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Plut. in Age

sil. p. 606.

combat, et on lui demanda ce qu'il voulait qu'on en fìt. Comme il était plein de respect pour les dieux, il ordonna qu'on les laissât aller, et leur donna même une escorte pour les conduire en sûreté où ils voudraient.

Le lendemain matin, Agésilas, voulant éprouver si les Thébains auraient le courage de recommencer le combat, commanda à ses troupes de se couronner de chapeaux de fleurs, et à ses flûteurs de jouer de la flûte pendant qu'il ferait dresser et orner un trophée pour monument de sa victoire. Dans ce même moment les ennemis lui envoyèrent des hérauts pour demander la permission d'enterrer les morts. Il la leur accorda avec une trève; et ayant confirmé sa victoire par cette action de vainqueur, il se fit porter à Delphes, où l'on célébrait les jeux pythiques. Il y fit une procession solennelle, qui fut suivie d'une sacrifice, et il consacra au dieu la dîme du butin qu'il avait fait en Asie, qui montait à cent talents. Ces grands hommes, encore plus religieux que braves, ne manquaient jamais de marquer aux dieux par des présents leur reconnaissance pour les victoires qu'ils avaient remportées, déclarant par cet hommage public qu'ils s'en croyaient redevables à leur protection.

SV. Agésilas victorieux retourne à Sparte. Il se conserve toujours dans sa simplicité et dans ses mœurs anciennes. Conon rétablit les murailles d'Athènes. Paix honteuse aux Grecs, conclue par Antalcide, Lacédémonien.

Après la fête, Agésilas s'en retourna par mer à Sparte. Ses citoyens le reçurent avec toutes les marques

1 Cent mille écus. 550,000 francs. L.

Hellen. IV,

3, 23.]

d'une véritable joie, et le regardèrent avec admiration, [Xenoph. voyant ses mœurs simples et sa vie pleine de frugalité et de tempérance. A son retour des pays étrangers où dominaient le faste, la mollesse, l'amour des délices, on ne le vit point infecté des mœurs barbares, comme l'avaient été la plupart des autres généraux. Il ne changea rien ni à ses repas, ni à ses bains, ni à l'équipage de sa femme, ni aux ornements de ses armes, ni aux meubles de sa maison. Au milieu d'une réputation si brillante et des applaudissements universels, toujours le même, et plus modeste encore qu'auparavant, il ne se distinguait des autres citoyens que par une plus grande soumission aux lois, et un plus inviolable attachement aux coutumes de sa patrie, persuadé qu'il n'était roi que pour en donner l'exemple aux autres.

Plut.

de sui laude,

Il ne faisait consister la grandeur que dans la vertu. Un jour qu'on parlait en termes magnifiques du grand-p. 545. roi (c'est ainsi que les rois de Perse se faisaient appeler), et qu'on relevait extrêmement sa puissance: « Je ne comprends pas, dit-il, comment il est plus « grand que moi, s'il n'est pas plus vertueux. »

Il y avait à Sparte quelques citoyens, qui, gâtés par le goût dominant de la Grèce, se faisaient un mérite et une gloire d'entretenir beaucoup de chevaux pour les courses. Il persuada à sa sœur, appelée Cynisca, de disputer le prix aux jeux olympiques, pour faire voir aux Grecs que la victoire qu'on y remportait, et dont on faisait tant de cas, n'était pas le fruit du courage et de la valeur, mais des richesses et de la dépense. Elle fut la première des personnes de son sexe qui eut part à cet honneur. Il ne portait pas le même juge

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Plut. in Agesil. p. Go6.

Id. ibid.

p. 607.

ment des exercices qui contribuent à rendre le corps plus robuste, et qui l'endurcissent aux travaux et à la fatigue; et pour les mettre plus en honneur, il les honorait souvent de sa présence.

Quelque temps après la mort de Lysandre, il découvrit le complot qu'il avait formé contre les deux rois, dont jusque-là on n'avait point entendu parler, et dont on n'eut connaissance que par une espèce de hasard. Voici ce qui donna lieu à cette découverte. Sur quelques affaires qui regardaient le gouvernement, on eut besoin d'aller consulter les mémoires que Lysandre avait laissés, et Agésilas se transporta dans sa maison. En parcourant ses papiers, il tomba sur le cahier où était écrite tout du long la harangue de Cléon, qu'il avait préparée sur la nouvelle manière de procéder à l'élection des rois. Frappé de cette lecture, il quitta tout, et sortit brusquement pour aller communiquer cette harangue à ses citoyens, et leur faire voir quel homme c'était que Lysandre, et combien on s'était trompé à son égard. Mais Lacratidas, homme sage et prudent, et qui était le président des éphores, le retint en lui disant << qu'il ne fallait pas déterrer Lysandre, <«< mais au contraire qu'il fallait enterrer avec lui sa ha<< rangue, comme une pièce très-dangereuse par le

grand art avec lequel elle était composée, et par la <«< force de persuasion qui y régnait par-tout, et à laquelle <«< il serait difficile de résister. » Agésilas le crut, et la harangue demeura ensevelie dans le silence et l'oubli, ce qui était le meilleur usage qu'on en pût faire.

Comme il avait beaucoup de crédit dans la ville, il fit déclarer amiral de la flotte Téleutias son frère utérin. Il serait à souhaiter que l'histoire, pour justifier ce

1

choix, marquât dans ce commandant d'autres qualités que celle de proche parent du roi. Bientôt après, Agésilas partit avec son armée de terre, alla mettre le siége devant Corinthe, et prit ce que l'on appelait les longues murailles, pendant que son frère Téleutias l'assiégeait par mer. Il fit plusieurs autres exploits particuliers contre les peuples de la Grèce ennemis de Sparte, qui marquent toujours à la vérité beaucoup de valeur et d'expérience de la part de ce chef, mais qui ne sont pas fort importants ni décisifs, et que j'ai cru par cette raison pouvoir omettre.

Av. J.C. 393.
Xenoph.

Hist. græc.
lib. 4,

Diod. 1. 14,

p. 303. Justin. I. 6,

cap. 5.

Dans le même temps, Pharnabaze et Conon, avec AN. M. 3611 la flotte du roi, s'étant rendu maîtres de la mer, ravageaient toute la côte de la Laconie. Ce satrape, retournant dans son gouvernement de Phrygie, laissa à p. 534-537. Conon le commandement de l'armée navale, avec des sommes fort considérables pour travailler au rétablissement d'Athènes. Conon, victorieux et couvert de gloire, s'y rendit, et y fut reçu avec un applaudissement général. Le triste spectacle d'une ville autrefois si florissante, et alors réduite à un triste état, lui causa plus de douleur qu'il ne ressentit de joie de revoir sa chère patrie après tant d'années. Il ne perdit point de temps, et commença aussitôt l'ouvrage, y employant, outre les maçons et les ouvriers ordinaires, les soldats, les matelots, les citoyens, les alliés, en un mot, tous ceux qui étaient bien intentionnés pour Athènes; la Providence voulant que cette ville, brûlée anciennement par les Perses fût alors rebâtie de leurs propres mains, et qu'ayant été démantelée et démolie par les

Elles joignaient la ville au port de Lechæum, sur le golfe de Corinthe (XENOPH. Hellen. IV, 4, 7). —L.

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Lacédémoniens, elle fût rétablie de leurs propres deniers, et des dépouilles qu'on avait prises sur eux. Quelle vicissitude! quel changement! Athènes avait alors pour alliés ceux qui avaient été autrefois ses plus cruels ennemis, et pour ennemis ceux avec qui elle avait contracté dans ces premiers temps une si étroite et si intime alliance. Conon, secondé par le zèle des Thébains, releva en peu de temps les murs d'Athènes, rétablit cette ville dans son ancien éclat, et la rendit Athen. 1. 1, plus formidable que jamais à ses ennemis. Après avoir offert aux dieux une véritable hécatombe, c'est-à-dire un sacrifice de cent bœufs, en action de graces pour l'heureux rétablissement d'Athènes, il fit un festin à toute la ville, et tous les citoyens généralement y furent invités.

P. 3.

Xenoph.

Hist, græc.

lib. 4.

p. 537-538.

sil. p. 608.

Sparte ne put voir sans une extrême douleur un rétablissement si glorieux. Elle regardait la grandeur Plut in Age- et la puissance d'une ville anciennement rivale, et presque toujours ennemie, comme sa propre ruine. C'est ce qui fit prendre aux Lacédémoniens la lâche résolution de se venger en même temps et d'Athènes, et de Conon, son restaurateur, en faisant la paix avec le roi de Perse. Dans cette vue, ils envoyèrent Antalcide à Téribaze. Sa commission renfermait deux articles principaux. Le premier était d'accuser Conon devant le satrape d'avoir volé au roi l'argent qu'il avait employé au rétablissement d'Athènes, et d'avoir formé le dessein d'enlever aux Perses l'Eolide et l'Ionie, pour

I

1 Ces expressions manquent d'exac-
titude. Athènes n'avait été ni déman-
telée ni démolie par
les Lacédémo-
niens ils avaient démoli les murs

du Pirée, et seulement une longueur de douze stades des longs murs. Ceux de la ville avaient été respectés. — L.

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