu'on a cependant regardés comme Catholiques: or, quoique les perfonnes verfées dans la Théologie voient très-nettement la différence de ces opinions & de celles de Bélifaire, les gens du monde auroient pu ne la pas faifir auffi-bien, & trouver l'Auteur excufable; aulieu que le titre que les Docteurs ont choifi, présente tout Pun coup les fentiments de M. Marmontel fous le jour le plus odieux: c'est un avantage qui n'étoit pas à négliger Pour la bonne cause.

PREMIERE PROPOSITION.

Ieu nous a donné deux guides qui peu

vent n'être pas d'accord enfemble, la lumiere de la Foi & celle du fentiment. Ce qu'un fentiment naturel & irrésistible nous affure, la Foi peut le défavouer.... Ce n'eft pas la même voix qui fe fait entendre du haut du Ciel & du fond de mon ame: il eft

haut du Ciel & du fond de mon ame. II n'eft pas poffible qu'elle fe démente; & fi d'un côté je l'entends me dire, que l'homme juste & bienfaisant eft cher à la Divinité; de l'autre, elle ne me dit pas qu'il est l'objet de fes vengeances.

II. Et qui vous répond, dit l'Empereur, que cette voix qui parle à votre cœur, foit une révélation fecrete? Si elle ne l'eft pas, Dieu me trompe, dit Bélifaire, & tout eft perdu. C'eft elle qui m'annonce un Dieu, elle qui m'en prefcrit le culte, elle qui me dicte fa loi. Auroit-il donné l'afcendant irrésistible de l'évidence à ce qui ne feroit qu'une erreur?

III. Que vous fait-elle donc voir fi clairement, reprit Juftinien, cette lueur foible & trompeufe? Qu'une Religion qui m'annonce un Dieu propice & bienfaisant, eft la vraie, dit Bélifaire; & que tout ce qui répugne à l'idée & au fentiment que j'en ai conçu, n'est pas de cette Religion.

IV. La révélation n'eft que le fupplément de la confcience.

poffible que l'une démente l'autre; & que tandis que l'une me dit d'un côté que l'homme jufte & bienfaisant eft cher à la Divinité. l'autre me dife que l'homme jufte & bienfaifant eft l'objet de fes vengeances.

II. Rien ne nous répond que cette voix qui parle à notre cœur, (la raifon) foit une révélation fecrete: elle peut ne l'être pas fans que Dieu nous trompe & que tout foit perdu. Ce n'eft point la raifon qui nous annonce un Dieu, qui nous en prefcrit le culte, qui nous dicte fa Loi.... N'a-t-il pas pu donner l'afcendant irrésistible de l'évidence à ce qui ne feroit qu'une erreur?

III. La lueur foible & trompeufe de la raifon ne nous fait point voir clairement qu'une Religion qui nous annonce un Dieu propice & bienfaifant foit la vraie, & que des opinions qui répugnent à l'idée & au fentiment que nous avons de ce Dieu bienfaifant, ne foient pas de cette Religion.

IV. La révélation est toute autre chofe que le fupplément de la confcience; car fuppléer fimplement à la confeience, ce feroit ajouter fimplement les vérités révélées à celles dont la confcience nous inftruit, fans rien enfeigner de contraire à celles-ci; or la révélation fait toute autre chofe, comme chacun fait.

V. Je reconnois, dit Bélifaire, qu'il y a des vérités qui intéreffent les mœurs; mais obfervez que Dieu en a fait des vérités de fentiment, dont aucun homme fenfé ne doute.

VI. Les vérités myftérieufes qui ont befoin d'être révélées, ne tiennent point à la morale. Examinez-les bien: Dieu les a détachées de la chaîne de nos devoirs, afin

que, fans la révélation, il y eût par-tout d'honnêtes gens.

VII. Qu'on me propofe des myfteres inconcevables, je m'y foumets; & je plains ceux dont la raison eft moins éclairée ou moins docile que la mienne : mais j'efpere pour eux en la bonté d'un Pere dont tous les hommes font les enfants, & en la clémence d'un Juge qui peut faire grace à

l'erreur.

VIII. La Cour de celui qui m'attend, fera infiniment plus augufte & plus belle, (que celle de Titus, de Trajan & des Antonins.) Elle fera compofée de ces Titus, de ces Trajans, de ces Antonins qui ont fait les délices du monde. C'eft avec eux & tous les gens de bien de tous les Pays & de tous les âges, que le pauvre aveugle

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V. Les vérités qui intéreffent les mœurs ne font point des vérités de fentiment; & on trouve des gens fenfés qui en doutent.

VI. Les vérités myftérieufes, & qui ont befoin d'être révélées, (comme la Trinité, l'Incarnation, la Transfubftantiation) tiennent à la Morale. Examinez-les bien, & vous verrez que Dieu y a lié la chaîne de nos devoirs, afin que, fans la révélation, il n'y eût nulle part d'honnêtes gens.

VII. Quand on propofe des myfteres inconcevables, c'eft fort bien fait de s'y foumettre; mais il ne faut pas s'en tenir à plaindre ceux dont la raison eft moins éclairée & moins docile que la nôtre; il ne faut point efpérer pour eux en la bonté d'un Pere dont tous les hommes font les enfants: il ne faut point croire que Dieu foit un Juge clément qui fait grace à l'erreur.

VIII. Les Titus, les Trajans & les Antonins, qui ont fait les délices du monde, feront damnés éternellement; & les gens de bien de certains fiecles & de certains Pays ne fe trouveront point devant le Trône du Dieu jufte & bon.

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