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autres personnes de condition. Elle rendit à l'église de Narbonne son ancienne liberté, par la renonciation qu'elle fit à la dépouille des archevêques après leur mort. Elle eut cependant quelque differend avec l'archevêque Pons, qui se plaignit 1 au pape Alexandre III. de ce qu'elle s'attribuoit une trop grande autorité sur l'abbaye de S. Paul: ce qui engagea le pape à permettre à ce prélat de prendre par lui-même l'administration et le gouvernement de cette abbaye le pape Honoré Ill. confirma cette permission en faveur des successeurs de Pons. Enfin la cour d'Ermengarde fut une des plus brillantes de la province; et elle y fit un accueil favorable aux 2 principaux poëtes Provençaux de son tems on prétend 3 même qu'elle tenoit cour d'amour dans son palais. Entre ces poëtes, elle protegea singulierement Saill de Scola fils d'un marchand de Bergerac en Perigord, lequel demeura toûjours auprès d'elle, et ne la quitta qu'après sa mort. Saill, dit-on, étoit jongleur, et ne faisoit que de petites chansons mais elles étoient fort estimées *. Ermengarde fut la derniere de sa race, et elle transmit tous ses domaines à la maison de Lara en Espagne.

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Le comte Pierre, chef de cette maison, son neveu, qui lui avoit déja succedé quelques années avant sa mort, quitta le nom de Lara, pour prendre celui de Narbonne, aussi-tôt qu'il fut établi en France. Il y a lieu de croire qu'il fit une démission absolue de la vicomté de Narbonne en faveur de son fils Aymeri, peu de tems après qu'il lui en eut fait donation à cause de mort. Nous ne voyons pas en effet qu'il se soit qualifié depuis vicomte de Narbonne; nous trouvons au 5 contraire qu'il passa le reste de ses jours à la cour d'Espagne, où il possedoit de grandes dignitez; et que son fils Aymeri

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prit de son vivant le titre de vicomte de Narbonne par la grace de Dieu.

Pierre dans la donation dont on vient de parler, disposa aussi du païs de Beziers en faveur d'Aymeri son fils. Cette clause pourroit faire croire que le roi d'Aragon lui avoit donné la vicomté de Beziers, et qu'il l'avoit confisquée sur le vicomte Roger, pour le punir d'avoir fait sa paix avec le comte de Toulouse: mais on peut entendre aussi par le païs de Beziers énoncé dans cette donation, les domaines que les vicomtes de Narbonne possedoient de leur chef dans l'étendue du diocèse de Beziers. Quoi qu'il en soit, il paroît que Roger après avoir fait sa paix avec le comte de Toulouse, vécut en paix 5 avec lui jusqu'à sa mort.

XXXVII.

Dernieres dispositions de Roger II. vicomte de Beziers, Carcassonne, etc. Sa mort.

Roger ordonna 2 au mois de Decembre de l'an 1193. que les Juifs de Limous et d'Alet,

contribueroient à l'avenir de ceux de Carcassonne, aux tailles et aux questes qu'il imposoit sur eux, ainsi que cela avoit été pratiqué du tems de ses prédecesseurs. Il donna des 3 lettres de sauve-garde au mois de Janvier suivant en faveur de Pons de Bram, abbé de S. Hilaire, et des domaines de cette abbaye situez dans le Carcassez et le Rasez, et termina ensuite, le troisième du mois de Mars, par l'arbitrage de Sicard vicomte de Lautrec, de Frotard-Pierre de Berens, de Bernard de Boisesson, et de Doat d'Alaman, les differends qu'il avoit avec l'évêque d'Albi touchant la seigneurie de cette ville et de ses dépendances.

Roger ne survécut pas long-tems à ce jugement; il fit un codicille le Jeudi 17 de 5

Mars de l'an 1193. de la Nativité de J. C. qu'on doit compter cependant de l'Incarna

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de Carcassonne, et Guillaume d'Assalit viguier de Rasez. Il nomma pour ses exécuteurs testamentaires le même Bertrand de

vient de parler, et il leur ordonna de payer toutes ses dettes suivant la décision d'Othon évêque de Carcassonne, de l'archidiacre Berenger, de Guillaume Amelii, et de maître Bertrand. Il laissa Raymond-Roger son fils et son héritier, avec ses tuteurs, viguiers, conseillers, bailes, et tous ses domaines, à la garde et sous la protection et administration de Raymond fils du comte de Toulouse. Il révoque l'ancien comte de cette ville (Comitem Tolosanum majorem), et tous ceux de quelque sexe qu'ils fussent, qu'il avoit nommez dans son testament pour gerer la tutelle et être bailes de son fils, excepté ceux qu'il établit dans son codicille, parce qu'il tient les autres pour suspects. Enfin ce vicomte déclare par serment prêté sur les saints évangiles, qu'il avoit ordonné toutes ces choses pour plus grande sûreté, et qu'il faisoit sceller ce codicille de son sceau et de celui de l'évêque de Carcassonne. Ce prélat, les viguiers de Carcassonne et de Rasez, et quelques autres y souscrivirent; Bernard de Canet notaire de Roger l'écrivit et le scella, et trentecinq des principaux vassaux de ce vicomte s'engagerent en même-tems par serment, de tenir la main à l'observation de tous ces articles. Bertrand de Saissac, les deux viguiers de Carcassonne et de Rasez, Guillaume Hugues sous-viguier, Amblard et Guillaume de Pelapoul, Guillaume du Puy, Pierre-Roger et Jourdain de Cabaret, Pierre-Roger de Mirepoix, Guillaume et Jourdain de S. Felix, Raymond Trencavel, Guillaume de Roquefort; Bernard, Pons, Roger et Guillaume Ferrol, Pierre de la Tour, Pierre de Penautier, Guillaume Gordon, Arnaud de Morlane, etc. furent de ce nombre.

tion; ainsi le codicille appartient à l'an 1194. Il confirme par cet acte le testament qu'il avoit fait quelques années auparavant entre les mains de Bernard archevêque de Nar-Saissac, les évêques et les chevaliers dont on bonne, et de Gaufred évêque de Beziers. Il choisit sa sépulture dans le monastere de Notre-Dame de Cassan au diocèse de Beziers, auquel il légue sa table d'or ornée de pierres le précieuses, cinq mille sols Melgoriens, etc. Il fait d'autres legs pieux en faveur des abbayes de Ville-longue, de Caunes, et de S. Hilaire; il supprime le droit qu'il faisoit lever sur le pont de Carcassonne, et ordonne à ses héritiers de réparer le tort qu'il avoit fait à la cathédrale de S. Nazaire *, et à l'église de sainte-Marie de cette ville; il fait quelques liberalitez à plusieurs de ses domestiques, entr'autres à Bernard son notaire ou secretaire; il veut que Raymond Trencavel son frere soit entretenu pour la nourriture, le vêtement et les équipages, tant qu'il demeurera à la cour de son héritier, et il confirme le legs qu'il lui avoit fait dans son testament. Il institue pour son héritier universel, ainsi qu'il l'avoit fait dans cet acte, Raymond-Roger son fils qu'il avoit d'Adelaide sa femme légitime, fille du seigneur Raymond comte de Toulouse, et confirme les substitutions qu'il avoit faites dans ce testament. Il établit Bertrand de Saissac, à la foy, à la protection et au conseil duquel il avoit déja remis la personne et les biens de ce fils, pour son tuteur et baile ( Bajulum.) pendant cinq ans, à compter depuis la prochaine fête de Pâques. Il le charge de regir les domaines des diocèses de Beziers et d'Agde, pour l'utilité de cet enfant, avec le conseil de l'évêque de Beziers, d'Etienne de Servian, d'Elzear de Castries, et Deodat de Boussagues. Il le charge aussi d'administrer ses domaines d'Albigeois, de Rouergue et du Toulousain, avec le conseil de l'évêque d'Albi, de Guillaume de Vassal, de Berenger de Bon-fils de Lavaur, et de Guillaume de S. Paul. Quant au Carcassez, au Rasez, au Lauraguais, et au Termenez, Roger chargea Bertrand de Saissac de gouverner ces païs par l'avis de ses viguiers sçavoir Arnaud de Raymond viguier

*. Additions et Notes du Livre xx, no 8

Telle est la derniere disposition de ce vicomte mais nous n'avons plus le testament dont il fait mention. Il mourut 1 trois jours après, et fut inhumé comme il l'avoit ordonné au monastere des chanoines réguliers de Cassan au diocèse de Beziers, dans le nécro

1 Preuves.

loge duquel on lit les paroles suivantes: le 20. de Mars mourut Roger vicomte de Beziers notre frere. Il avoit changé de disposition par rapport à sa sépulture; car dans un codicille 1 qu'il avoit fait en 1179. il l'avoit choisie dans la chapelle de S. Martin de l'abbaye de Valmagne au diocèse d'Agde, fondée par Trencavel son pere, et il fit par le même acte des biens considerables à ce monastere.

Ainsi finit ses jours Roger II. vicomte de Beziers, de Carcassonne, de Rasez et d'Albi, à l'âge d'environ cinquante ans, après avoir possedé pendant vingt-sept ans ces quatre vicomtez, avec les païs de Lauraguais, de Minervois, de Termenez, et plusieurs autres domaines que Raymond Trencavel son pere lui avoit transmis, et avoir passé une grande partie de sa vie à faire la guerre à Raymond V. comte de Toulouse son beau-pere et son seigneur, de concert avec le roi d'Aragon, avec lequel il se ligua contre lui. Du reste 2 nous trouvons ici une nouvelle preuve que ce vicomte avoit fait sa paix avec Raymond dès l'an 1191. car il révoque dans ce codicille la tutelle de son fils, qu'il avoit confiée à ce prince par son testament. Or cet acte est du moins de l'an 1191. puisqu'il déclare qu'il l'avoit fait entre les mains de Bernard archevêque de Narbonne, qui mourut cette même année. Roger étoit donc alors en paix avec le comte de Toulouse son beau-pere. Il paroît qu'il y eut depuis quelque refroidissement entr'eux, puisqu'il le regardoit comme suspect dans le tems de son codicille: mais ayant laissé par le même acte le jeune comte de Toulouse son beau-frere pour tuteur de son fils, c'est une preuve que cette nouvelle brouillerie n'eût point de suites.

Roger II. est encore plus connu dans l'histoire de l'église par son attachement à la secte des Albigeois, que dans celle de la province par ses exploits militaires. On a parlé ailleurs3 de l'accusation qu'on forme contre lui d'avoir embrassé les erreurs de ces sectaires; mais supposé qu'il ait eu le malheur de les suivre pendant quelque tems, il est du moins cer

1 Archiv. de l'abb. de Valmagne.

2 V. ci-dessus, n. 24.

3 V. ci dessus. 1. xIx. n. 74.

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Raymond - Roger succede à Roger II. son pere. Mort d'Adelaide de Toulouse, femme de ce dernier.

Ce vicomte ne laissa d'Adelaïde de Tou louse sa femme que Raymond-Roger son fils et son héritier, qui demeura sous la tutelle de Bertrand de Saissac et de ses autres tuteurs, jusqu'à ce qu'il eût 14. ans accomplis ; ce qui arriva 1à Pâques de l'an 1199. Il gouverna ensuite ses domaines par lui-même, mais cependant avec le conseil de sa mere, de Bernard de Pelapoul viguier de Beziers, et des autres grands ( Et aliorum procerum meorum) de sa cour, comme on voit dans un acte 2 du mois d'Août de l'an 1199. Ainsi Adelaïde ne prit part qu'après la majorité de son fils à l'administration de ses domaines ; car elle avoit été exclue de sa tutelle, dont il paroît que le vicomte son mari l'avoit d'abord chargée par son testament, conjointement avec l'ancien comte de Toulouse son beau-pere: elle est en effet désignée assez clairement dans la clause du codicille, par laquelle Roger révoque tous les tuteurs, de quelque sexe qu'ils fussent, qu'il avoit établis par ce testament, parce qu'il les tenoit pour suspects. Adelaïde ne mourut pas par conséquent en 1193. comme un moderne 3 l'a avancé, sur l'autorité d'un ancien auteur qui n'en dit rien. Nous ignorons cependant l'ẻpoque précise de sa mort: tout ce que nous sçavons, c'est qu'elle étoit dejà décédée au mois d'Avril de l'an 1201. et qu'il est marqué dans le nécrologe du monastere de Cassan, où elle fut apparemment inhumée avec le

1 V. NOTE XII. n. 6.

2 Preuves.

3 Hist. gen. des gr. offi, etc. tom. 2. p. 688. 4 Preuves.

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Nous apprenons quelques particularitez d'Adelaïde de Toulouse femme du vicomte Roger II. dans la vie d'Arnaud de Marvoill ou Marviell, poëte Provençal, laquelle se trouve en langage du païs dans deux manuscrits de la bibliotheque du Roi. « Arnaud >> de Marvoill, dit l'auteur 2 de cette vie, >> étoit né de basse extraction dans un château >> de ce nom en Perigord. Il se fit clerc, mais >> ne pouvant vivre, il alla chercher fortune >> parmi le monde. Le sort le conduisit à la >> cour de la comtesse de Burlats, fille du » preux comte Raymond, et femme du vi>>> comte de Beziers, lequel avoit nom Tail>> lefer; comme Arnaud faisoit bien des chan>>> sons et lisoit des romans, cela plut à la >> comtesse, qui lui fit beaucoup de bien. Il >> en devint amoureux, et il fit des chansons >> en son honneur sans oser toutes fois s'en >> declarer auteur. Enfin il fit une chanson >> qui commence par ces mots : La franca » captenenza, dans laquelle il découvrit sa >> passion. La comtesse ne la desapprouva » pas, et elle le combla de bienfaits. Cela >> l'encouragea à faire de nouvelles chansons >> qui témoignent qu'il avoit de grandes qua» lités et de grands défauts. » On ajoûte dans l'autre manuscrit 3 « que la comtesse de Be>> ziers, dont Arnaud de Marviell devint >> amoureux, étoit fille du bon Raymond >> comte de Toulouse, et mere du vicomte de >> Beziers que les Français firent mourir lors» qu'ils l'eurent pris à Carcassonne; qu'on

» Alfonse, qui étoit amoureux de la com»tesse, s'appercevant de la passion qu'Ar»naud avoit pour elle, en fut jaloux, et qu'il >> l'obligea à le congedier; qu'Arnaud au dé>>> sespoir se retira à la cour de Guillaume de >> Montpellier, qui étoit son ami et son sei>>> gneur, et qu'il y pleura long-tems dans ses >> chansons la perte qu'il avoit faite. » La chanson d'Arnaud de Marviell qui commence par ces mots: La franca captenenza, est dans le premier des deux manuscrits, mais non pas le sonnet dont parle Nostradamus 2, et qui commençoit par ces mots : Anas vous. Cet auteur, qui fait Arnaud de Meyrveilh gentilhomme Provençal, et seigneur en partie du lieu de Meyrveilh près d'Aix en Provence, lui attribue un traité intitulé: Les recastenas de sa comtessa. Il se trompe également sur le nom de la comtesse de Burlats, qu'il appelle Alearde au lieu d'Adelaïde. Il fait mourir Arnaud en 1220 *.

Bertrand de Saissac prit la tutelle de Raymond-Roger aussi-tôt aprés la mort de Roger II. et s'engagea le 4. du mois d'Août suivant, en qualité de tuteur du jeune vicomte, tant en son nom qu'en celui de son pupile, envers Gaufred évêque de Beziers, et Etienne de Servian. 1°. A ne faire rien de conséquence sans les avoir consultez, dans la ville de Beziers et son diocèse, et dans celui d'Agde, tant que cette tutelle dureroit. 2o. A les protéger l'un et l'autre avec leurs vassaux et leurs biens, les églises et les clercs. 3o. A n'introduire aucun hérétique ou Vaudois dans la ville et le diocèse de Beziers; à chasser ceux qui pourroient y être, et à donner une entiere liberté à ce prélat pour les expulser. 4o. Enfin à n'établir aucun autre viguier à Beziers, que celui qu'ils approuveroicnt. L'évêque et Estienne de Servian promirent de leur côté par serment, qui fut prêté au nom de ce prélat par Berenger de Lignan, à Ber

>> appelloit cette vicomtesse, comtesse de Bur-trand de Saissac, et au vicomte son pupille,

>>> lats, parce qu'elle étoit née dans le châ>>teau, (situé en Albigeois sur l'Agoût, à » une lieue au-dessus de Castres;) que le roi

1 Catel mem. p. 64. et seq. 2 Bibl. du Roi. mss. n. 7225. 3 Ibid. n. 7698.

de les conseiller fidellement dans toutes leurs

1 Mss. n. 7225.

2 Nostradam. poët. Provenç. p. 83. et seq. 3 Preuves.

*. Additions et Notes du Livre xx, no 9.

affaires des diocèses de Beziers et d'Agde, et de les aider contre tous; à l'exception du comte de Toulouse de la part de l'évêque, auquel, ajoute-t-il, je suis tenu de garder la fidélité. Le tuteur du jeune vicomte et l'évêque de Béziers se promirent ensuite par un serment réciproque, de ne pas s'oter la ville de Beziers et leurs domaines, et de s'aider l'un et l'autre envers tous et contre tous, à l'exception du comte de Toulouse de la part du prélat. Enfin Bertrand de Saissac étant dans le palais vicomtal de Beziers, confirma1 comme tuteur du vicomte Raymond-Roger, en présence de la comtesse Adelaïde, de Berenger de Thesan, et de divers autres seigneurs, le dénombrement qui avoit été fait quelques années auparavant des droits que l'évêque et le vicomte avoient à Beziers.

XXXIX.

Hérétiques chassez de Beziers. Troubles dans l'abbaye d'Alet.

Bertrand de Saissac n'usa pas toûjours de moderation dans le gouvernement des domaines du vicomte Raymond-Roger, et on lui reproche d'avoir exercé de grandes violences dans l'abbaye d'Alet à l'occasion suivante. Pons Amelii 2 abbé de ce monastere, étant mort en 1197. après avoir fait clôre de murs la ville d'Alet, et l'avoir environnée de fossez, de même que les principaux lieux de ses dépendances, les religieux élûrent dans les formes canoniques pour lui succeder, Bernard de S. Ferreol abbé de S. Polycarpe. Cette élection déplut à Bertrand, qui avoit la principale autorité dans le païs en qualité de tuteur du jeune vicomte. Il se rendit à Alet à main armée, arracha le nouvel abbé de son siége avec effusion de sang, le fit renfermer dans une étroite prison, et l'y retint durant trois jours. Il fit mettre cependant le cadavre de Pons Amelii dans la chaire abbatiale, et fit proceder à une nouvelle élection par quelques religieux qu'il gagna, après avoir obligé les autres à prendre la fuite. Les factieux élùrent Bozon, qui appuié

1 Catel mem. p. 644. et seq. 2 Archiv. de l'abb. d'Alet.

du crédit de ce seigneur, disputa l'abbaye à Bernard de S. Ferreol. Leur querelle fut d'abord portée devant Berenger évêque de Carcassonne, qui convaincu de l'intrusion de Bozon, mais craignant d'encourir la disgrace du vicomte, n'osa juger cette affaire, et la renvoya à Berenger archevêque de Narbonne son métropolitain. On prétend que ce dernier, gagné par une somme considerable que Bozon lui compta, benit cet intrus, qui peu de tems après engagea la plupart des domaines de son abbaye, pour subvenir aux dépenses qu'il avoit faites en l'achetant (Pro mercatu abbatia). Il l'endetta si considerablement, qu'à peine au bout d'une année y avoit-il de quoi entretenir quelques religieux *. Enfin il tint une conduite très-peu réguliere, et favorisa ouvertement les hérétiques du païs.

XL.

Accord entre le comte de Toulouse et le seigneur de Montpellier. Murailles de Nismes.

Raymond V. comte de Toulouse ne survécut pas long-tems au vicomte Roger son beau-fils. Il donna en fief en qualité de comte de Melgueil le 29. de May de l'an 1194. le château de Frontignan à Guillaume VIII. seigneur de Montpellier, qui lui en fit hommage, avec promesse de le servir contre tous depuis le Rhône jusqu'à l'Eraut. Il ceda en même tems à Guillaume tous les droits qu'il pouvoit avoir sur le château d'Omelas, et sur ses dépendances. Les évêques de Lodève, d'Agde, et de Maguelonne, Bernard seigneur d'Anduse, Etienne de Servian, Guillaume de Sabran, Rostaing son fils, Raymond Rascas seigneur d'Usez, etc. furent présens à cet acte. Guillaume de Montpellier promit de son côté 2 par serment au comte de Toulouse, de n'exiger à l'avenir aucun nouvel usage, péage, ni guidage dans tout le païs de Substantion; et le comte jura d'observer toutes les promesses qu'il avoit faites à ce seigneur.

1 Preuves.

2 Spicil. tom. 10. p. 172. et seq.

*I'. Additions et Notes du Livre xx, no 13.

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