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bins, et le P. Langlois Jésuite. Le P. Percin a écrit en Latin, et son ouvrage a paru en 1693. avec son histoire du couvent de Toulouse de son ordre. Les ouvrages des deux autres sont en François. Celui du P. Benoît fut imprimé en 1691. en deux vol. in-12. il est intitulé : Histoire des Albigeois et des Vaudois. Le P. Langlois fit imprimer le sien à Rouen en 1703. sous le titre d'Histoire des croisades contre les Albigeois: il contient un volume in-12. Les uns et les autres n'étoient pas assez au fait : ils ont commis un grand nombre de fautes; et si on peut accuser les Protestans, qui ont écrit sur la même matiere, d'une partialité outrée pour leur secte, on ne sçauroit excuser les Catholiques de n'avoir pas été assez en garde contre Pierre de Vauxsernai, et d'avoir épousé trop aveuglement sa passion pour Simon de Montfort, et sa haine contre le comte de Toulouse et ses alliez en sorte qu'ils sont, sur-tout le P. Langlois, des déclamateurs plutôt que des historiens. Pour nous, nous nous sommes efforcés de tenir un juste milieu ; et laissant ordinairement les réflexions aux lecteurs, nous nous sommes attachés simplement à rapporter les faits, et à ne rien avancer que sur de bons garans............... »

Il paraîtrait qu'après les immenses travaux de Dom Vaissete, et tant d'ouvrages composés sur le même sujet par les divers écrivains qu'il cite, la tâche de l'Annotateur devrait être peu importante, peu difficile à remplir. Cependant il y avait beaucoup à faire encore: il fallait d'abord profiter des lumières nouvelles que la Canso de la crozada contr' els eretges d'Albeges peut répandre sur cette partie de notre histoire. Dom Vaissete n'a point vu ce monument précieux qui rapporte des événemens déjà bien connus, et qui en fait connaître un grand nombre d'autres qui l'étaient mal, ou qui ne l'étaient pas du tout. Nous nous sommes donc attaché, dans nos Additions, à l'examen de cette grande chronique en vers, écrite par un contemporain, et nous en avons publié, et souvent traduit, de longs fragmens, qui ajoutent beaucoup à ce que nous savions déjà, et qui peignent admirablement les mœurs et les habitudes des peuples du Languedoc, durant une partie du XIII° siècle. Cette chronique est d'ailleurs le supplément nécessaire de la Chronique en prose Romane, qui comprend aussi toute cette époque, et que Dom Vaissete a le premier fait connaître, bien

que Catel l'eût indiquée plusieurs fois. Mais, ici encore, notre édition a un avantage incontestable sur l'édition originale. En effet, le savant Bénédictin, auteur de notre histoire, n'a consulté que deux exemplaires de cette chronique, l'un ayant appartenu à Peiresc, et conservé dans la bibliothèque de Carpentras ; l'autre, placé dans la bibliothèque du Roi, à Paris. Mais ces deux manuscrits, dont l'un est apparemment la copie de l'autre, présentent une lacune très grande, et à laquelle on ne pouvait guère suppléer autrement qu'à l'aide des récits de Pierre de Vaulx-cernay, et, depuis peu d'années, avec la Canso de la crozada, dans ce qui a rapport au dernier siége de Toulouse par le comte de Montfort. Plus heureux que Dom Vaissete, nous avons retrouvé dans la Bibliothèque de Toulouse, désignée aujourd'hui sous le nom de Bibliothèque de la ville, parmi les livres provenant du cabinet de M. Lefranc de Pompignan, un manuscrit complet de cette chronique ainsi on peut remplir aujourd'hui la lacune qu'offraient les manuscrits de Carpentras et de Paris: on possède l'ensemble des faits racontés par le chroniqueur, et l'examen du texte du manuscrit de Toulouse, comparé à celui des deux autres, prouve que le premier est évidemment le plus ancien. Des phrases inachevées, ou inintelligibles, dans le manuscrit publié par Dom Vaissete, et aussi, naguères, dans le recueil des historiens de France, sont complètes et claires dans le nôtre. On retrouve d'ailleurs, dans ce dernier exemplaire, la preuve que l'ouvrage était divisé en livres et en chapitres, ce qui n'existe pas dans les autres manuscrits, et ce qui donne, à ce que nous croyons, à celui de Toulouse, l'avantage de l'antériorité. Le style est d'ailleurs assez différent, quelquefois, de celui des autres manuscrits, pour faire croire que les copistes de ces derniers ont voulu très souvent le changer et lui donner les formes du dialecte dont ils faisaient usage. L'importance de cette leçon d'un document, justement estimé, a engagé l'éditeur à le publier de nouveau, en entier, dans les Preuves de nos Additions, et sans doute on lui en saura gré. Nous le donnons d'ailleurs sans ponctuation et tel qu'il existe. Dom Vaissete a ponctué la copie qu'il a fait connaître; nous n'avons pas cru devoir imiter cet exemple.

Dom Vaissete n'a fait qu'indiquer l'existence d'un assez grand

nombre de monumens historiques que, suivant nous, il aurait dû publier. Voici comment il se justifie à ce sujet :

« On trouvera peut-être que nous nous sommes trop étendus; mais comme on ne cherche, dans les histoires des provinces, que le détail qui manque dans l'histoire generale du royaume, nous avons crû devoir donner une certaine étendue à la narration. La matiere est si vaste, que nous avons été obligez de supprimer plusieurs faits moins importans, diverses circonstances, et une partie des actes que nous avions préparez pour les Preuves, pour ne pas trop grossir le volume: ainsi nous nous sommes contentez souvent de citer à la marge les chartes, les archives et les manuscrits Il est vrai que plusieurs personnes de lettres, qui font beaucoup de cas de ces sortes de monumens, auroient souhaité que nous les eussions donnez ; et ils nous ont pressez de n'y pas manquer: mais comme le plus grand nombre des lecteurs prend peu d'interêt à ces sortes de recueils, et qu'accoûtumez, ou aux fictions poëtiques, ou à ces petits Romans, qui inondent le public depuis un certain tems, ils ne lisent que pour s'amuser, sans s'embarrasser de la vérité des faits et sans remonter aux sources, nous avons crû devoir user de réserve, et nous en userons encore davantage dans la suite. Au reste nous avons eu principalement en vûe dans les monumens que nous donnons, ceux qui interessent l'ancienne noblesse de la province. »

S'il nous est permis d'exprimer ici notre pensée tout entière, nous dirons que Dom Vaissete a cédé à des exigences que devait repousser un homme tel que lui, soutenu par une savante congrégation dont il était l'ornement, et historien d'une grande province, dont les EtatsGénéraux auraient su résister à l'influence de la mode. Il est vrai qu'à l'époque même où Dom Vaissete écrivait, des auteurs très célèbres s'élevaient contre ce qu'ils nommaient des Histoires à la Bénédictine : l'érudition, la vérité, les recherches savantes, devaient être proscrites par ceux qui voulaient alors, tout en parlant beaucoup du besoin d'éclairer les peuples, les tromper sur leurs vrais intérêts, et empoisonner toutes les sources de l'histoire. D'ailleurs ces faits, moins importans, négligés par Dom Vaissete, ces diverses circonstances, qu'il tait à dessein, ces actes qu'il cite seulement à la marge, tout cela serait précieux pour

nous. Les hommes de lettres pressaient, avec raison, le savant Bénédictin de publier ces monumens écrits, qu'il ne fait qu'indiquer, et qui sont presque tous perdus aujourd'hui. Pourquoi faut-il que Dom Vaissete ait craint de mécontenter les lecteurs de son époque, accoutumés, comme il le dit, aux fictions poétiques et aux petits romans qui inondaient le public? N'y avait-il pas encore alors de vrais savans qui auraient applaudi à son courage? La congrégation de Saint-Maur était debout. L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres soutenait, encourageait les bonnes études; et nous croyons que notre savant historien ne devait pas sacrifier aux folles idées du jour. A l'époque où nous traçons ces lignes, le public est aussi inondé, comme le disait Dom Vaissete, de grands et de petits romans : l'histoire est déguisée, altérée, faussée, dans une foule d'écrits imprimés sous le nom de Légendes, de Chroniques, de Feuilletons; on trompe les lecteurs bénévoles dans des publications à bon marché, où le mensonge usurpe la place de la vérité: mais, cependant, l'ardeur pour les études graves, pour les recherches savantes les recherches savantes, a fait des progrès incontestables. On a senti qu'il fallait recourir aux plus pures sources de l'histoire, aux monumens ; et sans s'inquiéter en rien de ces petits et grands romans, dont le public est en effet inondé, ni de ces Chroniques, de ces Légendes, que l'on trouve partout, beaucoup de gens de lettres s'occupent uniquement du soin de recueillir les documens de notre histoire. Heureux de l'avoir fait, depuis plus de vingt-cinq années, et à une époque où ces études étaient peu en honneur, nous avons cru devoir suppléer au silence de Dom Vaissete. Dans les Additions de ce volume, comme dans celles des quatre autres qui l'ont précédé, nous nous sommes attaché à retracer les événemens que l'auteur n'avait pas connus, ou qu'il avait négligés. Chartes inédites, faits relatifs à l'hérésie et à la guerre des Albigeois, anecdotes importantes, nous avons réuni tout ce qui nous a paru digne d'être ajouté au beau travail du savant religieux, auteur de notre histoire. Fidèle à la méthode que nous avons adoptée, nous avons décrit successivement les divers monumens de la province, et nous l'avons fait avec un soin scrupuleux. Nos travaux particuliers nous fournissaient d'ailleurs, à cet égard, des

moyens, qui n'auraient peut-être pas été à la portée de tout autre annotateur de Dom Vaissete. Ainsi nous n'avons pas voulu laisser disparaitre tant de vastes cloîtres, asyles antiques de la science et de la piété, tant d'églises, admirables dans leur construction, tant d'autels où le saint sacrifice avait tant de fois été offert, tant de tombeaux violés, renversés, brisés, par une tourbe stupide, sans leur consacrer un souvenir, sans dire la place qu'ils occupaient autrefois.

Ce même sentiment qui nous a entraîné, pendant toute notre vie, vers la recherche, vers l'étude des temps passés, nous a engagé à donner, dans ce volume, l'histoire, figurée par un artiste contemporain, des divers incidens de la guerre des Albigeois. Ces images ne sont autre chose que les vignettes, si remarquables, et encore inédites, du manuscrit de la Canso de la crozada contr' els eretges d'Albeges. L'intérêt historique de ces vignettes, dont le savant M. Fauriel a fait l'éloge, et qui ont été, sans doute, tracées dans le Languedoc peu après les événemens qu'elles représentent, nous fait croire qu'on les verra avec quelque plaisir. Elles ont d'ailleurs été calquées avec un soin extrême par M. le comte Tristan de Villeneuve, ainsi que les passages de la Canso qui les expliquent.

Dom Vaissete, dans le dernier paragraphe que nous avons cité, dit que, dans les monumens qu'il donne, il a eu principalement en vue ceux qui intéressent l'ancienne noblesse de la province. Nous croyons, comme lui, que l'histoire des familles célèbres est une partie essentielle de l'histoire générale, et que la négliger serait ôter à cette histoire l'animation, la vie, sans lesquelles ses pages, froides et décolorées, ne feraient naître que l'ennui. Ainsi nous avons publié quelques notions étendues sur de vieilles familles Languedocienes ou Aquitaniques, parce que ces notions ajoutent à l'histoire. Des généalogies proprement dites ne devaient pas nous occuper. Mais, dans un autre ordre d'idées, nous avons été plus loin que Dom Vaissete; ce volume, et ceux qui le suivront, prouveront, en effet, que, sans négliger l'histoire de nos familles chevaleresques, et en essayant même de répandre plus d'éclat sur leur existence, et sur leurs services, trop dédaignés aujourd'hui, nous n'avons pas, comme on l'a fait trop souvent, négligé l'histoire municipale de nos villes

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