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Xenoph.

de Exp. Cyr.

encore plus fortement. Nous verrons quelles en furent les suites. Artaxerxe prépara une armée nombreuse recevoir son frère.

pour

Cyrus s'avançait toujours à grandes journées. Ce qui l'inquiéta le plus dans sa marche fut le pas de la Cilicie. p. 258-261. C'était un défilé très-étroit entre des montagnes fort

lib. I,

et il

y

hautes et fort escarpées, qui ne laissaient qu'autant
d'espace qu'il en faut pour un chariot. Syennésis, roi du
pays, se disposait à lui en disputer le passage,
aurait infailliblement réussi, sans la diversion que fit
Tamos avec sa flotte jointe à celle des Lacédémoniens1.
Pour défendre la côte que cette flotte menaçait, Syen-
nésis abandonna ce poste important, où un très-petit
corps de troupes était capable d'arrêter la plus grosse
armée.

Quand on fut arrivé à Tarse, les Grecs refusèrent de passer outre, se doutant bien qu'on les menait contre le roi, et criant hautement qu'ils ne s'étaient point enrôlés à cette condition. Cléarque, qui les commandait, eut besoin de toute son adresse et de toute son habileté pour étouffer ce mouvement dans sa naissance. Il avait d'abord voulu employer la voie de l'autorité et de la force, qui lui avait fort mal réussi. Il cessa de s'opposer de front à leur dessein; il parut même entrer dans leurs vues, et les appuyer de son approbation et de son crédit. Il déclara ouvertement qu'il ne se séparerait point d'eux, et leur conseilla de députer vers le prince, pour savoir de lui-même contre qui il prétendait les mener, afin de le suivre volontairement, si le parti leur plaisait, sinon de lui demander la permission de se retirer. Par ce

I Et Ménon qui était entré en Ci- travers les montagnes. (XENOPH. licie par une route plus courte, à Cyrop. I, 2, 20.) — L.

détour adroit, il apaisa le tumulte et ramena les esprits. Il fut député lui-même avec quelques officiers. Cyrus, qu'il avait averti de tout secrètement, répondit qu'il voulait aller combattre Abrocomas1, son ennemi, qui était à douze journées de là sur l'Euphrate. Quand on leur eut rapporté cette réponse, quoiqu'ils vissent bien où on les menait, ils résolurent de marcher, et demandèrent seulement qu'on augmentât leur paie. Cyrus, au lieu d'un darique qu'il donnait par mois à chaque soldat, leur en promit un et demi.

2

Quelque temps après, on vint dire à Cyrus que deux des principaux officiers, pour une querelle particulière qu'ils avaient eue avec Cléarque, s'étaient sauvés sur un vaisseau marchand avec une partie de leur équipage. Plusieurs étaient d'avis qu'on envoyât après eux quelques galères, ce qui était fort facile, et qu'après les avoir ramenés, on en fit un exemple, en les punissant de mort à la vue de toute l'armée. Cyrus, persuadé 3 que les bienfaits étaient la voie la plus sûre pour gagner les cœurs, et que les punitions, non plus que les remèdes violents, ne devaient être employés que dans l'extrême nécessité, déclara publiquement qu'il ne souffrirait pas qu'on pût dire qu'il eût retenu quelqu'un par force à son service; et il ajouta qu'il leur renverrait leurs femmes et leurs enfants qu'ils lui avaient laissés en ôtage. Une réponse si sage et si généreuse fit un effet merveilleux

I Il n'est point marqué où il commandait. Il paraît que c'était vers l'Euphrate. Il marchait avec trois cent mille hommes pour se joindre à l'armée du roi, mais il n'arriva qu'après la bataille.

› Le darique valait dix livres.

Tome IV. Hist. anc.

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Plut. in
Artax.

p. 1014.

sur les esprits, et attacha auprès de lui pour toujours ceux mêmes qui auparavant avaient eu quelque envie de se retirer. C'est ici une grande leçon pour ceux qui gouvernent. Il y a dans les hommes un fonds de générosité naturelle qu'il faut connaître et ménager. Les menaces les aigrissent, et les châtiments les révoltent, quand on veut les porter à leur devoir malgré eux1. Ils desirent qu'on s'en fie à eux jusqu'à un certain point, qu'on leur laisse la gloire de s'en acquitter par leur choix; et souvent un moyen sûr de les rendre fidèles, est de montrer qu'on les suppose tels.

Cyrus leur déclara pour-lors qu'il marchait contre Artaxerxe. A cette parole, il s'éleva d'abord quelque murmure, mais qui fit bientôt place aux marques de joie et d'allégresse, sur les magnifiques promesses que leur fit le prince.

Comme Cyrus s'avançait à grandes journées, il lui vint des avis de toutes parts que le roi ne songeait point Xenoph. in exped. à combattre si tôt, mais qu'il avait résolu d'attendre dans Cyri, l. 1, le fond de la Perse que toutes ses forces fussent asp. 261-266. semblées, et que, pour arrêter les ennemis, il avait fait dans une plaine de la Babylonie un fossé qui avait cinq toises de large sur trois de profondeur, et qui s'étendait par l'espace de douze 2 parasanges ou de douze lieues, depuis l'Euphrate jusqu'au mur de la Médie. Entre

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l'Euphrate et le fossé, on avait laissé un chemin de vingt pieds de large, et ce fut par là que Cyrus passa avec toute son armée, dont il avait fait la revue le jour précédent. Le roi avait négligé de lui disputer ce passage, et le laissait toujours approcher de Babylone. Ce fut Tiribase qui le détermïna à ne point fuir ainsi devant un ennemi sur lequel il avait des avantages infinis, et par le nombre de ses troupes et par la valeur de ses chefs. Il se détermina donc à aller à la rencontre de l'ennemi.

§ II. La bataille se donne à Cunaxa. Les Grecs remportent la victoire de leur côté; Artaxerxe, du sien. Cyrus est tué.

Xenoph.

in expedit. p. 263-266.

Cyr. lib. I,

Diod. 1. 14,

p. 253-254.

Plut.

Le lieu où se donna la bataille s'appelait Cunaxa1, et était à vingt-cinq lieues 2 environ de Babylone. L'armée de Cyrus était composée de treize mille Grecs, de cent mille Barbares et de vingt chariots armés de faux. Celle des ennemis, tant d'infanterie que de cavalerie, p.1014-1917. devait monter à douze cent mille hommes sous quatre généraux, Tissapherne, Gobryas, Arbace et Abrocomas, sans compter les six mille chevaux d'élite qui combattaient devant le roi et ne le quittaient point. Mais Abrocomas, qui avait avec lui trois cent mille hommes,

I Le nom du lieu où s'est donnée la bataille manque dans Xénophon et dans Diodore de Sicile. C'est Plutarque qui nous l'a conservé (in Artax. § 8). L.

2 500 stades.

= Cette mesure est donnée par Plutarque. Xénophon ne met que 360 stades de distance entre le lieu de la bataille et Babylone (Anabas.

II, 2, 6). Les anciennes éditions, et
même celle d'Hutchinson, portaient
3600 (ἑξήκοντα καὶ τρισχίλιοι), au
lieu de ἑξήκοντα καὶ τριακόσιοι, ex-
cellente leçon que donnent les meil-
leurs manuscrits, et que Larcher a
adoptée le premier, dans sa traduc-
tion; comme cette distance était ab-
surde, Rollin a préféré avec raison de
suivre le texte de Plutarque. - L.

n'arriva que cinq jours après la bataille. Il ne s'y trouva que cent cinquante chariots armés de faux.

Cyrus, voyant que l'ennemi n'avait point défendu le passage du fossé, crut qu'il n'y aurait point de combat: ainsi le lendemain on marcha avec beaucoup de négligence. Mais le troisième jour, Cyrus étant sur son char avec peu de soldats rangés devant lui, et les autres marchant confusément ou faisant porter leurs armes, tout-à-coup, sur les neuf heures du matin, un cavalier accourut à toute bride, criant, par-tout où il passait, que l'ennemi approchait, prêt à combattre. Alors le désordre fut grand, dans la crainte qu'on n'eût pas le loisir de se ranger en bataille. Cyrus, sautant en bas de son char, s'arma en diligence, et monta à cheval ses javelots à la main, criant à chacun qu'il reprit ses armes et son rang; ce qui fut aussitôt exécuté avec tant de promptitude, que

prendre leur repas.

les troupes n'eurent pas le temps

de

Cyrus plaça à la droite mille chevaux paphlagoniens appuyés à l'Euphrate, avec l'infanterie légère des Grecs; ensuite Cléarque, Proxène et les autres colonels, jusqu'à Ménon, chacun avec leurs troupes. L'aile gauche, composée de Lydiens, de Phrygiens et d'autres peuples d'Asie, était commandée par Ariée, qui avait ausși mille chevaux. Cyrus se mit au centre, où était l'élite des Perses et des autres Barbares. Il était environné de six cents cavaliers armés de toutes pièces, et leurs chevaux de chanfreins et de poitrails. Le prince avait la tête nue, aussi-bien que tous les autres Perses; car c'est leur coutume d'aller ainsi au combat: tous ses gens avaient des cottes-d'armes rouges, au lieu que ceux d'Artaxerxe en avaient de blanches.

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