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dernier détail; et il marque les avantages considérables qu'on en tire, en s'accoutumant à souffrir la faim, la soif, le chaud, le froid, et à n'être rebuté ni par la longueur de la course, ni par l'âpreté des lieux difficiles et des broussailles qu'il faut souvent percer, ni par le peu de succès des longs et pénibles travaux qu'on essuie quelquefois inutilement. Il ajoute que cet innocent plaisir en écarte d'autres également honteux et criminels, et qu'un homme sage et modéré ne s'y livre pas néanmoins jusqu'à négliger le soin de ses affaires domesCyrop. 1. 1, tiques. Le même auteur, dans la Cyropédie, fait souvent pag. 5-6, et lib. 2, l'éloge de la chasse, qu'il regarde comme une étude sérieuse de la guerre, et il montre dans son jeune héros le bon usage qu'on en peut faire.

p. 59-60.

Des exercices de l'esprit.

Athènes était, à proprement parler, l'école et le domicile des beaux-arts et des sciences. L'étude de la poésie, de l'éloquence, de la philosophie, des mathématiques, y avait une grande vogue, et était fort cultivée par la jeunesse.

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On envoyait d'abord les jeunes gens chez des maîtres de grammaire, qui leur apprenaient régulièrement et par principes leur propre langue, qui leur en faisaient sentir toute la beauté, l'énergie, le nombre, et la cadence. De là ce goût raffiné qui était répandu généCic. in Brut. ralement dans Athènes, où l'histoire nous apprend Quintil. qu'une simple vendeuse d'herbes s'aperçut, à la seule affectation d'un mot, que Théophraste était étranger. De là cette crainte qu'avaient les orateurs de blesser par quelque expression peu concertée des oreilles si fines

n. 172.

lib. 8, c. I.

Plut.

in Pericl. p. 156.

et si délicates. C'était une chose commune parmi les jeunes gens d'apprendre par cœur les tragédies qui se représentaient actuellement sur le théâtre. Nous avons vu qu'après la déroute des Athéniens à Syracuse, plusieurs d'entre eux, qui avaient été faits prisonniers, et réduits en servitude, en adoucirent le joug en récitant les pièces d'Euripide à leurs maîtres, lesquels, extrêmement sensibles au plaisir d'entendre de si beaux vers, les traitèrent depuis avec bonté et humanité. Il en était de même sans doute des autres poëtes, et l'on sait qu'Alcibiade, encore tout jeune, étant entré dans une école où il ne trouva point d'Homère, donna un soufflet au maître, le regardant comme un ignorant, et comme un homme qui déshonorait sa profession.

Pour l'éloquence, il n'est pas étonnant qu'on en fît une étude particulière à Athènes. C'était elle qui ouvrait la porte aux premières charges, qui dominait dans les assemblées, qui décidait des plus importantes affaires de l'état, et qui donnait un pouvoir presque souverain à ceux qui avaient le talent de bien manier la parole.

C'était donc là la grande occupation des jeunes citoyens d'Athènes, sur-tout de ceux qui aspiraient aux premières places. A l'étude de la rhétorique ils joignaient celle de la philosophie : je comprends sous cette dernière toutes les sciences qui en font partie, ou qui y ont rapport. Des hommes, connus dans l'antiquité sous le nom de sophistes, s'étaient acquis une grande réputation à Athènes, sur-tout du temps de Socrate. Ces docteurs, également présomptueux et avares, se donnaient pour des savants accomplis en tout genre. Leur fort était la philosophie et l'éloquence; et ils corrompaient l'une et l'autre par le mauvais goût et par les mauvais principes

Plut.

in Alcib.

p. 194.

qu'ils inspiraient à leurs disciples. J'ai marqué, dans la vie de Socrate, comment ce philosophe entreprit et vint à bout de les décrier.

CHAPITRE II.

DE LA GUERRE.

§ I. Peuples de la Grèce de tout temps fort belliqueux, sur-tout les Lacédémoniens et les Athéniens.

NUL peuple de l'antiquité (j'excepte les Romains) ne peut le disputer aux Grecs pour ce qui regarde la gloire des armes et la vertu militaire. Dès le temps de la guerre de Troie, la Grèce signala son courage dans les combats, et s'acquit une réputation immortelle par la bravoure des chefs qu'elle y envoya. Cette expédition ne fut pourtant, à proprement parler, que comme le berceau de sa gloire naissante; et les grands exploits par lesquels elle s'y distingua lui servirent comme d'essais et d'apprentissage dans le métier de la guerre.

Il y avait dans la Grèce plusieurs petites républiques, voisines les unes des autres par leur situation, mais extrêmement séparées par leurs coutumes, leurs lois, leurs caractères, et sur-tout par leurs intérêts. Cette différence de mœurs et d'intérêts fut parmi elles une source et une occasion continuelle de divisions. Chaque ville, peu contente de son propre domaine, songeait à s'agrandir aux dépens de celles qui étaient les plus voisines et le plus à sa bienséance. Ainsi tous ces petits

soit

états, soit par ambition et pour étendre leurs conquêtes, par la nécessité d'une juste défense, étaient toujours sous les armes; et par cet exercice continuel de

guerres il se forma parmi tous ces peuples un esprit martial et une intrépidité de courage qui en fit des soldats invincibles, comme il parut dans la suite, lorsque toutes les forces de l'Orient réunies ensemble vinrent fondre sur la Grèce, et lui firent connaître à elle-même ce qu'elle était et ce qu'elle pouvait.

Deux villes se distinguèrent entre les autres, et tinrent sans contredit le premier rang: Sparte, et Athènes. Aussi ce furent ces deux villes qui, ou successivement, ou toutes deux ensemble, eurent l'empire de la Grèce, et se maintinrent pendant un fort long temps dans un pouvoir que la supériorité seule de mérite, reconnue généralement de tous les autres peuples, leur avait acquis; et ce mérite consistait principalement dans la science des armes et dans la vertu guerrière, dont elles avaient donné l'une et l'autre des preuves éclatantes dans la guerre contre les Perses. Thèbes leur disputa cet honneur pendant quelques années par des actions de courage surprenantes, et qui tenaient du prodige : mais ce ne fut qu'une lumière de courte durée, qui, après avoir jeté un grand éclat, disparut aussitôt, et laissa cette ville dans sa première obscurité. Sparte et Athènes feront donc seules l'objet de nos réflexions sur ce qui regarde la guerre, et nous les joindrons ensemble pour être plus en état de connaître leurs caractères, tant par leur ressemblance que par leur différence.

Tome IV. Hist. anc.

20

§ II. Origine et cause du courage et de la vertu militaire, , par où les Lacédémoniens et les Athéniens se sont toujours distingués.

Toutes les lois de Sparte et tous les établissements de Lycurgue n'avaient pour objet, ce semble, que la guerre, et ne tendaient qu'à faire des sujets de la république un peuple de soldats. Tout autre emploi, tout autre exercice leur était interdit. Arts, belles - lettres, sciences, métiers, culture même de la terre, rien de tout cela ne faisait leur occupation et ne leur paraissait digne d'eux. Dès la plus tendre enfance, on ne leur inspirait du goût que pour les armes, et il est vrai que l'éducation de Sparte était merveilleuse quant à ce point. Marcher nu-pieds, coucher sur la dure, se passer de peu pour le boire et le manger, souffrir le chaud et le froid, se faire un exercice continuel de la chasse, de la lutte, de la course à pied, de la course à cheval, s'endurcir même aux coups et aux plaies jusqu'à supprimer toute plainte et tout gémissement, voilà ce qui faisait l'apprentissage de la jeunesse spartaine par rapport à la guerre, et ce qui la mettait en état d'en soutenir un jour toutes les fatigues, et d'en affronter tous les dangers.

L'habitude d'obéir, contractée dès la plus tendre jeunesse, le respect pour les magistrats et pour les anciens, une soumission parfaite aux lois, dont nul âge, nulle condition ne dispensait, les disposaient merveilleusement à la discipline militaire, qui est le nerf de la guerre, et qui fait le succès des plus grandes entreprises.

Or une de ces lois était de vaincre ou de mourir, et de ne jamais se rendre à l'ennemi. Léonide, avec ses

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